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sont tous excités : est-il étonnant que ces actes fassent développer le germe?

Il est constant qu'il provient des sucs alimentaires les plus subtils de la mère, qui, passant dans le fluide nerveux, y sont travaillés de nouveau pour l'accroître, le fortifier, et que celui-ci devient plus subtil encore dans les parties génitales. L'ovaire se forme; il devient comme une espèce de gelée organisée. Ce fluide congelé, parvenu par degrés à la mucosité, s'épaissit par l'évaporation des parties aqueuses; les figures se moulent selon la manière dont le feu se fixe dans les corps, et selon l'imagination; car l'expérience nous prouve que la matière se moule ordinairement dans les formes, et suivant les formes qui la reçoivent, à moins que des contrariétés, des causes étrangères, soit de la part de l'air ou de tout autre principe, ne s'y opposent.

Dans les corps organisés, la matière se moule de même; le feu y suit les directions qu'il trouve, et nous savons que les idées des moules organiques occasionnent des bizarreries dans ces formes. Cela provient des rapports qu'il y a entre les idées des corps organiques, et les mouvemens du fluide nerveux, dans lequel le feu jouit de son mouvement expansif, parce que les mouvemens de l'air

l'empêchent de s'y fixer. Que le moteur d'un ́moule organique ait une idée, il en imprime, si les sens en sont frappés fortement, la forme et la figure à la matière qui s'organise dans ce moule, parce que le feu dirige son expansion suivant les directions, suivant les impressions qui lui sont données. Mais ces figures ne sont qu'à l'extérieur, parce que, le feu par son mouvement expansif, empêche cette forme à l'intérieur ; une fois gravée, le feu n'est plus activé, il se fixe dans sa combinaison: ainsi, dans la génération successive, l'âme a la plus grande part dans la formation des figures. Cela est si vrai qu'il nous paraît que la lune a une figure humaine, quoique nous sachions que ce n'est qu'une illusion d'optique, et que la lune n'est pas un animal, mais une planète comme la terre, et qui a comme elle ses inégalités. L'imagination ne nous fait-elle pas voir également dans le marbre, dans le buis, dans le charbon allumé, dans les feuillages des arbres, dans les nuages, souvent la figure humaine? Nous n'ignorons point qu'elle nous trompe, mais chaque animal a l'idée de sa conformation et cette idée grave cette figure dans l'acte de la génération. La mère, qui porte le foetus dans ses entrailles, a l'idée de sa forme, de sa figure, et de celle du mâle avec lequel elle s'est

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accouplée; son âme constitue ainsi à l'instar de son idée, le fruit résultant de l'accouplement. c'est de cette manière qu'il arrive des mélanges dans les différentes races: c'est de cette manière le fruit provenant de deux animaux de races différentes est un mulet on le dis

que

tingue principalement par la queue et par les oreilles, parce que ce sont ces parties qui frappent davantage l'imagination. Qu'opposerait-on à ce raisonnement, puisque l'expérience est à l'appui, et pourquoi aller chercher d'autres causes, telles que celles de la modification.

Une branche de prunier, entée sur un amandier, produit des prunes et non des amandes. L'eau principe, l'eau de végétation, qui conserve la branche du prunier, lui vient par les racines de l'amandier; mais l'eau, qui fait développer les organes de cette greffe, ne peut lui faire produire que des prunes, parce qu'il n'y a que des germes de prunier dans la branche, et que la nature se moule suivant les formes qui lui ont été assignées par son divin auteur, ou, si l'on veut, suivant les formes des êtres dans lesquels elle est contenue : donc il n'y a point de modification. L'amandier ne contribue en rien à la formation ni au développement du prunier, il sert seulement de canal Tome II.

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à l'eau de végétation. La sève de l'amandier peut passer dans la branche de prunier, échauffer le germe de ce dernier, et lui procurer le développement et le féconder; mais elle ne le modifie point. Le germe existe dans l'œuf avant l'accouplement; cet acte lui procure seulement le développement en l'échauffant, et cette chaleur le féconde.

La serine pond huit à dix jours après la copulation, et ce temps ne suffirait pas pour rendre calcaire la coquille de l'oeuf; alors comment la liqueur du mâle pourrait-elle pénétrer dans un œuf enveloppé de sa coquille? Il n'y a donc point de modification dans l'acte de la génération. En effet, une serine jaune avec un serin verd engendreront quelquefois un petit avec quelques taches vertes, mais souvent il n'aura aucune marque du père; conséquemment point de modification : donc le fœtus n'est pas modifié par l'accouplement. Si d'animaux de races croisées, il survient un mulet, c'est que la nature se moule suivant les formes des êtres qui contribuent à son développement. Nous avions d'abord ima giné qu'il y avait modification; l'impuissance d'engendrer où se trouve le mulet nous l'avait fait penser; mais après un mûr examen, nous avons abandonné cette idée. Un enfant, qui

provient d'un blanc et d'une négresse, engendre, parce que la diversité des couleurs ne dér truit pas les races ; mais la jument et l'âne sont de races différentes, et, toutes les fois que les races se croisent, les êtres, qui en proviennent, ne sont point propres à la reproduction. Cette opinion nous paraît la plus conforme à la nature. En effet, nous voyons des animaux, dont le mâle est dépourvu de parties génitales, donner par la voie de pression seulement le développement à l'ovaire de la femelle; c'est ce qui se passe dans les plantes hermaphrodites : c'est ce qu'on remarque dans les petits pucerons, qui n'ont point de sexe : c'est le mouvement, c'est la chaleur qui font développer le germs. Ainsi, le mâle donne seulement le mouve→ ment au foetus contenu dans l'ovaire de la femelle, et ne le modifie point; il n'y a même pas besoin de cette modification.

Déjà l'on sait comment s'effectue le développement de l'embryon dans le corps d'un animal: les vaisseaux deviennent cartilagineux; les cartilages grossissent, et obstruent les pores qu'une matière terrestre ou aérienne remplit. Les molécules du feu principe qui se combine avec cette matière et avec les diverses parties, les solidifient. Les vaisseaux, dilatés par l'impulsion du cœur et par la respiration, admettent

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