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chir, saisit toujours le faux, qui la fascine et l'éblouit. Elle abandonne le vrai, qui, n'étant pas embrillanté, a moins d'apparence ou d'éclat à ses yeux; ou plutôt elle saisit plus promptement ce qui favorise ses vices et ses inclinations, que ce qui combat ses passions, et lui cause des tribulations au milieu de ses jouissances sensuelles. Cette conduite éloigne d'elle les remords et la réflexion en cherchant la cause des principes primitifs de la matière: ils auraient fait crouler tout-à-coup, et au premier abord, ces systèmes absurdes, parce qu'ils n'auraient pu la trouver que dans la volonté ou dans l'action d'un être essentiel, existant par lui-même de toute éternité.

LXII. ENTRETIENT.

De la génération successive.

La plantule existe dans la plante; son germe est dans la femelle comme dans une espèce d'ovaire; il est fécondé, c'est-à-dire mis en mouvement par le pollen; de même l'animal.

existe dans la vésicule de la femelle.

Qu'est-ce que le germe d'une plante, quel

est le germe d'un animal? N'est-ce pas le principe de l'un et de l'autre? Qu'est-ce que la plante elle-même ? Qu'est-ce que l'animal? Nous le savons; c'est un gluten développé, organisé; c'est une combinaison d'eau, d'air, tenus en suspension par le feu qui s'y fixe, et qui retient également le principe terreux dans le composé. Trois molécules, imperceptibles à la vue, une d'eau, une d'air, une terreuse que le feu agrége ensemble: voilà cependant le principe de tous les corps organisés. Et certes, lorsque le savant M. Bonnet disait que les germes préexistaient, il ne se trompait que parce qu'il donnait trop d'extension à son idée. En effet, les germes, en tant que considérés comme principes des corps organisés, ont existé avant toute organisation, puisqu'ils étaient dans le néant; mais les germes n'y étaient pas préformés, et le penser, ce serait s'écarter de la marche ordinaire et lente de la nature.

M. de Buffon dit avoir aperçu dans la semence humaine récente des filamens semblables à des tubes, qui se divisaient en plusieurs parties, et fournissaient en se gonflant, des corps globuleux, qui s'en détachaient ensuite ; il a vu que ces corps avaient un prolongement semblable en quelque sorte à une queue; que ce pédicule diminuait peu à péu ; qu'enfin ces corps

restaient de figure ovale ou ronde; on a remar qué, ajoute-t-il, la même chose dans la semence de la femelle. Mais qu'est-ce qui peut prouver que les corps étaient préformés, et qu'ils existaient dans le chaos? Tout n'y était-il pas confondu? L'écrivain sacré ne dit-il pas que le chaos était une masse informe? Croire à la préformation des êtres, des germes, c'est donc nier l'histoire de Moïse, nier la révelation, raisonner contre l'expérience acquise par l'étude de la nature, contre sa marche ordinaire, uniforme et constante.

De ce que le célèbre M. de Buffon a cru voir des linéamens, des globules dans la semence de l'homme, on ne peut induire que les êtres ont été préformés ; car celte semence n'a-t-elle pas été formée? n'est-elle pas l'effet, le résultat de l'élaboration du gluten? Le gluten lui-même n'est-il pas l'effet du travail de la nature? Si M. Bonnet a adopté le sytème de la préformation, c'est qu'il a cru sans doute qu'en ne point l'admettant, il serait forcé de penser que la nature pourrait produire encore de nouveaux êtres, sans le secours des animaux primitifs : c'était de sa part une grande erreur. En effet, de ce que le soleil n'a pas été préformé, et qu'il a été formé par la convulsion que la masse informe du chaos a éprouvée, doit-on én con

clure qu'une nouvelle convulsion de la nature formera encore un nouvel astre, un nouveau soleil ? Ce serait une absurdité; car ce que la nature a fait dans un temps, elle ne peut plus le faire aujourd'hui, elle n'en a plus les moyens ni les facultés. Ses principes ont été modifiés; nous l'avons démontré dans les premiers entretiens, et par là nous avons répondu d'avance à l'objection qu'on aurait pu faire en faveur de la préformation des êtres. Il n'y aura d'autre changement que celui universel' ordonné son auteur avant tous les siècles.

par

Le suc essentiel et subtil, provenant de l'élaboration du chyle, ou l'esprit animal, pour me servir de l'expression usitée, est transmis dans toutes les parties du corps, mais spécialement par les nerfs, dans les parties génitales du mâle et de la femelle, où il est encore élaboré de nouveau. Ces parties remplies de fibres repliées les unes sur les autres, sont des vaisseaux distillatoires, où se perfectionnent les combinaisons des élémens ; ces principes essentiels qui en dépendent, et qui doivent servir à la réproduction: c'est là où le suc essentiel contracte la faculté organique, lorsque les vaisseaux ont acquis celle de pouvoir l'élaborer.

La présence de ce suc élaboré communique sa vertu balsamique au corps entier, et

lui donne une nouvelle force, une nouvelle ardeur par l'irritation et la chaleur qu'il y produit. Il excite la transpiration insensible; il occasionne des besoins de réparation plus abondans, et la nutrition est plus nécessaire. Le suc devient toujours plus copieux, et l'animal acquiert davantage, jusqu'à ce qu'ayant usé ses ressorts, les vaisseaux distillatoires s'étendent; ils se dilatent, et ne peuvent plus élaborer le gluten.

La présence du suc essentiel gonfle les parties génitales de la femelle, et irrite celles du mâle; lancé dans les vésicules de la femelle, ouvertes par les mêmes causes, les mêmes causes, le sperme ou le polleny met en action le fœtus ou l'embryon qui y est contenu. Les mouvemens sont d'autant plus grands, que ce suc glutineux est en plus grande abondance, que les passions sont plus fortes et que les organes sont moins fatigués. Les passions jouent un grand rôle dans cet acte; elles agitent tout le fluide nerveux. Le feu libre, qui y est contenu, dilate celui de la semence; et elle est lancée facilement au dehors dans l'instant de l'accouplement, et dans celui de l'émission principalement, l'animal éprouve des mouvemens convulsifs, d'autant moins surprenans que les esprits animaux

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