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vée, le tour du corps en moins de trois mi

nutes.

Les vaisseaux artériels sont continus avec les vaisseaux blancs, et quoique les artères ne s'anastomosent pas dans les veines, le sang filtre, par la force de la contraction, dans les racines des veines, et il y circule quelquefois. Les artères voisines, qui portent le sang au cerveau et celles qui se dirigent vers les extrémités du corps, reçoivent le sang par l'effet de la respiration, qui fait circuler également les pues et les humeurs dans les vaisseaux blancs.

Nous avons démontré que la chaleur était l'effet du choc et du frottement, et l'on doit juger combien est grande dans le corps celle occasionnée par ces mouvemens si prompts, ces frottemens continuels qui entretiennent la souplesse dans les muscles, et les rendent aptes à exécuter les actions qui leur sont demandées : ils lubrifient les intestins et les viscères; ils facilitent les sécrétions, et mettent en action le fluide électrique, ou le gluten. Le sang, en se répandant dans toute la machine, l'entretient; il lui donne de l'accroissement; il fortifie ses rouages; et la vitesse de sa circulation empêche le feu, qu'il contient, de se fixer, de se combiner.

Dans l'expiration, les vaisseaux s'affaissent; leurs angles se resserrent; ils se déchargent d'une grande quantité du sang qu'ils contiennent, et ils deviennent propres à en recevoir par une nouvelle inspiration, qui est nécessaire par l'impulsion du sang dans l'artère pulmonaire.

Le mouvement est continuel dans le poumon: ses vaisseaux n'ont ni la même largeur ni la même longueur; leur action varie constamment on doit en conclure que le sang doit y éprouver bien des changemens. Poussé dans des ramifications très-resserrées par la force de l'air, il y passe à l'alambic; il y est divisé, filtré, et il revient par les veines plus actif et plus pur.

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On a évalué à cinq onces et demie la quantité de sang, qui passe par les poumons dans chaque respiration. Quoiqu'il en soit, il est certain que tout le sang du corps y passe successivement, et que l'air, y pénétrant par bronches, le pousse dans la veine pulmonaire à travers les pores des membranes charnues. Le diaphragme, en rebondissant, force le cœur à se vider, et en se remettant dans son état naturel, le coeur vide reçoit encore par la pression de l'air le sang des veines.

La respiration n'est pas seulement néces

saire à la circulation des humeurs, des fluides, du sang veineux, mais encore à la digestion, aux sécrétions, et à l'inspiration des corps odorans elle facilite la circulation du sang artériel dans le poumon, et elle contribue à l'accouchement, en produisant une compression douce, forte quelquefois, sur les viscères du bas-ventre. L'expiration, qui accélère le retour du sang veineux, produit l'expectoration, la sortie des particules nuisibles, celle de l'air contenu dans les vaisseaux sanguins, et elle est une des causes de la voix et de la parole.

La respiration facilite l'épuration du sang: il est alcaligène lorsqu'il arrive au poumon; mais le suc glutineux, qui s'y épanche par les fibres nerveuses, est acidifique : le feu, qu'il contient, est dans un état de dilatation continuelle. L'air, qui entre dans le poumon par l'inspiration, se trouve comprimé; le feu libre, qu'il renferme, agit contre celui dilaté, et il doit nécessairement y avoir une effervescence. Celle qui s'opère dans les poumons, qu'on doit considérer comme les alambics destinés à l'épuration du sang est très-forte; le sang y est d'abord distillé, et ensuite filtré, avant de couler dans les veines.

Le sang provient du gluten, qui est très-fermentescible, puisqu'il est le produit des végé

taux dont l'animal se nourrit, et il contient des principes acides, alcaligènes et ferrugineux, de l'air et de l'eau; il devient chyle par l'effet de l'élaboration qui s'opère dans l'estomac. Ses principes s'élaborent encore par la sanguification; une partie devient sérum, aqueuse, et l'autre partie est le sang; mais dans ce sérum et dans ce sang, il y a de l'acide, de l'alcali, des parties ferrugineuses, de l'air et du feu : donc les principes de la fermentation s'y trouvent.

On ne peut douter qu'il y ait des feux fermentescibles dans le corps de l'animal; car, qui donnerait au sang sa couleur rouge, si non l'acide qui s'y trouve, et qui a la propriété de rougir les couleurs bleues des végétaux? aussi nous remarquons que le sang a la tendance à reprendre sa couleur bleue, lorsque le feu s'y combine alors il est d'un rouge foncé et bleuâtre, couleur occasionnée par la présence du feu et l'évaporation de l'acide. Il y a de l'acide urique et de l'alcali volatil dans le sang, puisqu'il a l'odeur et le goût urineux. La partie rouge du sang désséché est inflammable, puisqu'elle décrépite au feu, et donne une odeur de corne. Les globules rouges désséchées deviennent friables, et se subdivisent en petites parties, dont la couleur diminue et

s'efface, parce que l'acide s'évapore. Le caillot, qui prend la forme de filamens blancs, et auquel on a donné le nom général de Limphe, en partie fibreuse, en partie gélatineuse et muqueuse, s'évapore également à l'air et à l'action d'un feu vif: il donne un sédiment assez analogue à celui de l'urine; il se coagule par un feu lent et par l'action des acides.

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Nous sommes entrés dans ce détail pour confondre ces gens de mauvaise foi, qui disent au peuple que le sang est la seule cause des mouvemens de l'animal et même de la pensée. Mais il n'y a rien de plus inerte que le sang; ne pourrait circuler sans le secours de l'air : c'est l'air qui le presse, qui le pousse, comme nous pousserions une pierre, et la constitution d'une pierre est même plus fixe que la sienne Le sang s'évanouit entièrement, lorsqu'il est sorti du corps de l'animal. Enfin, lorsque la circulation de cette matière très composée est arrêtée dans un paralytique, le malade pense, sent et raisonne : ce n'est donc pas le sang, qui procure la vie et le mouvement à l'animal, puisque le sang par lui-même n'a aucun mouvement. Lorsque l'animal périt par la suffocation ou autre maladie, son sang reste dans son corps; il cesse seulement de circuler. Cependant l'animal n'a plus de mouvement; la pu

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