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la parole, j'ai cru que je devais vous les » écrire avec ordre, après m'en étre exacte»ment informé dès leur origine, afin que » vous reconnaissiez la certitude des écrits que »lon vous a faits.

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Ce passage démontre clairement que ceux pour qui saint Luc écrivait, avaient vu les témoins, les avaient entendus dans leurs dépositions, et qu'ils pouvaient juger de la vérité de ses relations.

Lorsque nous remontons au premier âge de cette société fondée par les témoins; que nous consultons les monumens les plus anciens nous découvrons que, presque à sa naissance, ses membres se divisèrent sur divers points de doctrine, et que ceux traités de Novateurs en appelaient, ainsi que les autres, à la déposition des premiers témoins, et qu'ils en reconnaissaient l'authenticité. Les Calvinistes, les Luthériens, etc., sectes de la religion chrétienne, agissent encore de même aujourd'hui. De notre temps, le Calviniste J. J. Rousseau n'a pu s'empêcher de dire :

« Je vous avoue que la majesté des Écritures m'étonne; la sainteté de l'évangile parle à > mon cœur. Voyez les livres des philosophes. avec toute leur pompe; qu'ils sont petits » près de cela! Se peut-il qu'un livre à la fois,

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» si sublime et si simple, soit l'ouvrage des » hommes? Se peut-il que celui dont il fait » l'histoire, ne soit qu'un homme lui-même ? » Est-ce là le ton d'un enthousiasme ou d'un >> ambitieux sectaire ? Quelle douceur, quelle » pureté dans ses mœurs! Quelle grâce tou>> chante dans ses instructions! Quelle éleva» tion dans ses maximes! Quelle profonde » sagesse dans ses discours? Quelle présence d'esprit! Quelle finesse et quelle justesse » dans ses réponses! Quel empire sur ses pas>>sions! Où est l'homme, ou est le sage qui »sait agir, souffrir et mourir sans faiblesse, » et sans ostentation? Quand Platon peint » son juste imaginaire, couvert de tout l'op» probre du crime, et digne de tous les prix » de la vertu, il peint trait pour trait Jésus» Christ: la ressemblance est si frappante, » que tous les pères l'ont sentie, et il n'est pas possible de s'y tromper. Quels préjugés, » quel aveuglement pour oser comparer le >> fils de Sophronisme au Fils de Marie? Quelle >> distance de l'un à l'autre ! Socrate mourant > sans douleur, sans ignominie, soutint aisé»ment jusqu'au bout son personnage ; et si >> cette facile mort n'eût honoré sa vie, on >> douterait si Socrate, avec tout son esprit, >> fût tout autre chose qu'un sophiste. Il in

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» venta, dit-on, la morale. D'autres, avant lui, l'avaient mise en pratique; il ne fit que » dire ce qu'ils avaient fait ; il ne fit que mettre >en leçons leurs exemples. Aristide avait été >> juste, avant que Socrate eût dit ce que c'é» tait que justice; Léonidas était mort pour » son pays, avant que Socrate eût fait un de» voir d'aimer la Patrie Sparte était sobre >> avant que Socrate eût loué la sobriété : » avant qu'il eût défini la vertu, la Grèce >> abondait en hommes vertueux. Mais où Jé» sus avait-il pris chez les siens cette morale » élevée et pure, dont lui seul a donné les leçons et l'exemple? Du sein du plus furieux fanatisme, la plus haute sagesse se fit entendre, et la simplicité des plus héroïques » vertus honora le plus vil de tous les peuples. » La mort de Socrate, philosophant tranquil-* lement avec ses amis, est la plus douce qu'on » puisse désirer : celle de Jésus, expirant dans » les tourmens, injurié, raillé, maudit de tout » un peuple, est la plus horrible qu'on puisse >> craindre. Socrate, prenant la coupe empoisonnée, bénit celui qui la lui présente et qui pleure; Jésus, au milieu d'un supplice » affreux, prie pour ses bourreaux acharnés. » Oui, si la vie et la mort de Socrate sont » d'un sage, la vie et la mort de Jésus sont

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» d'un Dieu. Dirons-nous que l'histoire de l'évangile est inventée à plaisir? Ce n'est » pas ainsi qu'on invente, et les faits de Socrate, dont personne ne doute, sont moins >> attestés que ceux de Jésus-Christ. Au fond, » c'est reculer la difficulté sans la détruire; >> il serait plus inconcevable que plusieurs >> hommes d'accord eussent fabriqué ce livre, qu'il ne l'est qu'un seul en ait fourni le sujet.

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» Jamais des auteurs juifs n'eussent trouvé » ni ce ton, ni cette morale, et l'évangile a » des caractères de vérité, si grands, si frap» pans, si parfaitement inimitables, que l'in>> venteur en serait plus étonnant que le héros. (1) Avec tout cela ce même évangile est rempli de choses incroyables, de choses qui répugnent à la raison, et qu'il est im> possible à tout homme sensé de concevoir » ni d'admettre. Que faire au milieu de ces » contradictions? Etre toujours modeste et » circonspect, respecter en silence ce qu'on >> ne saurait ni rejeter ni comprendre, et s'hu>> milier devant le grand étre, qui seul fait la D vérité (2).

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(1) Emile, tom. 3, pag. 165. - Lettre, 108.
(2) Idem, tom. 3. pag. 165.

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Si tout était concevable dans l'évangile, il n'y aurait plus d'épreuve pour nous; nous n'aurions pas devant Dieu le mérite de la soumission. Notre raison bornée nous jète souvent dans de grandes erreurs; le parti le plus sage est de s'humilier, ainsi que dit Rousseau, et de croire que Dieu ne peut nous tromper. « Prê» chez, disait Jésus-Christ à ses apôtres, l'évangile à toute créature: celui qui croira sera sauvé; celui qui ne croira pas sera condamné » (1). Si vous ne voulez pas me croire, disait» il aux Juifs, croyez à mes œuvres..... les œu» vres que je fais au nom de mon Père, rendent témoignage de moi (2). Si je n'avais pas fait » des œuvres qu'aucun autre n'a faites, ils n'au>>raient point de péché (3). Allez prêcher, et » dites que le royaume des cieux est proche : guérissez les malades; ressuscitez les morts; purifiez les lépreux; chassez les démons (4). » Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront la foi, ils chasseront les démons en » mon nom, ils parleront de nouvelles langues; >> ils prendront les serpens avec la main; et, s'ils

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(1) S. Marc, 16, 15.
(2) Joan. 10, 25 et 38.
(3) Joan. 15, 24.

(4) S. Matt. 10, 7.

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