Page images
PDF
EPUB

quelque fait éclatant qui soit contraire à la vérité; or l'histoire, publiée et non contredite dans le temps où les faits étaient parfaitement connus, ne prouve-t-elle pas qu'alors on était certain de ces faits? Si plusieurs historiens rapportent le même sans éprouver de contradiction, qui oserait élever du doute sur les faits principaux et importans qui sont rapportés par eux, et sur lesquels ils s'accordent? Je ne parle pas des réflexions d'un historien; il peut s'égarer sur les motifs et sur les conséquences du fait; je crois les événemens éclatans, et j'examine les observations. Je crois qu'Alexandre-le-Grand a conquis la Perse, quoique l'histoire qui rapporte ce fait soit trèsancienne, plutôt que celle plus récente qui nous parle des relations des peuples du Nord: il est donc possible d'être assuré de l'authenticité d'un fait ancien. Il s'agit de savoir maintenant si les miracles ont été bien authentiques, et s'ils nous ont été rapportés fidèlement. Il faut s'informer, faire les perquisitions nécessaires pour s'assurer de la vérité du fait. A défaut d'une pareille précaution, l'on s'égaré; on se laisse souvent tromper : c'est ce qui est arrivé aux Juifs, aux Mahométans aux Hérétiques ; c'est ce qui arrive aux naturalistes, qui révoquent en doute les miracles, parce qu'ils

ne se donnent pas la peine de se faire instruire. On ne doit pas se soumettre à toute autorité, mais seulement à une autorité légitime en fait de religion on doit se soumettre à l'autorité divine. Déistes, pourquoi donc, afin de vous éclairer sur une chose qui vous concerne aussi essentiellement, ne faites-vous pas ce syllogisme on doit se soumettre à l'autorité divine or telle autorité est divine..... donc on doit se soumettre à telle autorité. La première proposition est une notion commune, un principe métaphysique d'une vérité éternelle. Un moment; on vous démontrera la seconde par les miracles, par le sang des martyrs, par la succession canonique et légitime, qui n'a jamais été interrompue; enfin par le dépôt conservé sans altération jusqu'à présent, et qui sera conservé de même, malgré les efforts des hommes, jusqu'à la fin des siècles par une profession publique. Lisez vous cesserez de disputer contre des faits soutenus d'un témoignage beaucoup plus digne de foi que celui qui nous atteste que Socrate, Virgile et Cicéron ont existé. Soumettez-vous à Dieu, et ne commettez pas un crime, en opposant des raisonnemens contre des faits appuyés de l'autorité divine. Distinguez bien la méthode de discuter, et donnez-vous la peine de raisonnér

1

sur les faits, que vous devez connaître par le témoignage et une autorité extérieure. La puissance divine est au-dessus de toutes les forces de la nature ainsi, là où se trouve le témoignage divin, le jugement des sens doit être interdit: c'est ainsi que les géomètres et les mathématiciens s'égarent, lorsqu'ils prétendent mesurer tout, et juger de tout géométriquement c'est de cette manière que Spinosa a été induit en erreur, en niant qu'il y ait une substance incorporelle, parce que les mathématiques lui avaient appris qu'il n'y a rien où l'on ne puisse concevoir ni lignes ni points. Aucune autre chose qu'un corps ne peut toucher ni étre touchée. Cet axiome, vrai en géométrie, est faux, parlant physiquement. En effet, nous sommes assurés physiquement que nous pensons, et que nos pensées influent en quelque manière sur les mouvemens de notre corps; elles les modifient et les déterminent. Les mouvemens de notre corps affectent à leur tour notre âme, qui a la faculté de penser, quoique la matière n'en soit pas susceptible. Il n'y a réellement que deux méthodes pour parvenir à la connaissance des choses; celle de droit et celle de fait. Celle-ci consiste dans des témoignages et dans des décisions; l'autre dans la discussion, la méditation, et toute

autre manière abstraite de raisonner. Cette méthode ne convenait pas à la révélation qui devait éclairer le genre humain : ainsi la révélation divine ne peut être connue que par la méthode de fait, à moins qu'on ne soit inspiré immédiatement du ciel : il serait conséquemment ridicule de chercher à s'éclairer par une autre voie. Bientôt nous démontrerons qu'elle et ne peut nous jeter dans l'erreur.

n'a pu,

Résumons-nous. Après avoir parlé des différentes sortes de certitudes, qui nous conduisent à la conviction d'une chose, qui nous paraît renfermer une contradiction, savoir : celle tirée des principes évidens, qui nous fait connaître les attributs de la divinité que nous ne comprenons pas; celle qui nous vient du sentiment intérieur, par laquelle on prouve aux matérialistes l'existence, la spiritualité, les opérations de notre âme; celle physique, qui nous fait reconnaître l'existence des corps, du mouvement, de l'espace ou de l'étendue, et celle qui nous vient des témoignages extérieurs, nous nous sommes arrêtés à celle-ci, parce qu'elle est plus facile pour le vulgaire, et que c'est celle que Dieu a employée pour nous révéler les choses qu'il importe de savoir: c'est par ce moyen qu'un aveugle de naissance croit, sur le témoignage des hommes, l'exis

tence des couleurs et leurs propriétés, quoiqu'elles lui paraissent renfermer des absurdités. Demandez lui quelle est la couleur du ciel, il vous répondra qu'elle est bleue. Il n'a jamais vu le ciel; mais il a de la raison, et il juge que tous les hommes, sans aucun intérêt, sans aucun motif raisonnable, ne peuvent se réunir tous pour le tromper. L'évidence lui est démontrée par le témoignage des hommes; il a l'évidence extrinsèque ou morale : nous devons donc croire sur le témoignage de Dieu plusieurs mystères que nous ne comprenons point, et qui nous paraissent contradictoires lorsque nous les comparons avec les idées que nous avons des choses matérielles.

La foi, dit saint Paul (Heb. 31, v. 1) est la conviction de ce qu'on ne voit pas : Argumentum non apparentium. Elle est établie sur des faits incontestables: les miracles.

Puisque les hommes peuvent se communiquer leurs pensées, l'être essentiel, existant par lui-même peut plus facilement communiquer ses volontés à ses créatures. Quel autre voie pouvait-il mieux employer que le moyen qui, sans être renfermé dans la sphère actuelle des facultés de l'homme, fut approprié à la nature et à l'exercice le plus raisonnable de ses facultés ?

« PreviousContinue »