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ou autres armes, sera tenu de les porter sur-le-champ dans les différens districts dont il fait partie, pour les remettre aux chefs desdits districts, y être rassemblés et ensuite distribués, suivant l'ordre qui sera établi, aux différens citoyens qui doivent former la milice parisienne.

8° Que les attroupemens ne pouvant servir qu'à augmenter le tumulte et la confusion, et contrarier l'effet des mesures nécessaires à la sûreté et à la tranquillité publique, tous les citoyens seront avertis de s'abstenir de former des attroupemens dans quelque lieu que ce puisse être.

9° Que les citoyens rassemblés dans les districts seront priés de sanctionner, par leur approbation particulière, ce qui vient d'être arrêté dans l'assemblée générale ;

10° Et enfin, que le présent arrêté sera imprimé et lu, publié et affiché avec le nom des personnes que l'assemblée va choisir et nommer pour former le comité permanent, en attendant que l'assemblée des électeurs, convoquée pour l'après-midi de cette même journée, ait de son côté choisi et nommé les membres qu'elle doit adjoindre à ceux nommés par l'assemblée générale. Et à l'instant même ont été nommés pour composer le comité

permanent:

M. le prévôt des marchands.

M. de Corny, procureur du roi et de la ville.

MM. Buffault, Sageret, Vergne, Rouen, échevins.
M. Veytard, greffier en chef.

Deux conseillers de ville et un quartinier.

MM. le marquis de la Salle, l'abbé Fauchet, Tassin, de Leutre, Quatremère, Dumangin, Girou, conseiller; Ducloz du Fresnoy, Bancal des Issartz, Hyon, Legrand de Saint-Réné, Jeanin, électeurs.

M. Grélé, citoyen.

M. Moreau de Saint-Méry, président des électeurs.

Le même jour 13 juillet, après midi, on publia l'arrêté suivant :

Arrêté du comité permanent établi par l'assemblée générale

de ce matin, 13 juillet 1789.

La notoriété des désordres et les excès commis par plusieurs attroupemens, ayant déterminé l'assemblée générale à rétablir sans délai la milice parisienne, il a été ordonné ce qui suit:

1o Le fond de la milice parisienne sera de 48,000 citoyens, jusqu'à nouvel ordre;

2o Le premier enregistrement fait dans chacun des soixante districts, sera de 200 hommes pour le premier jour, et ainsi successivement pendant les trois jours suivans;

3o Ces soixante districts, réduits en seize quartiers, formeront seize légions, qui porteront le nom de chaque quartier, dont douze seront composés de quatre bataillons, également désignés par le nom des districts, et quatre de trois bataillons seulement, aussi désignés de la même manière;

4° Le fond de chaque bataillon sera de quatre compagnies;

5o Chaque compagnie sera de 200 hommes, dont la composition en sera portée dès le premier jour à 50 hommes, pour compléter successivement les 200 hommes demandés à chaque district, à l'effet de commencer le service;

6o L'état-major sera composé d'un commandant-général des seize légions, d'un commandant-général en second; d'un majorgénéral, et d'un aide-major général ;

7o L'état-major particulier de chacune des seize légions sera composé d'un commandant en chef; d'un commandant en second, d'un major, de quatre aides-majors et d'un adjudant;

8° Chaque compagnie sera commandée par un capitaine en premier, un capitaine en second, deux lieutenans et deux souslieutenans.

Les compagnies seront composées de huit sergens, dont le premier sera sergent-major, de trente-deux caporaux, de cent cinquante-huit factionnaires et de deux tambours ;

9o Le comité permanent nommera le commandant-général, le commandant-général en second, le major-général, l'aide-majorgénéral, et les états-majors de chacune des seize légions, sur les

désignations et renseignemens qui seront adressés par les chefs des districts.

Quantaux officiers des bataillons qui composent lesdites légions, ils seront nommés par chaque district, ou par des commissaires députés à cet effet dans chacun des districts et quartiers; Marque distinctive.

10° Comme il est nécessaire que chaque membre qui compose cette milice parisienne porte une marque distinctive, les couleurs de la ville ont été adoptées par l'assemblée générale; en conséquence, chacun portera la cocarde bleue et rouge. Tout homme qui sera trouvé avec cette cocarde, sans avoir été enregistré dans l'un des districts, sera remis à la justice du comité permanent. Le grand état-major réglera les distinctions ultérieures de tout genre;

11o Le quartier-général de la milice parisienne sera constamment à l'Hôtel-de-Ville;

12o Les officiers composant le grand état-major auront séance au comité permanent;

13° Il y aura seize corps-de-garde principaux pour chaque légion, et soixante corps-de-garde particuliers, correspondans à chaque district;

14° Les patrouilles seront postées partout où il sera nécessaire, et la force de leur composition sera réglée par les chefs;

15° Les armes prises dans les corps-de-garde y seront laissées par chaque membre de la milice parisienne à la fin de son service, et messieurs les officiers en seront responsables;

16o D'après la composition arrêtée de la milice parisienne, chaque citoyen admis à défendre ses foyers voudra bien, tant que les circonstances l'exigeront, s'astreindre à faire son service tous les quatre jours.

Fait à l'Hôtel-de-Ville, le 13 juillet 1789.

Signé, DE FLESSELLES, prévôt des marchands, etc.

Enfin, pour terminer avec l'Hôtel-de-Ville, sur les cinq heures après midi, le comité permanent arrêta que des mesures seraient

prises pour entretenir des communications régulières avec l'assemblée nationale (nous avons l'arrêté sous les yeux); et en conséquence, nomma une députation pour aller lui rendre compte de la situation de la capitale.

On concevra, au reste, quelle devait être l'activité du comité, en lisant le récit suivant, soit qu'il fut mis en demeure d'agir par lui-même, soit qu'il y fût excité par les nouvelles qui lui venaient de tous les points de Paris.

Dès le matin une troupe de peuple sachant qu il y avait des blés dans la maison des lazaristes, s'y transporta, força les portes, courut aux greniers, et chargea les farines qu'il y trouva sur cinquante-deux voitures qui furent conduites à la Halle. La colère des assaillans à la vue de ce grand dépôt, qu'ils appelaient un accaparement, monta au plus haut degré; pour punir les coupables, ils brisèrent leur mobilier, pénétrèrent dans les caves et défoncèrent leurs tonneaux de vin. Pour chasser cette bande de destructeurs, les lazaristes mirent le feu à une grange. Ce moyen réussit en effet. Dans cette bagarre, les prisonniers s'échappèrent; mais d'ailleurs rien ne fut dérobé : le peuple découvrit un voleur, il en fit justice de suite, il le pendit. Une quarantainè de misérables seulement restèrent à s'enivrer dans les caves; ils furent ramassés la nuit suivante par la garde nationale. (Ľ’Ami du Roi raconte que, conduits au Châtelet, et le concierge déclarant qu'il ne pouvait les recevoir, parce que sa prison était pleine, le peuple, indigné contre cette canaille ivre, les pendit.)

Une autre bande alla attaquer la Force, où étaient alors renfermés les prisonniers pour dettes. La garnison de cette prison s'était renfermée dans l'intérieur, et elle laissa faire. Les portes furent enfoncées, et les détenus délivrés. Quand on apprit au procureurgénéral du parlement cet événement, il répondit : « S'il en est resté quelqu'un, dites-lui de se hâter de sortir, parce qu'il ne sera plus temps lorsque les portes seront fermées. >

Presque en même temps, les prisonniers du Châtelet, véritables coupables, pour lesquels il n'y avait point de pitié chez le peuple, instruits du désordre qui régnait dans la ville, se

voltèrent. Ils dépavèrent leur cour, s'armèrent de tout ce qui leur tomba sous la main, et attaquèrent les portes. Ils avaient déjà enfoncé quelques guichets, lorsque le concierge appela à son secours une bande de peuple qui passait dans la rue (une bande de brigands, dit l'Ami du Roi). Ces hommes entrèrent dans la prison, firent feu sur les rebelles, et les forcèrent à rentrer dans l'ordre.

Pendant ce temps, deux rassemblemens se formaient près du Palais-Bourbon et de l'hôtel de Breteuil; on se préparait à punir leurs propriétaires, en ruinant leurs demeures. Les représentations de quelques citoyens les détournèrent de ces violences.

D'autres attroupemens encore couraient Paris, cherchant des armes, menaçant de fouiller les hôtels des aristocrates, et armés de torches pour les brûler.

L'un d'eux alla au garde-meuble de la couronne, y enleva des armes, deux canons et plusieurs armures de prix. Les objets précieux furent, plus tard, presque tous remis entre les mains de l'autorité.

Cependant les boutiques étaient fermées; on ouvrait des tranchées, on formait des barricades avec des tonneaux et des pavés dans les rues des faubourgs et dans un grand nombre de celles du centre. Près de chacune d'elles, un corps-de-garde s'improvisait. Le tocsin sonnait. Des hommes passaient dans les rues, appelant de la voix, et à l'aide d'une clochette, chacun à se rendre au district. En effet, les églises et les couvens qui avaient servi précédemment à ces assemblées se remplissaient; les anciens bureaux s'y installaient. A Saint-Etienne-du-Mont, le curé lui-même prit la présidence de l'assemblée, et devint, pour un moment, le chef de la force armée.

Partout on cherchait des armes ; tous les ouvriers en fer étaient occupés, depuis l'aube, à forger des piques grossières; mais c'était des armes à feu qu'il fallait. Pour cela, on allait à l'Hôtel-deVille, s'adresser à M.deFlesselles, prévôt des marchands; celui-ci se débarrassait des pétitionnaires, en les envoyant au hasard, dans le premier endroit qui lui venait à la pensée; mais ceux-ci,

T. II.

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