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« Nous proposons de mettre le ministère en accusation » comme coupable :

>> 1o D'avoir trahi au dehors l'honneur et les intérêts de >> la France;

» 2o D'avoir faussé les principes de la Constitution, violé » les garanties de la liberté et attenté aux droits des ci» toyens;

» 3o D'avoir, par une corruption systématique, tenté de » substituer à la libre expression de l'opinion publique les » calculs de l'intérêt privé, et de pervertir ainsi le gouver»nement représentatif;

» 4o D'avoir trafiqué, dans un intérêt ministériel, des » fonctions publiques, ainsi que de tous les attributs et pri» viléges du pouvoir;

» 5o D'avoir, dans le même intérêt, ruiné les finances de » l'État, et compromis ainsi les forces et la grandeur natio>> nales;

» 6o D'avoir violemment dépouillé les citoyens d'un droit >> inhérent à toute constitution libre, et dont l'exercice leur » avait été garanti par la Charte, par les lois et par les pré>> cédents;

>> 7o D'avoir enfin, par une politique ouvertement contre>> révolutionnaire, remis en question toutes les conquêtes » de nos deux révolutions et jeté le pays dans une pertur>>bation profonde. »

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« Nous publierons les signatures qui viendront s'ajouter » à cette demande de mise en accusation. Celles que nous >> venons de publier ont été recueillies à la hâte. »

1847.

L'OPTIMISME ET LE COMMUNISME.

15 octobre 1847.

Les deux extrêmes se touchent, est un lieu commun que Napoléon a traduit par ces mots : Le sublime est près du ridicule; maintenant que le premier des deux termes de cette proposition a malheureusement disparu, la traduction imperiale a fait place à cette traduction nouvelle : Le communisme est près de l'optimisme.

Le communisme fait des progrès d'autant plus rapides que l'optimisme ne prend aucune peine de le combattre. L'optimisme s'étale indolemment, le communisme travaille activement; l'optimisme se pavane, le communisme se cache; l'optimisme cherche le bruit et l'éclat, le communisme cherche le silence et l'ombre; l'optimisme plane superbement dans les hauteurs de son dédain; le communisme, plus modeste, se contente de miner sourdement les bases de la société, qu'il y aurait danger pour lui d'entreprendre ouvertement de renverser; il met le temps à profit, pendant qu'ailleurs on le perd en vaines paroles; tandis que les partis discutent sur des pointes d'aiguille, il tranche, sans délibérer, les questions les plus grosses; l'économie politique qu'il a faite à l'usage de toutes les passions mauvaises de la société n'est certes pas incontestable, mais elle est incontestée! Faire à de telles doctrines l'honneur d'en démontrer l'absurdité, ce serait leur donner de la consistance :

ainsi raisonne l'optimisme, et le communisme est loin de s'en plaindre.

A ceux qui s'inquiètent, l'optimisme oppose ces deux mots victorieux: Lyon, Buzancais.

Mais la force doit-elle dispenser de la vigilance? La raison et la justice vaincues sont toujours la raison et la justice, mais la force vaincue n'est plus que la défaite.

1847.

L'ÉLECTION DE DIEPPE.

18 novembre 1847.

Tous les journaux de l'opposition systématique triomphent de l'élection de Dieppe. Ils s'en réjouissent; nous nous en attristons, car nous y voyons la confirmation de toutes nos craintes. Quatre réélections ont eu lieu pour cause de décès. Ont été nommés: A Paris, M. Malgaigne, d'une opposition déclarée, qui l'a emporté sur M. Bertrand, d'une opposition suspecte, en remplacement de M. Ganneron; à Toulouse, M. Pagès (de l'Ariége), en remplacement de M. Cabanis; à Florac, M. Daudé, en remplacement du général Meynadier; à Dieppe, M. Osmont, en remplacement de M. le marquis de Chasseloup-Laubat. Ces quatre nominations appartiennent toutes à l'opposition. Si les députés soumis à la réélection pour cause d'avancement ou de promotion à des fonctions publiques ont été renommés, rien de plus facile à expliquer. Le ministère ne choisit que ceux dont il est certain que la réélection est dix fois assurée, il fait patienter les autres. Ces réélections, triées et préparées avec soin, n'atténuent donc aucunement le sens politique de celles qui ont fortuitement lieu par suite de décès. Nul doute que les élections générales qui auront lieu à l'expiration de cette législature n'entraînent d'un seul bond le pays, justement mécontent d'une majorité complaisamment satisfaite, beaucoup au-delà des limites que la prudence conseillait de reculer spontanément, graduellement. C'était

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