DICTIONNAIRE HISTORIQUE; ου HISTOIRE ABRÉGÉE De tous les HOMMES qui fe font fait un nom par des AVEC Des Tables Chronologiques pour réduire en Corps d'Hiftoire Par une SOCIÉTÉ DE GENS-DE-LETTRES. SIXIEME ÉDITION, revue, corrigée, & confidéra Mihi Galba, Otho, Vitellius, nec beneficio nec injuriâ cogniti. TOME V. TACIT. Hift. lib. I. §.ta A CAEN, Chez G. LE ROY, Imprimeur du Roi, ancien Hôtel de la Mon M. D C C. L X X X V. Avec Approbation & Privilège du Ro JE JEU EUNE, (Jean le) naquit à Poligni en Franche-Comté, l'an 1592, d'un pere confeiller au parlement de Dole. Il renonça à un canonicat d'Arbois, pour entrer dans la congrégation naiffante de l'Oratoire. Le cardinal de Berulle cut pour lui les bontés, qu'a un pere pour un enfant de grande efpérance. Le P. le Jeune fe confacra aux miffions, pendant 60 ans que durérent fes travaux apoftoliques. Il perdit la vue en prêchant le Carème à Rouen, à l'âge de 35 ans. Cette infirmité ne le contrifta point, quoiqu'il fût naturellement vif & impétueux. Le P. le Jeune eut d'autres infortunes. Il fut deux fois taillé de la pierre, & on ne l'entendit jamais laiffer échapper aucune parole d'impatience. Les plus grands prélats avoient tant d'eftime pour fa vertu, que le cardinal Bichi le fervit à table durant tout le Tome V. cours d'une miffion. La Fayette, évê¬ que de Limoges, l'engagea en 1651 à demeurer dans fon diocèfe. Le P. le Jeune y paffa toute fa vie, & y établit des Dames de la Charité dans toutes les villes. Dans fa derniére maladie qui fut longue, il reçut fouvent la vifite des évêques de Limoges & de Lombez. On lui avoit permis de dire la meffe, quoiqu'il fut aveugle; mais il ne voulut jamais ufer de cette permiflion, dans la crainte de commettre quelqu'irrévérence en célébrant les faints myftéres. Il mourut à Limoges le 19 Août 1672, à So ans, en odeur de fainteté. Son humilité étoit admirable. Plufieurs feigneurs de la cour, étant venus a Rouen où il prêchoit le Carême, le prièrent de leur prêcher fon plus beau Sermon; mais il fe contenta de leur faire une inftruction familiére, touchant les devoirs des grands, & touchant A |