Page images
PDF
EPUB

DE LA

CONJURATION

DE

LOUIS-PHILIPPE-JOSEPH D'ORLÉANS, SURNOMMÉ ÉGALITÉ.

LIVRE DIXSEPTIEM E.

[ocr errors]

NOUVELLE assemblée nationale. D Orléans envoie Pétion en Angleterre. Il le fait élire maire de Paris. Ses nouvelles tentatives pour se rendre maître des subsistances, et pour diriger une insurrection générale contre la famille royale. Comment il est servi par la nouvelle assemblée. Pénible situation de Louis XVI. Massacre dans la ville d'Avignon. Wittgenstein marche contre les assassins. Les orléanistes le font remplacer par Montesquiou. Ils portent Dumouriez au ministère des affaires étrangères. Ils lèvent une armée. Journées des 20 juin et 10 août 1792. On appelle une convention nationale.

DES que notre première assemblée natio

nale qui a retenu le nom de constituante, quoiqu'elle n'eût rien constitué, 'eut fait

place à la seconde assemblée qu'on a appellée législative, le premier soin de d'Orléans, rentré dans la société, fut d'obtenir l'accomplissement des vues qu'il avoit depuis longtems sur Santerre et sur Pétion. Se croyant sûr de porter ce dernier à la mairie, il l'envoya avec Voidel à Londres, pour qu'ils y rouvrissent de nouveau des magasins propres à recevoir les bleds que les conjurés se pro-.. Fosoient d'exporter encore de France. La marquise de Sillery et les enfans du prince accompagnèrent Pétion et Voidel dans ce

voyage.

Les vues de d'Orléans ne furent pas trompées la Fayette pour obéir à l'acte constitutionnel qui ordonnoit une nouvelle organisation de la garde nationale, abandonna le commandement de cette garde. Chaque chef de division devoit la commander à tour de rôle, mais par les menées des orléanistes ainsi que je le dirai bientôt, elle finit par tomber sous les ordres du senl Santerre.

Bailly que cette division du commandement de la force publique n'accommedoit pas, et qui craignoit de ne pas retrouver cette harmonie qui avoit toujours régné entre lui et la Fayette, parla aussi de faire retraite. Ce fut alors que d'Orléans qui depuis long-tems regrettoit d'avoir été obligé d'abandonner la clef des greniers, songea à la reconquérir en faisant nommer un maire à sa dévotion. Dès qu'il fut assuré des intentions de Bailly, il envoya avis à Pétion de repasser

sur-le-champ la mer. Celui-ci accourut en effet. Les assignats furent répandus avec la plus scandaleuse profusion; on gagna les suffrages de la canaille, et on repoussa par la terreur ceux des gens de bien. Les citoyens honnêtes de la capitale s'abstinent de paroître dans les sections, et Pétion se trouva porté à la mairie, par une majorité de six mille votans. Un aussi petit nombre d'électeurs dans une des villes les plus peuplées du monde, donne une idée de la force des intrigues qu'on employa pour pousser la créature de d'Orléans à une place qui dans les circonstances où l'on se trouvoit, étoit peutêtre la plus importante de tout l'Empire. Il est assez croyable que si la liberté des parisiens n'eût pas été gênée dans cette élection, ils eussent donné la préférence à l'un d'entr'eux, et non à un homme qui né à Chartres, et y avant toujours demeuré, n'étoit pour eux qu'un étranger.

D'Orléans comme je l'ai dit, en achetant la mairie pour Pétion, avoit eu principalement en vue de se rendre de nouveau maître des subsistances, et par leur moyen d'exciter à volonté ainsi qu'il l'avoit fait autrefois, des insurrections populaires. Mais les choses n'allèrent pas à cet égard au gré du prince. Bailly dans son discours de retraite, fit l'énumération des objets confiés à son dministration. Son compte fut simple, lair, et à l'abri de toute contestation. On étoit alors au 12 novembre 1791. Il déclara et

prouva que les subsistances étoient dans le meilleur état; que les magasins pouvoient nous conduire jusqu'au printems; qu'à cette époque il en arriveroit quarante mille sacs, et qu'avec cette quantité on arriveroit au terme de la moisson.

Pétion présent au discours de Bailly, sourioit agréablement à cette énumération. Sa joie ne fut pas de longue durée. Le lendemain, Fileul et Montaran, administrateurs particuliers des subsistances, donnèrent leur démission. Le surlendemain, le roi accompagné d'un seul officier, se rendit à la Halleaux-Bleds. Les gens qui y sont employés le reçurent avec des transports de joie, comme s'il eut été aux plus beaux jours de son règne. Il s'enquit avec intérêt, et avec une sollicitude scrupuleuse, de l'état des subsistances. Dans le jour même, le département en eut irrévocablement l'administration. Cet événement imprévu trompa les espérances de d'Orléans.

Quelques jours après, Pétion rendant compie par apperçu à la commune, des objets confiés à sa gestion, ne put cacher son dépit. 11 lui échappa de dire en parlant des subsistances. « Je dois croire qu'elles sont en bon état d'après le compte de mon prédécesseur; mais le département s'étant emparé de cette branche d'administration, je vois qu'elle ne me regarde point. >>

On tenta d'arracher au département cet important dépôt. On mit en question à la

commune, si l'administration des subsistances d'une grande ville ne devoit pas être attribuée exclusivement à la municipalité; mais le département tint ferme, et refusa constamment de se désaisir de l'administration qui lui avoit été confiée par le roi. De-là naquit une guerre sanglante entre Pétion et le département, et dans cette guerre, les orléanistes n'oublioient pas que leur principal objet étoit d'égorger la famille royale.

Ne pouvant accaparer les bleds, d'Orléans accapara le sucre, mais cette denrée n'étant pas de première nécessité, le peuple ne prit pas un assez vif intérêt aux manèges qui se firent à cet égard, pour se porter à une de ces insurrections générales qu'on vouloit exciter, à dessein de perdre Louis et sa famille.

On eut recours à une autre ruse: pendant plusieurs jours la municipalité fut environnée de cinq à six cents bandits, qui demandoient à grands cris qu'on réduisît le prix du pain, ainsi que celui du vin, et qu'on contraignît le département, à se désaisir des subsistances.

Ce nouveau moyen n'ayant produit que de l'inquiétude et du trouble pour toute la ville, on souleva le fauxbourg Saint-Marceau; quelques boutiques dans ce fauxbourg furent pillées. C'est à quoi se réduisit çette sédition qu'on ne put jamais diriger contre

le château.

Il fallut changer de batterie; le départe

« PreviousContinue »