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Séance du 10 ottobre.

Après la lecture des procès-verbaux, on a propofé fix articles à ajouter à la réforme de la procédure criminelle. Par l'un le préjugé d'infamie qui rejaillit fur la famille du coupable, n'exiftera plus: par l'autre, le plus grand fupplice fera d'avoir la tête tranchée : par les autres, enfin, les mêmes peines feront infligées à tous les coupables du même crime. Ces divers articles ont été ajournés.

Enfuite on a lu les noms des membres qui demandent des paffeports pour caufe de fanté, la refidence prochaine de l'affemblé à Paris, en a rendu beaucoup malades.

M. l'Evêque d'Autun n'étant pas arrivé, l'on s'eft occupé de l'intitulé de la loi; mais la difcuffion a été interrompue par un membre de la députation nommée pour accompagner le Roi; il a dit que fa voiture avoit été arrêtée, qu'on lui avoit demandé s'il n'étoit pas le comte de Virieu, que l'on en vouloit à fes jours qu'il exiftoit une lifte de profcrits, &c.,. Ce rapport a été interrompu pour retourner à l'intitulé de la loi : M. Reubel a demandé que l'intitulé propofé par M. de Mirabeau, ainsi que les amandemens fuffent renvoyés pour être redigés an comité de conftitution: ce qui a été adopté.

NOUVELLES DE PROVINCES.

Extrait d'une lettre de Rouen du 17 octobre 1789.

L'on vient d'arrêter trois voitures chargées de carabines & autres munitions, venant de l'Empire; elles font en deftination pour la ville de Caën, avec une Simple lettre de voiture & fans efcorte. L'on prétend

que ces armes & ces munitions appartiennent au régiment d'Owiffe, régiment étranger; les bons citoyens s'en alarment; au furplus, les armes font encore retenues dans cette ville jufqu'à un plus ample in*

formé.

Le boucher de Verfailles, officier de la garde nationale de cette ville que nous avions cité dans notre No. XIII des Révolutions de Paris, pages, d'avoir affifté au repas donné par meffieurs les gardes du corps; nous a déclaré que ce jour il n'avoit pu y affifter, étant à Poiffy, pour les achats de fon commerce; qu'il étoit vrai que M. le comte d'Estaing lui avoit fait l'honneur de l'inviter à dîner chez lui, mais que le feul motif de cette invitation étoit pour le dédommager, en quelque forte, ledit boucher, du danger imminent qu'il avoit couru, quelque jour auparavant, dans une miffion dont il avoit été chargé par le général, relativement à une demande de 300 livres de poudre faite à la municipalité de Paris par celle de Versailles.

Signé, P. ORTILLON

représentant de la commune;

METTEREAU,

frere de l'officier cité.

Des nouvelles que nous recevons de Meaux nous apprennent que cette ville eft dans la confternation & dans la douleur, voyant tous les jours paffer des troupes par pelotons, beaucoup de voitures chargées d'équipages de troupes, d'armes, de cartouches dans des barrils, & qu'elle a, le 14 de ce mois, pris des délibérations & nommé des commiffaires pour s'inftruire de ces mouvemens; qu'elle a même du envoyer une députation au comité militaire de Paris & au comité de l'Oratoire.

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Une lettre de la Bretagne s'exprime ainfi :

Nous fommes dans une agitation des plus terribles; nous craignons que l'aristocratie, dont l'influence dans les délibérations de l'affemblée nationale, n'eft que trop connue, ne porte quelque coup funefte; Dieu nous en préferve, car il en coûteroit bien du fang a toute notre nobleffe; nous fommes 295,060 hommes enrôlés en Bretagne, depuis l'âge de 16 ans jufqu'à 60, & dont plus du tiers a fervi fur terre ou fur mer; nous avons fait un arrêté, ces jours derniers, qui, s'il a lieu, & fi l'ariftocratie y donne occafion étonnera toute l'Europe; je parle aujourd'hui comme fimple dragon, la femaine derniere, comme membre de comité permanent, & dans huit jours peut-être, ferons-nous en route pour Paris. Nous veillons fur vous & pour vous; nous nous fommes déjà mis deux fois en route, tertia folvet; il eft für que nous fommes' déterminés à vaincre ou à mourir pour la liberté. La Bretagne n'eft qu'une province, mais qui d'après le récenfement du mois dernier, contient 510809 hom mes en état de porter les armes. Sur le feul bruit du veto abfolu, cinq paroiffes nous firent pafler ici leur toripen; lifez les commentaires de Jules-Céfar, c'està-dire, caffe-tête; jugez de la fureur de nos Bretons, nous eûmes toutes les peines du monde à les arrêter. Dieu donne la paix à la France & écrafe l'hydre de

l'aristocratie.

PARAGRAPHES extraits de quelques papiers anglais.

Daily advertifer. La révolution en France a détruit la balance politique de l'Europe. Cette période eft criti-' que pour tous les états qu'elle renferme, qui peuvent être comparés actuellement à plufieurs vaiffeaux qui naviguent fans boufiole.

Les perfonnes qui approfondiffent la vraie fituation des aires en France, penfent que jufqu'à ce que la réforme des parlemens foit décrétée par l'affemblée nationale, & volontairement reçue par toute la na

tion; la révolution loin d'être opéréé peut à peine étre regardée comme commencée.

La tendance de la fituation politique actuelle de la France, des difcuffions de l'affemblée nationale, & des manoeuvres fecretes du parti royal & ariftocratique, femblent n'avoir pas encore été bien faifie.

On ne fauroit douter qu'un grand nombre de membres de l'affemblée nationale ne foient véritablement animés de l'efprit de patriotifme, & qu'ils ne s'occupent réellement des intérêts du peuple; mais il eft impoffible de nier qu'un efprit d'ariftocratie n'ait répandu fa maligne & funefte influence dans ce refpectable corps.

Daily advertifer. Il eft afez fingulier que tandis què le prince évêque de Liege eft fugitif de fes domaines ce foient fes états qui deviennent un afile pour le plus grand nombre des fugitifs de la France & de la Hollande.

Il n'eft pas moins remarquable, que les François réfugiés à Spa foient tous du parti ariftocratique qui, par attachement aux prérogatives du trône, fe font attirés l'indignation du peuple, & que les Hollandois qui s'y font également réfugiés foient tous du parti démocratique, qui ont été obligés de déferter leur patrie lorfque, par la derniere révolution, le prince d'Orange & l'ariftocratie ont été placés à la tête du gouvernement de la république.

M. Necker fe prépare, dit-on fagement, à une paifible retraite. Ce miniftre, très-capable, par fes grands talens, de conduire les affaires d'un royaume qui feroit dans un état de tranquillité, eft d'un caractere trop paifible pour pouvoir tenir les rênes d'une démocratie tumultueufe. Le caractere impérieux & inflexible d'un Cromyel, feroit le plus convenable pour diriger l'état en France, dans la crife préfente; il contiendroit les factieux par la crainte, & réprimeroit les audacieufes entreprifes de leurs chefs.

La fubverfion de la monarchie française eft une leçon bien frappante pour les potentats de l'univers! - L'idée d'une révolte populaire dans ce royaume, eût fait paffer

pour vifionnaire le plus profond politique, s'il l'eût conçue & mife au jour.

Paris, ce 19 octobre 1789.

PRUDHOM ME, rue Jacob

Affemblée des Repréfentans de la Commune de Paris. COMITÉ DE POLICE.

Le Comité de Police autorife les Administrateurs des Poftes à faire paffer dans les Provinces, à mesure qu'ils paroîtront, les Numéros des Révolutions de Paris, portant les noms de l'Editeur & de l'Imprimeur. Ce 8 Août 1789. Signé, FAUCHET, Préfident.

Du MANGIN, Vice-Président

LE VACHER-DE-LA-TERRINIERE.

Les perfonnes dont l'abonnement eft fini, font priées de le renouveller, s'ils veulent recevoir les numéros fui

vans.

De l'imprimerie de LAPORTE, rue Delnoyers.

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