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priété pour la défense de l'Etat : le ministre en a exposé les motifs, le projet sera examiné et discuté jeudi. L'ordre du jour appeloit la discussion sur les livres auxiliaires de la dette publique; personne n'ayant demandé la parole contre, la chambre n'a pas cru nécessaire d'entendre les orateurs inscrits pour; et après l'adoption provisoire des articles, on a passé au scrutin. Il y a eu 112 voix pour l'adoption du projet, et 63 contre. Le président a proclamé l'adoption du projet. Le ministre des finances a présenté le projet de loi sur les tabacs, que la chambre des députés a adopté; la discussion est remise à samedi. M. de Brigode a de nouveau appelé l'attention de la chambre sur la pétition du sieur Cézan; on a passé à l'ordre du jour sur les deux points qu'elle renfermoit. M. le duc de Saint-Aignan a fait un rapport sur quatre autres pétitions, sur trois desquelles on a passé à l'ordre du jour. Une commission de cinq membres, savoir: MM. le marquis de Marbois et les comtes Pelet, Lenoir - Laroche, Cornet et Cornudet, est chargée de faire un rapport sur la proposition pour remplacer la peine de la déportation.

Le 15, la chambre a reçu M. le baron de Montalembert. Elle a renvoyé à une commission le projet sur les servitudes imposées pour la défense de l'Etat, la commission est composée de MM. de Marescot, de Ruty, de Malleville, Emery et le maréchal prince d'Ecknrüll. M. le comte d'Hédouville a développé sa proposition en faveur des plus anciens chevaliers de Saint-Louis qui pourroient cumuler plusieurs pensions. Cette proposition a été prise en considération, et renvoyée à l'examen des bureaux. On a fait des rapports sur quelques pétitions, et la chambre a renouvelé ses bureaux.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 14 avril, l'ordre du jour appeloit la discussion sur le projet de loi qui spécifie les delits relatifs à la presse. M. Laisné de Villevêque, après avoir fait l'éloge du ministère, et avoir insisté sur les avantages de la liberté de la presse, a paru craindre que le nouveau projet ne donnât encore prise à l'arbitraire. Il a blåmé la distinction entre la diffamation et l'injure, et la réserve de ce dernier délit aux tribunaux correctionnels, et il croit que le respect dû aux chambres et à la chose jugée ne doit pas empêcher de s'élever contre des opinions ou des arrêts qui blesseroient l'équité; il a demandé en particulier que les emprisonnemens fussent réduits de moitié. MM. Figarol et Bignon, inscrits pour soutenir le projet, étant l'un indisposé, l'autre absent, la parole passe à M. Chabron de Solilhac, qui appuie le projet de loi. Il se plaint de la licence des écrivains. C'est surtout en ce moment que la presse se montre d'une manière hostile et désorganisatrice; on lève l'étendard de la discorde entre les citoyens; on prépare des germes de dissentions civiles. Des écrits incendiaires se répandent partout. On répand la calomnie sur les noms les plus recommandables, et sur les

services les plus éclatans; on empoisonne les vues les plus pures; l'a mour de la religion est représenté comme de l'intolérance, et le zèle pour les dogmes de l'Eglise est qualifié d'ultramontanisme. L'opinant croit qu'un juri seul peut réprimer ces écarts; car les jugemens rendus par les tribunaux ont été sans influence sur l'opinion. L'orateur regrette de ne voir dans le projet aucune répression coutre la profanation religieuse. La religion, dit-il, seroit-elle placée hors des chambres et de la société, et la liberté des cultes ne seroit-elle chez nous que l'absence des idées religieuses? Seroit-il permis d'outrager les ministres des autels? Parce que le gouvernement tolère plusieurs religions, n'en existeroit-il aucune, et les traiteroit-il toutes avec une souveraine indifférence? Cette omission ne peut être dans les intentions d'un Prince qui se qualifie de fils aîné de l'Eglise. M. de Solilhac vote donc pour le projet de loi, avec un amendement pour la répression des outrages contre la religion. M. Benjamin Constant prononce un discours écrit. Il se félicite de ce qu'on est revenu à des idées plus exactes et plus saines, et de ce qu'on ne débite plus sur la presse des lieux communs. Le projet actuel est plus sincère, mais il y reste encore des vices; c'est aux députés à les faire disparoître. Si, en 1815, la France a été en proie à un systême dont les vestiges dureront long-temps, c'est qu'on avoit voté des lois terribles. L'orateur parcourt les diverses parties du projet; il est étonné qu'on mette sur la même ligne les cris, les menaces, les peintures et les ouvrages. Il regarde comme inutile de prétendre garantir encore la liberté des cultes et l'inviolabilité des biens nationaux; ces deux points sont aujourd'hui inattaquables. Il ne faut point prendre de précautions superflues, ni témoigner des craintes chimériques. La Charte est là pour tout dissiper. L'orateur blame la sévérité des dispositions pour les insultes au Roi, ces délits ne peuvent être commis désormais que par des hommes pauvres et ignorans; il faut les réprimer, mais sans rigueur. M. Benjamin-Constant trouve beaucoup trop vague l'article qui parle des outrages à la morale publique. Qu'entendon par la morale publique? Est-ce la religion? Mais la sévérité des lois ne fait pas triompher la religion. Si on veut que la religion soit respectée, il faut que ses ministres la fassent respecter par leur conduite; qu'ils soient paisibles et tolérans; qu'ils ne rallument pas des haines éteintes, et ne ressuscitent pas des grandeurs déchues; qu'ils n'aillent pas, dans des courses désordonnées, parcourir les campagnes, porter le désordre dans les familles, l'ignorance dans les écoles et le trouble dans les idées. (Cette dernière phrase a produit une vive agitation du côté droit, et a excité de longs murmures). L'orateur propose donc de retrancher le mot de morale publique, ainsi que ce qui est relatif aux injures envers les chambres. Il doit être permis aux journalistes de rapporter des faits. L'orateur demande aussi que tous les délits sans exception soient de la compétence du juri. M. Jacquinot a des amendemens à proposer; il les réserve pour le temps où on délibérera sur les articles. La discussion est continuée au lendemain.

Le 15 avril, M. Figarol a pris la parole sur la discussion relative à la presse; il vote pour l'adoption du projet, et s'oppose à la mitiga

tion des peines. Ce qui étoit dangereux en 1815, dit-il, a-t-il cessé de P'être en 1819? Dans quel temps nous propose t-on d'adoucir les lois? quand la licence a passé toutes les boines, et n'épargne pas les personnes les plus augustes et les plus chères. M. Bignon se réserve la parole pour la discussion des articles. M. Cuvier, commissaire du Roi, défend le projet; il remarque que peu d'orateurs l'ont combattu, et que peu d'amendemens ont été proposés. En parcourant les diverses objections, il n'en a point trouvé qui ne passent être dissipées par un examen attentif. On a réclamé sur l'omission du mot de religion; mais la religion en général est comprise dans les mots de morale publique, et on a craint qu'en insérant le mot de religion, cela n'eût des effets fâcheux dans un pays où la diversité des cultes est autorisée, et où les discussions les plus simples en faveur d'une communion eussent pu passer pour un outrage en faveur de l'autre. M. Cavier, qui est protestant, réclamé, avant de parler sur ce point, Pindulgence de la chambre. M. Courvoisier, rapporteur, ne répond qu'à quelques observations de M. Figarol, sur la réduction des peines. Le président résume les amendemens. If lit l'article 1er., sur les provocations par cris, menaces, écrits, dessins, discours, et l'article passe avec deux légers amendemens de M. Jacquinot de Pampeluné. L'article 2 portoit l'amende de 500 fr. à 6000 fr. On réduit le minimum de l'amende à 50 fr., sur la proposition de M. Jacquinot; la même réduction est adoptée pour l'article 3. M. Jacquinot propose d'ajouter à la spécification des délits contre l'autorité du Roi, ceux contre l'inviolabilité de sa personne; M. le garde des sceaux combat cette addition comme inutile. On invoque la question préalable; elle est rejetée. Le côté droit, qui jusqu'ici n'avoit pris aucune part à la délibération, se lève tout entier en faveur de l'amendement de M. Jacquinot. L'artirle 4 est adopté, malgré quelques objections de MM. Constant et Manuel. On passe à l'article 5, sur les cris séditieux. MM. Bedoch et Manuel demandent la suppression de ces dispositions comme inutiles, peu précises, et donnant lien à l'arbitraire. M. le garde des sceaux et M. Guizot les défendent L'article est adopté.

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LIVRE NOUVEAU,

Monumens de la reconnoissance nationale votés en France au mérite éminent depuis 1789 jusqu'en 1819; par l'auteur du Génie de la Révolution considéré dans l'éduca→ tion (1).

(1) Brochure in-8°.; prix, 2 fr. 50 c. et 3 fr. franc de port. A Paris, chez Le Normant; et chez Adrien Ee Clere, quai des Augustins, no. 35.

(Mercredi 21 avril 1819.)

(No. 490).

Sur le zèle pour les bonnes œuvres.

Parmi les objets qui peuvent nous donner quelque espérance pour les destinées futures de la religion, il faut compler sans doute ce zèle avec lequel toutes les bonnes œuvres sont accueillies et soutenues par des ames pleines de foi et de charité. Tout n'est pas mort encore dans un pays où il y a cette ardeur pour le bien, ce courage, cette chaleur, cette persévérance à saisir lout ce qui est grand et utile. Sans sortir de cette capitale, où la licence, les scandalos, les fausses doctrines, les projets sinistres, toutes les causes de dépérissement et de dissolution donnent de si justes sujets de gémissement et de douleur, à côté de l'audace et des efforts du génie du mal, au milieu de ce débordement d'écrits corrupteurs, de déclamations irréligieuses, d'insultes contre la piété, la piété donne au monde les plus beaux exemples, et rend à la société les plus importans services. Elle est, pour ainsi dire, à l'affût de toutes les misères, de toutes les infirmités, de tous les besoins; elle inspire à des ames généreuses le plus héroïque dévouement; elle donne de la force au sexe le plus foible, et de la maturité et de la constance à l'âge ie plus dissipé. Des femmes jeunes, nobles, opulentes s'arrachent aux pompes ou aux frivolités du siècle pour exercer la miséricorde envers tous les genres de malheurs. Il suffit de leur indiquer une bonne œuvre à faire pour que leur cœur soit ému. Elles ne calculent ni les obstacles, ni la dépense, ni les embarras, ni les privations; elles entreprennent, et tandis que l'administrateur ou le philanthrope supputeroient froidement, hésiteroient longtemps, et leveroient mille difficultés, elles ont déjà sollicité, agi, intéressé en faveur de ceux sur lesquels on avoit éveillé lear compassion. Autrefois saint Vincent de Tome XIX. L'Ami de la Religion et du Ro1.

V

Paul avoit trouvé des coopératrices de son zèle parmi les dames des plus hautes classes de la société; et les noms de la duchesse d'Aiguillon, de la marquise de Magnelais, de la comtesse de Joigny, de Mmes, de Brienne, de Lamoignon, d'Aligre, Fouquet, de Bullion, etc., ont passé jusqu'à nous environnés des bénédictions des indigens et des malheureux de leur temps. Leurs exemples ont aujourd'hui plus que jamais de nobles imitatrices, et le saint prêtre que nous avons perdu au commencement de cette année s'est étonné lui-même plus d'une fois de la généreuse ardeur avec laquelle ses projets de charité étoient accueillis par des femmes à qui leur naissance ou leurs richesses fournissoient trop d'occasions de se livrer à la dissipation ou au faste. Il admiroit comment un seul mot électrisoit ces ames dévorées de l'amour du bien. Chez elles une bonne œuvre ne nuisoit point à l'autre, et les largesses qu'elles avoient prodiguées à celle-ci n'empêchoient point que celle-là ne trouvât des ressources nouvelles. Leur charité étoit ingénieuse à imaginer de nouveaux moyens de servir la religion et leurs semblables, et leur bonne volonté savoit embrasser tous les genres de miséricorde.

On ayu avec quel empressement ces différentes œuvres avoient été soutenues pendant la vie du prêtre vertueux sur lequel nous avons donné une notice. Sa mort n'a point ralenti le courage de ses dignes coadjutrices, et l'on diroit même qu'elle l'a redoublé. Il semble que le vénérable auteur de tant d'établissemens précieux communique encore son esprit à celles qu'il dirigeoit sur la terre, et qu'il protège avec plus d'efficacité ses pieuses et nobles entreprises. Depuis qu'il n'est plus, le nombre des dames qui prennent part à ces œuvres a augmenté; c'est à qui sera admis dans ces réunions touchantes où on rend compte du bien qui s'est fait, et où on prépare celui qui doit se faire; c'est à qui contribuera le plus de sa bourse et de ses soins à maintenir, à étendre les plans de l'abbé Duval. On diroit que

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