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» pour envoyer de prétendus ordres de sa part, afin » de piller et brûler les maisons des seigneurs et des » religieux ?... Aviez-vous ordonné qu'on mît à mort >> des citoyens sans aucune forme de procédure?... >> Leur aviez-vous donné la première idée du feu de la » lanterne ?... Aviez-vous ordonné à un petit M. Bar» nave de dire, au milieu de l'Assemblée, qu'il ne » fallait pas s'occuper des fureurs du peuple, parce » que le sang qu'il versait n'était pas pur ?... Aviez» vous ordonné qu'on fit de votre roi un roi de >> théâtre?... Aviez-vous ordonné qu'on lui enlevât » jusqu'à sa garde et qu'on en fit la fable de toutes » les nations?... Aviez-vous ordonné de tenir votre » roi dans les fers? Aviez-vous ordonné de retran» cher à ce malheureux prince ses amusements les » plus innocents (la chasse), de ne lui donner d'autre » garde que ses bourreaux (la garde nationale), et » d'autre occupation que celle des crimes qu'il a à >> redouter?... etc.

>> Voilà cependant ce qu'on a fait, voilà l'ouvrage » de vos députés, et, grâce à leurs soins, il n'est pas » un citoyen dont la liberté et la vie ne soient à >> discrétion...

» Oui, vos demandes sont raisonnables; mais cette » sagesse qui les dicta n'a pas présidé au choix des

députés. Quels hommes, j'ose vous le demander, >> avez-vous choisis? Tout ce que vous méprisiez peu » d'années auparavant. Des jeunes gens à qui vous

> ne connaissiez pour talent que des fureurs, et pour » expérience que de l'intrigue; des magistrats désho>> norés par leur conduite; des officiers de justice > subalternes qui veulent détruire les parlements pour profiter de leurs dépouilles; des propriétaires qui fatiguent les campagnes de leurs prétentions, et » qui, occupés à rivaliser avec leur seigneur, ne le » sont presque jamais de secourir le peuple; des >> prêtres crapuleux et d'une sale ignorance; des nobles » toujours prêts à se tourner vers le puissant et qui » n'ont vu dans votre confiance que des moyens de >> fortune. Quel sentiment d'honneur, quelle fidélité » à leur devoir, pouviez-vous espérer de pareils choix? » Qu'est-ce, je vous le demande, qu'un petit Ro>> bespierre, qui n'était connu à Arras que par son ingratitude pour l'évêque qui l'avait fait élever?

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» Un Mirabeau, échappé à la corde, mais jamais à >> l'infamie, et dont le nom seul est une grosse injure?

>> Un Pétion de Villeneuve, chez qui vous n'aviez >> pu distinguer que la confiance de la sottise, et qui, >> vil instrument des factieux, est comme ces crieurs >> de la foire que l'on fait aboyer à la porte des >> théâtres, pendant que dans l'intérieur on joue la » pièce?

» Un Barnave, insolent, fat, ignorant, à qui l'esprit tient lieu de principe et de morale; en un >> mot, ce qu'on appelle un drôle?

» Deux Lameth, cette famille jadis si intrigante et

» si basse à la cour, plats valets dans les temps de » la servitude et insolents dans les temps d'audace? » Vous les verrez à la tête des furieux, tant que » les fureurs mèneront à la fortune; vous les re>> trouverez dans les antichambres, si elles sont en» core la source de grâces, et, toujours intrigants » par essence, se payer du mépris par les places et >> l'argent.

» Un Castellane? un Duport dégoûtant de mau» vaise foi, de subtilité et d'intrigue? Un Goupil du » Préfeln?

» Un curé Grégoire, qui, avec un autre curé, Dillon, dispute de propos séditieux, et au lieu d'un » ministère de paix qui exige des talents et de la » vertu, ne remplit et ne pourra jamais remplir » que le rôle de factieux?

» Un Baltin? un Glezen? un abbé Sieyès, que » vous avez vu se déshonorer à l'assemblée d'Or» léans, et qui, après avoir tenté en vain tous les » moyens de faire fortune, est venu confondre les >> conditions pour voler et piller dans le désordre?

» Un Clermont-Tonnerre, esprit sublime pour les >> petites choses, et mince pour les grandes; en>> vieux de tous, mais qui, n'ayant que les petits » moyens de médiocrité, ne connaît l'ambition que >> comme les impuissants connaissent l'amour, par >> des inquiétudes et par la jalousie?

» Un Labo de, riche de quarante millions volés à

» l'Etat; le financier de l'archevêque de Sens, alors >> le plus fidèle suppôt du despotisme, et qui, après » s'être enrichi du sang des malheureux, veut encore » qu'on détruise pour lui les rangs où l'argent seul >> ne pouvait pas atteindre?

» Un Gouy d'Arcy, qui, dans cette vile assemblée, » n'a pu même éviter le mépris?

>> Un marquis de Cote, vil intrigant, incapable » de se montrer au grand jour; n'ayant pour esprit » que la fausseté, pour physionomie qu'un rire niais, >> pour talent que l'art de se taire, pour courage » que celui des machines dans les ténèbres? Sa force » est celle du basilic de la Fable, dont les poisons » étaient mortels lorsqu'on ne l'apercevait pas, mais qu'il suffisait de regarder pour le terrasser et le » détruire.

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>> Un comte de Crillon, dont l'esprit de travers >> est presque passé en proverbe?... Champion mal>> adroit de M. Necker, sa pesante amitié ignore » qu'on ne sert pas ses amis par l'ennui qu'on en >> donne, et que le seul point d'honneur des sots » est d'adorer dans le respect et dans le silence.

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>> Des Noailles?... Un chapelier, maudit par son père, méprisé au barreau, sans talents, sans prin>>cipes, faisant le mal parce qu'il est l'opposé du » bien, et obligé de cacher sa médiocrité. »>

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XIV.

Bailly et Lafayette cherchaient en vain à refréner les excès de cette presse par des arrêtés arbitraires de la Commune. La presse leur échappait par tous les pores.

Marat racontait ainsi à ses nombreux sectaires l'hégyre et le martyre de ses propres persécutions, dont il accusait Lafayette et Bailly:

« La nuit, je fus assailli par une bande nombreuse » d'assassins. C'en était fait de moi s'ils fussent par>> venus à forcer la porte, qu'on refusa de leur ouvrir. » Les ennemis publics me regardaient comme le premier moteur de l'insurrection qui venait de sau>> ver la patrie.

» J'avais informé deux districts des dangers que je » courais. L'un fit faire de fréquentes patrouilles de» vant ma porte; l'autre m'envoya quelques officiers » pour me mettre en sûreté. Plusieurs amis m'enle» vèrent de chez moi et me conduisirent à Versail» les... J'appris que le Châtelet venait de lancer >> contre moi un décret de prise de corps... L'attentat » du comité de police m'avait enlevé mes presses.

>> A peine eus-je passé huit jours dans ma retraite, » que ce genre de vie parut suspect au traiteur qui » me servait il alla me dénoncer à la garde natio>> nale... Deux officiers sans armes entrèrent dans ma >> chambre.

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