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point d'être totalement défaite; non-seulement nos deux ailes avoient plié, mais la droite avoit, dans sa retraite, perdu deux mille prisonniers et une partie de son artillerie.

Le général Provera avoit battu à Bellivaqua les corps français qui s'opposoient à son passage, et leur avoit fait 1500 prisonniers ; il avoit habilement trompé la vigilance des généraux Guieux et Augereau; et tandis qu'il les tenoit occupés sur un point de l'Adige, avec la moitié de sa colonne, il avoit fait, pendant la nuit, passer l'autre moitié à cinq milles de là.

L'armée républicaine, tournée sur plusieurs points, se trouvoit dans la position la plus critique. Buonaparte mesuroit toute l'étendue du danger, et voyoit peu de moyens d'y remédier.

» de division Rey de conduire jusqu'à Grenoble la colonne » de vingt mille prisonniers de guerre, par convois de trois mille, marchant à un jour de distance les uns >> des autres, et sous l'escorte de la 58°. demi-brigade, » et d'un escadron de cavalerie.

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» Ces trophées de la brave armée d'Italie sont faits pour étonner tellement nos plus vrais amis, que j'ai cru leur faire plaisir en les certifiant d'une manière " officielle.

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Si l'on en croit l'auteur de l'Examen des cam pagnes d'Italie, Buonaparte se rappela alors cette maxime de l'Enéide de Virgile:

...Dolus an virtus quis in hoste requirat?

Qu'importent, quand il faut combattre un ennemi,
Le courage, ou la ruse?

Il fit proposer au général Alvinzi un armistice d'une heure, sous prétexte de rédiger les conditions d'une capitulation. Le feld-maréchal, incapable de soupçonner la mauvaise foi, eut l'imprudence de l'accorder. Un aide-decamp du général en chef vint parlementer pendant quelques instans; à peine étoit-il de retour au camp français, que Buonaparte, sans attendre que l'armistice fût expiré, surprend les Autrichiens, encore livrés au repos, et porte le désordre et la confusion dans tous leurs rangs. Ce ne fut plus un combat, mais une déroute générale.

L'armée autrichienne désespérée se crut trahie, et ne balança point à accuser son général; ses plaintes arrivèrent jusqu'à Vienne, et le feld-maréchal, après plus de quarante ans de services glorieux, se vit réduit à aller défendre son honneur devant les tribunaux. Il ne

le perdit point, on le jugea 'malheureux, mais non coupable; et loin de lui faire subir une condamnation flétrissante, l'empereur lui confia le commandement général de toute la Hongrie.

Cependant cette absolution ne put détourner entièrement les soupçons qui planoient sur sa tête, et il paroît constant que, lorsque le prince Charles passa à Laybach, les généraux Alvinzi, Davidowich , Quasnadowich, Metzaron et Provera, lui ayant fait demander la permission de lui présenter leurs hommages, ce prince refusa de les voir.

Le colonel, le lieutenant-colonel et plusieurs officiers du régiment de Latterman, furent condamnés à trente ans de prison, pour avoir manqué à leur devoir. C'étoit particulièrement à ce régiment qu'on imputoit la perte de la bataille de Rivoli: quoiqu'il eût reçu l'ordre exprès de renouveler le combat, il s'étoit replié à l'approche des Français, et leur avoit ainsi facilité le moyen de rompre la ligne impériale.

Après la déroute de l'armée autrichienne, les divisions de l'armée française en poursuivirent les débris sans relâche; ni les montagnes ni les neiges ne purent les arrêter; elles surprirent, enveloppèrent et combattirent des corps

entiers, qui furent ou dissipés ou faits prisonniers. Trente leur rouvrit ses portes, Roveredo, Lavis et toutes les positions que les Français avoient prises précédemment, furent occupés de nouveau, et Buonaparte, sans inquiétude de ce côté, put songer à de nouvelles expéditions.

CHAPITRE XIV.

Capitulation de Mantoue; paix avec le Pape; arrivée du prince Charles.

L'OBJET

'OBJET qui occupoit le plus Napoléon étoit le siége de Mantoue. Cette ville, qu'il s'étoit flatté d'emporter de vive force, tenoit depuis huit mois. L'empereur avoit dépensé 500,000 florins pour les fortifications de cette place; elle étoit défendue par des officiers braves et expérimentés. Une sortie exécutée par la garnison, quelques mois auparavant, avoit coûté aux Français près de 4000 hommes tués et 600 prisonniers; la maladie en avoit moissonné un plus grand nombre. Buonaparte s'étoit vu réduit à lever le siége pour marcher contre Wurmser : il avoit perdu dans cette affaire toute son artillerie de siége, mais la victoire et l'invasion des États Romains lui avoient fourni les moyens d'attaquer de nouveau cette forteresse. Le maréchal Wurmser n'avoit rien négligé pour coopérer aux succès de l'armée autrichienne, et sauver la place par des sorties nombreuses et hardies. La garnison et les habitans souffrirent avec une constance inexprimable toutes les horreurs de

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