Poésies

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Henri Gautier, 1888 - 32 pages
 

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Popular passages

Page 267 - L'ÉPI naissant mûrit, de la faux respecté ; Sans crainte du pressoir, le pampre tout l'été Boit les doux présents de l'aurore ; Et moi, comme lui belle, et jeune comme lui, Quoi que l'heure présente ait de trouble et d'ennui. Je ne veux point mourir encore.
Page 273 - Pâtres, chiens et moutons, toute la bergerie Ne s'informe plus de son sort. Les enfants qui suivaient ses ébats dans la plaine, Les vierges aux belles couleurs Qui le baisaient en foule, et sur sa blanche laine Entrelaçaient rubans et fleurs, Sans plus penser à lui, le mangent s'il est tendre. Dans cet abîme enseveli J'ai le même destin.
Page 14 - ... coursiers hérissant leur crinière à longs flots, Et d'une voix humaine excitant les héros ; De là, portant ses pas dans les paisibles villes, Les lois, les orateurs, les récoltes fertiles : Mais bientôt de soldats les remparts entourés, Les victimes tombant dans les parvis sacrés, Et les assauts mortels aux épouses plaintives, Et les mères en deuil, et les filles captives ; Puis aussi les moissons joyeuses, les troupeaux Bêlants ou mugissants, les rustiques pipeaux, Les chansons,...
Page 275 - Sauvez-moi. Conservez un bras Qui lance votre foudre, un amant qui vous venge. Mourir sans vider mon carquois! Sans percer, sans fouler, sans pétrir dans leur fange Ces bourreaux barbouilleurs de lois! Ces vers cadavéreux de la France asservie, Égorgée! O mon cher trésor, O ma plume! fiel, bile, horreur, Dieux de ma vie!
Page 62 - FILLE du vieux pasteur, qui d'une main agile Le soir emplis de lait trente vases d'argile , Crains la génisse pourpre, au farouche regard, Qui marche toujours seule et qui paît à l'écart. Libre, elle lutte et fuit intraitable et rebelle ; Tu ne presseras point sa féconde mamelle , A moins qu'avec adresse un de ses pieds lié Sous un cuir souple et lent ne demeure plié. (TIRÉ DEMOSCHUS. ) NOUVEAU cultivateur, armé d'un aiguillon , L'Amour guide le soc et trace le sillon ; II presse sous le...
Page 179 - ... ne vient-il vers moi? je lui ferai connaître Mille de mes larcins qu'il ignore peut-être. Mon doigt sur mon manteau lui dévoile à l'instant La couture invisible et qui va serpentant Pour joindre à mon étoffe une pourpre étrangère. Je lui montrerai l'art, ignoré du vulgaire, De séparer aux yeux, en suivant leur lien, Tous ces métaux unis dont j'ai formé le mien.
Page 265 - Son œil mourant t'a vue , en ta superbe joie , Féliciter ton bras et contempler ta proie. Ton regard lui disait : « Va, tyran furieux , Va, cours frayer la route aux tyrans tes complices. Te baigner dans le sang fut tes seules délices , Baigne-toi dans le tien et reconnais des Dieux.
Page 208 - Les astres et leurs poids, leurs formes, leurs distances; Je voyage avec eux dans leurs cercles immenses. Comme eux, astre, soudain je m'entoure de feux, Dans l'éternel concert je me place avec eux : En moi leurs doubles lois agissent et respirent ; Je sens tendre vers eux mon globe qu'ils attirent. Sur moi qui les attire ils pèsent à leur tour.
Page 268 - Mon beau voyage encore est si loin de sa fin! Je pars, et des ormeaux qui bordent le chemin J'ai passé les premiers à peine. Au banquet de la vie à peine commencé, Un instant seulement mes lèvres ont pressé La coupe en mes mains encor pleine.
Page 184 - Mais inventer n'est pas, en un brusque abandon, Blesser la vérité, le bon sens, la raison; Ce n'est pas entasser, sans dessein et sans forme, Des membres ennemis en un colosse énorme; Ce n'est pas, élevant des poissons dans les airs, A l'aile des...

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