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ont de se donner des maîtres. On trouvera cette question bien mieux discutée dans le Dictionnaire encyclopédique, au mot autorité, article qui fut cause de la premiere persécution qu'essuya ce gra d ouvrage. On a aussi répandu dans le public, le prospectus d'un ouvrage intitulé, les douze Livres du Code de l'Empereur Justinien, traduits en françois, avec des notes historiques et critiques, par une société de Jurisconsultes. Ouvrage proposé par souscription. C'est une satyre des plus fortes contre les Jugeurs de la fin du dernier regne. Elle dérive du chapitre XI. de Justinien, d'après la traduction qu'on en donne. Ce pamphlet sort des presses de Toulouse, et se trouve applicable par-tout contre les individus qui se sont prêtés à la révolution qu'a subie l'ancienne magistrature.

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On a fait, ces jours-ci, une autre exécution, mais plus rigoureuse; car c'étoit parlant à sa personne qu'on a pendu à Montmartre un particulier, âgé de 60 ans, pour avoir violé deux filles de 7 et 8 ans. Le trait annonçoit une ame bien scélérate et un corps vigoureux. Je ne sais si l'on ne feroit pas mieux d'étrangler ces sortes de coupables à la sourdine, car depuis quatre ans, ils semblent s'être multipliés à proportion des exemples qu'on en a faits.

Je joins ici la plus piquante des deux pieces qui viennent d'être brûlées.

L'AMI DES LO I X.

Omne malum nascens facilè opprimitur, inveteratum, fit plerumque robustius. Cicer.

LE lit de Justice du 7 Décembre 1770 est an monument de la crédulité du Monarque,

tiquez la vertu. La cour est infectée de tous les vices de l'esprit et du cœur. Eh bien ! quittez le palais des princes dès que vous en aurez admiré la richesse et les raretés. La justice est lente, dispendieuse et partiale: pourquoi plaidez-vous? la finance vous scandalise par son faste et par son insolence. Eh! les pauvres gens ils n'ont que de l'argent, plaignez les bien sincérement. Vous n'éprouvez dans les sociétés que dégoût et contradictions; sacrifiez votre amour-propre et mettez-vous au niveau des autres. Vos amis sont ingrats et perfides, méritez d'en avoir de meilleurs. C'est une erre de juger les hommes par le rapport qu'ils ont avec nous, parce que notre prévention pour nous-mêmes obscurcira toujours nos connoissances. Nous naissons tous foibles et le vice de notre nature s'accroît ou se tempere par les circonstances: heureux celui qui par le secours d'une bonne éducation et par de mûres réflexions a pu se former de bonne heure un esprit juste et un cœur droit! placé dans le monde avec des dispositions favorables à la société, il en fait l'ornement et l'exemple; c'est à lui qu'il faut s'en rapporter pour apprécier les hommes.

Importunité. Politesse de bien des gens. Maître. Homme à qui il est difficile de se faire aimer.

Mérite. Il faut en avoir pour s'y connoître. Moine. Homme qui promet plus qu'il ne peut tenir.

Nations de l'Europe. La Hollande a changé ses mœurs avec la forme de son gouvernement; devenue un peuple libre, elle s'est livrée au commerce; delà cette aptitude au travail et cette émulation dont les fruits enrichissent les par

ticuliers et soutiennent la

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constitution de l'Etat ces peuples sont laborieux, mais gros

siers et avares.

L'Allemagne écrasée sous la tyrannie d'un peuple de souverains produit un grand nombre de savans; ces studieux infatigables cherchent à recouvrer dans le cabinet leur indépendance; ils éclairent l'univers par leurs profondes méditations, mais ils sont pesans et insociables.

La France charmée d'obéir aux loix d'un

monarque adoré, s'en repose sur la sagesse de on gouvernement pour la gloire et la splendeur de l'Etat. Ses peuples livrés à la société forment pour les autres nations une école de politesse et de galanterie; mais ils sont chez eux libertins et frivoles.

Politesse. Manteau de la bêtise et de la fausseté. La politesse n'est point capable de nous attirer seule de la considération dans le monde; ce n'est pas à force de politesse que l'on se rend aimable, et il y a tout à parier qu'un homme à courbettes et à complaisances est un fat ou un fripon. La société nous oblige à des égards mutuels, il n'est pas permis de sy soustraire, il y a même des regles à observer pour le fond et dans la forme ; mais c'est notre cœur qui doit nous conduire dans cette carriere où tant d'esprits faux s'égarent; ayons de la charité dans l'ame, des sentimens dans le cœur et de la douceur dans le caractere; nous trouverons infailliblement dans ces qualités les moyens de satisfaire en plein et sans affectation à tout ce que nous nous devons les uns aux autres.

Querelle. Faute quand on se l'attire, bêtise quand on ne la prévient pas, et malheur lorsqu'on n'a pu l'éviter.

une autorité naturelle sur son semblable. La force ne produit aucun droit. Restent donc les conventions pour base de toute autorité légitime parmi les hommes. Un peuple est une association d'hommes, dont le but est d'unir et de diriger leurs forces pour la conservation de leurs personnes et de leurs biens. Les loix ne sont proprement que les conditions de l'association civile. Le peuple soumis aux loix en doit être l'auteur. Il n'appartient qu'à ceux qui s'associent, de régler les conditions de la société. Ainsi il ne faut pas demander qui fait les loix, puisqu'elles sont des actes de la vo→ lonté générale; ni si le Prince est au-dessus des loix, puisqu'il est membre de l'état; ni si la loi peut être injuste, puisque nul n'est injuste envers lui-même; ni comment on est libre et soumis aux loix, puisqu'elles ne sont que des registres de nos volontés.

Le corps politique a deux mobiles, la force et la volonté. On distingue la volonté, sous le nom de puissance législative; et la force sous le nom de puissance exécutive. La puissance législative appartient au peuple, et ne peut appartenir qu'à lai. Le gouvernement est un corps intermédiaire établi entre les sujets et le corps politique, pour leur mutuelle correspondance, chargé de l'exécution des loix et du maintien de la liberté, tant civile que politique.

L'acte par lequel un peuple se soumet à des chefs n'est point un contrat. Ce n'est absolument qu'une commission, un emploi dans lequel, simples officiers du corps politique, les chefs exercent en son nom le pouvoir dont il les a fait dépositaires, et qu'il peut limiter, modifier et reprendre, quand il lui plait : l'alié

nation d'un tel droit étant incompatible avec la nature du contrat social et contraire au but de l'association.

On appelle gouvernement ou suprême administration, l'exercice légitime de la puissance exécutive; et prince ou magistrat, l'homme ou le corps chargé de cette administration.

Si le corps politique veut gouverner, ou si le magistrat veut donner des loix, ou si les sujets refusent d'obéir, le désordre succede à la regle. La force et la volonté n'agissent pas de concert et l'état dissous tombe dans le despotisme et dans l'anarchie.

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Il y a cette différence essentielle entre l'état et le gouvernement, que l'état existe par luimême e; et que le gouvernement n'existe que par le corps politique. Ainsi la volonté dominante du prince ou magistrat n'est ou ne doit être que la volonté générale, ou la loi. Sa force n'est que la force publique concentrée en lui. Sitôt qu'il veut tirer de lui-même quelque acte absolu et indépendant, la liaison du tout commence à se relâcher. S'il arrivoit enfin que le prince eût une volonté particuliere plus active que celle du corps politique, et qu'il usât, pour faire obéir à cette volonté particuliere, de la force publique qui est dans ses mains ? en sorte qu'on eût, pour ainsi dire ? deux souverains l'un de droit et l'autre de fait, à l'instant l'union sociale s'évanouiroit et le corps politique seroit dissous.

Le prince dépositaire dans l'Etat de la puissance exécutive a droit d'en disposer selon les loix. Le despote est l'usurpateur du pouvoir sou

verain.

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Le corps politique ou le souverain, ces termes sont pris synonymement, peut en premier

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