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affaires étrangeres de Madrid. M. de Pombal est l'auteur de cette violence! c'est par un moyen pareil que cet homme audacieux découvrit le secret du pacte de famille entre les branches de la maison de France. L'Angleterre dont le commerce est respecté par les Barbaresques, et dont les vaisseaux sont par conséquent assurés à un prix bien moindre que ceux de toute autre nation, ne verra pas tranquillement écraser une puissance qui ne gêne que ses concurrens. Mais elle a dans ce momentci de sérieuses affaires pour son compte, le ministere de Londres vient de recevoir la nouvelle d'un combat qui s'est donné entre les troupes de Boston et celles de la Métropole. Ces dernieres qui marchoient pour s'em parer d'un magasin, ont été repoussées avec perte d'environ 200 hommes, et dans le moment où le vaisseau qui a apporté cette nouvelle à Londres mettoit à la voile milord Percy marchoit avec un gros détachement pour soutenir les troupes battues: ainsi la guerre civile est déclarée par ce premier acte d'hos tilité. Le grand point seroit d'avoir à présent, dans notre ministere un homme capable de profiter de la circonstance. Les Anglois le sen tent bien, et confessent que le retour de M. de Choiseul les feroit trembler. »

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Jusqu'à présent il n'a pas été possible de pénétrer les raisons que la Reine a eues d'exiger, pour ainsi dire, l'éloignement de M. le duc d'Aiguillon; il faut qu'elles soient bien sortes, puisqu'elle y a mis une opiniâtreté qui a décidé le Roi à se rendre à ses desirs.

Depuis cet événement, on a beaucoup parlé de la rentrée de M. le duc de Choiseul dans le ministere. Cet Ex-Ministre arrive à Paris

dix à douze jours avant le sacre " et déjà tous ses amis le replaçoient dans les emplois qu'il a occupés, ou lui donnoient au moins une place dans le conseil; ils le suivoient en foule à la cour, à la ville et par tout. Ces démonstrations d'attachement trop marquées sans doute lui ont fait un tort peut-être irréparable; du moins est-il certain que, lorsque dans la cérémonie du sacre, les grands firent leur révérence au Roi, le Monarque dit quelque chose à chacun d'eux, et que Mrs. le maréchal de Richelieu, le duc de Choiseul, et le comte de Maillebois furent les seuls auxquels il n'adressa. pas la parole. Il y a plus, à Rheims même la Reine a entretenu M. de Choiseul pendant plus d'une heure, et l'on croit qu'elle a été chargée par le Roi de lui dire que l'espece de parti qu'il paroissoit se faire, lui déplaisoit.

De Paris, le premier Juillet 1775.

IL paroît deux réfutations de l'ouvrage de M. Necker sur la législation des grains. L'une est de M. l'abbé Morellet; l'autre plus étendue, plus détaillée où M. Baudeau oppose principe à principe, et entre dans une discussion approfondie, a été insérée dans les éphémérides ; ainsi je me bornerai à vous entretenir de la premiere.

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L'abbé Morellet promet un ouvrage plus considérable sur cette matiere: celui que je vous a pour titre Analyse de l'ouvrage intitulé, etc. etc. L'auteur y présente d'une maniere aussi ingénieuse qu'adroite, mais cependant très-fidelle, les propositions qui se trouvent répandues dans le livre estimable de M. Necker, et qui y sont à la vérité enveloppées dans un fatras de déclamations quelquefois élo

quentes auquel un mérite étranger à son but principal ne peut sauver le reproche de la diffusion. L'objet de M. Morellet est de prouver que le travail de M. Necker a les deux plus grands défauts dont un ouvrage de cette nature est susceptible; l'incohérence entre les parties, et la contradiction entre les principes. A l'appui de cette derniere imputation, et pour preuve des inconséquences auxquelles le génie bouillant de M. Necker l'a entraîné, M. M.rellet entreprend de démontrer que les regies que cet anti-économiste dicte à l'administration et les raisonnemens sur lesquels il les fonde, conduisent au systême de cette même liberté qu'il combat. Le critique ajoute que si les administrateurs actuels avoient mis sur leur bureau la législation et le commerce des grains. pour en suivre toutes les maximes pratiques et ce que l'auteur lui-même appelle ses résultats, leur conduite auroit été précisément celle qu'ils ont tenue. En effet, la seule exception que M. Necker admette à la permission de vendre hors des marchés, est le cas où le bled seroit audessus de 30 liv. le septier, et son antagoniste observe que, 19. jusqu'au mois de mars de cette année, les grains ne sont pas montés à 30 liv., même dans les pays où ils sont aujourd'hui à ce prix; la cherté qui s'est déclarée dans le mois d'Avril, et s'étoit préparée dans les mois précédens, a donc eu lieu dans un état de choses où la législation de M. Necker a été exécutée dans le fait. 2. Il est étrange qu'on donne comme spécifique contre la cherté une lo dont l'effet immédiat et nécessaire est de faire renchérir les grains; tel est celui de l'apport forcé aux marchés, qui occasionne de gros frais aux vendeurs et aux acheteurs. 3o. Cette loi est à

contre-sens, elle ordonne l'apport au marché précisément lorsque les bleds sont chers, et que les possesseurs de grains ont un plus grand intérêt à les vendre; c'est lorsque ce bled est à bon marché qu'il faudroit obliger d'en porter, puisque c'est alors que le motif d'en porter est plus foible, etc. etc. 4°. L'obligation de porter aux marchés dans les temps de cherté ne peut que les faire renchérir encore, puisqu'elle avertit le public de la détresse qu'on craint, etc. etc. Quant au moyen que propose M. Necker d'obliger les boulangers à avoir une provision dans certains temps de l'année; je crois superflu de vous rapporter les raisonnémens par lesquels M. Morellet en démontre l'impossibilité, l'inutilité et même les inconvé miens; je ne doute pas qu'à la lecture de l'ouvrage, ils ne se soient présentés à votre esprit. Vous aurez reconnu en général, Monsieur, qu'après avoir parlé avec la plus grande forcecontre la liberté du commerce intérieur des grains, la seule qui existe maintenant en France, M. Necker a non seulement senti toute la force des objections faites contre les loix prohibitives, mais qu'il n'a même, par les moyens qu'il propose, apporté que de bien foibles digues, au torrent de maux dont il accuse la liberté d'être la source et dont elle est peutêtre le seul remede...

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Pour vous distraire un peu de la sécheresse d'une matiere à laquelle je souhaite, Monsieur,, qu'on n'ait dans vos cantons aucune raison de prendre un vif intérêt, j'essaierai de vous. amuser par le propos d'un de ces cochers de louage que nous nommons fiacres. Un mous quetaire le trouve seul sur la place dans le fauxbourg St. Antoine dimanche dernier, monte

ras,

-

non,

-

dans son carrosse, et lui donne ordre de le conduire au Colisée, rendez-vous de plaisir, dont vous aurez sans doute appris l'établissement. C'étoit proposer au fiacre de parcourir au-delà du plus long diametre de Paris. Monsieur, répond le cocher avec le plus beau sens froid, je ne vous conduirai pas. Drôle, tu marcheMonsieur, je vous le répete. Après quelques altercations, le mousquetaire s'échauf fés et témoigne que son intention n'est par de changer d'avis. Monsieur, répond le fiacre avec un air très-philosophique: Je vais vous prouver qu'il n'est pas possible que je vous conduise; vous allez tirer l'épée et m'en frapper, je vous répondrai par un coup de fouet, vous me passerez votre épée au travers du corps, done je ne vous menerai pas. Le mousquetaire vaincu par l'excellente logique du fiacre descendit sans repliquer et le laissa là.

avec

Les grands hommes donnent de l'éclat à tout ce qui les entoure, et la célébrité dont ils jouissent répand de l'intérêt sur les moindres circonstances qui les concernent. On en recherche les détails avec plus de curiosité, lorsqu'elles ont servi à électriser leur génie, et à en faire éclorre quelque étincelle. L'Europe entiere s'est intéressée à la querelle de M. de Voltaire M. de Maupertuis. La gaîté avec laquelle le premier des beaux esprits de ce siecle a signalé sa vengeance, Vous aura engagé, Monsieur à lire les petités pieces qu'il a faites à cette occasion, et qui se trouvent dans ses œuvres. Le hasard m'a procuré deux lettres qui n'ont point été connues 7 et qui ne vous amuseront pas moins que les autres pieces relatives au docteur Akakia.

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