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coordonnance des parties dont il est composé; la publication de la seconde partie est une réponse aux critiques, et doit seule rectifier les jugemens trop sévères que quelques personnes ont portés sur la première. Cette seconde partie d'ailleurs ; remplie d'apperçus profonds sur la nature et la marche secrette de la révolution, et de particularités intéressantes qui ne pouvoient être connues que de M. Bertrand achèvera de jeter le plus grand jour sur l'histoire de nos troubles politiques; l'auteur, après avoir retracé les crimes de la révolution, termine son tableau par l'éloge du général qui vient de mettre fin à nos malheurs, et qui, dès le 18 brumaire, a montré à sa patrie l'espérance d'un avenir juste et tout-à-fait réparateur. Grâce à lui, on peut enfin dire la vérité sur les temps orageux qui se sont écoulés ; la révolution est aujourd'hui pour nous

dans un horison lointain, qui permet à l'historien d'être impartial. Il est une foule d'hommes qui ne veulent pas convenir que la révolution est finie, et qui soutiennent que le temps n'est pas encore venu d'écrire l'histoire : quelques écrivains estimables ont été la dupe de ce préjugé accré dité par des personnes trop intéressées; mais les ténèbres de la nuit sont enfin dis sipées, et c'est en vain qu'on dit au jour de retirer sa lumière.

DE L'AUTEUR.

LORSQ

ORSQUE j'ai publié sous le titre d'Annales de la Révolution de France (1), mes Mémoires servir à l'Histoire des cinq pour dernières années du règne de Louis XVI,

(1) C'est sans ma participation que mon éditeur a substitué le titre d'Histoire de la Révolution à celui d'Annales; et quoique je ne puisse que lui savoir gré de ce changement, je persiste à croire que le titre d'Annales est, sous tous les rapports, celui qui convient le mieux à cet ouvrage, et plus particulièrement encore à la seconde partie, qui, embrassant l'époque de mon ministère et celle de ma correspondance secrète avec le roi, jusqu'à la catastrophe du 10 août, m'a obligé à parler très-souvent de moi-même, et à rapporter sur plusieurs faits généralement ignorés une foule de circonstances que tout historien doit connoître pour son instruction, mais que la concision et le ton de l'histoire ne permettent pas de présenter avec autant de détail. D'ailleurs, je suis convaincu qu'une bonne histoire de la révolution ne peut pas plus être l'ouvrage de ses victimes que celui de ses auteurs, mais les uns et les autres peuvent attester les faits dont ils ont eu connoissance ; et celles de ces dépositions qui n'auront été combattues que par des injures, deviendront un jour les matériaux les plus précieux pour l'histoire.

j'ai annoncé (Discours préliminaire, page 21 ) que je m'attendois et même que j'espérois que cet ouvrage indisposeroit les gens exagérés de tous les partis. Mes espérances ont été remplies autant qu'il le falloit pour constater mon impartialité ; mais j'ai annoncé aussi ( tome I, page première) que j'accueillerois avec reconnoissance toutes les réclamations appuyées de preuves qui me seroient adressées. Je m'étois flatté qu'après avoir manifesté aussi franchement le desir de corriger les erreurs quelconques dans lesquelles j'aurois pu tomber, personne ne se hasarderoit à me reprocher vaguement de prétendues inexactitudes, sans désigner dans mon ouvrage un seul fait inexact ou altéré. C'est cependant ce que quelques journalistes français se sont permis, sur un ton qui m'auroit dispensé de leur répondre, s'ils n'avoient pas imprudemment mêlé à leur critique, ou plutôt à leurs injures, des inculpations trop graves pour n'être pas repoussées.

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Je ne m'arrêterai pas à la contradiction dans laquelle ces journalistes sont tombés

en prétendant, l'un que mon ouvrage n'est qu'une compilation méthodique des feuilles de Royou et de Durosoi, faite dans le même sens et avec le même esprit; l'autre que je n'ai fait que compiler les Moniteurs, les pamphlets et les journaux depuis 1788. Soit que ces messieurs finissent par s'accorder sur ce point, ou qu'ils continuent de se réfuter, ils n'empêcheront pas qu'une compilation exacte de tous les journaux dans laquelle les faits seroient présentés avec ordre, assemblés avec discernement, et discutés avec impartialité, ne fût une excellente histoire de la révolution, surtout si elle étoit épurée de toutes les erreurs échappées aux écrivains du temps, et enrichie des anecdotes qu'ils ont ignorées.

Je ne devine pas quels sont les faits qu'on me reproche d'avoir altérés ou dénaturés, ni quelles sont les personnes estimables auxquelles on m'accuse d'avoir prodigué les calomnies et les injures; ainsi, jusqu'à ce qu'il plaise à mes détracteurs d'appuyer leurs déclamations de quelques preuves, je me contenterai de les défier d'en rap

1..

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