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porter une seule qui ne soit démentie par le témoignage unanime de toutes les personnes de bonne foi, qui ont été à portée de suivre de près notre malheureuse révolution. Je citerai dans ce nombre un des membres de la première assemblée les plus distingués par ses talens et par sa sagesse, et le seul d'entr'eux qui, appelé trois fois à la présidence, dans l'espace de sept mois, en ait rempli les fonctions avec une supériorité et une impartialité généralement reconnues par tous les partis (1). Je n'avois jamais eu aucune relation avec lui, et j'ignorois ce qu'il étoit devenu lorsque je reçus, à l'adresse de mes libraires à Londres, une lettre qu'il m'écrivoit de Vienne, avril 1800, après avoir lu mon ou→ vrage en anglais; je me bornerai à en rapporter ici la première phrase.

le

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19.

« Vos Annales de la Révolution, mon

sieur, seront désormais la seule source » où puiseront les historiens qui voudront » en parler; elles sont d'une fidélité et » d'un intérêt qui laissent bien loin der

(1) M. de Bonnai.

»rière elles tout ce qui a été écrit sur cette » matière tant épuisée quoique inépui» sable, »

preuve

J'ajouterai à ce témoignage une autre d'un assez grand poids. Le journanaliste qui passoit pour avoir le mieux jugé la révolution, et par conséquent celui qui devoit le mieux la connoître, s'étoit aussi laissé persuader par quelques ennemis de la vérité, que j'avois rapporté inexactement quelques faits. Il releva assez amèrement ́ces prétendues inexactitudes dans un journal français qu'il rédigeoit alors sous le titre de Mercure Britannique. Je publiai ma réponse aux observations critiques de ce journaliste: elle étoit appuyée sur des preuves si convaincantes, qu'il ne balança pas à reconnoître son erreur sur tous les points (1).

Quant aux reproches que m'ont fait quelques journalistes de citer des anecdotes sans garantie, des évènemens sans témoins (2),

(1) Voyez cette réponse, Histoire de la Révolution, tome 5, page 356. Elle peut servir de réfutation aux objections de plusieurs journalistes français.

(2) Le rédacteur du Mercure de France ne s'accorde

et des conversations avec des personnes qui -n'existent plus, je suis malheureusement que les fameuses listes de

forcé de convenir

proscription du comité de salut public ont fait périr plusieurs de mes garans, de mes témoins et de mes interlocuteurs. Hélas ! ce comité de sang m'eût enlevé aussi le plus grand nombre de mes lecteurs, si la révolution du 9 thermidor n'avoit pas mis un terme à ses assassinats. Mais j'avoue que je ne me serois jamais attendu à cette objection de la part de ces journalistes. Ils n'ont pas montré plus de prudence, lorsque se constituant les défenseurs officieux des coupables auteurs de tous nos désartres, il m'ont accusé de transformer leurs erreurs en complots, leur imprévoyance en intentions; de présenter les hasards comme des projets, les malheurs comme des crimes, etc., etc. etc.

pas trop, à cet égard, avec les autres journalistes qui en ont parlé. Celui-ci soutient, en effet, que la qualité de témoin oculaire et de témoin nécessaire annoncée par mon épigraphe: Quæque ipse miserrima vidi et quorum pars, suffit pour exciter la méfiance du lecteur le plus inattentif.

1

Cette manière bénigne d'envisager la révolution et ses forfaits, de n'y voir que des formes un peu acerbes, mais excusables, rappelle un peu trop l'apologie des massacres de Joseph Lebon, faite dans la séance du 21 messidor an 2, par Barrère, rapporteur du comité de salut public.

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preuve

La censure insérée dans le Mercure de France est beaucoup moins laconique, et n'en est que plus inexacte. C'est un tissu de contradictions, d'impostures et de calomnies presque toutes si évidentes qu'elles portent avec elles leur réfutation; mais ce qu'il y a de plus remarquable dans cet article est la évidente qui en résulte que l'auteur n'a pas pris la peine de lire l'ouvrage qu'il critique. En effet, après avoir avancé (page 10) qu'il est évident qu'il n'a pu sortir de mes mains qu'un ouvrage de parti, il soutient tout aussi affirmativement qu'il est impossible de deviner quel est mon but (et par conséquent quel est le parti dont j'embrasse la défense.) « On est d'abord tenté de croire, » dit-il page 13, que cet ouvrage a été » conçu dans l'intention de justifier la mé

» moire de Louis XVI, et de confondre » ceux qui reprochent à ce prince infor» tuné d'avoir provoqué par des perfidies » imprudentes, le renversement de son » trône et de la monarchie. Dans ce cas,

»

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jamais auteur ne fut entraîné plus loin » de son objet.... On ne peut douter, » après avoir lu son livre, que l'adhésion » royale à l'acte constitutionnel ne fût un jeu honteux et forcé, que toutes les dé» marches, toutes les intrigues, toutes les » négociations, tous les vœux du minis» tère ne tendissent à la contre-révolu» tion, etc., etc. » Si je me contentois de répondre qu'en Angleterre, en Amérique et dans tous les pays où la traduction anglaise de mon ouvrage est parvenue, il n'est personne qui, après l'avoir lue, ne se soit senti pénétré d'une vénération plus profonde pour les vertus de Louis XVI, et d'un intérêt plus vif pour ses malheurs, je dirois une grande vérité unanimement attestée par tous les journaux littéraires; mais voici une réponse plus péremptoire : mon ouvrage ne pourroit faire naître des doutes sur la sincérité de l'adhé

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