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la soumission aux lois seroient rétablis dans le royaume; que d'autres ont eu, en partant, l'attention de m'indiquer la voie par laquelle je pourrois leur faire parvenir les ordres du roi, et de m'assurer de leur empressement à se rendre par-tout où sa majesté jugeroit à propos de les employer pour le service de la patrie. Voilà ce que j'aurois eu à dire et ce que j'aurois dit de mon département, si j'avois été entendu avant que l'assemblée eût décrété de passer à l'ordre du jour; et comme les expressions que vous me prêtez pourroient faire naître une opinion différente, j'attends de votre zèle pour la vérité,la publication de ma lettre dans votre feuille la plus prochaine.

Signé DE BERTRAND.

No. VIII.

Proclamation du roi, du 12 novembre 1791.

Le roi n'a point attendu jusqu'à ce jour, pour manifester son improbation sur le mouvement qui entraîne et qui retient, hors du royaume, un grand nombre de citoyens français.

Mais après avoir pris les mesures convenables pour maintenir la France dans un état de paix et de bienveillance réciproque avec les puissances étrangères, et pour mettre les frontières du royaume à l'abri du toute invasion, sa majesté avoit cru que les moyens de la persuasion et de la douceur seroient les plus propres å ramener dans leur patrie, des hommes que les divisions politiques et les querelles d'opinions en ont principalement écartés.

Quoique le plus grand nombre des Français émigrés,

n'eût point paru changer de résolution depuis les proclamations et les démarches du roi, elles n'avoient cependant pas été entièrement sans effet; non-seulement l'émigration s'étoit ralentie, mais déjà quelques-uns des Français expatriés étoient rentrés dans le royaume, et le roi se flattoit de les voir chaque jour revenir en plus grand nombre.

Le roi, plaçant encore son espérance dans les inêines mesures, vient de refuser sa sanction à un décret de l'assemblée nationale, dont plusieurs articles rigoureux lui ont paru contrarier le but que la loi devoit se proposer, et que réclamoit l'intérêt du peuple et ne pouvoit pas compâtir avec les mœurs de la nation et les principes d'une constitution libre..

Mais sa majesté se doit à elle-même et à ceux que cet acte de la prérogative royale, pourroit tromper sur ses intentions, d'en renouveler l'expression positive, et de remplir, autant qu'il est en elle, l'objet important de la loi dont elle n'a pas cru devoir adopter les moyens.

Il déclare donc à tous ceux qu'un esprit d'opposition pourroit entrainer, rassembler ou retenir hors des limites du royaume, qu'il voit, non-seulement avec douleur, mais avec un profond mécontentement, une conduite qui trouble la tranquillité publique, objet constant de ses efforts, et qui paroit avoir pour but d'attaquer les lois qu'il a consacrées par son acceptation solennelle.

> Ceux-là seroient étrangement trompés, qui supposeroient au roi une autre volonté que celle qu'il a publiquement inanifestée, et qui feroient d'une telle erreur le principe de leur conduite et la base de leur espoir; de quelque motif qu'ils aient pu la couvrir à leurs propres yeux, il n'en existe plus aujourd'hui. Le roi leur donne, en exerçant sa prérogative sur des mesures de rigueur dirigées contre eux, une preuve de sa liberté, qu'il ne leur est permis ni de mé-

connoître, ni de contredire ; et douter de la sincérité de ses résolutions, lorsqu'ils sont convaincus de sa liberté, ce seroit lui faire injure.

Le roi n'a point dissimulé la douleur que lui ont fait éprouver les désordres qui ont eu lieu dans le royaume, et il a long-temps cherché à croire que l'effroi qu'ils inspiroient, pouvoit seul retenir hors de leurs foyers, un si grand nombre de citoyens; mais on n'a plus de droit d'accuser les troubles de sa patrie, lorsque, par une absence concertée et des rassemblemens suspects, on travaille à entretenir dans son sein, l'inquiétude et l'agitation. Il n'est plus permis de gémir sur l'inexécution des lois et surla foiblesse du gouvernement, lorsqu'on donne soi-même l'exemple de la désobéissance, et qu'on ne veut pas reconnoître pour obligatoires, les volontés réunies de la nation. et de son roi.

Aucun gouvernement ne peut exister, si chacun ne reconnoît l'obligation de soumettre sa volonté particulière à la volonté publique : cette condition est la base de tout ordre social, et la garantie de tous les droits; et soit qu'on veuille consulter ses devoirs ou ses intérêts, peut-il en exister de plus réels, pour des hommes qui ont une patrie, et qui laissent dans son sein, leur famille et leurs propriétés, que celui d'en respecter la paix, d'en partager les destinées, et de prêter son secours aux lois qui veillent à sa sûreté ?

La constitution qui a supprimé les distinctions et les titres,n'a point exclu ceux qui les possédoient,des nouveaux moyens d'influence et des nouveaux honneurs qu'elle a créés; et si, loin d'inquiéter le peuple par leur absence et par leurs démarches, ils s'empressoient de concourir au bonheur commun, soit par la consommation de leurs revenus au sein de la patrie qui les produit, soit en consacrant à l'étude des intérêts publics, l'heureuse indépendance des

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besoins que leur assure leur fortune, ne seroient-ils pas appelés à tous les avantages que peuvent départir l'estime publique et la confiance de leurs concitoyens ?

Qu'ils abandonnent donc des projets que réprouvent la raison, le devoir, le bien général et leur avantage personne'. Français, qui n'avez cessé de publier votre attachement pour votre roi, c'est lui qui vous rappelle dans votre patrie; il vous promet la tranquillité et la sûreté au nom de la loi, dont l'exécution suprême lui appartient; il vous les garantit au nom de la nation aveclaquelle il est inséparablement uni, et dont il a reçu des preuves touchantes de confiance et d'amour; revenez : c'est le voeu de chacun de vos concitoyens, c'est la volonté de votre roi; mais ce roi qui vous parle en père, et qui regardera votre retour comme une preuve d'attachement et de fidélité, vous déclare qu'il est résolu de défendre, par tous les moyens que les circonstances pourroient exiger, et la sûreté de l'empire qui lui est confié, et les lois au maintien desquelles il s'est attaché sans retour.

Il a notifié ses intentions aux princes ses frères; il en a donné connoissance aux puissances, sur le territoire, des1481909 quelles se sont formés des rassemblemens de Français émigrés. Il espère que ses instances auront auprès de vous le succès qu'il a droit d'en attendre; mais s'il étoit possible qu'elles fussent vaines, sachez qu'il n'est aucune réquisition qu'il n'adresse aux puissances étrangères, qu'il n'est aucune loi juste, mais rigoureuse, qu'il ne soit résolu d'adopter, plutôt que de vous voir sacrifier plus long-temps à une coupable obstination, le bonheur de vos concitoyens, le vôtre, et la tranquillité de votre pays.

Signé LOUIS.

Fait à Paris, le 12 novembre 1791.

Et plus bas, DE LESSART.

No. IX.

Lettre du roi à Louis- Stanislas-Xavier, prince français, frère du roi.

Paris, le 11 novembre 1791.

Je vous ai écrit, mon frère, le 16 octobre dernier, et Vous avez dû ne pas douter de mes véritables sentimens. Je suis étonné que ma lettre n'ait pas produit l'effet que je devois en attendre. Pour vous rappeler à vos devoirs, j'ai employé tous les motifs qui devoient le plus vous. toucher. Votre absence est un prétexte pour tous les malveillans, une sorte d'excuse pour tous les Français trompés, qui croient me servir en tenant la France entière dans une inquiétude et une agitation qui font le tourment de ma vie. La révolution est finie, la constitution est achevée, la France la veut, je la maintiendrai : c'est de son affermissement que dépend aujourd'hui le salut de la monarchie. La constitution vous a donné des droits; elle y a mis une condition que vous devez vous hå er de remplir. Croyez-moi, mon frère, repoussez les doutes qu'on voudroit vous donner sur ma liberté. Je vais prouver, par un acte bien solemnel, et dans une circonstance qui vous intéresse, que je puis agir librement. Prouvez-moi que vous êtes mon frère et Français, en cédant à mes instances. Votre véritable place est auprès de moi; votre intérêt, vos sentimens vous conseillent également de venir la reprendre; je vous y invite, et s'il le faut, je vous l'ordonne.

Signé LOUIS.

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