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sion de Louis XVI à l'acte constitutionnel, et sur sa fidélité à remplir la promesse qu'il avoit faite de le maintenir, qu'autant que je rapporterois quelques démarches du roi ou quelques faits postérieurs à cette adhésion. Or, la première partie de mon ouvrage, la seule qui soit encore publiée, se termine précisément à l'époque de l'acceptation donnée par sa majesté à l'acte constitutionnel.

Le citoyen E....... (1) n'a pas raisonné plus juste lorsqu'en témoignage de ma prétendue mal-adresse à justifier le roi, il a cité (page 14) le plaidoyer que je publiai pour la défense de sa majesté peu de jours avant son jugement, « plaidoyer, dit-il, par

(1) On m'assure que la lettre initiale E....... qui termine cet article du Mercure, désigne le citoyen Esménard. Je l'ai connu pendant mon ministère; il me fut présenté comme un jeune homme intéressant par ses talens, et desirant d'être employé dans les consulats. Il me prouva són zèle d'une manière assez spirituelle dont je rendrai compte. Je quittai le ministère sans avoir pu placer le citoyen Esménard; mais quelques mois après il m'eut la petite obligation d'être employé à la rédaction d'un journal entrepris par le nommé Giles, et publié sous le titre de Postillon de la Guerre. Ainsi, c'est, en quelque sorte, sous mes auspices qu'il a commencé sa carrière littéraire.

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lequel j'eus l'esprit de placer Danton et quelques hommes non moins hardis » dans la nécessité rigoureuse de perdre » Louis XVI ou d'être perdus. »

J'observerai d'abord que je n'ai jamais publié ni fait de plaidoyer pour la défense du roi j'ai seulement adressé à la convention, le 6 et le 16 novembre 1792, deux lettres contenant ma déclaration sur plusieurs faits personnels au roi, et qui me paroissoient détruire les principaux chefs d'accusation articulés contre lui. Ces faits, dont j'indiquois les preuves, n'avoient aucun rapport quelconque à un seul des membres de l'assemblée; ainsi ils n'en mirent aucun dans la nécessité rigoureuse de voter la mort de Louis XVI.

Quant à Danton, il paroît que le Mercure de France a ignoré que ce député, vivement effrayé par une lettre que je lui écrivis le 11 décembre 1792, se fit envoyer aussitôt en commission à l'armée du Nord, pour se soustraire à la dénonciation dont

le menaçois; et il n'auroit n'auroit pas eu plus de part au jugement du roi, qu'il n'en eut à la discussion qui le précéda, si, contre

son attente, ce jugement n'avoit pas été retardé de quelques jours. Danton ne revint à Paris que le 16 janvier, c'est-à-dire, le jour du dernier appel nominal sur la peine à infliger au roi. Il fut compté pour l'avis de la mort ; mais déjà le jugement fatal étoit consommé, par les précédens appels nominaux.net

Le citoyen E... n'a donc pu m'accuser aussi légèrement d'avoir placé Danton et ses pareils, dans la nécessité rigoureuse de voter la mort du roi, que parce qu'il ne connoissoit pas plus mes lettres à l'assemblée que mon ouvrage. S'il eût lu ces lettres, il auroit été à portée d'appré cier les calomnies atroces qui lui, ont été suggérées contre moi; car je ne l'accuse pas de les avoir inventées. Il y auroit vu 1o. que, loin d'avoir favorisé l'émigration des officiers de la marine (1), j'avois em

(1) Pour rajeunir cette calomnie tant rabachée et si solidement réfutée que, dans les derniers mois de mon séjour à Paris, elle ne figuroit plus que dans les veciférations des attroupemens populaires, le citoyen E....... y en a ajouté une nouvelle beaucoup trop grave pour être passée sous silence. Il avance que les c'est par mes conseils

que

ployé par ordre du roi, tous les moyens possibles, et jusqu'aux lettres de cachet, pour retenir dans le royaume tous ceux de ces officiers qui, à ma connoissance, avoient le projet d'en sortir 29 que quoiqu'on m'eût souvent accusé de vouloir renverser la constitution, mes ennemis n'avoient

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jamais pu citer un seul acte de ma conduite qui n'y fût pas conforme, et s'étoient réduits à me reprocher le nombre prétendu excessif des congés que j'avois accordés, quoique je n'en eusse pas donné un seul les lois existantes m'autorisassent à refuser; 3°. que le 20 octobre 1792, lorsque j'ai été forcé d'aller chercher un asile chez une nation étrangère, mais alors

que

officiers de la marine ont été envoyés de Londres à Quiberon, où ils ont presque tous péri. Ma réponse est simple. Depuis la mort de Louis XVI, je n'ai vu aucun des ministres d'Angleterre, et je n'ai entretenu ni correspondance ni relation quelconque avec eux sur les affaires publiques. J'ai seulement sollicité en 1794, en faveur des officiersgénéraux de la marine, un secours qui assurât leur subsistance; et je dois à la générosité du gouvernement britannique l'hommage de publier qu'il ne se borna pas à accueillir sur-le-champ ma demande, mais qu'il accorda, titre de don, beaucoup plus que je n'avois demandé à titre d'emprunt.

alliée de la France, il existoit contre moi, depuis le 15 août précédent, un décret d'accusation si absurde, que l'acte de mon accusation n'a jamais pu être rédigé; que néanmoins ce décret auroit été converti par les jacobins en un décret d'assassinat, si mon départ ne m'eût pas soustrait à leur fureur; que c'est par moimême que l'assemblée fut informée de ma sortie du royaume, des motifs qui l'avoient rendue indispensable et de ma ferme volonté de rentrer dans ma patrie, aussitôt que la justice et les lois y auroient repris leur empire.

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par

Ce n'est donc point par ma patrie que j'ai été banni, comme l'avance témérairement le citoyen E..................., mais les scélérats qui exerçoient alors sur elle l'horrible puissance des poignards. Les décrets relatifs à l'émigration me sont tous étrangers, parce que mon décret d'accusation n'a jamais été révoqué; tant qu'il existe, mon absence ou mon défaut de présentation ne peuvent que me constituer accusé contumace, et si ma contumace étoit prononcée par un jugement, j'aurois encore

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