D'HISTOIRE MODERNE. VINGT-CINQUIÈME LEÇON. Histoire de la législation de la mort de Charlemagne à l'avènement de Hugues Capet. - Nécessité de déterminer avec précision les caractères généraux de la législation aux deux termes de cette époque pour en bien comprendre la marche pendant son cours. 1o De l'état de la législation sous Charlemagne. - Elle est personnelle, et varie selon les races. - L'Église et le pouvoir impérial y portent quelque unité. 2o De l'état de la législation après Hugues-Capet. - Elle est territoriale; les coutumes locales ont remplacé les lois nationales. Tout pouvoir législatif central a disparu.-3° Histoire de la législation dans la Gaule-Franque entre ces deux termes. - Tableaux analytiques des capitulaires de Louis-le - Débonnaire, Charles-le-Chauve, Louis-leBègue, Carloman, Eudes, et Charles-le-Simple. 25. T. III. HIST. MOD., 1829. Comparaison de ces tableaux d'après les chiffres seuls. -Comparaison des dispositions des capitulaires. - Résultats généraux de cet examen. MESSIEURS, J'ai recherché dans les évènemens, dans l'his toire proprement dite, la marche et les causes du démembrement de l'empire de Charlemagne. J'ai essayé de démêler quelle transformation avait subie alors la société gallo-franque, et pourquoi. J'ai reconnu que, des diverses explications qu'on a essayé d'en donner, aucune n'est satisfaisante'; que celle-là même qui contient le plus de vérité, la diversité des races, est exclusive, incomplète, ne rend point raison de tous les faits. Il m'a paru que l'impossibilité de toute société unique et étendue, dans l'état où se trouvaient alors les relations sociales et les esprits, expliquait seule pleinement cette grande et si prompte métamorphose; que la formation d'une multitude de petites sociétés, c'est-à-dire l'établissement du régime féodal, avait été la conséquence nécessaire, le cours naturel des évènemens; que vers ce but tendaient, depuis ; leur rencontre, la société romaine et la société germaine, et qu'elles y étaient en effet arrivées à la fin du Xe siècle, lorsque le démembrement de l'empire de Charlemagne avait été définitivement accompli. Si cette explication est fondée, si telle a été, de Charlemagne à Hugues Capet, la marche des faits, nous devons la trouver dans l'histoire des lois comme dans l'histoire des événemens. Il y a, entre le développement de la législation et celui de la société, une intime correspondance; les mêmes révolutions s'y accomplissent, et dans un ordre analogue. Étudions donc aujourd'hui l'histoire des lois durant la même époque, et recherchons si elle nous conduira au même résultat, si nous en verrons sortir la même expli cation. L'histoire des lois est plus difficile à bien comprendre que celle des évènemens proprement dits. Les lois sont, par leur nature, des monumens plus incomplets, moins explicites, par conséquent plus obscurs. Rien de plus malaisé d'ailleurs, et pourtant rien de plus indispensable que d'en bien saisir et de n'en jamais perdre le fil chronologique. Quand on rend compte des faits extérieurs, guerres, négociations, invasions, etc., leur enchaînement chronologique |