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niers. On y remarquait entre autres articles 1797. 754,337 livres 15 sous pour la remise faite par le roi à Mesdames, du prix du château de Bellevue; 150,363 livres 8 sous 6 deniers pour le paiement des dettes de la princesse Christine; 158,993 livres pour le prix de ses perles, diamans et bijoux achetés par la reine; 40,000 livres accordées par le roi à M. de Montgolfier, pour la construction d'un nouvel aérostat, encouragement que nécessitait cette invention dans son origine, et qui ne peut que faire honneur au prince qui l'avait accordé.

Le troisième chapitre montant à deux millions deux cent vingt-un mille trois cent quarante-une livres treize sous quatre deniers était composé de traitemens et de pensions de la nature de celles du capitaine de grenadiers, et des parens du maréchal de Ségur, dont j'ai parlé plus haut.

Dans le cinquième chapitre enfin du livre Touge, se trouvait une somme de trois cent soixante-dix-sept mille cinq cent vingt-six livres employées en des indemnités accordées par dédommagement de dépenses faites pour le service du roi.

Dans le courant du mois de mai, à propos de quelques mesures de précaution dont.

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1790. le roi fit part à l'assemblée nationale, et que ̈ l'avait forcé de prendre un armement considérable de l'Angleterre, qui paraissait cependant avoir l'Espagne pour objet, on agita la grande question de savoir si le monarque aurait en France le droit de faire la guerre et la paix. Tous les antagonistes de la cour s'élancèrent à ce sujet dans l'arène; ils y eurent un adversaire bien inattendu, Mirabeau, qui jusque-là ne s'était rendu célèbre que par ses diatribes contre la cour. Ce fut à la fin de cette discussion, dans laquelle on avait cherché à l'effrayer et à le ridiculiser, qu'il s'écria : « Et moi aussi, on voulait, il » y a peu de jours, me porter en triomphe; » et maintenant l'on crie dans les rues : la » grande trahison du comte de Mirabeau!....... » Je n'avais pas besoin de cette leçon pour » savoir qu'il est peu de distance du Capitole » à la Roche Tarpéïenne! Mais l'homme >> qui combat pour la raison, pour la patrie, >> ne se tient pas si aisément pour vaincu. » Celui qui a la conscience d'avoir bien mé» rité de son pays, et celle de lui être encore >> utile ; celui que ne rassasie pas une vaine » célébrité, et qui dédaigne les succès d'un » jour pour la véritable gloire; celui qui » veut dire la vérité, qui veut faire le bien

»resse,

que

du

ou

public, indépendamment des mobiles mou- 1790. » vemens de l'opinion populaire; cet homme » porte avec lui la récompense de ses ser>> vices, le charme de ses peines et le prix » de ses dangers: il ne doit attendre sa » moisson, sa destinée, la seule qui l'intéla destinée de son nom » temps, ce juge incorruptible qui fait jus>>tice à tous. Que ceux qui prophétisaient » depuis huit jours mon opinion sans la >> connaître, qui calomnient en ce moment » mon discours, sans l'avoir compris, m'ac>> cusent d'encenser des idoles impuissantes » au moment où elles sont renversées, » d'être le vil stipendié de ceux que je n'ai » pas cessé de combattre : qu'ils dénoncent » comme un ennemi de la révolution, celui >> "qui peut-être n'y a pas été inutile, et qui, » fût-elle étrangère à sa gloire, pourrait là » seulement trouver sa sûreté; qu'ils livrent » aux fureurs du peuple trompé celui qui, depuis vingt ans, combat toutes les op>>pressions, et qui parlait aux Français de » liberté, de constitution, de résistance, » lorsque ces vils calomniateurs vivaient de » tous les préjugés dominans. Que m'im-. »porte? les coups de bas en haut ne m'arrê >> teront pas dans ma carrière. Je leur dirai:

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1790. >> répondez si vous pouvez,

calomniez ei* >> suite tant que vous voudrez. Je rentre » donc dans la lice, armé de mes seuls » principes, et de la fermeté de ma cons»cience, etc., etc., etc. »

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Il rappela ensuite les différentes objections opposées au projet de décret qu'il avait soumis à l'assemblée, et ne disconvint pas qu'il pût en résulter des inconvéniens : « Mais tel >> est continua-t-il, le sort de toutes les ins>>titutions humaines. Prétendez-vous qu'un » gouvernement fait par des hommes, pour » des hommes, soit exempt d'inconvéniens? » Prétendez-vous, parce que la royauté a des »dangers, nous faire renoncer aux avantages » de la royauté? Dites-le donc nettement ? » ce sera alors à nous à déterminer si, par» ce que le feu peut brûler, nous pouvons » nous priver de la chaleur et de la lumière » que nous empruntons de lui. Tout peut se >> soutenir, excepté l'inconséquence; dites» nous qu'il ne faut pas de roi, ne dites pas. » qu'il ne faut qu'un roi inutile........

Une partie des antagonistes que Mirabeau avait dans cette circonstance, ne voulaient effectivement pas de roi; mais il n'eut pas été sûr alors de le dire

en se fondant un

roi inutile, on pouvait au contraire arriver

à peu peu, plus avoir.

sans se compromettre, à n'en 1790.

J'ai encore cité ce passage d'un discours de Mirabeau, parce qu'il m'a semblé le plus éloquent de tous. Il marque d'ailleurs l'époque d'un changement dans la conduite politique de cet homme célèbre, qui est très-important, et dont je chercherai la cause un peu plus tard. Je ne rapporterai pas ici le décret qui fut rendu dans cette occasion par l'assemblée nationale: il fait partie de la constitution de 1791, et c'est en masse que je citerai, au commencement du livre prochain, tous ceux des articles fondamentaux de cette constitution, qu'il entre dans mon plan de mettre sous les yeux de mes lecteurs. On a déjà pu remarquer à propos d'autres objets, que telle est la marche que je me suis proposé de suivre.

Cependant, comme le roi l'avait dit dans son dernier discours, l'intérieur du royaume n'était pas, à beaucoup près, dans un état satisfaisant : des insurrections violentes et des assassinats avaient lieu à Nîmes, à Marseille, à Valence, à Montauban, et Paris n'était guère plus tranquille. Les clubs s'y faisaient la guerre entre eux, celui des Jacobins cherchant à opprimer tous les autres ; et le peu

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