Page images
PDF
EPUB

tions

visionnement des marchés, qui se fait de lui- 1789. même et sans le concours de l'autorité, quand des factieux ne troublent pas la tranquillité de l'état, sous prétexte de le régénérer; mais les ministres étaient gênés dans leurs opérapar une infinité de considérations naissant même des circonstances, et l'assemblée devait au contraire à ces circonstances de n'être pas seulement arrêtée dans sa marche par les raisons de la morale et de la bienséance, quelquefois si fatales aux gouvernemens réguliers. Partant de ce principe, depuis longtemps consacré par elle, « que la propriété des biens du clergé devait être déclarée appartenir à la nation, sauf à pourvoir d'une manière convenable à la décence du culte, à la subsistance des ministres des autels, et au soulagement des pauvres, » elle décréta, le 19 décembre, de concert avec M. Necker, réduit à vendre et à prendre, parce qu'il ne trouvait plus à emprunter; << qu'il serait formé une caisse de l'extraordi» naire, dont les deniers seraient destinés à » payer les créances exigibles et arriérées, et » à rembourser les capitaux de toutes les det» tes dont l'extinction serait décrétée; que » les fonds provenus, 10. de la contribution

T

[ocr errors]

1789.» patriotique (1), de la vente des domaines » de la couronne, à l'exception des forêts et » des maisons royales, dont sa majesté vou» drait se réserver la jouissance; 2°. de la » vente des domaines ecclésiastiques, pour » former ensemble une somme de quatre » cent millions, seraient versés dans cette » caisse ; qu'il serait créé sur la caisse de l'ex» traordinaire des assignats de mille livres » chacun, portant intérêt à cinq pour cent, » jusqu'à concurrence de la valeur desdits ›› biens à vendre, lesquels assignats seraient » admis de préférence dans l'achat desdits » biens; qu'il serait éteint desdits assignats, » soit par lesdites ventes, soit par les rentrées » de la contribution patriotique et par toutes >> les autres recettes extraordinaires qui pour>> raient avoir lieu, cent vingt millions en » 1791, quatre-vingts millions en 1792, qua> tre-vingts millions en 1793, quatre-vingts » millions en 1794, et le surplus en 1795.» Là se trouve encore l'heureuse invention

(1) On en avait ordonné une sur le rapport de M. Necker, vers la fin du mois de septembre; elle était du quart du revenu libre de tout impôt (note 2.).

des assignats, qui, devenant bientôt monnaie 1789. courante, et s'augmentant sans cesse dans leur émission, au lieu de diminuer d'année en année, comme il avait d'abord été résolu, finirent par bannir entièrement le numéraire du milieu de nous, et ne l'y laissèrent reparaître qu'après une banqueroute de quarante milliards, qui ruina bien des honnêtes gens, et enrichit bien des fripons.

Α propos de telles violations de principes, l'assemblée nationale s'était vu formellement disputer son autorité. Pour éviter d'entrer en discussion, avec les parlemens sur la marche singulière qu'elle suivait à tous égards, elle avait ordonné par un décret en date du 3 novembre, « que les >> chambres des vacations continueraient » leurs fonctions, et connaîtraient de toutes » causes, instances et procès, nonobstant » toutes lois et réglemens à ce contraires, » jusqu'à ce qu'il eût été autrement statué à » cet égard, et que tous les autres tribunaux >> continueraient à rendre la justice en la » manière accoutumée. » En prolongeant ainsi la vacance des parlemens, elle avait franchi les obstacles qu'ils pouvaient lui opposer; mais il lui en vint d'un autre côté, où elle ne comptait sûrement trouver aucune

par

1789. résistance. La commission intermédiaire des états du Cambrésis, donnant un exemple qui, s'il eût été suivi, ou s'il eût pu être suivi tous les bailliages, aurait sauvé la France, avait pris le 9 novembre un arrêté par lequel, considérant..... « que certains décrets » de l'assemblée nationale préparent la ruine → du royaume et l'anéantissement de la reli»gion; qu'en mettant certains biens à la dis» position de la nation, ces décrets compro» mettent la sûreté de tous les propriétaires... »elle déclara, dès ce moment, les pouvoirs des » députés du Cambrésis à l'assemblée natio»nale, nulset révoqués (note 3.).» On sent que l'assemblée nationale avait passé pardessus cet arrêté, et gardé dans son sein les députés du Cambrésis; mais c'était un incident qui n'allait à rien moins qu'à frapper moralement ses opérations de nullité, et qui pouvait d'ailleurs donner à des mécontens l'idée d'attaquer son existence elle-même, qui semblait alors ne plus se fonder que sur le droit de la force. Elle avait d'autant plus à craindre qu'ensuite de cela de semblables entreprises ne se formassent contre elle, que les évêques, dans ce moment où la religion n'était pas encore éteinte au cœur de la majorité des Français, attaquaient avec non moins de vi

[ocr errors]

gneur l'autorité usurpatrice qui cherchait à 1789. anéantir tous les pouvoirs légitimes. On lisait entre autres, partout, un mandement de l'évêque de Tréguier, dans lequel ce prélat (1), dont la vertu ne pouvait être contestée, s'écriait éloquemment, en déplorant les malheurs du temps: « Il est donc vrai que le » diadème est garni de pointes cruelles » qui ensanglantent le front des rois, et » que, dans la crise excitée par des libel>> listes fougueux, le trône est ébranlé.... la >> religion est anéantie, ses ministres sont ré» duits à la triste condition de commis appointés. » de brigands!.... Le scepticisme, l'égoïsme, » voilà la morale du jour. Il y a des abus; » mais, pour les réformer, faut-il faire cou-. » ler le sang?.... Ces systèmes d'égalité dans » les rangs et la fortune ne sont que des chi» mères....... Vous, qui partagez nos fonc» tions, ministres de Dieu, montez dans vos » chaires, faites entendre ces vérités, dites » au peuple qu'on le trompe, etc. etc. »

A cette époque même fut découverte une conspiration qui échoua, parce qu'elle était mal conçue, mais qui dut faire comprendre

(1) M. le Mintier.

« PreviousContinue »