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générale, l'un des adversaires les plus implacables du parti qui venait de succomber, mais qui cependant ne s'était jamais montré l'ennemi personnel de Rabaut. A l'aspect de cet homme, elle veut fuir, mais il s'avance vers elle, l'aborde, lui témoigne de l'intérêt, et l'assure qu'il se trouverait heureux de protéger la retraite et les jours de son collégue. La prudence interdit à Mme Rabaut de répondre; elle remercie Amar de ses offres de service, et s'empresse de rendre compte à son mari de la rencontre qu'elle vient de faire. Fatigué de sa situation; tremblant sur les périls auxquels il expose tout ce qui lui est cher; aveugle et impru dent comme le sont presque toujours les malheureux; saisissant, sans examen, le premier moyen de salut qui se présente à lui ne pouvant soupçonner dans un autre, le crime dont il est incapable lui-même, il autorise sa femme à révéler son asile, et à indiquer à Amar l'heure de la nuit où il pourra s'y rendre. Amar s'y rend en effet, mais à la tête des agens du comité d'assassins dont il est membre; il fait traîner à ce comité, de-là à l'échafaud, l'infortuné qui lui tendait les bras; et le monstre s'applaudit de sa ruse infernale. Les généreux amis de Rabaut, qui s'étaient opposés à la résolution qui venait de le conduire à la mort, ne lui survécurent que de peu de jours; leur sublime dévouement méritait cette gloire. Mme Rabaut fut seule épargnée; mais ne pouvant se pardonner d'être la cause, bien innocente sans doute du supplice d'un époux qu'elle chérissait, elle se donna elle-même la mort qui lui était refusée, en se précipitant dans un puits. Elle était simple, modeste, belle et vertueuse: elle avait de l'esprit et des talens; on vient de voir si elle manquait de caractère. Unie sur la terre à l'un des hommes dont le courage, les talens et les vertus ont immortalisé la carrière politique, elle avait annoncé, qu'elle lui demeurerait unie dans le tombeau. Pour nous qui fûmes les contemporains et les témoins de leurs malheurs, nous ne doutons pas que partout où des autels seront élevés à la liberté et à la vertu; partout où la vérité aura imposé silence aux factions; partout enfin où la putation des hommes ne dépendra que de leurs actions, et non pas du triomphe passager de telle opinion politique, les noms de ces nobles victimes des discordes civiles, ne soient inséparablement liés dans le

souvenir et le respect des générations. Rabaut-St-Etienne ne fut admis à faire aucune défense devant le tribunal révolutionnaire; il voulut prononcer quelques paroles que les juges refusèrent d'entendre, et que le président interrompit sur-le-champ. Il ne parut sur le banc des accusés que pour y faire constater l'identité de sa personne, fut immédiatement livré à l'exécuteur des jugemens crinels. Il est mort sans ostentation et sans faiblesse, le 15 frimaire an 2 ( 5 décembre 1793).

DE JULLIAN.

et

ASSEMBLÉE CONSTITUANTE,

Depuis le 4 mai 1789, jusqu'au 30 septembre 1791.

PAR RABAUT-SAINT-ÉTIENNE,

TABLE

DES

PRINCIPAUX DÉCRETS

Qui ont été prononcés et des événemens les plus remar quables qui ont eu lieu pendant le cours de l'Assemblée

nationale constituante.

NOTA. La lettre A, qu'on trouvera dans le cours de cette table, signifie ARRÊTÉ, la lettre D signifie DÉCRET,

4 lundi. PROCESSI

5 mardi.

6 mercr.

7 jeudi. 8 vendr.

MAI 1789.

ROCESSION des états-généraux à Versailles.
Ouverture des états-généraux à Versailles.

Le ticrs-état se rend dans la salle générale, et les deux au-
tres ordres dans des chambres particulières. - Délibéra-
tion sur la vérification séparée des pouvoirs.-Invitation du
tiers-état aux deux autres ordres pour la faire ensemble.
Arrêt du roi contre un journal rédigé par Mirabeau.
Députation du clergé à la noblesse pour la réunion des trois
ordres.

9 samedi. Le tiers-état attend l'effet de son invitation. 10 diman. Les députés sont présentés au roi. II lundi. A. du tiers-état sur le costume des députés.

12 mardi.

13 mercr.

14 jeudi.

15 vendr.

16 samedi.

17 diman. 18 lundi.

La noblesse refuse de se réunir. —Le clergé propose de nom-
mer des commissaires conciliateurs.

La noblesse continue la vérification de ses pouvoirs.
A. pour s'interdire de désigner les motions par le nom de
leurs auteurs.

Nomination de commissaires conciliateurs du tiers.

19 mardi. Le roi permet aux journaux de rendre compte des états

généraux.

20 mercr. Renonciation du clergé à ses priviléges pécuniaires.

21 jeudi.

22 vendr. La chambre du clergé se divise par bailliages pour l'examen

de ses cahiers.

G

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