Page images
PDF
EPUB

consacré d'âge en âge par toutes les nations, il n'est plus de bonheur, il n'est plus de confiance, il n'est plus de tranquillité sur la terre. Epargnez donc à ce peuple, épargnez-lui, si vous l'aimez, un dernier acte de barbarie. Vous aurez à gémir assez long-tems de toutes les férocités dont vous avez été les témoins. Sauvez sauvez les débris du nom français en couvrant de votre égide un malheureux prince, et en repoussant enfin ces cris sanguinaires, dont le ciel et la terre semblent tressaillir. Ah! qu'au dernier terme de l'infortune, à ce période où le cœur des sauvages devient accessible à la pitié, votre roi, votre bienfaiteur, trouve enfin parmi vous quelques amis. Ce n'est plus de son rang, ce n'est plus de sa grandeur passée, ce n'est plus de la royauté dont je parle ; je laisse au tems à prononcer entre les diverses opinions politiques ; mais je ne connois aucun systême de liberté, qui ne fût à jamais souillé par un attentat, dont la seule idée fait reculer d'horreur tout homme sensible. Ah! comment ai-je pu seulement approcher ma pensée d'un pareil sujet? Comment ai je pu le fixer? Il est des sentimens sans doute auxquels tous les courages appartiennent. Mais si à l'aspect seulement de la situation d'un prince au comble du malheur,

si à la vue des dangers qui le menacent on ne peut, sans frémir, s'occuper de sa défense. quels sentimens n'éprouveront pas un jour ceux qui le persécutent avec tant de constance? Tous les repentirs, tous les remords dévoreront leur cœur ; et s'ils paryenoient à leur dernière fin, s'ils réussissoient dans leur barbare vou...... O dieu!tu veilleras sur ce prince, ami de la religion, ami de la morale; sur ce prince, dont l'ame fut toujours ouverte à la miséricorde et à la bonté ! C'est à genoux que l'univers s'en prie, adoucis pour le sauver, et les esprits farouches et les cœurs sans pitié, et mets un terme enfin à leur aveuglement. C'est assez de rigueurs, c'est assez de victimes, donne un jour à la consolation de tant de malheureux; donne un jour au repos de l'innocence opprimée, et que ce jour puisse être l'époque du retour d'une grande nation, aux vertus douces et aux sentimens d'indulgence, à ces qualités généreuses qui pourront seules lui valoir des hommages. réels, et interresser de bonne foi les peuples de la terre à sa liberté et à sa gloire!

389

RÉPONSE

AUX RÉFLEXIONS DE M. NECKER,

Sur le procès intenté à Louis XVI.

CETTE réponse est attribuée à M. Montjoie, qui, depuis le commencement de la révolution, n'a cessé de poursuivre avec succès le charlatan de Genêve. Il observe avec raison que M. Necker a tort de vouloir persuader qu'il ne se trouve parmi nous que des hommes timides, et que lui seul est courageux. « Prenez garde, lui dit-il, à l'énorme différence qui se trouve entre votre position et la nôtre. A Copet, on peut avoir une opinion et l'énoncer. En France, depuis que nous jouissons de la liberté illimitée de la presse, l'écrivain qui ne sert pas les fureurs et les vengeances du parti dominateur, est livré aux boureaux ou aux.assassins; la solemnelle déclaration des droits nous permet de tout dire, de tout imprimer ; mais le Français qui oseroit, dans un cercle, dans un spectaclegidans une place pu: blique, crier que Louis XVI est l'homme le plus vertueux de son siècle, ne survivroit pas quatre minutes à cet élan de sa conscience..... »

Vouliez-vous, monsieur, faire croire à votre courage? Ce n'étoit pas de Copet qu'il falloit nous jeter vos réflexions; ce n'étoit pas après avoir mis en sûreté votre vie, votre fortune, votre famille, qu'il falloit faire entendre votre voix. II falloit r'entrer en France, revenir à Paris, et là, environné de tout ce que vous auriez eu de plus cher, vous dévouer, parler et attendre, pour vous taire, ou que vous eussiez été vaincu, ou que votre tête eût été frappée de la hache qui menace celle de quiconque ose professer hautement la vénération et l'amour que l'injustice seule peut refuser aux vertus et aux malheurs de Louis. Vouliez-vous faire croire à votre courage? Il ne falloit point abandonner le vaisseau public, lorsqu'il est venu s'embarrasser dans les écueils contre lesquels vos ineptes conceptions et votre entêtement l'avoient poussé, etc., etc. Il falloit, lors des sanglantes scènes du 6 octobre 1789, quitter cette contenance stupide et humble, que vous teniez dans un coin du cabinet du roi; il falloit vous armer de résolution, vous jeter audevant des assassins, leur offrir votre tête, cette tête qu'ils avoient chargée de tant de couronnes; il falloit essayer sur eux le prestige de la considé ration qu'ils vous accordoient; il falloit vous servir de tout le pouvoir de votre popularité;

il falloit vous en servir, lorsque des forcenés incendioient la manufacture de M. Réveil!on', lorsque des séditieux arrachoient des prisons des soldats rebelles, etc., etc., etc. Voulez-vous faire croire à votre courage? il falloit combattre cette 'hydre du monopole qui fit l'insurrection du 14 juillet, qui engendra les attentats dur-6 octobre'; il falloit déjouer les manœuvres homicides de cette infernale aggrégation, dénoncer son chef, dans quelque rang que la naissance l'eût placé, éclairer la nation sur la noirceur de ses complots, et faire tomber même sa tête, puisque son châtiment Importoit à la tranquillité et au bonheur du peuple, etc., etc., etc. Mais, monsieur, eussiezvous le courage de Catilina, de César our de Cromwel, il ne vous appartient pas plus de défendre Louis XVI, qu'il n'appartenoit au derniér "d'être l'apologiste de Charles I. Cette prison où gémit le descendant de tant de rois, c'est vous qui l'avez construite; ces fers que Louis et sa <famille arrosent de leurs larmes, c'est vous qui les avez forgés; il n'est pas une action de votre vie publique qui ne soit une démonstration de cette lamentable vérité, etc. « Ici M. Montjoie développe les preuves de ce qu'il avance. Il les trouve dans la dissimulation, l'esprit d'erreur et F'amour des nouveautés que M. Nęcker porta

« PreviousContinue »