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26 mai. Une levée de soixante et quinze mille auxiliaires destinés à compléter l'armée de terre, et vingt-cinq mille autres pour la marine, est ordonnée par le gouvernement.

30 Un second décret de l'assemblée relatif à la translation des cendres de Voltaire, ordonne que les restes du grand écrivain, qu'elle proclame le libérateur de la pensée, seront déposés au Panthéon national.

31 M. Guillotin, docteur en médecine, guidé par un esprit d'humanité, fait connaître la découverte d'une machine pour l'exécution des condamnés et qui doit épargner aux criminels les souffrances d'un long supplice. Cet instrument, c'est la guillotine.

3 juin.-Destroubles éclatent dans l'île de Corse. Le droit de grâce est enlevé au roi. — En ôtant à Louis XVI cette dernière prérogative de sa puissance royale, on détruisait complétement le fantôme du gouvernement monarchique. Le trône tombait de lui-même, car il n'y avait plus de liens entre la royauté et le peuple. L'assemblée constituante ordonne que les bulles de la cour de Rome lui seront présentées avant d'être publiées.

10 Louis XVI proteste, mais en secret, contre la sanction qu'il a donnée, le 23 décembre 1790, au serment imposé au clergé. Mort de l'amiral Lamothe-Piquet (N. P.), l'un des plus braves officiers de la marine française. Il était né en 1720.

Massacres à Avignon par les satellites du trop fameux Jourdan, connu sous le nom de CoupeTête.

Le lendemain de ces scènes d'horreur et de brigandage, les habitants d'Avignon proclament leur indépendance politique et décrètent leur réunion à la France.

11 Le prince de Bourbon-Condé, émigré, est sommé de rentrer en France dans la quinzaine, sous peine d'être déclaré rebelle et déchu de tous ses droits.

13 L'assemblée constituante règle l'uniforme de la garde nationale.

Un second décret établit l'organisation de l'assemblée législative et stipule ses fonctions et ses rapports avec Louis XVI. 21 Ce monarque, retenu depuis plusieurs mois dans son palais et surveillé jusque dans son intérieur, quitte pendant la nuit du 20 au 21 les Tuileries avec sa famille; il prend la route de la Lorraine, tandis que le comte de Provence se dirige vers les Pays-Bas.

Un décret de l'assemblée constituante déclare que la volonté de la nation française est de rester en paix avec les pays étrangers.

déclare en permanence et prend les mesures que réclame la sécurité de l'État abandonné, car personne ne s'attendait à ce qui allait arriver. 22 juin. Le roi, arrivé au pont de Varennes, y est arrêté par Drouet, fils du maître de poste de Sainte-Menehould, qui l'avait reconnu pendant que l'on changeait de chevaux dans ce dernier lieu. Le malheureux prince est ramené à Paris avec toute sa famille. Obligé de motiver son départ clandestin de la capitale, il déclare que son intention était d'aller à Montmédi dans le but d'y inspecter les frontières. L'excuse était vague; l'assemblée constituante accepta la parole royale comme telle et prouva son mécontentement en destituant le même jour, par un décret solennel, M. le général Bouillé, qui avait favorisé la fuite du roi. C'était jeter un défi au pied du trône et flétrir la conduite de Louis XVI.

23 MM. de la Tour-Maubourg, Péthion et Barnave sont envoyés à Varennes pour ramener le prince à Paris.

26 Il y arrive, escorté par la multitude. 30 Mort de Rulhières (Claude-Carloman), historien et littérateur, membre de l'académie, né en 1735.

11

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:

Les cendres de Voltaire sont transportées au Panthéon: je rapporte la relation officielle; c'est un monument historique digne d'être connu : « Dimanche 10 juillet 1791, M. le procureur syndic du département et une députation du corps municipal se sont rendus, savoir le procureur syndic aux limites du département, et la députation de la municipalité à la barrière de Charenton, pour recevoir le corps de Voltaire. Un char de forme antique portant le sarcophage dans lequel était contenu le cercueil. Des branches de laurier et de chêne, entrelacées de roses, de myrte et de fleurs des champs, entouraient et ombrageaient le char, sur lequel étaient deux inscriptions; l'une, «Si l'homme est créé libre, il doit se gouverner; ■

l'autre,

Si l'homme a des tyrans, il les doit détrôner. » Plusieurs députations, tant de la garde nationale, que des sociétés patriotiques, formaient un cortége nombreux, et on conduisit le corps sur les ruines de la Bastille. On avait élevé une plate-forme sur l'emplacement qu'occupait la tour dans laquelle Voltaire fut renfermé ; son cercueil, avant d'y être déposé, a été montré à la foule innombrable des spectateurs qui l'environnaient, et les plus vifs applaudissements ont succédé à un religieux si

Un second décret du même jour ordonne la lence. Des bosquets garnis de verdure couvraient mise en activité de la garde nationale.

La fuite de Louis XVI se répand dans Paris et les départements: l'assemblée constituante se

la surface de la Bastille. Avec les pierres provenant de la démolition de cette forteresse, on avait formé un rocher, sur le sommet et autour duquel

on voyait divers attributs et allégories. On lisait | lumes de ses œuvres, donnés par M. Beaumarchais sur une de ces pierres :

REÇOIS

EN CE LIEU

OU T'ENCHAINA LE DESPOTISME,

VOLTAIRE,

LES HONNEURS QUE TE REND
LA PATRIE.

La cérémonie de la translation au Panthéon français avait été fixée pour le lundi 11; mais une pluie survenue pendant un partie de la nuit et de la matinée avait déterminé d'abord à la remettre au lendemain ; cependant tout étant préparé, et la pluie ayant cessé, on n'a pas cru devoir la retarder; le cortège s'est mis en marche à deux heures après midi. Voici l'ordre qui était observé: un détachement de cavalerie, les sapeurs, les tambours, les canonniers et les jeunes élèves de la garde nationale, la députation des colléges, les sociétés patriotiques avec diverses devises. On a remarqué

celle-ci :

Qui meurt pour sa patrie, meurt toujours content. » Députations nombreuses de tous les bataillons de la garde nationale; groupe armé des forts de la halle, les portraits en relief de Voltaire, J. J. Rousseau, Mirabeau et Désilles, environnent le buste de Mirabeau donné par M. Palloy à la commune d'Argenteuil; ces bustes étaient entourés des camarades de d'Assas, et des citoyens de Varennes et de Nancy. Les ouvriers employés à la démolition de la Bastille, ayant à leur tête M. Palloy, portant des chaînes, des boulets et des cuirasses, trouvés lors de la prise de cette forteresse. Sur un brancard était le procès-verbal des électeurs de 1789 et l'Insurrection parisienne par M. Dusaulx. Les citoyens du faubourg Saint-Antoine portaient le drapeau de la Bastille avec un plan de cette forteresse représentée en relief, et ayant au milieu d'eux une citoyenne en habit d'amazone, uniforme de la garde nationale, laquelle a assisté au siége de la Bastille et a concouru à sa prise; un groupe de citoyens armés de piques, dont une était surmontée d'un bonnet de la liberté et de

cette devise:

• De ce fer naquit la liberté. »

Le quatre-vingt-troisième modèle de la Bastille, destiné pour le département de Paris, porté par les anciens gardes-françaises, revêtus de l'habit de ce régiment; la société des jacobins (on a paru étonné que cette société n'ait pas été réunie avec les autres); les électeurs de 1789 et de 1790; les cent suisses, les gardes suisses: députation des théâtres, précédant la statue de Voltaire, entourée de médaillons portant les titres de ses principaux ouvrages. La statue d'or, couronnée de lauriers, était portée par des hommes habillés à l'antique. Les académies et les gens de lettres environnaient le coffre d'or, renfermant les soixante et dix vo

Députation des sections, jeunes artistes, gardes nationaux et officiers municipaux de divers lieux et du département de Paris; corps nombreux de musique vocale et instrumentale. Venait ensuite le char portant le sarcophage dans lequel était renfermé le cercueil.

Le haut était surmonté d'un lit funèbre, sur lequel on voyait le philosophe étendu, et la Renommée lui jetant une couronne sur la tête : le sarcophage était orné de ces inscriptions:

IL VENGEA

CALAS, LA BARRE, SIRVEN
ET MONTBAILLY;

POÊTE, PHILOSOPHE, HISTORIEN,

IL A FAIT PRENDRE UN GRAND ESSOR
A L'ESPPIT HUMAIN,

ET NOUS A PRÉPARÉS A DEVENIR LIBRES.

Le char était traîné par douze chevaux grisblancs, attelés sur quatre de front, et conduits par des hommes vêtus à la manière antique. Immédiatement après le char venait la députation de l'assemblée nationale, le département, la municipalité, la cour de cassation, les juges des tribunaux de Paris, les juges de paix, le bataillon des vétérans; un corps de cavalerie fermait la marche. Le cortége a suivi les boulevards depuis l'emplacement de la Bastille, et s'est arrêté vis-à-vis l'Opéra (porte Saint-Martin), le buste de Voltaire ornait le frontispice du bâtiment; des festons et des guirlandes de fleurs entouraient des médaillons sur lesquels on lisait: Pandore, le Temple de la gloire, Samson. Après que les acteurs eurent couronné la statue et chanté un hymne, on se remit en route et on suivit le boulevard jusqu'à la place Louis XV, le quai de la Conférence, le Pont-Royal, le quai Voltaire.

Devant la maison de M. de Villette, dans laquelle était déposé le cœur de Voltaire, on avait planté quatre peupliers très-élevés, lesquels étaient réunis par des guirlandes de feuilles de chène, qui formaient une voûte de verdure. au milieu de laquelle il y avait une couronne de roses, que l'on a descendue sur le char au moment de son passage. On lisait sur le devant de cette maison:

« Son esprit est partout, et son cœur est ici. » Madame de Villette a posé une couronne sur la statue d'or. On voyait couler des yeux de cette aimable citoyenne des larmes qui lui étaient arrachées par le souvenir que lui rappelait cette cérémonie. On avait élevé devant cette maison un amphithéâtre qui était rempli de jeunes citoyennes vêtues de blanc, une guirlande de roses sur la tête, avec une ceinture bleue, et une couronne civique à la main. On chanta devant cette maison, au son d'une musique exécutée en partie par des instruments antiques, des strophes d'une ode de MM. Chénier et Gossec. M. de Villette et la fa

mille Calas ont pris rang à ce moment; plusieurs [ 18 juillet. Deux millions de récompense sont autres citoyennes vêtues de blanc, de ceintures et rubans aux trois couleurs, précédaient le char.

On a fait une autre station devant le théâtre de la Nation (l'Odéon). Les colonnes de cet édifice étaient décorées de guirlandes de fleurs naturelles. Une vaste draperie cachait les entrées; sur le fronton on lisait cette inscription:

Il fit Irène à quatre-vingt-trois ans. »

Sur chacune des colonnes était le titre d'une des pièces de Voltaire renfermées dans trente-deux médaillons. On avait placé un de ses bustes devant l'ancien emplacement de la Comédie française, rue des Fossés-Saint-Germain; il était couronné par deux génies, et on avait mis au bas cette inscription:

Il fit OEdipe à dix-sept ans. »

On exécuta devant le théâtre de la Nation un chant de l'opéra de Samson. Après cette station, le cortège s'est mis en marche, et est arrivé au Panthéon français à dix heures. Le cercueil y a été déposé, mais il sera incessamment transféré dans l'église Sainte-Geneviève, et sera placé près de ceux de Mirabeau et de Descartes.

Cette cérémonie a été une véritable fète nationale. Cet hommage rendu aux talents d'un grand homme, à l'auteur de la Henriade et de Brutus, a réuni tous les suffrages. On a cependant remarqué quelques émissaires répandus dans la foule et qui critiquaient avec amertume le luxe de ce cortége; mais le raisonnement des gens sensés les ont bientôt réduits au silence. »

Tel est le procès-verbal officiel de la translation des cendres de Voltaire, fète funèbre grandiose et une des plus grandes cérémonies qui furent célébrées à la mémoire d'un citoyen: cette relation fait admirablement connaître, et je l'ai rapportée dans cette intention, l'esprit philosophique qui dominait alors la nation, ainsi que sa tendance vers les innovations gréco-romaines. On y voit aisément les préparatifs des réformes sociales, la régénération du peuple, la révolution enfin. 15 juillet. Cette fête nationale n'interrompit

-

que de quelques jours les grands travaux de l'assemblée constituante. Bientôt un décret vient déterminer le cas où le roi serait censé avoir abdiqué la couronne et pourrait être poursuivi comme simple citoyen. C'était détruire le caractère sacré de la personne du souverain, et désormais la déchéance de Louis XVI allait former le but principal des partis.

17 En effet, le peuple, excité par les orléanistes et les jacobins, se réunit au Champ-de-Mars pour y signer une pétition tendant à demander que le roi, à cause de sa fuite, soit déclaré déchu du trône; mais la garde nationale accourt et disperse le rassemblement. Plusieurs personnes sont tuées dans cette affaire.

accordés aux personnes qui ont concouru à l'arrestation de Louis XVI à Varennes; Drouet

y est compris pour trente mille francs. 22 Quatre-vingt-dix-sept mille gardes nationaux sont mis en activité pour la défense des frontières du nord.

30 Les réformes continuent les ordres de chevalerie sont abolis, et une triple imposition imposée sur les biens des émigrés.

1er août. — Défense est faite à ces derniers de rentrer en France.

15 L'assemblée constituante défend de porter des habits religieux hors de l'enceinte des temples consacrés au culte.

16 Un autre décret ordonne de mettre les frontières depuis Bitche jusqu'à Béfort en état de défense.

27 L'assemblée constituante décerne à J. J. Rousseau les honneurs dus aux grands hommes. Elle déclare que les mariages ne sont, aux yeux de la loi, que de simples contrats civils.

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A l'extérieur, publication de la célèbre dé-
claration de Pilnitz, par laquelle l'empereur
d'Allemagne et le roi de Prusse promettent
aux émigrés l'appui de leurs armes contre la
France. Voici cet important document his-
torique; c'est là l'origine de la première coa-
lition, de vingt-deux ans de guerre. «S. M.
l'empereur et S. M. le roi de Prusse, ayant
entendu les désirs et les représentations de
Monsieur et du comte d'Artois, frères du
roi de France, déclarent conjointement qu'elles
regardent la situation où se trouve actuelle-
ment le roi de France, comme un objet d'un
intérêt commun à tous les souverains de l'Eu-
rope. Elles espèrent que cet intérêt ne peut
manquer d'être reconnu par les puissances dont
le secours est réclamé, et qu'en conséquence
elles ne refuseront pas d'employer, conjointe-
ment avec leurs susdites majestés, les moyens
les plus efficaces, relativement à leurs forces,
pour mettre Louis de France en état d'affer-
mir, dans la plus parfaite liberté, les bases
d'un gouvernement monarchique, également
convenable aux droits des souverains et au bien-
être de la nation française. Alors et dans ce
cas,
leursdites majestés l'empereur et le roi de
Prusse, sont résolus d'agir promptement,
d'un mutuel accord, avec les forces néces-
saires pour obtenir le but proposé et commun.
En attendant, elles donneront à leurs troupes
les ordres convenables pour qu'elles soient à
portée de se mettre en activité.

>> LEOPOLD. FRÉDÉRIC-GUILLAUME. » Cette déclaration de principes, louable si l'on veut parce qu'elle soutenait de fait la légitimité des maisons régnantes, ne pouvait manquer d'ajouter à l'effervescence populaire et par conséquent de hâter le mouvement révolutionnaire.

chemont sont réunis à la France.

Un second décret du même jour déclare que tout homme est libre en France, et que, quelle que soit sa couleur, il jouit de tous les droits de citoyen, s'il a les qualités requises par la constitution.

Elle était d'autant plus intempestive, qu'on | 27 septembre. — Les pays de Dombes et d'Enrimanquait de moyens suffisants pour soutenir énergiquement les principes qu'elle proclamait, c'est-à-dire la cause d'un roi contre son peuple. Dès lors, elle ne pouvait avoir pour résultat que de froisser l'esprit d'une grande nation, et de lui faire envisager en ennemi tout ce qui viendrait de l'étranger. Les auteurs de la déclaration de Pilnitz eurent le malheur de ne pas prévoir cette fâcheuse conséquence. 3 septembre. La constitution dite de 1791 est votée par l'assemblée constituante. - Le même jour, un décret ordonne que l'acte constitutionnel sera présenté au roi; soixante membres sont désignés pour le porter à Louis XVI. - Un des articles de la constitution proclame que a le pouvoir exécutif est attribué au monarque, dont la personne est déclarée inviolable et sacrée. »

10 Décret portant que les chanoinesses qui se marieront conserveront le traitement qui leur a été accordé par la loi.

14 Le roi se rend à l'assemblée constituante et y signe l'acte constitutionnel. Il jure de le maintenir et de le faire exécuter dans toute l'étendue de la France, et propose en même temps une amnistie générale. Quelques cris de vive le roi se font encore entendre sur le passage du prince : ce furent les derniers....

- Conformément au désir de Louis XVI, l'assemblée décrète que toutes les personnes arrêtées par suite de la fuite à Varennes seront mises en liberté.

- Avignon et le comtat Venaissin sont réunis à la France.

- Le général Lafayette donne sa démission de commandant de la garde parisienne; cette place est supprimée.

— Le même jour, mort du diplomate La Luzerne
(Anne-César de), né à Paris en 1741. Am-
bassadeur de France en Amérique, il concou-
rut de la manière la plus efficace à consolider
l'indépendance politique de la nouvelle ré-
publique; aussi le gouvernement américain,
voulant lui prouver sa reconnaissance, donna
le nom de La Luzerne à un des douze cantons
de l'Union.

15 La nouvelle constitution est proclamée.
- L'assemblée constituante décrète que le sceau
de l'assemblée législative portera ces mots :
la Nation, la Loi et le Roi.

19 Elle décide que sa session sera terminée le
30 septembre de la même année.

21 Un décret accorde à la veuve du maréchal de Richelieu une pension de deux mille livres. 25 Autre décret qui fixe au 1er octobre suivant la réunion des membres du nouveau corps législatif, établi par la constitution, et désigne la salle de l'assemblée constituante pour le local de ses séances.

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29 L'assemblée prie Louis XVI de faire don de
son portrait au nouveau corps législatif.
30 Le roi se rend à l'assemblée constituante et y
prononce le discours de clôture, après lequel
l'assemblée décrète que sa mission est finie et
ses séances terminées.

1er

ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE.

octobre.- Installation du nouveau corps législatif.

2 Il se constitue, par arrêté de ce jour, en assemblée nationale législative.

Elle vote des remercîments aux anciens membres de l'assemblée constituante.

5 Pressée de faire acte de puissance, elle décrète que lorsque le roi viendra dans la salle des délibérations, il occupera un fauteuil semblable à celui de son président. Le titre de Roi de France est remplacé par celui de Roi des Français, et les mots sire et majesté supprimés; mais comme on n'était pas encore assez avancé dans la réforme pour qu'on pût appeler le roi monsieur ou citoyen, cette dernière partie de son décret fut rapportée le lendemain.

7 Louis XVI se rend à l'assemblée législative et y prononce un discours d'ouverture.

14

Après le départ du monarque, l'assemblée décrète que les bustes du roi, de Mirabeau et de Bailly, maire de Paris, seront placés dans la salle des séances.

Une proclamation de Louis XVI apprend aux émigrés son adhésion complète et sincère à la constitution et les invite à s'y rallier à leur

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29

Le même jour, le ministre de la guerre vient annoncer à l'assemblée que près de deux mille officiers ont abandonné leurs corps et passé la frontière.

L'émigration prend un caractère alarmant et nécessite des lois répressives. C'est contre les principaux chefs que l'on sévit.

Un décret de l'assemblée déclare que si, dans deux mois, Louis-Xavier-Stanislas, prince français, n'est pas rentré dans le royaume, il sera,

censé avoir abdiqué ses droits éventuels à la régence.

caire de la), né à La Motte d'Assancourt en 1731.

31 octobre. Les droits de traite sont abolis et 29 novembre.-L'assemblée décide que les prêtres

remplacés par un tarif uniforme.

1" novembre.- Un décret ordonne l'émission de deux cents millions d'assignats, ce qui porte à quatorze cents millions la somme en circulation.

3 L'assemblée décide que des remercîments seront votés à la nation anglaise et à lord Effingham. (La rédaction de cette adresse fut changée par décret du 24 mars de l'année suivante.) 8 Des mesures sévères sont prises contre les émigrés. Un décret de l'assemblée ordonne la séquestration des biens des princes français et condamne à la peine de mort tous les émigrés qui, réunis sur les bords du Rhin, ne rentreraient pas en France avant le 1"janvier 1792. Louis XVI écrit à ses frères pour les engager à se conformer à la sommation de ce décret, en les assurant qu'il est parfaitement libre. Mais voulant user, le lendemain, de cette liberté pour sortir de ses appartements, le prince en est empêché par le factionnaire placé à sa porte.

qui ne prêteront pas serment de fidélité à la constitution seront privés de leurs traitements ou pensions. Le roi refuse de sanctionner cette loi.

2 décembre.

Manuel est nommé procureur syndic de la commune de Paris. 14 Louis XVI se rend à l'assemblée législative et lui fait connaître que, tout en croyant aux intentions bienveillantes de l'empereur d'Allemagne, il vient de donner des ordres pour qu'on prenne des mesures de sécurité sur les frontières du nord et du Rhin.

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12 Louis XVI refuse de sanctionner la loi sur les 21 Berquin (Amand), auteur d'un grand nombre émigrés.

14 Un secours de dix millions est accordé à la colonie de Saint-Domingue.

d'ouvrages de morale, et surnommé l'Ami des Enfants, meurt à Paris. Il naquit à Bordeaux en 1750.

Les derniers jours de l'année 1791 s'écoulèrent sans le moindre événement de quelque impor

17 Péthion, nommé maire de Paris en remplace-
ment de Bailly, est installé dans ses fonctions.
26 Mort du compilateur Dixmerie (Nicolas Bri-tance.

CHAPITRE IV.

1792

COMMENCEMENT DE LA GUERRE ENTRE LA FRANCE ET LES PUISSANCES COALISÉES.
ÉTRANGERS EXCITENT LE PEUPLE ET ENTRAINENT LA CHUTE DE LOUIS XVI.
ABOLIE EN FRANCE.

1" janvier.

Cette année, qui devait être si funeste à la monarchie française, est inaugurée par Louis XVI d'une manière aussi étrange qu'impolitique. Selon son habitude, la municipalité de Paris se rendit aux Tuileries pour féliciter le roi et lui présenter ses hommages à cause du nouvel an. La politesse exigeait que la députation fût reçue avec dignité : loin de là. Le prince, occupé à jouer au billard, fit ouvrir la porte de la salle et reçut, sans autre formalité, la municipalité; et comme s'il eût voulu prouver son mécontentement, Louis XVI se borna, lorsque Péthion eut terminé son discours, à faire un signe brusque de la tête. C'était mal choisir son temps pour protester. Ce froid accueil fit une profonde impression sur la députation et surtout sur son président, qui se refusa, de la manière la plus formelle, à

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aller complimenter la reine. Ne peut-on pas dire que la cour voulait hâter sa propre perte? L'assemblée législative allait lui prouver son impuissance.

2 Un décret solennel décide qu'il y a lieu d'accusation contre Louis-Xavier-Stanislas, CharlesPhilippe, frères du roi, et Louis-Joseph de Condé, princes français, prévenus de conspiration contre le salut de l'État et de la constitution.

Elle décrète en même temps que l'ère de la liberté datera du 1er janvier 1789.

12 Ouverture du théâtre des Variétés à Paris. 15 L'assemblée accepte, au nom du pays, le don

16

à lui fait par M. Charles de son cabinet de machines et d'instruments de physique. La garde de Louis XVI est cassée et renouvelée par ordre du corps législatif.

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