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melin auprès du maréchal Blücher et un certain [ Italien nommé Macerone, employé de Fouché, auprès du duc de Wellington'. Macerone était chargé d'une note confidentielle de Fouché pour le généralissime anglais, par laquelle il l'invitait à ne pas brusquer les choses et à consentir à l'armistice sans humilier trop vivement les troupes; à cette condition, Fouché s'engageait à hàter le retour de Louis XVIII de tout son pouvoir.

La promesse de Fouché décida les généraux alliés. Après s'être concertés, Blücher et Wellington firent annoncer au président du gouvernement provisoire qu'ils consentaient à traiter de la reddition de Paris et que les commissaires français eussent à se rendre sur-lechamp au château de Saint-Cloud. La lettre des alliés portait en outre qu'ils ne traiteraient officiellement qu'avec le général en chef des troupes françaises et que les personnes qui seraient envoyées à Saint-Cloud devaient être munies de ses pouvoirs.

Le baron Bignon, ministre provisoire des affaires étrangères, M. Taillepied de Baudy, préfet de Paris, et le général Guilleminot, chef d'état-major général, furent désignés pour négocier la capitulation. Ils se rendirent à l'instant aux avant-postes ennemis, d'où ils furent conduits, sous escorte, auprès des commissaires alliés, à Saint-Cloud. Sans égard pour le droit des gens, les commissaires français furent privés de tout moyen de communiquer avec la commission de gouvernement, et tenus en charte privée pendant toute la durée de la négociation. Les délégués français défendirent, avec une zèle remarquable l'inviolabilité des personnes et des propriétés. Ce ne fut qu'après plusieurs heures de débats fort animés, que les deux partis tombèrent d'accord et que l'acte pour la reddition de Paris fut enfin signé, le 3 juillet, dans la soirée.

La capitulation était pour ainsi dire purement militaire : elle portait en principe que l'armée française évacuerait la capitale dans le délai de trois jours ; qu'elle se retirerait derrière la Loire avec armes et bagages, sans aucune exception; que Saint-Denis, Saint-Ouen, Clichy et Neuilly seraient remis aux alliés le 4 juillet, à midi, Montmartre le lendemain, et les barrières de Paris dans la journée du 6. Par l'article 2, les alliés s'engageaient à res pecter les propriétés publiques, tant du gouvernement que de la municipalité, et par l'article 12 les parties contractantes convinrent: 1 Lorsque Brennus, abusant de la victoire, voulut insulter aux vaincus, les Romains coururent aux armes. Moins sensibles, moins fiers, nous entendimes sans frémissement l'insulte faite à quatre-vingt mille braves, et nous acceptâmes sans rougir, l'opprobre qu'elle déversait sur eux et sur nous. »

(Mémoires de F***.)

2 Cette capitulation fut publiée par le Moniteur sous le titre

« Art. 12. Seront pareillement respectis es
personnes et les propriétés particuliers, is
habitants et en général tous les individu
se trouvent dans la capitale continuera a
jouir de leur liberté et de leurs droits, E
pouvoir être inquiétés ni recherchés en re
relativement aux fonctions qu'ils occupent
qu'ils auraient occupées, à leur conduite eta
leurs opinions publiques. » Cet artic
de la plus haute importance, puisqu
çait sous la protection des puissances des
les hommes qui s'étaient compromis. -
gard des Bourbons, pendant les Cent-la
mais cet article, comme le traité de F
nebleau, devait être foulé aux pieds ave
audace impudente.

L'acte pour la reddition de Paris fut à pre connu que des groupes nombreux se fără rent; la majeure partie de la populatio la garde nationale, les fédérés, tous ces qui avaient offert leur sang pour la defes de la capitale, tous protestèrent contrete inique lâcheté, tous s'indignèrent qu'on e rendu la ville sans brûler une amorce. d'une voix unanime ils accusèrent le gouverns ment provisoire et le maréchal Davoust d'av trahi la nation. La colère des soldats concentr autour de Paris fut plus violente encore. Les braves, qui attendaient de moment en m ment l'ordre de se porter en avant, refusers d'abord de croire à tant de lâcheté et d'inf mie, mais l'ordre d'évacuer leurs positionset arrivé sur ces entrefaites, ils ne se continen plus. Presque tous les généraux se réunira à l'instant pour s'opposer à l'exécution de capitulation, tout en déclarant que le pri d'Eckmühl avait perdu l'estime de l'ar tandis que les soldats, agitant leurs armes l'air, demandèrent, au milieu de blasphèr et de menaces, qu'on les conduisit vers les nemis. Une collision sanglante était `in vitable, lorsque quelques généraux, entre a tres Vandamme, Drouot, Petit, Pelet, effrajes des malheurs qu'elle allait entraîner, hartz guèrent prudemment les troupes et parvinn à calmer leur juste ressentiment. Ce ne toutefois que le lendemain, 5 juillet, l'armée commença à évacuer Paris et que se dirigea sur Orléans, pour gagner la Le Le 7, avant le jour, la capitale était complet ment abandonnée.

La capitulation de Paris laissait entière la question de la forme du gouvernement à d3n ner à la France; mais cette question n'en eta

de convention. Fouché, qui connaissait la valeur des mots, ent prudent de substituer ce dernier titre au mot capitulatum, qu était par trop humiliant pour l'armée.

5 On sait de quelle manière cet article fut observé les tronpes prussiennes envahirent de force les cabinets d'antiquis, les musées, les galeries et les bibliothèques, et livrérent ces DEASA trésors au vandalisme le plus raffiné.

pas moins décidée au fond. Louis XVIII, parti de Gand le 23 juin, était rentré le lendemain sur le territoire français par le Cateau-Cambresis. Le roi s'était ensuite dirigé sur Cambrai, d'où il avait adressé, le 28, une proclamation à la nation française pour la prévenir de son retour. Six jours après, c'est-à-dire le 4 juillet, Louis XVIII arriva au château d'Arnouville, situé à quatre lieues de Paris, où il reçut le lendemain Wellington et Fouché. Le 6, les deux généraux en chef déclarèrent, au nom des puissances coalisées, que l'Europe ne reconnaissait pour la France d'autre monarque que Louis XVIII et que ce prince ferait son entrée à Paris, dans la journée du 8 juillet.

Les barrières de Paris étaient restées fermées par ordre du gouvernement provisoire et des chambres; mais le 7 au matin, les troupes françaises ayant achevé l'évacuation de la ville, cinquante mille Prussiens et Anglais entrèrent aussitôt dans la capitale par la barrière de * Neuilly, tambour battant, mèche allumée, et vinrent prendre possession des Tuileries et de tous les postes militaires. Le premier soin de Blücher fut d'imposer à Paris une contribution de guerre de cent millions. Les chambres étaient en permanence; comme le sénat du Bas-Empire, elles délibéraient encore sur les moyens de sauver la France et d'empêcher le retour des Bourbons, lorsque Fouché leur fit parvenir le message suivant :

« Monsieur le président, jusqu'ici nous avions dû croire que les intentions des souverains alliés n'étaient point unanimes sur le choix du prince qui doit régner en France. Nos plénipotentiaires nous ont donné la même assurance à leur retour; cependant les ministres et les généraux des puissances alliées ont déclaré hier, dans les conférences qu'ils ont eues avec le président de la commission, que tous les souverains s'étaient engagés à replacer Louis XVIII sur le trône; et qu'il doit faire ce soir ou demain son entrée dans la capitale. Les troupes étrangères viennent d'occuper les Tuileries où siége le gouvernement; dans cet état de choses, nous ne pouvons plus que faire des vœux pour la patrie, et nos délibérations n'étant plus libres, nous croyons devoir nous séparer. »

« Nous sommes ici, s'écria Manuel, répétant les mémorables paroles de Mirabeau, nous sommes ici par la volonté du peuple, et nous n'en sortirons que par la puissance des baïonnettes.» La chambre entière appuya ces paroles par de bruyantes acclamations; mais le président, Lanjuinais, plus prudent ou plus timide, leva brusquement la séance et la renvoya au lendemain. Lorsque la majorité voulût, le 8 au matin, rentrer au palais du corps législatif, les troupes alliées venaient d'en prendre possession; quelques minutes après, M. Decazes, que Louis XVIII avait nommé dans la nuit préfet de la police, vint enlever les clefs des lieux des séances à la tête de quel-ques volontaires royaux. Peu d'heures après, Louis XVIII, accompagné du comte d'Artois et du duc de Berry, de Talleyrand, des maréchaux Davoust et Macdonald, et d'un grand nombre de légitimistes, fit son entrée à Paris et reprit possession du gouvernement. Dès ce moment, la restauration fut consommée : les Bourbons, contre lesquels la nation s'était spontanément soulevée, remontèrent sur le trône sous la protection des baïonnettes étrangères.

2

Le retour de Louis XVIII et la restauration de son pouvoir ne rencontrèrent aucune résistance sérieuse; quelques villes des lignes du Rhin et du Nord, entre autres Huningue et Bouchain, refusèrent de reconnaitre le nouveau gouvernement, mais livrés et trahis par le gouvernement provisoire et les chambres, les défenseurs de l'indépendance française furent bientôt contraints de déposer les armes, et d'accepter, comme toute la nation, le souverain imposé à la France par l'Europe coalisée.

Louis XVIII eut à peine remis le pied sur le trône, que, fidèle à sa conduite de 1814, il se jeta aveuglément dans les voies réactionnaires et les exactions auxquelles il avait dû sa chute rapide. Comme en 1814, rien ne fut respecté, tout fut méconnu. Les hommes qui avaient rendu le plus de services à la France furent

'Malgré son esprit, Manuel oubliait que la force des baïonnettes étrangères présentes à Paris ne respecterait pas la représentation nationale.

Les membres de la chambre des pairs, qui avaient hâte de courir au-devant des faveurs du nouveau souverain ou de faire oublier leur participation aux Cent-Jours, se séparèrent à l'instant et sans bruit. La chambre des députés pour défenseurs que sa garde bourgeoise et quelques hommes fut seule à protester. Oubliant que toute ré-isolés de différents corps. L'artillerie de la place, commandée sistance était inutile et surtout que c'étaient eux-mêmes qui avaient jeté la France dans cet abîme de malheurs, les députés jurèrent spontanément de mourir sur leurs bancs et de consacrer à la patrie la dernière goutte de leur sang.

2 Le fort de Huningue, défendu par le général Barbanègre, consentit à ouvrir ses portes que le 26 août, à l'archiduc Jean avec trois cent quatre-vingt-quinze hommes de toutes armes, ne d'Autriche, qui l'assiégeait avec trente mille Autrichiens.

5 La ville de Bouchain, assiégée par les troupes anglaisess n'ouvrit ses portes qu'un mois après le retour de Louis XVIII. Cette résistance fut d'autant plus glorieuse, que la ville n'avait

par le chef de bataillon Martin (Éloi-François-Marie *1, șe distingua d'une manière toute particulière pendant cette longue résistance. Le génie rendit des services non moins glorieux.

Ce brave et digne officier vient de mourir à Dunkerque, le 17 octobre 1846, à l'âge de 74 ans ; il était lieutenant colonel depuis 1822.

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écartés, proscrits, assassinés; l'armée, qui avait versé son sang pour la défense de la patrie, fut dissoute et les soldats et les officiers renvoyés dans leurs foyers sans indemnité ni secours; les nominations faites par l'empereur depuis son retour furent déclarées nulles et les dettes contractées par le gouvernement réputées illégitimes et non remboursables; enfin, pour consommer la vengeance, trente et un généraux, dont deux maréchaux, quatre colonels et vingt-deux autres personnages plus ou moins marquants, furent portés, le 24 juillet, en dépit de l'article 12 de la capitulation de Paris, et par la seule autorité de Louis XVIII, sur une liste de proscription, soit pour être traduits devant les tribunaux, soit pour être exilés '.... Mais arrêtons-nous : ces crimes politiques appartiennent à un autre règne, à une autre époque, et le titre de mon livre a fixé d'avance les limites de ce travail.

Tels furent les Cent-Jours, période glorieuse et fatale, dont les tristes conséquences pèsent encore sur l'Europe et principalement sur la France. Dernier chant ou complément de

Voici la liste de ces victimes politiques :

Première catégorie (traduits devant les tribunaux).

Les maréchaux prince de la Moskowa et Grouchy; les lientenants généraux Drouet-d'Erlon, Clauzel; les généraux de divisions Lefebvre-Desnouettes, Labédoyère, les deux frères Lallemand, Brayer, Ameil Gilly, Mouton-Duvernet, Laborde, Debelle, Bertrand, Drouot, Cambronne, le duc de Rovigo; le comte Lavalette.

Deuxième catégorie (condamnés à l'exil).

Le maréchal Soult; les généraux Excellmans, Fressinet, Carnot, Vandamme, Lamarque, Mouton, Piré, duc de Padoue, Dejean fils, Hullin; les colonels Marbot, Bory de Saint-Vincent, Mellinet, Forbin-Janson; le duc de Bassano, les comtes Boulay, Réal, Thibaudeau, Regnault de Saint-Jean-d'Angely, Defermon, Merlin de Douai; les sieurs Arnault, Durbach, Félix Desportes,

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l'épopée républicaine et impériale, le souvenir de cette époque, si courte mais si pleine d'évete ments, se transmettra d'âge en âge, de søde en siècle, et les générations à venir l'envisa ront comme le symbole éternel et sacré du peuple brave et généreux, qui voulut reco rir son indépendance méconnue et venger honneur outragé.

Je crois avoir raconté sans haine et sanssion les événements qui marquèrent (époque qu'embrasse mon livre. J'ai payé un jar but d'éloge à la fidélité et la bravoure de n'importe à quelle nation, à quelle opini appartinssent; j'ai flétri la trahison, la basse et la pusillanimité, loué le patriotisme franchise, célébré toutes les vertus et bie tous les excès. Enfin, au point de vue de ou de l'ensemble de mon livre, je crois a réalisé, autant que mes moyens me l'ont p mis, l'épigraphe que j'ai emprunté à Fere « Je comprendrai dans un petit tableau lima entière de l'empire, et en exposant ainsi r brégé de toute sa grandeur, j'espère fir paraître ce peuple-roi plus grand encore.

Cluys, Cortin, Garnier de Saintes, Dirat, Dumolard, Harel, Garau, Lelorgne-d'Ideville, Félix Lepellier, Barrière de Vieur di

Méhée-Latouche.

La vengeance du gouvernement des Bourbons fat loin de in rêter à cette première proscription; des centaines de braves, cate autres les généraux Dessaix, Favre, Bonnaire, Chartrand, Bliard, Travôt, Marchand, Morgan, Vaux, Rigand, etc., fars arrêtés illégalement et livrés à des cours prévôtales ; d'autr furent condamnés à l'exil sans avoir paru devant les tribunar ou fusillés sous les prétextes les plus absurdes ; d'autres entur, tels que le maréchal Brune, les généraux Radet, Lagarde, de, à rent livrés à de misérables assassins salariés, et pour courate tant de forfaits, Louis XVIII condamna à l'exil, de sa propo autorité, par décret du 12 janvier 1816, tous les conventions qui avaient voté pour la mort de Louis XVI...

FIN DE L'HISTOIRE CHRONOLOGIQUE DE LA RÉPUBLIQUE ET DE L'EMPIRE.

ANNALES NAPOLÉONIENNES

1815-1847

1

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L'empereur

dembres qui composaient la famille impériale à l'époque de la seconde abdication: dispersion de la famille. se confie à la générosité britannique; conduite du gouvernement anglais; déportation de Napoléon à l'ile de Sainte-Hélène.Proscription, rigueurs, iniquités; persécutions du gouvernement fran. Mort de Murat; précédent funeste pour la royauté. Silence ou complicité des souverains de l'Europe. Mépris de toute justice. · çais à l'égard de la famille de l'empereur. Mort de la princesse Élisa. -Mort de l'empereur, du prince Eugène, de la princesse Pauline, du prince Paul-Marie et de Révolution de 1830. Mort du prince Napoléon-Louis et de la princesse Charlotte. - Mort Tentative du prince Napol'impératrice-mère (Madame). de Napoléon II. - Tentative d'assassinat sur les princes Antoine et Pierre-Napoléon en Italie. Débarquement du prince Napoléon-Louis à léon-Louis sur Strasbourg. Mort de la reine Hortense, et du cardinal Fesch. Retour des cendres de l'empereur. Opportunité et justice de rappeler la famille de Napoléon. mort de son père. Boulogne; son arrestation. Evasion du prince Napoléon-Louis; Mort du prince Lucien, du roi Joseph et de la reine Julie..

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État actuel de la famille impériale: Jérôme, Charles, Louis, Antoine, Pierre-Napoléon, Napoléon-Louis, Jérôme, Napoléon Achille et Joachim Murat, etc lanr famille.

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mille

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'EMPE- times de leur nom, de leur attachement à la France
REUR et de la haine de quelques souverains de l'Europe;
Napo- il faut, en un mot, après les avoir suivis dans leur
léon et élévation et leur splendeur, les suivre à son tour
dans leurs malheurs et s'initier jusque dans leurs
infortunes. Nous trouverons la famille dans son
exil immérité ce qu'elle fut dans sa grandeur, à
cette époque glorieuse où les maîtres du monde
c'est-à-dire
briguaient ses moindres faveurs,
grande et généreuse, française d'âme et d'esprit,
soupirant depuis plus de trente ans après la pa-
trie absente. Alors l'étude sera complète; on com-
prendra la sympathie des masses pour la famille
de l'empereur et par conséquent l'inquiète surveil-
lance du monde diplomatique; on dira sans doute
que les hommes sont toujours les mêmes, oubliants
et égoïstes; mais on demandera aussi, et avec jus-
tice, quand finira ce long martyre de la famille
impériale, si les grands services que Napoléon
rendit à la France devaient être récompensés par
une vengeance de tous les jours, et si le gouverne-
ment français, qui élève aujourd'hui des statues à
l'empereur, n'ouvrira à sa famille les portes de la
patrie que lorsque la tombe se sera fermée sur le
dernier des Bonaparte!

pent une part si large, si glorieuse dans les événements qui ont marqué la fin du 18 siècle et le commencement du 19; la vie et la gloire de Napoléon furent si intimement liées aux intérêts et à la gloire de la France, avec laquelle il s'était identifié ; son règne, personnification vivante d'ordre, de nationalité et de grandeur, rappelle des souvenirs si puissants; son génie se réflète encore avec tant de vigueur dans tout ce qui nous environne, que non-seulement on cherche l'histoire du monde dans sa propre histoire, mais qu'un intérêt réel, qu'une sympathie irrésistible nous poussent à étudier l'histoire de la famille Bonaparte même au delà de la vie politique de son glorieux chef.

L'étude de l'épopée républicaine et impériale serait en effet incomplète si on la limitait à la chute de l'empire; pour que cette étude soit complète, aussi bien au point de vue politique que philosophique, il faut, ce me semble, suivre la famille impériale au delà de sa ruine; il faut accompagner dans l'exil non-seulement le grand messie révolutionnaire, mais tous les Bonaparte, également vic

Les ANNALES NAPOLÉONIENNES m'ont semblé le complément indispensable de mon livre. Ces pages résument l'histoire de la famille impé

Elles forment l'analyse de la dernière partie d'un ouvrage complet que j'ai fait sur les Bonaparte, sous le titre de :

Histoire politique et privée de la famille Bonaparte: branches de Trévise, de Florence et de Corse ou impériale, XIII-XIX siècles.

riale pendant les trente et un ans qui se sont écoulés depuis la chute de l'empire.

La famille impériale se composait à l'époque de la seconde abdication de l'empereur des membres dont voici les noms et la position :

L'impératrice-mère, MADAME LÆTITIA, veuve de Charles-Marie Bonaparte, député de la noblesse de la Corse aux états généraux, mort à Montpellier le 24 février 1785, et dont elle eut les huit enfants suivants :

JOSEPH, ancien roi d'Espagne, époux de JULIE CLARY, dont il avait deux enfants, les princesses CHARLOTTE-NAPOLÉONE et CHARLOTTE-ZÉNAÏDE, anciennes infantes d'Espagne.

L'empereur NAPOLEON, son épouse l'impératrice MARIE-LOUISE, alors duchesse régnante de Parme, de Plaisance et de Guastalla, et leur fils, le Roi DE ROME, que les chambres des pairs et des députés venaient de proclamer empereur des Français, sous le nom de NAPOLEON II.

LUCIEN, prince de Canino, veuf de CHRISTINE BOYER, dont il avait deux filles, CHARLOTTE-MARIE et CHRISTINE-EGYPTA, et époux, en secondes noces, de Madame Alexandrine de BLESCHAMP, dont il avait quatre enfants, les princes CHARLES-JULESLAURENT, prince de Musignano, PAUL-MARIE, Louis et la princesse LÆTITIA.

Le prince EUGÈNE de Beauharnais, ancienvite roi d'Italie, prince de Venise et grand-do k réditaire de Francfort, fils de Joséphine, enim adoptif de Napoléon, marié à la princesse Acces AMÉLIE, fille du roi de Bavière, Maximilien-Jes dont il avait alors cinq enfants : les princesses SEPHINE et EUGENIE, le prince AUGUSTE-CHARS EUGÈNE-NAPOLÉON, et les princesses AntiAUGUSTE-NAPOLÉONE et THEODOLINDE-Loch-[( GÉNIE-NAPOLÉONE.

Et enfin la princesse STÉPHANIE DE BEACHDE nièce de l'impératrice Joséphine, fille adopt l'empereur, mariée au prince CHARLES-FREE Louis, fils aîné du grand-duc héréditaire à Bade.

Joseph, Lucien, Jérôme, Madame-mère, s la reine Hortense et le cardinal Fesch eurent s le temps de rejoindre l'empereur lors de sons tour de l'île d'Elbe; la seconde abdication de poléon trouva les autres membres dans l'exil les événements de 1814 les avaient jetés.

L'impératrice Marie-Louise et le roi de Rer étaient à Vienne, prisonniers et soumis à la sur veillance inquiète du gouvernement autrichie Julie et ses enfants étaient en Suisse, Louis était à Florence, la princesse de Canino et ses enfant étaient à Rome, ainsi que le prince et la princesse Borghèse; le prince Félix Bacciochi était à Por

La princesse MARIE-ANNE-ÉLISA, d'abord princesse régnante de Lucques et de Piombino, et en-logue, l'ancienne reine de Westphalie était reta suite grande-duchesse de Toscane, épouse du prince FELIX BACCIOCHI, dont elle avait deux enfants, la princesse NAPOLEONE-ÉLISA et le prince JEROME-CHARLES.

Louis, ancien roi de Hollande, époux de la reine HORTENSE DE BEAUHARNAIS, fille de l'impératrice Joséphine, dont il lui restait deux fils, le prince CHARLES-NAPOLEON-LOUIS, ancien prince royal de Hollande, grand-duc de Berg et de Clèves, et le prince LOUIS-NAPOLÉON.

La princesse MARIE-PAULINE, veuve du général EMMANUEL LECLERC, et épouse en secondes noces du prince CAMILLE Borghese.

La reine MARIE-Annonciade-CAROLINE, épouse de JOACHIM MURAT, ancien roi de Naples, dont elle avait quatre enfants: le prince NAPOLEONACHILLE, proclamé prince royal de Naples, la princesse LÆTITIA-JOSEPHE, le prince LUCIEN-NAPOLÉON - LOUIS - CHARLES-JOACHIM et la princesse LOUISE-JULIE-Caroline.

Et enfin JEROME, ancien roi de Westphalie, époux de la princesse CATHERINE, duchesse de Souabe, fille du roi de Wurtenberg, Frédéric II, et dont il avait deux enfants: le prince NAPOLEONJÉRÔME-CHARLES-FRÉDÉRIC et la princesse MAthilde-LætitiA-LOUISE-ÉLISA.

La famille impériale comptait en outre parmi ses membres, soit par alliance. soit par droit d'adoption: Le cardinal FESCH, archevêque de Lyon, frère utérin de Madame-mère et par conséquent oncle maternel de l'empereur.

née auprès de son père à Stuttgard; la reine roline et ses quatre enfants étaient au château Bambourg, près de Vienne, prisonniers des Atrichiens auxquels elle s'était confiée; le prine Eugène et sa famille se trouvaient à Munich, a a cour du roi de Bavière; la princesse Stéphans était auprès du grand-duc de Bade, son beau-pèr et enfin, l'ancien roi de Naples, Joachim, se tree vait près de Toulon, à Aubagne, attendant les dres de l'empereur, lorsqu'il y apprit le désastr de Waterloo.

La chute violente de l'empire entraîna néessairement la ruine de la famille impériale et aver elle un surcroît de persécution et de haine de la part des ennemis de la France. Ne pouvant reste Sur le sol français sans éprouver les vengeance sanguinaires dont les royalistes, dans l'orgueil d succès, menaçaient ouvertement les hommes avaient participé aux Cent-Jours, les membres la famille qui avaient rejoint l'empereur furent contraint de s'exiler et de chercher sur la terre étrangère la tranquillité et le repos que ne leur offrait plus la patrie en deuil.

Madame-mère, Élisa et le cardinal Fesch re prirent la route de l'Italie, avec l'espoir de trouver un asile auprès de Pie VII. Le saint-père avait conservé pour Napoléon et sa famille l'amitié la plus sincère; et les derniers malheurs de l'empe reur ne firent qu'ajouter à sa sympathie. Comme on pouvait s'y attendre, le vénérable Pie VII accueillit la mère de Napoléon avec le plus généreux

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