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A RENNES,
Chez R. VATAR, fils, libraire, place royale.

M. DCC. LXXXIX.

Fr 1325.539

HARVARD COLLEGE LIBRARY
FROM THE BEQUEST OF
CHARLES STUART BOWEN
APRIL 6, 1921

NUMERO PREMIER.

ASSEMBLÉE NATIONALE.

Du mercredi 2 septembre 1789.

CORRESPONDANCE DE BRETAGNE.

BULLETIN des correspondances réunies du clergé & de la sénéchaussée de Rennes.

Versailles, 31 août 1789.

I 'Affemblée nationale voit avec grand plaifir le bon ordre rétabli dans la ville de Rennes. M. le gardedes-fceaux a afluré que la mi ice nationale de cette ville auroit des armes, & on ne néglige rien pour qu'elles foit promptement délivrées.

Il a été appris, par le détail des féances, quelle étoit notre fituation. Nous croyons être au moment le plus intéreffant pour la liberté nationale.

Qu'entend-on par sanction royale?
Quand eft-elle néceffaire?

De quelle manière doit-elle avoir lieu ?

Telles font les queftions qui feront traitées ce matin. On ne peut le diffimuler que fi on avoit délibéré vendredi où famedi, fi la fanction royale eft ou non né ceffaire, l'affirmative eût infailliblement paffé; & cependant l'idée commune attachée au mot sanction, eft que fans elle la loi n'exifte pas, & que le roi et libre de l'accorder ou refufer; de forte qu'il auroit ai fi un veto royal, & pourroit oppofer & anéantir la volonté nationale.

Les citoyens qui tiennent à la rigueur des principes, penfent que le pouvoir législatif appartient à la nation; que la fanction ou le concours du roi ne peut pas lui donner le droit d'oppofer la volonté générale; fans quoi il confondroit en lui les pouvoirs législatif & Abonnnement de feptembre.

exécutif, & feroit un vrai defpote. Ils penfent qu'il étoit inutile d'anéantir les veto d'ordres pour en établir un royal, ou plutôt miniftériel, parce qu'on fait bien que ce n'eft pas le roi qui fe détermineroit à refuser la fanction.

D'autres croient que pour la dignité royale on pourroit accorder au roi un veto fufpenfif, & par exemple d'une feffion à l'autre, en admettant la permanence des affemblées nationales d'année en année.

Enfin, les partifans du pouvoir royal veulent que le veto du roi puiffe être abfolu, & que la loi ne puiffe paffer fans fon confentement; qu'il foit libre de le refuser tant qu'il voudra.

Ce dernier parti paroît être celui de prefque tout le clergé & la nobleffe. Ils efpèrent qu'en le faifant paffer, ils parviendroient à annuller nos précédens décrets par le refus de la fanction royale. On remarque, depuis quelque temps entr'eux & une partie affez nombreufe des communes, une coalition propre à alarmer fur le fort de la liberté nationale.

&

Il ne faut cependant pas défefpérer que la bonté des principes avoués dans la déclaration des droits, que chacun de fous fe fera un devoir de développer, ne rappelle une partie de l'affemblée à l'efprit de liberté, & ne réduife le veto à être fufpenfif. Nous n'ofons nous flatter qu'il foit abfolument profcrit; mais fi par malheur il étoit, admis abfolu, on auroit entièrement perdu tout l'effet des efforts qui ont été faits jufqu'ici pour le maintien de la liberté ; & la nation feroit réduite à de nouvelles peines pour la récouvrer. Notre malheur vient de ce que la multiplicité énorme des abus ne peut être réformée fans bleffer les intérêts de beaucoup de monde, & tous ces intéreffés n'ont pas le courage de faire généreufemet les facrifices que le bien public exige. Ils fe rangent de plus ou moins près du côté de l'ariftocratie,qui cherche a renaître de fes cendres.

QUERU DE LA COSTE, recteur de Saint-Jean, com.miffaire & fecrétaire de la correfpondance pour le alergé.

SEVESTRE, Secrétaire, membre du bureau de correfpondance établi par les communes de la féné chauffée de Rennes,

A VIS.

Ceft à regret qu'au milieu des grands intérêts dont la difcuffion tient toute la France en fufpens, je viens aujourd'hui diftraire le public par une miferable affaire à peine digne de le fixer quelques momens. Si je ne m'étois décidé que d'après moi, j'aurois gardé le filence. Mais on m'a dit que je devois parler; je parlerai donc malgré ma répugnance à occuper autrui de ma perjonne. Voici le fait en peu de mots: Il y a environ trois mois que parut une prétendue critique de nos charges. A cette époque notre cahier avoit été sé&applaudi. Une production écrite en stile de laquais, où je montroient à découvert la haine, l'ignorance & la mauvaije foi, n'étoit pas faite pour changer l'opinion publique qui avoit fi hautement prononcé. Comme membre de affemblée refpectable qu'on attaquoit avec tant d'indécence; comme témoin de l'efprit de paix, de juftice, de religion, qui avoit préfidé à fes opérations, je promis publiquement une réponse à ce qui n'en méritoit aucune. Mon zèle pour la gloire d'un corps dont je chercherai toujours à me rendre digne, & qui m'avoit honoré de quelque confiance, beaucoup plus que l'envie de me venger de quelques plattes injures, me détermina à prendre ce parti. Du moment que j'eus contracté cet engagement, je m'occupai des moyens de le remplir. Je me traçai un plan affez vafte pour répondre, non pas feulement aux objections de notre petit cenfeur, Ja cenjure n'eft qu'un tiffu groffier de froides déclamations, d'alertions calomnieujes, invraisemblables,) mais à celles qu'auroit pu faire un ariftarque plus adroit & plus éclairé. L'ouvrage eft à-peu-près conduit à fa fin, & il ne faudroie que le travail de quelques jours pour le terminer. Ma lepuis plus d'un mois je l'ai totalement abandonné. Mes raiJons, les voici je défie tout homme impartial & fenfé de les trouver mauvailes.

10. Lorfque je m'obligeai à répondre, j'invitai l'auteur de La critique à le faire connoitre. Il s'eft obfiiné à garder l'anonyme. Ne convient-il pas de laifer dans l'ombre l'homme vil g qui ne trouve que là ja fûreté?

20. Cette production de ténèbres, malgré les moyens infames employés pour la répandre & l'accréditer, eft tombée, prefqu'en naiffant, dans un profond oubli. Pourquoi La faire revivre par une réfutation ferieufe? Une réponje, meme bien faite, ne pourroit infpirer aucun intérêt.

30. Je m'étois beaucoup étendu fur la légitimité de notre

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