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que le ciel les deftinoit l'un pour l'autre, les voyant déja unis par leur vertu & par la gloire qui venoit de les couronner. Ils ont paffé fur quelques difficultés qui, fans cette circonftance, auroit pu s'oppofer à leur union; enforte que la fete s'eft terminée de la maniere la plus touchante pour les fpectateurs, la plus intereffante pour ce couple dont elle affure le bonheur, que pour ceux qui y ont coopéré.

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Je termine, Mellieurs par cette réflexion : Maintenant qu'on réduifé cette inftitution à fa jufte valeur, c'eft le don des deux médailles, du poids environ d'une once d'argent; mais fi on calcule ce que l'opinion ajoute à leur prix, on en conclura qu'avec de très-petits moyens on preCoft fouvent un grand bien.

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MOYENS de faire éclorre artificiellement, & d'élever des poaters pendant les plus grands froids, par madame GACON D'HUMIERES.

Tout le monde fait que le produit des couvées offre une grande reffource dans l'économie rurale quand il eft furveillé par une ménagere active & intelligente, & qu'au contraire d'eft fort pen de chofe, fi la ménagere eft négligente & fans interêt. Un propriétaire qui vit fur fes terres, doit avoir une perfonne à fa main, fur laquelle il puiffe compter comme fur lui-même, & qui foit en ontre active & intelligente. Il et même poflible, quand on trouve une perfonne qui réunit ces qualités de lui affermer fa baffe-cour, en ftipulant qu'elle donnera tant d'oeufs par femaine, tant de poules & de poulets à telle époque. C'eft le moyen d'éviter une foule de détails importans & qui ne vous garantiffent pas des accidens vrais ou fitulés. On peut même dire que, fans cette précaution, on reçoit tout-à-la-fois, c'est-à-dire, dans le tems où les poules pondent beaucoup, &

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l'on fe paffe de tout lorfque les œufs commencent à devenir rares ou fe vendent un peu plus cher au marché.

La durée de la ponte des œufs n'eft pas la même par toute la France. Dans les départemens du midi, elle recommence de meilleure heure, c'est-à-dire, en janvier, & continue jufqu'en feptembre; dans les autres, elle ne recommence qu'au mois de mars, pour finir aux premiers froids. Il éft évident que, fi les poules étoient toujours à la même température, elles pondroient pendant toute l'année, excepté pendant le tems de la mue, Aut fe procure-t-on une plus grande quantité d'œufs pendant l'hiver, fi l'on établit le poulailler près ou derriere un four, & fi à la nourriture ordinaire on ajoute du chenevis ou de l'avoine. On n'a qu'à voir, dans les campagnes, les pauvres femmes qui n'ont qu'une ou deux poules qu'elles foignent pour leur intérêt ; Il eft bien rare qu'elles ne pondent pas chaque jour. M. l'abbé Rozier en a vu une qui, chaque foir, avant que la poule fût fe hucher, & pendant l'hiver, lui chauffdit fortement le derriere, & chaque jour elle donnoit un cenf. Il ne faut pas craindre, dit-il, que ĉe procédé épuife une poule on produit par art de que la nature feroit fi les circonftances étoient égales. Enfin, il eft conftat que les poules qui ont couché pendant tout l'hiver dans un liet chaud, qui ont été bien nourries au grain, font lés premieres à couver; & les couvées hatives ont un grand avantage fur les couvées tardives, fur-tout lorfqu'on les define à donner des chapons ou des poulardes.

Mais il feroit précieux pour une bonne menagere d'avoir un moyen fimple, für & peu coûteux de faire éclorre & d'élever des poulets pendant les rigueurs de l'hiver. Madame Gacon d'Humieres, qui a déja donné plus d'une preuve de fon intelligence en fait d'économie champêtre & domeftique, a adreflè à la fociété d'agriculture les détails d'une expérience que cette compagnie a fait inférer dans fon Trimefte d'hiver 1789, & que nous croyons devoir rapporter ici..

» Une expérience, fouvent répétée, dit Madame Gacon d'Humieres, m'a mife en état d'affarer avec confiance que le procédé que j'ai employé pour faire éclorre & pour élever des poulets dans la faifon la plus froide, eft le plus fimple & le moius difpendieux, & que ce procédé eft immanquable.

Il y a prefque du hafard dans ma découverte. J'avois tenté nombre d'expériences où j'avois échoué; j'avois effayé les fours inutilement; j'avois auffi effayé l'eau échauffée par gradation an degré du thermometre. Cette eau m'avoit bien fait éclorre un poulet fur vingt-fix oeufs; mais la difficulté de le tirer de fa coquille, & l'humidité qui l'avoit néceffairement frappé, & qui lui étoit fort contraire, l'avoit fait périr à l'inftant de fa naiffance. Une paire de pigeons que j'aimois beaucoup, & que j'avois habitude de laiffer, pendant l'hiver, dans mon appartement, n'éprouvant aucune influence de la faifon, pondoient périodiquement, faifoient naître des petits, & les élevoient comme dans le printems. Une fois, rifque de perdre une couvée, je tentai de fubftituer aux oeufs de ma pigeonne (de la groffe efpece des oeufs de poule. Elle les couva avec beaucoup de foin, & au terme fixé pour la naiffance des poulets, ils furent éclos. J'avois guetté J'inftant où ils devoient éclorre, pour les ôter de deffous la pigeonne, qui les auroit fait mourir en leur dégorgeant à manger. Je les mis bien vite dans de la mouffe très fine & du petit foin; je leur donnai pour nonrriture du millet & de la mie de pain bien émiée. Au bout de trois jours ils couroient dans mon appartement. Voilà, en peu de mots, ma découverte ou mon expérience comme il plaira de la nommer.

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L'hiver fuivant, j'en fis éclorre fix paires de la même maniere. L'inconvénient de les élever deux par deux étoit fort embarraffant, & rendoit la découverte très - difpendieufe par la quantité de monde qu'il auroit fallu pour les foiguer pendaut les quatre ou cinq premiers jours après leur naiffance. Les fix paires nous avoient occupées, ma

femme-de-chambre, ma fille de baffe-cour & moi. Il falloit leur donner à manger à toutes minutes les remettre avec précaution dans la mouffe, fur-tout tenir l'appartement à un degré de chaleur prefqu'égal à celui néceffaire pour les faire éclorre. Voici l'expédient auquel j'eus recours.

J'avois employé plufieurs fois la méthode de faire mener, daus le printems, mes poufins par des dindes couveufes. Cette méthode est bien précieuse, en ce que la poule à qui on a ôté fes pouffins, pond de nouveau auffi-tôt après fa couvée. Il faut obferver que ces dindes ne menent les pouffins qu'après qu'elles ont elles-mêmes fait leur ponte.) Je me fervis, pour ma nouvelle expérience, de cette méthode.

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Je mis dans un grenier bien fermé, dont la fenêtre étoit au midi, cinquante-deux paires de pigeons, & je leur donnai à chacune deux œufs de poule à couver. Je fis placer, dans le grenier, poële de terre, entouré d'un treillage à petites mailles, pour que les pigeons ne fe brûlaffent pas les pattes, & feulement pour que leur eau ne gelât pas. J'avois eu la précaution d'enfermer deux dindes dans un endroit très-chaud, & je ne leur avois donné à manger que des graines échauffantes, pour avancer leur ponte. Aufli-tôt que mes poulets furent éclos, je fis laifler à mes dindes leurs œufs dans leur nid, je les grifai bien, & après les avoir endormies, je mis les petits poulets fous leurs alles. A leur réveil, elles les me nerent; elles les couverent après, & gloufférent pour les faire manger.

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Cette année-là, j'en élevai quarante-fix paires de mes cinquante-deux; &, deux années de fuite que j'ai fait mon expérience, elle m'a réuffi.« Nous engageons nos foufcripteurs à répéter, cet hiver, nue expérience aufli facile à faire, & à nous adreffer leurs résultats avec toute l'exactitude dont ils font capables, en tenant compte des quantités, des jours, des heures même, s'il fe peut.

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(Feuille du cultivateur.)

II L

MOYENS de nourrir & de faire travailler les abeilles pendant les plus grands froids, & de les préferver des dangers de cette faifon; par Mde. GACON D'HUMIERES.

Quand on confidere combien le climat de la Fran ce, en général, eft favorable à la culture des abeilles, &, d'un autre côté cependant, quelles fommes nous payous à l'étranger pour les cires qu'on importe chez nous, on a le droit de fe plaindre de la négligence des cultivateurs à cet egard. On regrette particuliérement que l'édu cation des abeilles n'attire pas toute l'attention - des habitans des campagnes, dans les lieux of un terrein ingrat foutient à peine lent mifere, Ce feroit pour eux un moyen bien fimple & peu difpendieux d'acquérir une certaine aifance. La plupart ne l'ignorent pas, mais ils font rebutés par quelques exemples malheureux de ceux qui étoient peu inftruits des vrais principes de cette éducation, ou qui ont perdu leurs abeilles pendant les grands hivers, ou perdu la meilleure partie de leurs profits, parce qu'ils fe font vus forcés, à défaut de plante & de fleurs de les Dourrir de leur miel.

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C'est done un fervice effentiel à leur rendre que de les éclairer fur les moyens de parer à ces inconvéniens; c'est pour eux que nous allons extraire un petit mémoire fort intéreflant de Mde. Gacon d'Humieres, qui fe trouvé dans le recueil de la fociété, royale d'Agriculture, tris meftre d'hiver 1789.

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Si je fais travailler les abeilles pendant les grands froids, c'est que je les aurai garanties des rigueurs de cette faifon, c'eft que je les aurai Dourries. Travailler, c'eft vivre pour ces prés cieux infectes. La difficulté n'eft donc que de les garantir & de les faire vivre, fans qu'elles fe nourriffent de leur miela)

faut faire fceller, dans le mur qui les abrite du nord, des perches très-longues, pour rece

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