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dont le grain eft fin & rougeâtre. Cette poterie n'est pas plus cuite que l'argille rouge avec laquelle les' Péruviens font des vafes, & les Africains les pipes? rougeâtres où l'on remarque des portions de mica. jaune brillant, qu'on regarde fauffement comme des paillettes d'or. Si on fait éprouver à ces poteries un degré de feu fupérieur à celui qui eft néceffaire pour donner à la chaux de fer que l'argille contient une couleur rouge, elle devient noirâtre acquiert beaucoup de dureté, & diminue de volume de près d'un fixieme. La terre bolaire jaunė expofée au feu paffe par le même état.

Les couleurs des vafes étrufques font pour le fond, le brun noir avec des figures ou des def fins d'un rouge briqueté. La caffure de cette po- ! terie offre un grain fin & rougeâtre. Elle happe à la langue & fe laiffe pénétrer d'eau, ce qui indi-i que que l'argille qui entre dans fa compofition a été peu cuite.

La couverte noire des vafes étrufques me paroît due à de la chaux de plomb mêlée de manganefe. Ayant expofé à un feu violent un taiffon de vafe étrufque, la couverte a pris une couleur d'un gris noirâtre, & s'eft un peu bourfoufflée. Les parties du vafe étrufque qui étoient d'un rouge briqueté font devenues d'un rouge brun.

Les deffins rougeâtres qu'on remarque fur les vafes étrufques, ne font que le fond coloré de la terre argilleufe qui a fervi à faire cette poterie, fond fur lequel il y a un léger enduit de verre de plomb. La couleur noire a donc été mife après qu'on a eu deffiné les figures du vafe.

Les Tofcans du tems de Porfenna portoient à une fi grande perfection leurs poteries, que fons l'empire d'Augufte on les eftimoit autant que des va• fes d'or & d'argent. Ces vafes étrufques fervoi ent aux cérémonies des facrifices, à orner les appar temens & les buffets, mais ils n'étoient pas employés pour faire cuire les mets.

Il y a à la manufacture de porcelaine de Seves, une très-belle collection de vafes étrufques remarquables par la variété & l'élégance de leurs formes.

Tome Ier.

Il ne faut pas confondre ces poteries avec les vafes murrhins qui étoient faits avec l'efpece d'a-gathe connue fous le nom de Sardoine (*), dont la conleur et d'un rouge brun, avec des zones ou bandes d'un blanc mat. Il y a des agathes d'un gris jaunâtre, plus tranfparentes que la précédente, auxquelles on a aufli donné le nom de Sardoine. M. l'abbé Chappe en avoit apporté une grande quantité de Siberie, dont les plus volumineufes n'excédoient pas la groffeur d'un œuf. Toutes avoient été roulées. Dans ce nombre il y en avoit d'un rouge brun.

La cornaline, qui eft uue agathe rouge, fut autrefois défiguée par le mot Sarde, parce que cette pierre fe trouvoit près Sarde ou Sardes, ville fort ancienne de l'Afie mineure, qui fut capitale de la Lydie, où Créfus réfidoit.

La fardoine ne s'eft pas encore trouvée en Allemagne ni en France; l'Afie paroit être la contrée où elle eft abondante.

Pline a fait mention de la fardoine dans fon trente-leptieme livre de l'hiftoire-naturelle, fous le pom de pierre murrhine ou mirrhine; elle fe trouvoit, dit-il, dans plufieurs endroits de l'Orient & de la Perfe.

"Oriens murrhina mittit, fed in pretio varietas 1⁄2 colorum, fubinde circumagentibus fe maculis in "purpuram candoremque, & tertium ex utroque „ignefcentem, veluti per tranfitum coloris in pur"pura aut rubefcente lacteo.

Wallerius défuit la fardoine, page 278 de ses Elémens de mineralogie, 1772

Achates fardonis femipellucida nebulofa, fixa"tis venis vel maculis donata, rubentibus aut : » nigrefcentibus. «

Bline rapporte que Pompée ayant triomphé des pirates d'Alie, apporta à Rome, les premiers vafes murrhins: chacun dit-il, en voulut avoir,

(*). La fardoine

de même que toutes les agathes, étant exposée au feu, y perd få transparence & y devient d'un blanc mat.

quolqu'ils fuflent très-chers, puifqu'une conpe qui tenoit environ deux pintes, fut vendue cent seixante-dix mille livres.

Titus Petronius étant à l'article de la mort, fe fit apporter un vafe murrhin qu'il avoit acheté fept cens vingt mille livres, & le mit en pieces pour empêcher que Néron n'en parât fon buffet. Ce tyran avoit acheté une coupe femblable un pareil prix, & en avoit raffemblé une prodigieufe quantité, dont la plus grande partie avoit été enlevée à ceux à qui elles appartenoient.

Il y a daus le cabinet du garde-meuble de la couronne, cinq à fix vafes murrhins de la plus grande beauté, & d'une capacité au moins égale à celle dont Pline a fait mention. Ces vafes avoient appartenu à Charles-le-Téméraire, dernier duc de Bourgogne, le même auquel le diamant connu fous le nom de Sancy avoit aufli appartenu.

On remarque dans le cabinet du garde-meuble de la couronne (*), cinq ou fix vafes en héliotrope de la plus grande beauté. Cette pierre verte de couleur de malachite, demi-transparente, eft très-rare, elle me paroit être une agathe jaspée. J'ignore ce qui peut lui avois mérité le nom d'héliotrope, qui eft compofé de deux mots grecs HALOS & TRETTES je tourne au foleil. Seroit-ee parce que cette pierre qui paroît opaque, acquiert d'autant plus de tranfparence, qu'elle ett exposée à un plus grand jour ?

(Journal de physique, &c.

(*) J'ai fait il y a huit ou dix ans, par ordre du roi, la description de ce cabinet, qui m'a paru renfermer des chofes uniques, entr'autres des vales de fardoine de lapis, &c. Depuis peu on m'a chargé d'en faire l'appréciation, je ne l'entrepris qu'à l'aide d'un jouaillier célebre, M. Nitot nous ne portâmes les vales étrufques le plus haut qu'à vingt-quatre mille livres, quoique dans le fait ils foient fans prix, mais je les appréciai ce que j'en aurois donné,

AGRICULTURE. ÉCONOMIE.

INDUSTRIE. COMMERCE.

I.

ENCOURAGEMENS donnés à l'agriculture & aux bonnes mœurs.

'ANTOINE-ALEXIS CADET (DE VAUX), de la Société royale d'Agriculture, &c. &c. adminiftrateur du département de Seine & Oife, aux rédacteurs de la Feuille du cultivateur.

De Franconville-la-Garenne, le 31 octobre 1791,

MESSIEURS, défirant encourager, à Fran

Couville-la-Garenne, l'agriculture & les vertus rurales, j'y ai inftitué une fête, qui a eu lieu dimanche dernier.

C'eft un prix, confiftant en deux médailles qui doivent être annuellement diftribuées, l'une a un jeune garçon qui aura le mieux cultivé l'héritage de fes peres dans le cours de l'année; l'autre à une jeune fille qui, aux vertus de fon fexe, réunira les qualités de bonne ménagere. Cette médaille et celle que la fociété d'agriculture diftribuoit aux affemblées générales des comices agricoles, & que plufieurs cultivateurs recom

mandables fe font trouvés honorés d'avoir obtenue. La municipalité affemblée, a défigné les quatre garçons & les quatre filles qu'elle a jugés les plus dignes du prix. Les garçons font, Jean-Henri Bertin Louis Pallette, Nicolas Mercier & Pierre Louvet; les filles font, Magdeleine Guérin, Genevieve Henoch, Marie Aufrai & Genevieve Géniffon. Cinq des plus anciens habitans du pays, & cinq des femmes les plus âgées, réunis avec le maire & trois des officiers municipaux, devoient faire un choix parmi les concurrens. Mais les deux comités ayant craint de prononcer entre les fujets, qui leur paroiffoient mériter également la couronue, & defirant prévenir toute jaloufie, ont arrêté que le fort en décideroit. Il a favorifé Louis PalLETTE, âgé de 28 ans, & Magdeleine GUÉRIN, âgée de 24 ans.

Je vous prie, Meffieurs, de vouloir bien confacrer leur nom dans vos feuilles, & les détails fuivans de cette fête rurale.

Dimanche, jour fixé pour la cérémonie les trois compagnies du bataillon, & la brigade de la gendarmerie nationale, ont été à la mairie, où s'étoient réunis les officiers municipaux & les deux jeunes gens accompagnés de leurs pere & mere; nous nous fommes rendus à l'églife. Notre curé ami de la conftitution & des moeurs, a vu avec joie la religiou concourir à confacrer cette fête en l'honneur de la vertu & de l'agriculture. A Tiffue de la meffe j'ai prononcé un difcours, à la fuite duquel ont été diftribuées les médailles.

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La cérémonie s'eft terminée par un repas, quel j'avois invité la municipalité, quelques officiers du bataillon, les deux jeunes gens & leurs pere & mere.

Permettez-moi, Meffieurs, d'ajouter une circonftance qui ne fera pas faus intérêt pour les ames fenfibles; les deux jeunes gens, dont le fort avoit affuré la gloire, s'aimoient. Cet amour éprouvoit quelques obftacles. A la fin du repas les parens, émus du fpectacle attendriffant de cette fête, n'ont pas pu réfifter à donner leur confentement au mariage des jeunes gens; ils ont cru

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