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Je crois très-poflible qu'on ne trouve point de calcaire fecondaire ou coquillier dans les illes de la mer du fud, fituées entre le 130e. degré de longitude & le 280e., ainfi que dans les terres les plus voifines du pole auftral, & qu'ailleurs il fût d'autant moins élevé, qu'il s'approcheroit de ces limites (*).

Le retour d'un voyage dans les montagnes primitives, doit être employé à la récolte des ro ches de différentes efpeces, dont les variétés peuvent être immenfes, tant par les combinaisons de plufieurs fubftances, agrégées ensemble en différent nombre & en différentes proportions, que par la diverfité des couleurs, de la dureté, de la ineffe de la pâte, &c. &c. &c. Ce genre de montagnes eft le plus beau champ pour les travaux & les recherches du naturalife qui connoît l'im. portance de la lythologie, & quelque longue que fût une ftation dans le voisinage de ces montagnes, il pourra toujours employer fon tems d'une ma niere utile pour la fcience & agréable pour lui.

Nous favons que la plupart des ifles de la mer du fud font volcaniques; il eft poffible aufli que les terres Auftrales, la Nouvelle-Hollande, la Nouvelle-Zélande, aient des volcans brûlans & éteints. L'inflammation actuelle ou moderne des volcans eft trop facile à déterminer, pour qu'il foit néceffaire de rappeller les caracteres qui les indiquent. Je dirai feulement qu'il faut s'attacher particulièrement aux laves compactes & aux ma

(*) On conçoit bien que je ne parle pas de ces rochers de corail, qui rendent fi dangereufe l'approche de toutes les terres dans la mer du fud; ceux-ci feront les pierres calcaires qui fe trouveroient vers les fom mités des montagnes, s'il arrivoit que la maffe des eaux éprouvât encore un déplacement; mais ces prov ductions de polypes ne peuvent pas être regardées comme de véritables pierres calcaires, jufqu'à ce que l'infiltration, en remplissant toutes leurs cavités, en ait fait des maffes compactes.

tieres que les volcans peuvent avoir rejetées fars altération; tous les autres produits ne font que des modifications de ces matieres fondamentales. Cependant il eft bon d'en faire la collection, & pour faciliter leur récolte, j'ofe préfenter le tableau fyftématique que j'ai fait, dans lequel j'ai placé toutes les fubftances qui peuvent être réunies daus une montagne volcanique. Quant aux volcans éteints, & fur-tout ceux d'un ancien âge il eft plus difficile de les obferver, d'étudier leurs productions, & même, de conftater leur existence. Les laves compactes n'ont point de caracteres qui prouvent évidemment l'action du feu; leur coufeur, leur grain, leur dureté, leur pefanteur, leur configuration varient à l'infini, & il n'eft aucun de ces caracteres extérieurs qui ne leur foit commun avec les produits de la voie humide. La réunion de toutes ces circonftances locales eft néCeffaire pour conftater la nature de l'agent qui a travaillé & modifié ces pierres; je me permets de prier d'avoir égard ce que je dis à ce sujet dans une lettre inférée dans le Journal de phyfi que de feptembre 1790, fur l'origine du bafafte. Le Daturalifte qui auta trouvé des volcans éteints recherchera principalement s'ils ont été fous-marins, fi leurs productions font couvertes ou entre-mêlées de bancs calcaires, s'il y a des dépôts de corps marins, s'il exifte de la zeolite ou quelqu'autre genre d'infiltration dans les laves poreufes & dans les fcories, &c. &c.

Je ne donnerai pas une plus grande extenfion à ces notes, qui auroient pu former un volume, fi j'avois voulu y comprendre tous les fujets fur lefquels il nous importe d'avoir des renfeignemens. Les connoiffances & le zele de MM. les minéra logiftes qui fe dévouent à ces recherches, nous aflurent qu'ils ne négligeront aucune des obfervations qui feront à leur portée je n'ai pas la ridicule prétention de leur tracer une marche préçife; mieux que moi, ils connoiffent l'importance de leur miffion, & ils preffentent les lumieres qu'ils peuvent répandre fur les feiences; j'ai feulement défiré leur rappeller quelques objets impor

taus, qui fe lient plus particulièrement à l'ancienne hiftoire de notre globe.

(Journal de phyfique, &c.)

I I.

EXAMEN de quelques pierres & terres employée à faire des poteries; par M. SAGE.

Les hommes ont recherché les matieres les plus propres à former les pots ou marmites néceffaires pour contenir leurs boiffons & faire cuire leurs alimens. Peut-être ont-ils commencé par creufer des pierres; au moins eft-il certain, que dans l'antiquité la plus reculée, les poteries & les marmites ent été faites pour la plus grande partie avec l'efpece de pierre connue fous le nom de pierre øllaire (*), laquelle forme des montagnes confidérables dans plufieurs contrées. Elle paroît, ainfi que le schorl en roche (**), d'aufli ancienne formation que le granit.

La pierre ollaire, la ftéatite & le fchorl de roche ne fervent point de gangue aux métaux, mais renferment feulement quelquefois des cryftaux de mines de fer octaëdres, attirables par l'aimant.

La couleur de la pierre ollaire employée par les anciens eft d'un gris cendré, elle eft imperméable à l'eau, & très-difficilement attaquée par les acides, à l'action defquels elle réfifte, lorf qu'elle a éprouvé un feu affez fort pour la blanchir. Elle y acquiert auffi beaucoup de dureté.

Les terres magnéfienne & alumineufe font la bafe de la pierre ollaire. Celle qui a été employée par les Romains fe tiroit de la montagne de Conta

(*) Lapis corneus auctor.

(**) Serpentine, colubrine, gablira des Florentins, Les mots lapis ollaris, lebetum lapis, de même que lavezzo ou lavegio des Italiens, veulent tous dire pierre à marmite.

dans le pays des Grifons, près le lac de Come. Cette montagne avoit été travaillée fans interruption depuis le commencement de l'ere chrétienne jufqu'au 25 août 1618, qu'elle s'écroula par les fouilles qu'on y avoit faites, & enfevelit la ville de Plurium, aujourd'hui Plems. On prétend qu'un tremblement de terre concourut à cette cataf trophe.

Scaliger dit que les Grifons travaillent la pierre ollaire avec une telle facilité, qu'ils en détachent des chaudieres prefqu'aufli minces que fi elles étoient de métal battu; & la dextérité des Grifons eft telle qu'il ne fe trouve prefque rien de perdu dans le bloc dont ils font fortir fucceffivement des vafes de diverfes grandeurs, jufqu'à ce qu'il ne reste que les pots les plus petits poflibles. Ces vafes font enfuite remis les uns dans les autres, & font fi contigus, qu'ils ne femblent faire qu'une feule maffe. C'est dans cet état que les Grifons les portent aux foires; il eft rare qu'il s'en caffe dans le tranfport. On vendoit, dit Scaliger, par année, pour plus de foixante mille ducats de ces vafes de pierre ollaire, qu'on entouroit souvent de cercles & d'anfes de fer.

La pierre connue fous le nom de ferpentine de Corfe, pourroit être employée aux mêmes ufages. Celle-ci a fouvent une teinte verte qu'elle doit à du fer; elle eft quelquefois demi-transparente & fufceptible du poli, tandis que celle du lac de Come ne l'eft pas. La ferpentine de Corfe devient blauche & opaque au feu, comme la pierre de Come, elle y perd fon poli qu'on pourroit lui rendre, & qu'elle confenveroit plus long-tems, puif qu'elle acquiert beaucoup de dureté au feu.

La ferpentine eft abondante en Corfe; pourquoi ce pays n'en tire-t-il point parti, ce qui feroit aifé en fe procurant le modele de la meule & de la roue à couteaux que les Suiffes emploient pour tourner la pierre ollaire de Come.

La ftéatite pure & compacte, telle que la pierre de lard de la Chine, pourroit être également employée à faire des pots qui acquerroient de la fefidité au feu. On trouve dans le Briançonois de

la ftéatite en grande quantité. Je ne doute pas qu'il ne fe trouve aufli de la pierre ollaire en France, & qu'on en tire un jour parti pour la fubftituer à ces poteries groffieres dont le peuple fait ufage, lefquelles font plus ou moins malfaifantes.

Les poteries groflieres qu'on nomme terres verniffées, ont pour bafe l'argile arénacée. Les vafes qu'on en prépare au tour étant peu cuits, fort perméables. Pour obvier à cet inconvénient on les enduit de chaux de plomb, & ou les expofe une feconde fois au feu. La chaux de plomb s'y vitrifie, & forme un enduit jaune brillant, qui eft du verre de plomb foluble dans les acides & attaquable par prefque tous les fels. Si l'enduit vitreux de ces poteries eft verd, il doit cette couleur à la chaux de cuivre. qu'on a mêlée avec celle de plomb qui est toujours le fond de l'enduit de cette efpece de poterie, à laquelle on donne une couleur brune ou noire par le moyen de la marganefe. La fayence ne partage pas la propriété malfai fante des poteries dites verniffées, parce qu'elle eft enduite d'émail infoluble dans les acides, quoique formé de chaux de plomb & d'étain Lorsque la chaux de plomb ne domine pas dans le verre elle eft infoluble dans les acides, & ne se volatilise pas au feu le plus violent.

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La pierre ollaire pure & la ftéatite peuvent entrer avec avantage dans la confection de la porcelaine. Cette efpece de poterie n'eft autre chofe qu'au grès blanc dont les afpérités font recouvertes d'un enduit vitreux. L'argile eft auffi la base de cette poterie, mais l'argile fe fendillant par l'action du feu, ne pourroit fervir feule à faire le bifcuit d'une poterie quelconque. Auffi pour faire le grès le mêle-t-on avec l'argille cuite & pulvérifée, & pour faire la porcelaine on remplit les pores de l'argille avec une terre qui réfifte à l'action du feu, telles que la féatite, le kaolin & les pierres ollaires.

Les vafes étrufques offrent une poterie plus remarquable par l'élégance des formes que par la variété de leur couleur & la nature de leur pâte,

dopt

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