Page images
PDF
EPUB

ouvre pour aller lui parler fur fon vaiffeau, comme ils en étoient convenus. Ce rendez-vous d'Eurymaque le fauve, pendant que les autres font immolés à la colere d'Ulyffe. Lé vainqueur, déja reconnu de fon peuple pour ce roi dont on avoit tant pleuré la perte, arrive triomphant au château, & voyant les portes ouvertes malgré fes ordres, il fe rappelle qu'Eurymaque avoit échappé à fa vengeance. Son courroux se réveille avec fes foupçons. Ayant appris qu'on avoit vu Eurymaque prendre le chemin du port, fe hâte de le poursuivre, & le trouve fur fon vaiffeau avec Imene. Eurimaque tombe fous le fer du héros, & Ifmene, après avoir par fes transports mis en évidence l'innocence de la reine, fe jette dans la mer. Ulyffe, de retour dans fon palais, y retrouve Pénélope, qui déja inf. truite par Télémaque de l'iffue du combat, & du conftant attachement d'un époux tant défiré, vole à fa rencontre.

il

Cet ouvrage, d'un auteur auquel la langue fuedoife doit déja plus d'un chef-d'oeuvre, a été mis fur la fcene avec la plus grande pompe. Les rôles ont auffi été rendus avec tant de vérité, que des étrangers qui n'entendoient pas un mot de la langue, ont fuivi les représentations avec l'intérêt le plus marqué.

(Stockholms poften, &c. ) !

HISTOIRE-NATURELLE.

PHYSIQUE.

CHYMIE. BOTANIQUE.

1.

NOTES communiquées à Mrs. les naturaliftes, qui font le voyage de la mer du fud & des contrées voifines du pôle auftral, lues à la fociété d'hiftoire-naturelle de Paris, le 29 juillet 1791, par M. DEODAT DE DOLOMIEU.

Les premiers navigateurs qui prolongerent les

côtes de l'Afrique, & qui doublerent le redontable cap des Tourmentes , pour parvenir aux contrées qui fourniffent les aromates; les aventuriers qui, après la découverte d'un nouveau monde tenterent de pénétrer dans le vaste continent de l'Amérique, y furent excités par le défir des richeffes; l'or & l'argent étoient l'unique objet de leur entreprise, ils étoient les feuls prix qu'ils miffent à leurs travaux ; ils parcoururent en bêtes féroces des pays qui avoient le malheur d'offrir des appas à leur infatiable cupidité, ils en détruifirent les habitans, pour s'emparer de quelques ornemens faits avec les métaux précieux, qui n'étoient d'aucune valeur pour ces hommes pailibles, & dont la feule vue enflammoit les paffons de ces barbares Européens. Ces farouches

Conquérans étoient dévorés d'une telle ardeur pour l'or qu'elle n'auroit pas été appaifée, lors même que les montagnes qui en receloient des filons d'une richeffe immenfe, en euffent été entiérement compofées. Si les fciences ont retiré quelques avantages des recherches qu'ils firent, pour trouver & exploiter les mines, elles ne leur doivent point de reconnoillance, puifque jamais aucun objet d'inftruction n'eft entré dans leurs vues. Des motifs plus nobles ont déterminé les voyageurs qui, dans ce fiecle, ont entrepris les navigations les plus périlleuses, qui fe font dévoués aux courfes fes plus pénibles; le défir détendre le domaine de la nature, la foif des connoiffances nouvelles, aufli ardente que celle de l'or, leur a fait braver tous les dangers; & la gloire, qui étoit leur unique but, a été aufli leur récompenfe. Les fciences ont reçu des mains des voyagents naturaliftes des obfervations fi curieufes, des productions tellement variées, que les richefes des deux regnes organifés paroiflent inépuifables. Mais la minéralogie femble avoir été toujours facrifiée à la zoologie & à la botanique. Ces deux regnes ont acquis une extenfion immenfe, pendant que le troifieme a été prefqu'entiérement négligé, foit que l'étude de la matiere inerte ait moins d'attraits que la contemplation de celle qui jouit de la vie, foit parce qu'on a borné jufqu'à ces derniers tems les fonctions du minéralogifte à la recherche des métaux & que l'on ne crut pas qu'il fût important de les diriger vers aucun autre objet. On ignoroit qu'il· y avoit des obfervations plus intéreflantes que celles des gîtes des minéraux, & plus fatisfaifantes pour l'efprit humain. Il y a long-tems, il eft vrai, que quelques naturalistes avoient entrevu que l'ancienne hiftoire du globe étoit écrite dans les premieres couches de la terre; mais il étoit réservé à M. de Buffon de démontrer que la constitution actuelle de notre globe a nne relation intime avec les grandes catastrophes arrivées à différentes époques; il lui appartenoit de fixer notre attention fur les débris immenfes d'une ancienne terre, fur les dépouilles de la mer, fur les offemens fofiles

qui font des monumens inconteftables d'un autre ordre de chofes ; & fi ce grand peintre de la pature s'élevant à la hauteur des cieux, a quelquefois perdu de vue les traces qui devoient diriger fa marche, fi pour déchirer le voile qui couvre le moment de la création, il a trop négligé des obfervations qui euffent modéré l'impétuofité de fon génie, li le bâton de l'expérience ne l'a pas toujours foutenu dans cette route obfcure, fi enfin fa théorie de la terre perd tous les jours de fa vraifemblance, ce n'eft point une raifon pour attaquer fa gloire; car ce n'eft pas toujours la faute d'un grand architecte, s'il ne trouve pas fous fa main les matériaux qui lui conviendroient, & fouvent même il eft trompé par fa confiance en ceux qui les lui fourniffent. Les écarts d'un tel bomme nous font fentir la néceflité de redoubler nos efforts! pour accumuler de nouveaux faits, pour rectifier les relations des voyageurs, & pour réunir une telle quantité d'obfervations, qu'elles puiffent un jour donner à un femblable génie les moyens de percer la nui des tems, & d'y dévoiler des événemens qui fe perdent dans une antiquité fans bornes.

Mais pendant que nous étudions notre continent, lorfque nous obfervons des faits qui font à notre portée & qui ne demandent, en quelque forte, que la peine de les décrise, nos encouragemens doivent foutenir le zele de ceux qui entrent dans une carriere plus pénible; notre reconnoiffance doit être infinie pour les yoyageurs qui vont chercher l'inftruction aux extrémités du globe, & qui facrifent toutes les douceurs de la vie, tous les agrémens de la civilisation, pour aller chez des peuples fauvages, dans des pays inbabités, recueillir des faits, faire des obfervations, découvrir des vérités phyfiques qui à leur retoNÉ nous appartiendront comme à eux-mêmes, quoique nous ne partagions aucun des da gers, aucune: des fatigues attachées à leurs recherches. En préfentant donc les hommages de ma gratitude à ceux qui fe dévouent ainfi pour étendre les connoif fances humaines, je les prie de permettre que je

leur indique quelques objets vers lefquels doit fe diriger leur attention.

Le minéralogifte qui vifite une côte peu fréquentée, qui parcourt des contrées prefqu'inhabitées, ne doit pas espérer d'y trouver ces morceaux qui font l'ornement des cabinets, car les belles, cristallifations & les minéraux qui ont une certaine beauté extérieure appartiennent à des filons, & leur déConverte demande les grands travaux de l'exploitation des mines. Ils ne doivent pas fe, flatter non plus de recueillir des métaux précieux, ou des pierres fines, ces fubftances fe rencontrent rarement à la furface de la terre; & fans indication préalable, fans la certitude prefque phyfique de les trouver, il ne doit pas perdre fon tems à leur recherche ce ne feroit que lorsqu'il les auroit reconnus dans les ornemens des habitans, ou dans les meubles à leur ufage, qu'il pourroit fe livrer à la découverte de leurs mines. Dans tous les cas, it devra uniquement au hafard, les rencontres heureufes qu'il pourra faire en ce genre. La récolte du minéralogifte ne peut jamais préfenter cette nouveauté d'objets, cette variété de productions que procure celle du botanifte; mais celui o ci met en quelque forte toute fa fcience dans fon herbier, il ne retire d'autre connoiffance de la découverte d'une nouvelle plante que celle de fon existence; c'eft un individu de plus qu'il place dans l'immenfe famille du regne végétal. En minéralogie, l'existence de chaque pierre tient à l'hiftoire du globe; fi par elle-même elle n'eft que d'un intérêt médiocre, elle peut conduire par fes rela tions à la découverte des phenomenes les plus extraordinaires, elle peut nous dévoiler les vérités les plus inattendues. Aucune de fes circonf tances n'est à négliger, parce que toutes peuvent être liées à des faits de la plus grande importance. Les fubftances les plus communes, celles qui fe retrouvent dans tous les pays, fourniffent par leur univerfalité même, la folution des problemes ies plus curieux.

La pierre calcaire, par exemple, recouvre plus d'un tiers de nos continens; il eft peu de pays','

« PreviousContinue »