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The modern antiques. Les Antiques modernes, co médie de M. OKAFFE, pour le théatre de Covent-Garden.

Un prétendu connoiffeur eft la dupe & la rifée de tout ceux qui l'environnent. Son neveu l'engage à acheter pour des antiques quelques pots caffés de fa propre cuifine, & pour de la toile d'Otaheity un morceau de fa robe-de-chambre, que le rufé neveu a eu l'adreffe de lui couper, fans qu'il s'en apperçoive, devant les fpectateurs. Plufieurs autres tours de cette nature, encadrés avec des incidens qui n'y ont nul rapport, font de cette comédie une piece peu réguliere, mais qui a plu par fa gaieté, & l'on peut dire même. par fon extravagance, qui a fait rire jufqu'aux cenfeurs les plus féveres.

STOCKHOLM.

Suite du répertoire de l'affociation dramatique. Pénelope, tragedie i fem acter, &c. Pénélope; tragédie en cinq actes & en vers, représentée pour la premiere fois fur le théâtre de la cour, le 22 Sep: tembre 1791.

Homere nous a peint Ulyffe, errant fur les mers pendant dix ans, après la deftruction de Troye, & cherchant en vain fa patrie. La conftance du héros, fupérieure à tous les revers, le ramene enfin à Ithaque, mais féparé de tous fes. guerriers, & privé de toutes les marques qui auroient pu le faire reconnoître après vingt ans d'abfence. Ayant fait naufrage fur les rochers qui environnoient

environnoient l'ifle, & furvivant feul à tous les Compagnons de fon malheur, il met enfin le pied fur un rivage tant défiré, mais manquant de tout & ne fachant à qui avoir recours. Le berger Eumene lui offre l'hofpitalité, & c'eft de lui qu'il apprend l'état où le royaume fe trouvoit réduit après les bruits qui s'étoient répandus de la mort du roi; que la reine Pénélope étoit obfédée par les grands du pays, qui la pref foient de choisir parmi eux un nouvel époux, auquel elle céderoit le foin du gouvernement; que Télémaque, fils d'Ulyffe & de Pénélope, avoit parcouru toutes les contrées de la Grece pour avoir des nouvelles de fon pere, & étoit revenu à Itaque à travers mille dangers, fans avoir pu découvrir les traces de ce roi malheufeux. Telle étoit la fituation des affaires à l'arrivée d'Ulyffe. La reine, dans la néceffité de faire un choix auquel fon cœur répugnoit, crut pouvoir l'éluder encore en propofant une condition qu'aucun des prétendans ne feroit peutêtre capable de remplir, c'étoit de hander l'arc d'Ulyffe. La propofition eft pourtant acceptée, & chacun s'empreffe à faire un effai qui paroi foit des plus faciles; mais ayant tous échoué dans l'entreprise, ils fouffrirent par dérifion qu'un étranger de peu d'apparence, qui fortit de la foule des fpectateurs, effayât auffi fes forces fur un arc auffi rebelle. Cet étranger ayant une fois cet arme redoutable entre fes mains, ne s'en défaifit qu'après avoir terraffé les rivaux, & prouvé ainfi à Pénélope & à fon peuple qu'il étoit le véritable Ulyffe. Reconnu pour ce qu'il étoit, it Tome Ier. Q

fut fecondé par Télémaque & par tous les bons citoyens à détruire le parti des ufurpateurs, & rentra dans la paifible poffeffion de fes droits.

L'auteur de la tragédie a cru devoir relever l'humble condition d'Eumene, & le mettre dans la confidence du jeune prince d'Itaque ; & ce changement n'a rien qui répugne à la fimplicité des mœurs de l'ancienne Grece. Télémaque rend compte à Eumene d'une apparition de Minerve, qui lui avoit fait voir Ulyffe plein de vie, & lui avoit même affuré que ce roi, jufqu'ici malheureux, reparoîtroit bientôt au milieu de fon peuple. Eumene demande la protection du prince pour un étranger qui venoit de faire naufrage, & étoit venu lui demander l'hofpitalité. Le prince veut voir cet étranger, pour apprendre fi, par hafard, il n'apporteroit pas des nouvelles d'Ulyffe. Il le voit avec une émotion caufée par la reffemblance qu'il croit remarquer entre cet étranger & l'image que lui avoit montré Minerve. D'après cette indication, la reconnoiffance ne tarde point à s'achever, mais la fituation n'en eft pas moins intéreffante, vu le danger que court Ulyffe au milieu des ufurpateurs de fon trône. Télémaque met fon pere au fait des intrigues & des partis qui partagent la cour & le royaume; il rend à la conftance de Pénélope les plus jukes éloges, mais ne peut pas diffimuler le danger qu'elle court d'être forcée à choifir entre deux des principaux prétendans à la couronne, favoir, Antinous & Eurymaque, dont il peint la violence & la perfidie. - Mais il y a encore une circonftance que Télémaque ignore; c'eft qu'Eurymaque

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ne cherche à s'emparer du trône que pour y placer Ifmene, dont il eft éperdument amoureux, & qu'il a promis d'époufer auffi-tôt qu'il auroit la reine en fa puiffance, & qu'il auroit trouvé l'occafion de s'en défaire. Cette Ifmene jouit de toute la confiance de Pénélope, & en abuse pour tâcher de la faire tomber dans le piege. Ulyffe, informé des rendez-vous fecrets auxquels Eurymaque eft admis dans le palais de la reine, prend le change, & croit avoir raison de douter de la conftance de fon épouse. Pour les éclaircir, il prend la qualité d'un meffager d'Ulyffe, chargé de la commiffion d'avertir la reine du prochain retour du roi, & de lui demander de sa part, qu'elle propofe aux prétendans à la couronne cette même épreuve avec l'arc d'Ulyffe, dont nous avons déja parlé, & qui ne pourra finir qu'à leur confufion. On Te doute bien que Pénélope ne peut pas manquer de trouver de la reffemblance entre cette inconnu & fon époux. Il n'est pas plutôt parti, que revenue de fa surprise, & retraçant les traits d'U¬ lyffe à fa mémoire, elle fe perfuade de plus en plus que c'étoit fon époux même qui venoit de la quitter. Pourquoi fe cache-t-il à sa fidelle époufe? Comment a-t-il pu la revoir fans un attendriffement qui l'auroit parfaitement décelé ? -Tourmentée de ces inquiétudes, elle les dépofe dans le fein d'Ifmene, la perfidé confidente de tous fes, fecrets, & qui ne tarde pas à en inftruire Eurymaque, & de lui propofer de s'enfuir avec elle pour le fouftraire tous les deux à la vengeance d'Ulyffe, & de fe fervir à cet effet du même vaiffeau qui étoit préparé pour

L'enlevement de la reine. Mais ce n'eft pas-là le but d'Eurymaque. Il aime bien Ifmene, mais il aime le trône encore plus, & les chemins qui doivent l'y conduire font déja applanis. Il avoit même su gagner l'appui du pere de la reine, & il ne lui reftoit qu'à écarter Ulyfle, avant que celui-ci auroit eu le tems de fe faire connoître. Il communique fon fecret à fes rivaux, & les invite à concourir au projet qu'il avoit formé con tre leur ennemi commun. Il ne doute pas que ce ne foit ce même étranger qu'ils avoient vu avec Télémaque, & qui avoit eu l'infolence de les contredire lorfque, pour former une divi, fion utile, ils avoient tâché d'animer le fils con¬ are la mere, fous le prétexte qu'elle ufurpois ne place qui devoit lui appartenir, puifqu'il éroit en âge de l'occuper. Convaincus que cet étranger ne pouvoit être qu'Ulyffe, ils forment contre lui une conjuration qui le défigne pour eure la premiere victime de fon propre arc, auffi-tor quell'effai s'en feroit. Pénélope fait appelJer tons les prétendans, & déclare folemnellement les conditions auxquelles on devoit obtenir fa main. Elles font acceptées, malgré les murmures du peuple & la prédiction du devin Téoclymeme, qui annonce aux prétendans les deftinées les plus finiftres. Pendant qu'on prépare cette fête guerriere, Ulyffe reparoît encore dans le palais, & reçoit lon are des mains de Télémaque. En proie à fes foupçons, il ordonne que les portes du château restent fermées pendant le combat, Mais Ifmene, épiant tout ce qu'il fait, & ayant promis d'en rendre compte à fon amant, les

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