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la maniere d'enfeigner les langues, l'histoire, la géographie, les belles-lettres, la philofophie, les mathématiques, l'hiftoire-naturelle, les arts mécaniques, &c.

> Ouvrons, dit-il, aux jeunes gens ces ateliers où brille par-tout le génie de l'invention; ne dédaignons pas de les introduire chez > l'artifan pauvre & laborieux ; qu'ils voient l'homme occupé fans ceffe à mettre à con>tribution tous les regnes de la nature, depuis > le diamant fuperbe jufqu'à l'humble argile; > depuis les dépouilles du monftrueux cétacée > jufqu'à la précieuse chryfalide, que l'induf>>trie européenne a conquifes fur les riches > contrées de l'Inde; depuis le cedre orgueilleux > enfin jufqu'à la foible écorce, dont le tiffu > merveilleux rend tous les continens tributaires > les uns des autres, & tend à ne faire des > hommes épars qu'une feule & même famille.

Il faut lire les chapitres où il traite des Livres élémentaires en général, & des Livres claffiques; on y verra les moyens ingénieux que l'auteur emploie pour fimplifier l'étude des fciences.

Nous ne pouvons nous refufer de citer encore ce morceau fur Mad. de Sévigné.

» Quelle rapidité entraînante dans ces lettres > enchantereffes, où fe peint fi bien la mobilité de fon ame! Comme elle fait donner la > vie à tout ce qu'elle touche! C'est une me> fure d'expreffion à la faveur de laquelle tout ⚫ paffe, un fonds de fenfibilité qui eft inépui> fable, une richeffe d'imagination qui répand > la fécondité par-tout. Ses tableaux ont la grace

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> de ceux de l'Albane; incorrecte comme lui, fes négligences font le plus, fouvent une bonne fortune. Tour -à-four gaie, vive, aimable, fublime, pleine de raifon, tous les tons Iti > font familiers; elle anime tout, elle jette de > l'intérêt jufque fur les plus petits détails. Son » recueil, en un mot, eft un fonds qu'elle à » créé, & qui femble être un impôt levé sur » la bonne compagnie, pour être à jamais la » regle & la mefure du bon ton. «

Cet ouvrage eft précédé d'une introduction, que l'on peut regarder comme un morceau vrai ment achevé. Des idées grandes & neuves toujours des vues utiles, beaucoup de vraie philofophie, un heureux choix de citations, une méthode claire & facile à fuivre, un ftyle pur, élégant, & qui étonne même dans un livre qui n'offre que le titre d'un plan, par-deffus tout un grand amour de la verm & de la patrie; voilà ce qu'on trouvera dans l'ouvrage entier de M. Barruel en nous faifant un devoir de lui rendre toute la juftice qu'il mérite & comme homme-de-lettres & comme citoyen, nous l'invitons à continuer de confacter fes études & fes tolens à cet objet fi important, & fur lequel il vient de répandre tant de lumieres.

(Mercure de France; Affiches annonces & avis divers.)

DISCOURSES on different fubjects, &c. Difcours fur différents fujets; par le révérend R. PolWHELE. Seconde édition. Deux volumes in-8vo. 10 fh. broché. Cadell. Londres, 1791.

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Lý a long-tems que M. Polwhele s'eft fait connoître très-avantageufement par fes ouvrages, tant en vers qu'en profe. Son poëme fur les Orateurs anglois, lui a fait un certain nom, & la premiere édition de ces difcours n'a pas manqué de lui procurer une foule d'admirateurs. Il a ajouté deux discours nouveaux dans cette feconde édition, & un effai fur les connoiffances & la morale des anciens, comparées avec celles des modernes. Les nouveaux difcours ne différent pas beancoup, dans leur caractere général, des anciens; nous nous tiendrons donc à l'effai, dont nous allons rendre compte.

Long-tems avant les jours d'Homere, la vieilleffe fe plaifoit à relever le bon ancien tems : Laudator temporis acti. Homere, en l'abfence de . Neftor, parle dans fa propre perfonne, de la race dégénérée des tems préfents; & ce vieillard qui fe vantoit d'avoir vu périr trois générations, ne manquoit jamais de donner la préférence à la premiere. Addifon n'a pas dédaigné de fe confondre dans la foule des frondeurs ; & l'ingénieux docteur Warton a compofé deux numéros dans l'Aventurier, pour fervir de commentaire à cette

plainte ufuelle fur le déclin de talents. M. Polwhele fe donne pour le champion de la cause adverfe. Nous fommes fâchés d'ajouter qu'il n'a pas traité fort heureusement une bonne caufe: fur certains fujers, il paffe plus légèrement qu'il ne devroit, & dans l'examen de quelques autres, il ne montre ni les grands talents, ni les pouvoirs de l'imagination, qu'on avoit droit d'attendre dans une pareille differtation.

Comparer le Taffe, l'Ariofte & Camoens à Homere & Virgile, avec le docteur Warton, qu les deux premiers avec Lucain & Silius, à l'imitation de notre auteur, nous femble également injufte. Il nous paroît même que les poëmes de l'antiquité, & ceux des tems modernes ne font fufceptibles d'aucune comparaifon ; & cela pour des raifons que nous affignerons d'abord. Il fuffit de former un parallele entre eux, pour conftater les pouvoirs de l'efprit que leurs auteurs refpectifs poffédoient, foit en invention, en defcription, ou en ornement. Dans cette vuc nous pourrons, avec plus de convenance, comparer Milton à Homere. La religion nationale. fournit à tous les deux l'usage des machines, & le caractéristique qui diftingue l'un & l'autre, confifte également dans une grande richeffe d'invention, une dignité d'imagination, une majesté de language, dans des defcriptions fublimes, dans des images de terreur, & fouvent d'horreur. Peutêtre on trouvera le principal poëme d'Homere plus varié par la douce élégance de la vie tranquille, & fon efprit toujours difpofé à revenir avec complaifance, fur les confolations plus fta

bles que fourniffent les fcenes paftorales. A cette occafion, Milton n'eft nullement en défaut, quoiqu'il fe plaife plus dans les tourbillons, les tempêtes & la fougue des combats. En général, on peut les comparer fans effort, & fans craindre de trahir la caufe des modernes. De même que la Grece n'a produit qu'un Homere, on ne doit pas l'imputer comme une disgrace aux tems modernes, de n'avoir qu'un Milton. On ne doit pas routefois oublier que Milton n'a imité que la feule Iliade.

Nous ne connoiffons pas de compofition, qui · puiffe fervir de piece de comparaison avec le poëme de Virgile. Il adopta la religion populaire de fa patrie, & l'air de majesté qui l'accompa gne, lui concilia une dignité, une vénération qui, ne le quittent plus. Le Taffe & l'Ariofte em ployerent les légendes populaires des enchantemens, lefquelles prêtant plus aux talens fouples & changeans du poëte, & à fes pouvoirs d'inven tion, laiffent quelquefois une empreinte de ridi cule, & de burlefque, qui fervent à diminuer la majefté du vrai poëme épique. C'eft pour ces raifons que nous croyons ces poëmes incapables d'entrer en concurrence, & que nous aimons mieux comparer les poëtes par leurs talens, & les pouvoirs refpectifs de leurs efprits.

Nous ofons donc comparer Pope à Virgile, & on trouvera que ces deux poëtes s'approchent de plus près, qu'on ne le foupçonneroit à la pre→ miere vue. L'efprit de tous les deux fut culaivé avec le plus grand foin. Trop timides pour planer dans les régions de l'invention, ils cou

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