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de Jupiter, où ils trouvent un empereur chéri de fes fujets, une conftitution fage, & tout le monde heureux. Sur ces entrefaites, Nicodême lui-même arrive de la lune avec l'archevêque de cette planete, qui a voulu le fuivre en France. L'empereur fête ces étrangers avec tant de délicateffe, que la famille de Nicodême veut refter dans fa cour, tandis que ce dernier veut retourner fur la terre. Raifons données de part & d'autre eft-on heureux en France, ou ne l'eft-on pas? Nicodême vante la conftitution; sa mere, fa femme & fon frere fe rejettent fur l'inaction des loix; & de-là des applications pour tous les partis. Enfin, Nicedême parvient à décider fa famille à le fuivre, & la piece finit par des couplets, dont celui-ci fur-tout a été redemandé. Il fembloit que l'auteur eût deviné l'impreffion que devoit faire fa piece.

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M. Juliet a joué Nicodeme avec ce talent diftingué qui a fait la réputation de ce rôle. M. Lefage a mis un comique excellent dans celui da fecond Nicodême, & les autres principaux rôles ont été très-bien joués par MM. Bellemont Adrien, de Vigny, Gavaudun, &c. & Meld. Les P. S.

fage, Dumont, Verteuil, &c. &c. Les coftumes & les décorations font très-foignés en un mot, l'adminiftration de ce fpectacle n'a rien négligé pour rendre trop piquans les acceffoires de cette piece, où, excepté ce qui tient de plus près aux circonftances, l'on retrouve par-tout cet efprit, cette variété, ces détails charmans & ces cou. plets ingénieux qui diftinguent la plume du Coufin-Jacques. Nous l'engageons à traiter d'autres fujets, & nous fommes perfuadés d'avance que fes fuccès feront complets.

(Journal de Paris; Chronique de Paris; Affiches, annonces & avis divers.)

THEATRE DE MLLE. MONTENSIER.

On a donné, le jeudi 10 novembre, la premiere représentation d'Alix de Beaucaire, comédie-lyrique, en trois actes, paroles de M. Bouthillier, mufique de M. Righel.

Le fujet de cette piece eft tiré des Délaffemens de l'homme fenfible, de M. Arnaud, tome Ille., 5e. partie.

1

Alix, fille du vicomte de Beaucaire, a épousé fecrétement fire Hugues, bon gentilhomme, pauvre, mais doué de qualités effimables; un jeune enfant de 3 ans eft le fruit de leur mariage. Une bonne femme l'éleve fous le nom de fon neveu. Un domestique du vicomte de Beaucaire, mauvais fujet, fufpecte l'intelligence de fire Hugues & d'Alix, & faft naître des foupçons dans l'ame de fon maître, qui cependant n'y ajoute pas beaucoup de foi. Le comte Edmont arrive

pour réclamer des fecours du vicomte, contre Louis; il devient amoureux d'Alix; le vicomte en eft charmé. Il le propofe à fa fille, qui ne paroît point difpofée à lui donner la main; le pere exige l'obéiffance, chagrins cruels pour Alix, pour le jeune fire & pour Eléonore, dame de la cour d'Alix, & fa favorite. On craint que le vicomte de Beaucaire ne découvre le mariage qu'on a tant d'intérêt à cacher, & que l'enfant qui en eft le fruit ne foit la premiere victime immolée à la colere paternelle. On réfout de l'y fouftraire. La bonne Hélene va le conduire à un village plus éloigné, & par-là se prive du plaifir d'affifter au mariage de fa fille, pour obliger plus promptement la tendre Alix. Le grand défefpoir de la mere, les careffes charmantes de l'enfant, l'intérêt que les autres perfonnages prenment à la fituation d'Alix & de fon époux, ont produit une fcene du plus grand effet. Le vicomte arrive, apperçoit cet enfant ; fes foupçons fur la liaffon d'Alix & de fon écuyer, augmentent à la vue du trouble de fa fille infortunée. Sire Hugues eft conduit devant lui, les fers aux mains. Le vicomte furieux, mais nullement cruel, comme Salomon, feint de vouloir facrifier cet enfant, dont les traits lui repréfentent ceux d'Alix & de fire Hugues; perfuadé que la tendreffe maternelle arrêtera le bras de l'affaffin, il ordonne à Ogier de précipiter l'enfant du haut d'un rocher; Alix ne diffimule plus, court après le bourreau, arrache son enfant & veut se précipiter elle-même. Cette fituation a produit le plus grand effet. Le comte Edmont fauve Alix de

fon défefpoir; en brave chevalier il intercede pour les deux époux. Le vicomte, après beaucoup de peine, finit par tout pardonner.

Nous avons cru remarquer quelques longueurs dans les deux premiers actes qu'il eft facile de faire difparoître. En général cet ouvrage a mé rité le brillant fuccès qu'il a obtenu. La mufique eft de M. Rigel, en nommer le compofiteur c'eft dire tout le bien poffible de fon nouvel euvrage.

( Journal général de politique, de litté rature, &c.)

THEATRE DE LA RUE DE LOUVOIS.

Le famedi 29 octobre, on a donné, pour la premiere fois, Zélia, comédie opéra en trois actes, paroles de M. Dubuiffon, mufique de M. Deshayes.

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C'eft toujours avec un plaifir bien vif, que nous nous empreffons d'inftruire le public d'un fuccès brillant & mérité : celui qu'a obtenu Zélia, ne laiffe rien à défirer. La coupe & l'intérêt puiffant du poëme, la beauté, difons mieux, la richeffe d'effets dont brille par-tout la muftque, tout a dû contribuer à exciter cet enthoufiafme du public, qui l'a porté à demander à la fin les auteurs & tous les acteurs. Traçons rapi→ dement l'efquiffe de cet ouvrage.

C'est encore aux Allemands, toujours ingénieux, toujours féconds, & qui ont tant enrichi notre théatre, que nous en devons le fujet : Zélia n'eft autre chofe que Sulla ou le Mari

deuse Femmes, de Goethe, auteur des Souffrances du jeune Werther. Le comte de Montelam a épousé Cécile à l'âge de 9 ans il en a eu, par la fui te, une fille nommée Lucile: il a laiffé, pen`dant qu'il est à l'armée, ces deux perfonnes chéries dans un village qui eft devenu la proie des brigands & des flammes: il les croit perdues pour lui. Errant, il rencontre Zélia à Philadelphie, l'épouse fous le nom du baron de Fontorbe, & l'emmene dans un de fes châteaux en Allemagne ; mais, inftruit qu'une comteffe de Montelam traîne quelque part fes jours dans une mifere affreuse, Fontorbe quitte un matin Zélia Lecrétement, pour courir après cette infortunée: ici commence l'opéra. Il y a trois ans que Zélia, abandonnée de fon époux, paffe les jours & les nuits à gémir fur fon abfence: elle a perdu une fille chérie & l'a fait enterrer dans fon jardin fous un monticule de gazon. La baronne arrofe ce lieu lugubre de fes larmes, & ne fe confole qu'avec le portrait de fon époux, qui décore fon appartement. Cependant Cécile & fa fille, réduites à la plus extrême indigence, fe préfentent à Zélia pour être femmes-de-chambre. Une Mde. Tatillon, auhergifte du village, les a mises au fait de la douleur de la baronne, & Cécile reffent déja pour elle un vif intérêt. Sur ces entrefaites, Fontorbe revient fans avoir pu découvrir la premiere épouse: il raconte fes malheurs à Julien, vieux concierge de fon château, & l'engage à prévenir Zélia de fon arrivée : il a même une converfation avec Lucile, qu'il ne peut reconnoître pour fa fille. Cependant Zélia

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