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monde, (dir-il) trois fortes de fociétés ont dâ réunir les hommes. D'abord l'amour conjugal & l'amour fraternel étoient le lien, enfuite le voifinage, par le motif d'une défense réciproque, enfin l'attroupement pour des entreprises qui demandoient des forces réunies. De ces trois affociations, la premiere étoit la plus durable; mais dès qu'un individu n'avoit plus befoin des foins de les parens, dès que l'âge avoit développé toutes fes facultés, il entroit en jouiffance de fa liberté comme d'un don de la nature.

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M. Naillac, membre ordinaire, a lu un mémoire fur l'Italie en général, & des détails plus particuliers & moins connus fur la république & la ville de Venise. Il s'eft étendu avec intérêt fur une collection manufcrite des cartes hydrographiques deffinées en 1436, & découvertes depuis peu d'années dans la bibliotheque de SaintMarc. Ces cartes, (dit l'auteur) étayées de la relation manuscrite des voyages de Marin-Sanudo, célebre navigateur vénitien, qui vivoit à la fin du treizieme fiecle & au commencement du quatorzieme, lui prouvent d'une maniere évidente que, non-feulement les mers d'Afrique & des grandes Indes étoient connues aux Vénitiens long-tems avant les voyages des Portugais, mais même que les Antilles, la baye d'Hudson & l'ifle de Terre-Neuve avoient été découvertes & fréquentées par leurs navigateurs plus d'un fiecle avant le voyage de Chriftophe Colomb.

M. Roftaing, membre ordinaire, a lu un mémoire dans lequel il eft obfervé que le grand froid de 1788 à 1789 ayant fait périr beaucoup

de noyers dans les environs de Valence, le prix de l'huile de noix y eft confidérablement aug ́menté, ce qui met les pauvres dans le cas de ne pouvoir fe procurer cette denrée néceffaire à plufieurs ufages. Pour obvier à cet inconvénient, il propofe d'y établir la culture de la navette & du colfat, dont il réfulteroit que, le prix de l'huile revenant aux taux ordinaires, les pauvres pourroient s'en procurer relativement à leur befoin. L'auteur en a démontré la poffibilité en expofant le genre de culture convenable à ces plantes, & la maniere d'extraire l'huile de leurs graines avec les preffoirs pour l'huile de noix dont on fe fert dans le pays.

La féance a été terminée par la lecture qu'a faite M. Sucy, commiffaire des guerres, membre adjoint, d'un mémoire ayant pour titre : Quels doivent être les rapports des arts de peinture, fculpture & architecture avec notre nouvelle conftitu-tution, avec cette épigraphe : Par-tout où il n'y pas de partage de terres ou de communauté de biens, il y a des oififs, & les arts font utiles. L'auteur a -prouvé dans la premiere partie, que la culture des beaux-arts n'étoit point chez un peuple libre un élément deftructeur de fon gouvernement'; dans la feconde, il a difcuté leur influence & leur application.

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(Journal encyclopédique.)

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ACADEMIE des Sciences, arts & belles-lettres de Dijon.

Le 28 août dernier, l'académie a tenu fa féance publique. M. Chauffier, fecrétaire-perpétuel, en a fait l'ouverture par le difcours qui fuit.

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» L'académie avoit propofé pour fujet d'un prix qu'elle devoit décerner dans cette féance, de déterminer les raifons qui, de nos jours, rendent les fievres catarrales fi fréquentes, tandis que les fievres inflammatoires & les bilieufes, maladies trèscommunes dans les fiecles précédens, deviennent chaque jour plus rares. «

>> En propofant cette question à l'émulation des favans, l'académie avoit fenti combien la folution qu'elle défiroit, exigeoit de recherches, de connoiffances, de méditations. En effet, il ne fuffit pas de raffembler quelques préceptes généraux, quelques obfervations ifolées fur la nature, la marche des maladies; mais il faut déterminer quelles révolutions fe font opérées dans nos climats, dans nos tempéramens, pour amener ainfi un changement fenfible dans le caractere des maladies; &, pour parvenir à ce point, il faut examiner l'influence du régime, des habitudes, des mœurs, & même du mode de gouvernement: car à la longue toutes ces caufes agiffent également fur le motal, fur le phyfique des peuples; leur action eft lente, il eft vrai; mais leur impreffion n'en eft pas moins reconnoiffable pour

qui fait obferver: auffi voyons-nous, & l'hiftoire nous le prouve, que chez un peuple énervé par le luxe, accablé fous le joug du defpotifme, les maladies font fréquentes, longues, irrégulieres; elles exigent des fecours multipliés, & toures ont un caractere qui annonce la débilité & l'excès de fenfibilité, tandis que chez un peuple libre & qui jouit de toutes les facultés, nonfeulement les maladies font plus rares, moins longues, mais encore elles ont dans leur marche une régularité, un caractere qui annonce la forée & l'énergie de la nature. En fuivant ces confidérations, nous pouvons annoncer fans crainte de nous tromper, qu'un tems viendra, & ce roms n'eft pas éloigné, où l'on verra disparoître toutes ces maladies de langueur & de débilité, routes ces affections nerveuses, fi fréquentes de nos jours, & ce fera à la régénération des mœurs, ce fera à notre régénération politique, à la fageffe d'une conftitution libre, que nous devrons encore ce bienfait.

» Envifagée fous ce point de vue, la question propofée par l'académie mérite également l'atrention la plus férieufe des médecins & des philofophes; mais, quelque intéreffante que foit certe question, un intérêt plus grand, plus puiffant encore a fixé l'attention générale, a fufpendu les recherches des favans. L'académie l'a bien fenti: auffi, pour ne pas abandonner cette question importante, pour laiffer aux concurrens le sems de donner à leurs ouvrages toure la perfection dont ils font fufceptibles, elle a arrêté de proroger jufqu'à l'an prochain le concours

qu'elle avoit ouvert; elle prévient donc qu'elle. admettra au concours jufqu'au 1er avril 1792, tous les mémoires qui lui feront adreffés sur cette queftion. Le prix eft de la valeur de 600 liv. & l'académie efpere avoir la fatisfaction de le décerner dans la féance publique qu'elle tiendra au mois d'août 1792. «

» Elle diftribuera dans la même féance un autre prix dont le fujet tend à perfectionner les procédés d'un art néceffaire à nos befoins journaliers. Tout le monde fait que les chapeaux font fabriqués avec des laines, ou différentes efpeces de poils d'animaux dont on forme une forte d'étoffe connue fous le nom de feutre; mais pour parvenir à former un feutre, les moyens mécaniques connus jufqu'à préfent ne fuffilent pas ; il faut une opération préliminaire que les fabricans. défignent fous le nom de fecretage, parce que long-tems ils en ont fait un fecret. Cette opération, qui eft fondée fur des principes chymiques confifte à humecter légerement les poils avec une broffe trempée dans une diffolution de mercure par l'acide nitrique, ou eau-forte. Certe diffolution a bien l'avantage de faciliter le feutrage; mais, outre la dépense qu'elle entraîne, elle exige des foins dans fon apprêt; elle altere la qualité des chapeaux, &, ce qui eft plus important encore, elle n'eft pas fans danger pour la fanté des ouvriers. L'académie n'a pas vu avec indifférence cet objet. Elle propofe donc pour fujet d'un prix, non-feulement de déterminer quelle ft l'action des diffolutions acides métalliques fur les poils employés dans la fabrication des chapeaux,

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