fait une habitude de tout voir, de tout obfer➡ } ver, & d'être à tout; le moment favorable ne pouvoit lui échapper, & fon expérience lui avoit appris à fe préparer de loin des fuccès. Sa vigi lance rendoit fes miniftres fideles, exacts, actifs; il leur donnoit fes ordres, & il les éclairoit; il les fuivoit dans les opérations, & il les dirigeoit. Les affaires, qui fe fuccédoient avec rapidité, fe terminoient de même. Rien ne languiffoit; & les entreprifes, qui fe préparoient fuc ceffivement, par l'ordre avec lequel il favoit les conduire, devenoient plus faciles, lors même que, devenant plus grandes, elles paroiffoient devoir trouver plus d'obftacles. Quelles qu'aient été fes foibleffes, il lui faut rendre juftice; jamais l'amour ne lui a fait négliger les foins du gouvernement. Encore faut-il convenir qu'après avoir été vingt-huit ans fans avoir de femme," il en prit une qu'il ne put aimer. Si Marie de Médicis eût été d'un autre caractere, Henri auroit très certainement renoncé à toutes les autres amours; il l'affuroit, & le penfoit au moins, car il étoit vrai. Outre les mémoires dont on a parlé ci-deffus on conferve encore plufieurs converfations de Sully avec Henri IV fon bon maître, celles que Rofny eur avec la reine Elifabeth, les inftructions qui lui furent données pour fon ambaffade auprès du roi Jacques, & Les inftructions des ambaffadeurs envoyés depuis en Allemagne. Les projets attribués avec juftice à Henri, font encore répétés & développés dans toutes fes pieces. Il n'eft donc plus permis de douter de leur réalité.

(Bibliotheque de l'homme public, &c. )

POÉSIES FUGITIVES.

STATUTS

POUR l'académie royale de musique.

Nous qui régnons fur des couliffes

Et dans de magiques palaïs, 256 komisin
Nous, juges de l'orchestre, intendans des ballets,
Premiers inspecteurs des actrices (1); 45 92492)
A tous nos fideles fujets,

Vents, fantômes, démons,' déeffes infernales,
Dieux de l'Olympe & de la met •
Habitans des bois & de l'air,

Monarques & bergers, fatyres & vestales (2);

SALUT; à notre avénement,

Chargés d'un grand peuple à conduire, De loix à réfornier & d'abusxà détruire;~

10 2

Nota. Cette ingénieufe Tatyré eft de feu Barthe, & courut manuscrite en mil sept-cent soixante-sepoi: elles n'eft guere connue que de quelques amateurs. · On la fait paroiure ici avec d'autant, moins de fcrupule... que la plupart des abus qu'elle attaque font des reproches à l'ancien régime de l'opéra, qui ne peuvent tomber fur l'adminiftration actuelle. On n'y a retranché qu'une Atrophe, qui n'eût pas même été piquante pour la malignité, puifqu'il n'y eft question que de fujets retirés depuis long-tems, & que l'on eût affligés très-gratui

tement.

(1) Premiers, pas toujours. (2) Il y a des veftales à l'opéra, dans plufieurs poëme

N'a

Qui notre confeil fur chaque changement
Que nous défirons 'introduire,

Nous avons rédigé ce nouveau réglement,
Conforme au bien de notre empire

ARTICLE PREMIER.

A tous muficiens connus ou non connus
Soit de France, foit d'Italic,
Paffés, préfens, à venir ou venus
Permettons d'avoir du génie (1).

1 I.

Vu que pourtant la médiocrité
A befoin d'être encouragée,
Toute infipide nouveauté

Sera par nous, à grands frais protégée.
Pour les chefs-d'œuvres de nos jours,
Réfervant norie économie,

Et laiffant la gloire au génie

De réuffir fans nos fecours (2).

I I I.

L'orchestre plus nombreux, fous une forte peine :
Défendons que jamais on change cette loi,

Six flutes au coin de la reine,

Et fix flûtes au coin du roi;

Baffe ici, baffe-là,

cors-de-chaffe,
, trompettes,

* Violons, tambours, clarinettes;

Beaucoup de bruit, beaucoup de mouvemens
Pour la mesure, un batteur frénétique;
Si nous n'avons pas de mufique,
- Ce n'est pas faute d'inftrumens.

(1) Permiflion dont on n'abufera pas.

(2) Il peut arriver cependant qu'on se réconcilie avec un homme de génie après la mort,

I V.

Sur le récitatif, mème fur l'ariette,
Doit peu compter l'auteur des vers;
Comme à fon tour l'auteur des airs
Doit peu compter fur le poëte (1).

V,

Si tous deux, triftement féconds,

Sans feu comme fans caractere,

Ne donnent qu'un vain, bruit de rimes & de fons ;
En faveur des.... qui lorgnent au parterre,

On raccourcira les jupons (2).

V I.

Des pieces les plus mal tiffues
Comme on ne fait plus s'effrayer

الد

Que même des fragmens ne peugent ennuyer;
Et que les nouveautés font toujours bien reçues (3).
Pourrons quelque jours effayer

Un fpeâacle complet en fcenes découfues (4).

VII.

Avions réfolu de concert

De régler des ballets & le nombre & la forme,
Mais l'opéra, par leur réforme,

Seroit régulier & défert,

Que nos ballets foient donc brillans & ridicules;

(1) Il faut toujours, qu'en cas de chûte, le muficien & le poëte puiflent fe confoler en s'accufant réci proquement.

(2) Pourvu qu'on le puiffe encore.

(3) Voyez la comédie italienne,

(4) Cette idée n'eft pas de nous; plufieurs tragiques modernes en ont déja fait ufage.

Qu'on vienne encor comme jadis,
En pas de deux, en pas de fix,
Danfer autour de nos Hercules.

Que la jeune Guimard, en déployant les bras,
Sautille au milieu des batailles;
Qu'Allard batte des entrechats
Pour égayer des funérailles (1).

VIII.

Ordre à nos bons acteurs, pour eux; pour l'opéra,
D'ufer modérément des reines de coulisses (2).
Permettons à M..., P..., & cætera,
L'ufage illimité de toutes nos actrices (3).

1 X.

Pour foutenir l'augufte nom
De la royale académie.

On payera mie Derdamie,

Pollux, Armide, & Phaeton.

Mais qu'ils n'efperent pas que leur fortune croiffe
Jufqu'au titre pompeux de feigneur de paroiffe,
Aux honneurs d'eau bénite & de droit féodal;
Roland, dans fon humeur altiere,
Doit-il fe prétendre l'égal

Qu du chaffeur de la Laitiere,
Ou du cocher du Maréchal ?

(1) Nous retranchions par ce fatut l'ufage impertinent des marques; mais nous avons reçu une députation de nos danfeurs, qui nous remontroient qu'il eft plus aifé d'avoir un maique qu'une phyfionomie. (2) Ce ftatut eft de notre médecin.

(3) Celui-ci de notre chirurgien.