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branches parfumées du lilas font mollement ba lancées fur fes levres. Attirés autour de lui, les oifeaux familiers gazouillent fur fa tête, & leurs concerts variés, & le frémiffement des feuilles, & le murmure d'une fontaine voisine, l'invitent à la fois au doux fommeil: Dès qu'il s'éveille, mille objets riants frappent fes yeux; il n'apperçoit que des fleurs & des fruits, il n'entend que des chants, & le bêlement lointain des moutons difperfés fur les hauteurs. Bientôt vient l'âge où ses membres commencent à fe développer. Ainfi, qu'un arbufte, on le voit croître, s'élever & s'embellir de plus en plus. Chaque jour, en s'éloignant, lui paie fon tribut en ajoutant à fes charmes, & chaque aurore, à fon lever, le trouve plus frais, plus aimable & plus beau. Oh! quel torrent de délices, quand les deux époux réunis lui voient fouler pour la premiere fois le gazon des prairies! Comme ils jouiffent! comme is font ravis! comme ils preffent contre leur fein ce doux fruit de l'amour le plus tendre! comme ils aiment à répondre à fes naïfs pourquoi ? O vous qui verfez des larmes de tendreffe, apprenez-nous fi le cœur de l'homme connut jamais de joie plus vive que la joie de deux époux, qui, après tant d'inquiétudes & d'alarmes, voient enfin la raifon de leur enfant fe développer, & fon cœur s'ouvrir à la reconnoiffance?

(Journal de Rouen.)

POLITIQUE de HENRI IV, extrait du teftamens politique de l'empereur JOSEPH 11, roi des Romains. (*)

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A politique de Henri IV étoit franche; fage, éclairée auffi lui réuffifsoit-elle au mieux pour manier les efprits. Ce grand roi, toujours ambitieux d'une nouvelle gloire, vouloit être

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(*) Deux volumes in-12. imprimés à Vienne, & qui fe trouvent à Paris, chez Buiffon; prix 4 liv. brochés, & 6 liv. francs de pott par la poffe. Cet ouvrage eft plus intéreffant encore par fon objet que par fon augufle auteur. Ce prince y montre des fentimens qui honorent autant fon cœur que fes connoiffances politiques font l'éloge de fon efprit. Je ne regrette pas le » trône, dit-il, je me trouve allez tranquille fur ce » point; mais je souffre, en voyant qu'avec toutes les peines que je me fuis données pour opérer le bien, » j'ai fait un fi petit nombre d'heureux, taut de mécontens & tant d'ingrats; au refte, c'est le fort des fouverains. Je n'ai pas affez connu les hommes, mes » intentions étoient droites, & c'eft pour les justifier à » la face de l'univers, que je charge le prince Kaunitz de rendre publiques mes méditations politiques, de les faire traduire dans toutes les langues, de leur faire donner un libre cours, & d'en faire parvenir des exemplaires à tous les potentats de l'Europe. On » verra dans ces méditations que j'ai jugé à propos » d'intituler mon teflament politique, combien mes » intentions ont été droites; ma vie privée atteste mon » zele pour l'humanité; mes derniers momens font fans

grand dans la paix. Rofni, avec lequel il s'entretenoit fur fes projets, deux jours après la bataille d'Yvri, fut étonné, & parut défapprouver des pensées dont le fuccès étoit bien au - deffus des moyens de Henri. » Oh! mon ami, lui dit > le roi, je vois bien que vous confondez mes › défirs avec mes deffeins; il ne faut cependant » pas les confondre. On peut défirer, & défi>> rer fans bornes, pourvu qu'on n'entreprenne > rien témérairement. Je puis donc vous répon>dre que mes défirs ne deviendront deffeins que lorfque je pourrai me flatter de réuffir. J'attendrai les circonftances, je prendrai toutes les mefures néceffaires, j'étudierai les obftacles, je chercherai les moyens de les furmon ter, je ne hasarderai rien ; & confultant tou >jours les rapports de ma paffion avec tout ce » qui m'environne, je n'entreprendrai jamais au> delà de mes forces. Il y a lieu de préfumer

que fi je me conduis avec circonfpection, > fans rien précipiter, & fans trop entreprendre » à la fois, je pourmai aller de projets en pro

» remords..

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Si j'ai eu le malheur d'être trompé ; si j'ai péché dans l'exécution, la pureté de mes intentions me justifiera » à la face de toute l'Europe. Les dernieres années de » ma vie doivent être une terrible leçon pour tous les » rois; c'est ce qui m'a fait prendre la résolution d'or» donner qu'on publie après ma mort mes principes politiques, pour détrømper tous ceux qui m'ont cru » ou peint comme un tyran pendant ma vie, & qui 'ont jamais fu lire dans mon cœur. «

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jets, quoique jufqu'à préfent je n'aie encore ➤ été que de défirs en défirs. « En effet, il ne faut pas confondre cette différence entre les défirs & les deffeins de Henri ; car autrement on pourroit le regarder comme un homme qui fe repaît de projets chimériques.

Deffeins de Henri IV fur l'agriculture & le commerce.

Le premier de fes deffeins étoit de faire fleurir l'agriculture, les manufactures & le commerce pour cela il falloit que les laboureurs, les artifans & les commerçans puffent fe flatter de jouir avec fécurité des fruits de leurs travaux & de leur induftrie. Il fe propoloit donc de leur ôter l'appréhension où ils font, en général, de voir augmenter les impôts à proportion de leur aifance ; il vouloit les défendre contre les foldats, trop accoutumés, depuis tant de guerres; à piller les bourgeois des villes & les gens de la campagne; il vouloit les garantir des extorfions & des violences de ceux qui feroient capables d'abufer de fon nom; il vouloit enfin les protéger contre les feigneurs puiffans qui les avoient vexés jufqu'alors.

Sur l'adminiftration de la juftice.

Le fecond étoit de faire des réglemens pour l'adminiftration de la juftice, afin qu'elle fe rendît également à tous, fans être difpendieuse à l'état, ni pour les particuliers.

Sur la fubordination des citoyens.

Le troificme étoit de marquer la fubordina

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tion, en fixant les diftinctions & les honneurs fuivant la naiffance & le mérite; en forte que chaque condition fût confidérée à proportion de fon utilité; que tous les citoyens, les plus petits comme les plus grands, fuffent également protégés par les loix, les loix, & que, n'entreprenant point les uns fur les autres, chacun fe tînt à fa place.

Sur les gens de guerre.

Le quatrieme étoit d'accoutumer les gens de guerre à une difcipline exacte; & afin de leur ôter tout prétexte d'ufer de violence, & tout fujet de mécontentement, de né leur faire jamais attendre la paix pour les récompenser, chacun fuivant les fervices.

De rétablir les fortifications des places frontieres, & remplir les arfenaux d'armes de toute efpece.

Sur le clergé.

Le cinquieme étoit de foumettre les eccléfiaftiques à l'observation des canons, de mettre un frein à leur avidité, détruire leur luxe, éteindre parmi eux tout faux zele, tout fanatisme, & les forcer à prêcher d'exemple.

Sur les moyens d'éteindre l'efprit de faction.

Le fixieme étoit d'achever d'arracher jufqu'au germe de diffentions; car les ligueurs étoient plutôt domptés que diffipés. Les François, accoutumés à voir des révolutions, ne les craignoient plus; beaucoup même en défiroient, dans

l'espérance

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