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époufé deux des premiers feigneurs de la cour, & qui poffede la plus belle fonderie de canon de la Suede; Mrs. Grill & Peil, feigneurs de la belle terre d'Ofterby, où ils m'ont accueilli, de.. la maniere la plus honnête, pendant trois jours que j'y ai logé; M. Peil a eu la complaifance de me mener lui-même voir la mine de Danemora, ainfi que les forges d'Ofterby, (où ils font intéreffés pour une grande portion) & de m'y faire remarquer, dans le plus grand détail, toutes les opérations, depuis la premiere exploitation dans la mine, jufqu'à la derniere opération de la forge; Mrs. les profeffeurs Melanderhielm, & Linné, fils du célebre Linné à Upfal; M. Chapman contre-amiral, directeur des chantiers & du baffin appellé Dockan à Carls-Crona; M. Haldin, patron des mines à Fahlun; M. Berendson, directeur de la mine de Sahla; M, de, Lifle, conful gén. de France, depuis bien des années, à Gothenbourg, fans compter plufieurs autres. Ces Meffieurs ont bien voulu prendre la peine de me faire remarquer une infinité de détails intéreffans, & même m'ont fourni quelques mémoires inftructifs.

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Si j'ai cité dans quelques endroits les mémoires de l'académie de Suede, j'ai pu les confulter fans, le fecours de la langue fuédoife le favant profeffeur Kaftner ayant enrichi le public, d'une excellente traduction en allemand de cet intéreffant ouvrage.

Vous voyez, Monfieur, que j'indique franchement les fources où j'ai pyifé. Je ne veux

point abuser mes lecteurs dans la moindre des choses, pas même dans le nom de l'auteur.

Les 24 fections dans lesquelles l'ouvrage dont vous faites mention, Monfieur, eft divifé, répondent exactement aux 24 lettres qui forment la relation de mon voyage, & le contenu en eft littéralement le même; feulement en quelques endroits de votre extrait, je trouve mon texte un peu altéré; entre autres, je ne puis paffer fous filence la defcription de la cataracte de la riviere Gotha-Elf près de Trolhetta; je trouve dans l'extrait, l'article fuivant: Ici les eaux tombent entre les rochers d'une hauteur de près de 150 pieds, avec un fracas fi terrible, qu'on ne s'entend plus à une demi-lieue du torrent ; une autre bran che forme une nappe d'eau de 32 pieds de hauteur perpendiculaire, &c. Et voici, Monfieur, ce que j'en dis dans mon voyage: Le fpectacle dont j'y jouis eft plus facile à concevoir qu'à décrire la riviere s'y partage en deux; une moitié coule pendant l'espace d'environ cent à cent cinquante pieds par-def fus un lit, dont la pente en précipite le cours ; l'autre tombe perpendiculairement, & y forme une cataracte de 32 pieds de hauteur. Vous voyez, Monfieur que je ne dis point que cette chûte a 150 pieds de hauteur, ni que le fracas en eft fi grand, que l'on ne s'entend plus à une demi-lieue de distance. Comme je ne connois de cette traduction que l'extrait inféré dans l'Esprit des Journaux, je ne puis juger fi l'on a altéré d'autres articles.

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Lorfque mon voyage parut, on trouva fort étrange, tant à Copenhaque qu'ici, que je n'y

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étois pas entré dans de plus grands détails an fujet du Danemarck, où j'ai refté pendant environ 4 ans, tandis que mon féjour en Suede n'a été que d'un été ; cela ne paroîtra plus extraordinaire, fi l'on confidere que j'ai paffé ces quatre années, l'hiver à Copenhague & l'été dans une terre non loin de cette ville; que les feules excurfions que j'ai faites, fe font bornées aux différentes villes, terres & maifons royales de la Zélande; que j'ai paffé très rapidement à travers les beaux pays fi bien cultivés du Holflein, de Slefwig & de la Fionie ; que je n'ai vu ni les plaines de la Jutlande, ni les montagnes de la Norvege, deux pays très-caractéristiques & trèsdifférens du refte du Danemarck, par la nature de leur fol, leur climat, le caractere & les mœurs de leurs habitans. On m'a reproché en Danemarck d'avoir représenté la nation fuédoife, comme infiniment fupérieure à la danoife. Si je me fuis expliqué en faveur des Suédois, j'ai voulu principalement parler des Danois, habitans des campagnes. Les payfans danois, réduits à une efpece d'esclavage, fur-tont dans la Zélande, la Fionie & la Jutlande, végétoient dans un état d'abrutiffement qui leur ôtoit toute énergie, les rendoit inactifs, pareffeux, insoucians pour la culture, & adonnés à la boiffon. Le gouvernement qui vient de rendre aux payfans cette liberté fi naturelle à l'homme, & qui les a transformés en autant de fermiers, les fera reprendre cette énergie qui, dans les anciens tems, formoit le caractere national des Danois, & qui fe retrouve encore

parmi ceux qu'un trifte esclavage n'a point dégradé.

De vifs chagrins domeftiques m'ayant fait réfoudre à quitter pour quelque tems ma patrie, je trouvai à Copenhague, au sein de l'amitié, des confolations que je n'oublierai jamais : un ami de ma jeuneffe (F. de Coninck) Hollandois comme moi, qui, par fon génie & ses talens, (suivant l'expreffion du gouvernement même) ajouta en Danemarck un nouveau luftre au commerce, par l'état fleriffant où il le fit monter, m'y procura la jouiffance de toutes les douceurs de la fociété ; j'eus occafion d'y faire des connoiffances dans tous les états, je trouvai à la cour & dans le grand monde cette politeffe prévenante qui fait tant de plaifir aux étrangers; j'eus le bonheur de faire connoiffance avec plufieurs feigneurs, protecteurs des fciences & des arts, poffeffeurs de collections bien choisies, de tableaux, de livres, de médailles, & de curiofités de la nature; j'y rencontrai des favans aimables & communicatifs ainfi que des artiftes très-diftingués ; j'y aurois acheyé ma carriere avec plaifir, & je fongeai même à m'y fixer, fi les circonftances, qui eurent lieu dans ma patrie, n'euffent dérangé mes projets; je n'en conferverai pas moins le fouvenir d'un pays où je trouvai un lénitif puiffant à de violens chagrins, & le Danemarck sera toujours cher à mon cœur, & aura les plus grands droits à ma reconnoiffance.

J'efpere, Monfieur, que vous voudrez bien. inférer cette lettre dans votre journal; je n'ai plus à y ajouter que les affurances de la confidéra-.

tion diftinguée avec lesquels j'ai l'honneur de me

dire, &c.

S. F. S. L. DE DREVON, colonel de cavalerie, & premier écuyer de S. A. S. le prince d'Orange.

LA HAYE se 25 octobre 1791.

Les rédacteurs de l'Esprit des Journaux n'aỹant point encore eu l'occafion de confronter les deux ouvrages en queftion, s'en rapportent à la lettre précédente, & font bien-aifes de rectifier ainfi une erreur dans laquelle ils font tombés d'après d'autres journaux.

L'ENFANT DES CHAMPS,

TENDRE

IDYLLE.

ENDRE mere! veux-tu faire le bonheur de fêtre intéreffant qui te doit le jour ? échappe à l'air corrompu des grandes cités. Viens, dans une retraite agréable, refpirer le fouffle pur des zéphirs & le parfum des fleurs nouvelles. Viens nourrir ton fils au pied des rochers pittorefques, au milieu des fcenes touchantes que préfente la riche fucceffion des faifons. Qu'il eft heureux l'enfant nourri dans les campagnes ! Pendant les brûlantes chaleur de l'été, fon berceau fe trouve placé fous de frais berceaux de verdure. Les

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