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Nos conftructeurs de vaiffeaux ont peu de théorie auffi les meilleurs ouvrages que nous poffédons fur ces matieres, font généralement composés par des étrangers. L'auteur paffe en revue les défauts qui fe trouvent le plus communément dans nos vaiffeaux. Si, afin d'être

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toujours préparé à entrer en guerre, on a des
objections à faire contre la conftruction & l'ar-
mement d'un grand nombre de vaiffeaux, l'au
teur propose dans ce cas, ou d'en avoir plufieurs
fur les chantiers toujours couverts, comme à
Venife; où d'en avoir la charpente, &c. arran
gée, coupée, numérotée, & difpofée de façon
à être toujours prête. On condamne ici la
coutume pernicieuse, connue dans nos chantiers
fous le nom de droit de copeaux. On prétend que
la perte, occafionnée par ce dégât, monte à ce
qui fuffiroit pour bâtir une chaloupe de guerre.
par jour.

CHAP. V. Sur les quais & les chantiers.

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On recommande la conftruction de magafins. propres à recevoir les agrêts des vaiffeaux de guerre, où les chofes néceffaires à chaque navire feroient dépofées féparément, numérotées & marquées de maniere à être trouvées dans le moment qu'on en auroit besoin. L'auteur fe plaint que les vieux vaiffeaux font condamnés trop légèrement. On réclame de nouveaux réglemens pour remédier à cet inconvénient, de même qu'à plufieurs autres, dont on fe plaint, dans les chantiers publics.

CHAP. VI. Maniere de former l'équipage d'un vaifeau.

On trouve les deux méthodes ufuelles, à favoir, la preffe ou l'enrôlement forcé, & l'emploi de volontaires, également fujets à de grands abus, & à des retards forcés. On y propofe les remedes fuivans: un corps de marine enregif

é, ou une milice navale, ou enfin l'emploi conftant dans les chantiers d'un certain nombre de marins, en forme de journaliers, qui feroient logés dans des cafernes, récompensés par une légere addition à leur paie, & remplacés, en tems de guerre, par des travailleurs ordinaires. On examine enfuite les mauvais effets qui s'enfuivent de la coutume de faire paffer les équipages de vaiffeau en vaisseau.

CHAP. VII. Maniere de lever des matelots, en les enregiftrant, & de la demi-paie.

Ce chapitre est très-long: il contient 122 pages, pendant que les fix premiers n'en contiennent ensemble que 24. Par une faute de l'im primeur, il eft fubdivifé en d'autres chapitres, au-lieu de fections.

La premiere tentative qu'on fit pour lever un corps de marins au moyen d'un regiftre, fut en 1346. On employa alors pour armer les deux flottes de 706 vaiffeaux qu'on équipoit, la même maniere à-peu-près; dont on leve aujourd'hui la milice. Fowey, dans la province de Cornouailles, fournir à-peu-près deux fois autant de vaiffeaux que la cité de Londres. Après celle-ci, c'étoit Yarmouth qui fournit le plus grand nom bre, 43 vaiffeaux, pendant que Bristol n'en fourniffoit que 22. Le roi en donna 24, le même nombre que Londres, mais pas autant que Shore

ham. Chaque navire, un portant l'autre, étoit armé de 26 hommes.

On trouve ici la liste de la flotte, telle qu'elle fe trouvoit à la mort de la reine Elifabeth. On y lit auffi l'acte de parlement pour l'augmenta tion & l'encouragement des matelots, paffé dans les ans 7 & 8 du regne de Guillaume III. Il porte l'érection d'un registre. On lit enfuite l'extrait de l'acte introduit par M. Pulteney, & la défenfe qu'en a faite l'auteur de ce livre. Cet acte tend à venger les droits des marins, & à comparer la méthode de les lever par force, & par la preffe, avec celle de les enregistrer. Les ob jections qu'on a faites à cette derniere méthode font établies dans toute leur force, & victorieufement combattues. Nous donnerons la conclufion de ce qu'il dit à ce fujet, & ce fera un échantillon favorable de la maniere de notre

autar.

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La maniere d'équipper les flottes de fa majefté par la force & la violence, n'eft pas moins impolitique qu'elle eft infconftitutionnelle. On ne pourra jamais fe perfuader que c'est en violant tous les droits de nos braves marins, qu'on réuffira à les engager à la défenfe de ceux de leurs oppreffeurs; & néanmoins tel eft le traitement qu'ils ne manquent jamais d'essuyer, toutes les fois qu'on les invite à facrifier leur liberté & leurs vies pour la défense de leurs com patriotes. Peut-on raisonnablement fuppofer que ces mêmes hommes combattront pour des avantages dont ils ne jouiffent jamais plus long-tems qu'il ne plaît aux miniftres de fa majefté; ou

bien , pour la liberté & le bonheur de ceux qui les traitent en efclaves. Néanmoins les matelots anglois ont tant d'attachement & tant d'affection pour la mere-patrie, que toutes les fois qu'ils rencontrent l'ennemi commun, ils semblent perdre la mémoire de leurs torts nombreux, pour ne s'occuper qu'à foutenir l'honneur du pavillon anglois.

» Il feroit donc digne de cette grande nation commerçante d'approprier une petite partie de fon extrême opulence au bonheur futur & an foulagement d'une race de braves gens, qui mérite nos remerciemens & notre reconnoiffance en tems de paix, & dont les fervices font inappréciables en tems de guerre. La coutume de violenter nos braves défenfeurs toutes les fois qu'on a befoin de leurs fervices, doit régimber fur le public, qui les récompense fi mal; & fi on n'adopte pas d'abord un traitement plus gé-néreux, plus humain, & plus conflitutionnel, il eft impoffible de prévoir tous les maux auxquels une telle tyrannie pourra enfin nous exposer. <<

On donne ici un calcul des fraix qu'on fuppofe devoir coûter l'érection d'une fociété projettée de matelots, & qu'on met en comparaison avec ceux qu'occafionne la preffe, pendant une guerre de fix ans. Il paroît par cette eftimation, que les dépenfes qu'exigera l'établiffement d'un corps fuffifant de matelots expérimentés, feront, au bout de cinquante-quatre ans, moindres de deux tiers, que l'intérêt de l'argent employé dans -la preffe pendant le cours de trois guerres, dont chacune dureroit fix ans ; quand bien même on

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ne taxeroit les fraix de chaque matelot qu'à trente livres Aerling, pour le compte du gou

vernement.

On voit enfuite paroître une piece traduite du françois, contenant tous les réglemens faits en France, pour enregistrer & claffer les gens de mer. Ces pieces ne pourront pas certainement manquer de fuggérer plufieurs idées heureufes pour l'avantage du fervice.

On termine ce chapitre par quelques obfervations de l'auteur fur les nombreuses difficultés auxquelles fe trouvent exposés ceux qui font la preffe ou l'enrôlement forcé. Il recommande itérativement d'avoir toujours fous les ordres un corps de matelots enregistrés; fecondement, d'encourager le fervice des volontaires; & troifié mént, de ne forcer que ceux qui fe refusent à une des conditions précédentes.

Pour rendre agréable la coutume d'enregistrer les matelots, & pour leur en faire un objet défirable, l'auteur propofe qu'on leur accorde la demi-paie en tems de paix, de certaines exemptions, des récompenfes & d'autres encouragemens. Pour établir un fonds pour répondre à ces dépenfes, il propofe une taxe d'un fol à prélever fur chaque tonneau du chargement de tous les vaiffeaux qu'on emploie dans le royaume; l'impofition d'une taxe proportionnelle fur toutes les provinces; ou finalement une fomme fixe que voteroit le parlement pour les extraor dinaires de la marine.

CHAP. VIII. Sur le payement des gages des mastelots, & fur ce qui regarde les agens pour les prifes.

On

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