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gnez-moi le regret de concourir à des mefures féveres contre vous; consultez votre véritable intérêt; laiffez-vous guider par l'attachement que vous devez à votre pays; & cédez enfin au vœu des François & à celui de votre roi. Cette démarche de votre part fera une preuve de vos fentimens pour moi, & vous affurera la continuation de ceux que j'ai toujours eus pour

yous.

Signé LOUIS.

QUESTIONS EMBARRASSANTES.

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NOUS

OUS demanderons aux émigrans, dans quelle hiftoire ils ont lu qu'il foit glorieux pour le fujet d'une monarchie, d'abandonner le monarque qu'on aime & auquel on eft attaché par les liens de la reconnoiffance, au milieu de ceux qu'on regarde, à tort fans doute, mais avec conviction, comme fes affaffins & fes perfécuteurs ? Si cela eût été vrai, ils expoferoient donc le roi à un danger certain, pour lui procurer des fecours lents ou incertains? Ils comparent avec raison, la monarchie à un gouvernement paternel; mais des enfans dont le pere eft en danger, commencent ils par calculer que leurs bras font trop foibles pour le fecourir? Ne doivent-ils pas, s'il le faut, expirer en le défendant? Et s'ils lui fuppofent des torts, s'ils dif ferent d'opinions, eft-ce là le moment de fe les rappeller?

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2o. Nous demanderons aux patriotes, s'il n'eft pas naturel, s'il n'eft pas jufte, qu'une claffe de citoyens, dépouillée de ce qu'elle avoit de plus cher dans fon opinion, maltraitée dans prefque toutes les provinces du royaume, cherche à fuir le théatre de tant d'horreurs ?

3°. Nous ne dirons pas aux émigrans que la conftitution foit la meilleure poffible, ni même qu'elle foit bonne, parce que nous ne les perfuaderions pas, & que nous n'attaquons point leur opinion; mais nous leur demanderons s'ils ont réfléchi à la néceffité d'une conftitution pour la France, c'eft-à-dire, d'une réforme fixe & inaltérable de tous les abus dont la plupart d'entr'eux fe plaignoient? Ne regardent-ils comme abus, que ceux dont ils fouffroient? Des gens qui n'étoient pas eux, gagnoient à ces abus-là, & perdent à leur réforme; mais ne gagnoientils pas eux-mêmes à quelques autres abus, & faut-il pour cela épargner ces abus, parce qu'ils en profitoient?

4°. Nous demanderons aux patriotes fi une claffe de citoyens qui profitoit de quelques abus de l'ancien gouvernement, doit perdre autre chofe, par leur deftruction, que l'avantage qu'elle en retiroit? Pourquoi donc cette claffe, pourvue des mêmes droits que les autres citoyens fe trouve-t-elle tout-à-coup privée de ces droits par le fait, & que prefque par-tout, appartenir à cette claffe eft un motif fuffifant pour être écarté de toutes les places, fouvent même pour ne pouvoir réclamer, avec fuccès, l'appui de la juftice commune? Eft-ce parce que quelques

pétaudieres jacobites ont répété jufqu'au dégoût, qu'il falloit s'en défier? Mais la défiance dont l'excès nuit fi fouvent dans le commerce de la vie habituelle, n'eft-elle pas une fource inépui fable de troubles & de divifions, lorfqu'elle exifte entre différentes claffes de la fociété ? N'eft - ce pas une maniere de perfécuter en fait de gouvernement? Et la perfécution, en fait de gou→ vernement, n'eft-elle pas auffi dangereuse qu'en matiere de religion? Comment veut-on attacher à leur pays & au nouvel ordre de chofes, des citoyens qu'on en éloigne avec affectation? Croiton que des citoyens qui étoient tout, s'accoutument à n'être rien? Est-il jufte que ceux qui étoient leurs inférieurs, leur faffent paffer leur infériorité, en ufurpant eux-feuls la fupésiorité?

59. Nous demanderons aux émigrans s'ils fongent férieusement à fe rétablir dans leur patrie ? Si telle eft leur intention, pourquoi commencent-ils par l'épuifer, en verfant le produit de leurs propriétés fur des bords étrangers? Croientils que le moyen le plus fûr de lui procurer la tranquillité & le bonheur dont ils prétendent, fans doute, y jouir, foit d'en emporter l'argent & d'y rapporter la guerre civile & étrangere ? Penfent-ils qu'ils vivront affez pour voir la gué rifon de toutes ces plaies? Efperent-ils pouvoir rétablir l'ancien régime, eux qui s'en plaignoient tant auparavant, qu'il étoit de mode de déclamer contre le gouvernement? Croient-ils que leur opinion, fuffent-ils au nombre de cent mille doive l'emporter fur l'opinion du refte de la na

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tion? Et s'ils fuppofent que l'opinion générale n'eft bien connue, la feront ils connoître pas davantage par des moyens violens, eux qui fontiennent qu'elle eft enchaînée aujourd'hui par des moyens violens? Peuvent-ils imaginer qu'il n'y a pas beaucoup de gens-de-bien en France qui ne foient de leur avis à beaucoup d'égards, mais dans l'opinion defquels le devoir fera toujours de fe trouver à côté & du côté du monarque ?

6. Nous demanderons aux patriotes quelle a dû être la conduite de tant d'honnêtes gens, de tant de peres de famille, qui, fans approuver toutes les fuites de la révolution, fe feroient réfignés à ne point quitter leurs foyers, fi le préjugé de l'honneur, le raffemblement d'un corps auquel ils tiennent, la voix impérieuse de leurs amis, ne les avoient pas arrachés à leur patrie? Ei parmi les émigrans, il y en a beaucoup dans ce cas là. Nous leur demanderons fi le décret rendu contre les émigrans, par l'affemblée conítituante, n'a pas naturellement doublé leur nombre, & s'il faut que des citoyens foient punis des erreurs du corps légifaf? Pourroient - iks foutenir, avec quelque vérité, & même avec quelque vraisemblance, que l'ordre eft rétabli dans les départemens, tandis qu'il ne fe paffe pas une femaine, quelquefois pas un jour, qui n'apporte, de ces départemens, de nouveaux témoignages de l'anarchie qui y regne? Quelle peut donc être la fauve-garde des émigrans qui vou droient y revenir ?

7. Enfin, & voici la plus embarraffante de

toutes les queftions aux émigráns : nous avons entendu dire à beaucoup de gens de toutes les claffes, qu'il étoit impoffible que les émigrans revinffent en France, autrement que les armes à la main ; & nous concevons qu'après tous les préparatifs & toutes les démonftrations dont ils ont fait retentir les gazettes, un retour paifible pourroit leur paroître difficile mais nous leur demanderons qui, du monarque ou d'eux, doit reculer? Le roi auffi fait des démonstrations il a auffi ordonné des préparatifs, il a écrit, il a négocié Ils diront à cela qu'il n'étoit pas libre, quoique tout prouve le contraire depuis fon acceptation; mais enfin s'il l'eft effectivement, s'il croit l'être, s'il perfifte dans fes intentions, comme il n'y a pas lieu d'en douter, que feront les émigrans?

(Spectateur national. )

LES CONFESSIONS.

COMMENT

OMMENT fe fait-il que tant de gens parlent politique, que tant de gens écrivent & lifent des ouvrages politiques, que la politique forte, pour ainfi dire, par tous les pores, à tous ceux que vous rencontrez, & qu'il y ait fi peu de perfonnes qui connoiffent leurs véritables intérêts politiques? Depuis l'origine de la révolution jusqu'à préfent, on ne voit que défaut de politique dans tous les partis, ce qui prouve incontestablement, ou l'ignorance, ou la

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