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partager les deftinées, & de prêter fon fecours aux loix qui veillent à fa fûreté ?

La conftitution, qui a fupprimé les diftinctions & les titres, n'a point exclu ceux qui les poffédoient des nouveaux moyens d'influence & des nouveaux honneurs qu'elle a créés; & fi, loin d'inquiéter le peuple par leur absence, & par leurs démarches, ils s'empreffoient de concourir au bonheur commun, foit par la confom. mation de leurs revenus au sein de la patrie qui les produit, foit en confacrant à l'étude des intérêts publics l'heureuse indépendance des besoins que leur affure leur fortune, ne feroient-ils pas appellés à tous les avantages que peuvent départir l'eftime publique & la confiance de leurs concitoyens ?

Qu'ils abandonnent donc des projets que réprouvent la raifon, le devoir, le bien général & leur avantage perfonnel. François, qui n'avez ceffé de publier votre attachement pour votre roi, c'est lui qui vous rappelle dans votre patrie; il vous promet la tranquillité & la fûreté au nom de la loi dont l'exécution fuprême lai appartient; il vous les garantit au nom de la nation avec laquelle il eft inféparablement uni, & dont il a reçu des preuves touchantes de confiance & d'amour. Revenez : c'eft le vœu de chacun de vos concitoyens, c'est la volonté de votre roi; mais ce roi qui vous parle en pere, & qui regardera votre retour comme une preuve d'attachement & de fidélité, vous déclare qu'il eft réfolu de défendre par tous les moyens que les circonftances pourroient exiger, & la fûreté

de l'empire qui lui eft confiée, & les loix au maintien desquelles il s'eft attaché fans retour.

Il a notifié fes intentions aux princes fes freres; il en a donné connoiffance aux puiffances fur le territoire defquelles fe font formés des raffemblemens des François émigrés. Il espere que les inftances auront auprès de vous le fuccès qu'il a droit d'en attendre. Mais s'il étoit poffible qu'elles fuffent vaines, fachez qu'il n'eft aucune réquisition qu'il n'adreffe aux puiffances étrangeres; qu'il n'eft aucune loi juffe, mais vigoureufe, qu'il ne foit réfolu d'adopter, plutôt que de vous voir facrifier plus long-tems à une coupable obftination le bonheur de vos concitoyens, le vôtre & la tranquillité de votre pays.

Fait à Paris, le 12 novembre 1791. Signé LOUIS. Et plus bas, DELESSART.

LETTRE DU ROI aux princes François, fes freres. PARIS, le 16 octobre 1791.

J'AUROIS

'AUROIS cru que mes démarches auprès de vous, & facceptation que j'ai donnée à la conftitution, fuffifoient, fans un acte ultérieur, de ma part, pour vous déterminer à rentrer dans le royaume ou du moins abandonner les projets dont vous paroiffez être occupés. Votre conduite depuis ce tems devant me faire croire que mes intentions réelles ne vous font pas bien conj'ai cru devoir, à vous & à moi, de vous en donner l'afurance de ma propre main,

mues,

Lorfque

Lorfque j'ai accepté, fans aucune modification, la nouvelle conftitution du royaume, le vœu du peuple & le défir de la paix m'ont prin cipalement déterminé ; j'ai cru qu'il étoit tems que les troubles de la France euffent un terme; & voyant qu'il étoit en mon pouvoir d'y concourir par mon acceptation, je n'ai pas balancé à la donner librement & volontairement : ma résolution eft invariable. Si les nouvelles loix exigent des changemens, j'attendrai que le tems & la réflexion les follicitent je fuis déterminé à n'en provoquer & à n'en fouffrir aucun par des moyens contraires à la tranquillité publique & à la loi que j'ai acceptée.

Je crois que les motifs qui m'ont déterminé doivent avoir le même empire fur vous je vous invite donc à fuivre mon exemple. Si, comme je n'en doute pas, le bonheur & la tranquillité de la France vous font chers, vous n'hésiterez pas à concourir par votre conduite à les faire renaître. En faifant ceffer les inquiétudes qui agitent les efprits, vous contribuerez au réra-, bliffement de l'ordre, vous affurerez l'avantage aux opinions fages & modérées, & vous fervirez efficacement le bien que votre éloignement & les projets qu'on vous fuppofe ne peuvent que

contrarier.

Je donnerai mes foins à ce que tous les François qui pourront rentrer dans le royaume y jouiffent paifiblement des droits que la loi leur reconnoît & leur affure. Ceux qui voudront me prouver leur attachement ne balanceront pas. Je regarderai l'attention férieufe que vous donnerez Tome Ier.

K

à ce que je vous marque, comme une grande preuve d'attachement envers votre frere & de fidélité envers votre roi; & je vous faurai gré, toute ma vie, de m'avoir épargné la néceffité d'agir en oppofition avec vous, par la réfolution invariable où je fuis de maintenir ce que j'ai annoncé.

Signé LOUIS.

LETTRE du roi à LOUIS-STANISLAS-XAVIER prince François, frere du roi.

J

PARIS, le 11 novembre 1791.

E vous ai écrit, mon frere, le 16 octobre dernier, & vous avez dû ne pas douter de mes véritables fentimens. Je fuis étonné que ma lettre n'ait pas produit l'effet que je devois en atrendre. Pour vous rappeller à vos devoirs, j'ai employé tous les motifs qui devoient le plus vous toucher. Votre abfence eft un prétexte pour . tous les malveillans, une forte d'excufe pour Tous les François trompés qui croient me fervir en tenant la France entiere dans une inquiétude & une agitation qui font le tourment de ma vie. La révolution eft finie, la conftitution eft achevée, la France la veut, je la maintiendrai ; c'cft de fon affermiffeinent que dépend aujourd'hui le falat de la monarchie. La conftitution vous a donné des droits; elle y a mis une condition. que vous devez vous hater de remplir, Croyez

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moi, mon frere, repouffez les doutes qu'on voudroit vous donner fur ma liberté. Je vais prouver par un acte bien folemnel, & dans une circonftance qui vous intéreffe, que je puis agir librement. Prouvez-moi que vous êtes mon frere & François, en cédant à mes inftances. Votre véritable place eft auprès de moi; votre intérêt, vos fentimens vous confeillent également de venir la reprendre; je vous y invite, &, s'il le faut, je vous ordonne.

Signe LOUIS.

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LETTRE du roi à CHARLES-PHILIPPE prince François, frere du roi.

VOUS

PARIS, le 11 novembre 1791.

L

OUS avez fûrement connoiffance du décret que l'affemblée nationale: a rendu relativement aux François éloignés de leur patrie; je ne crois pas devoir y donner mon confentement, aimant à me perfuader que les moyens de douceur rempliront plus efficacement le but qu'on le propose &que réclame l'intérêt de l'état. Les diverfes démarches que j'ai faites auprès de vous ne peu vent vous laiffer aucun doute fur mes intentions, ni fur mes voeux. La tranquillité publique & mon repos personnel font intéreffés à votre retour. Vous ne pourriez prolonger une conduite qui inquiete la France & qui m'afflige, fans manquer à vos devoirs les plus effentiels. Epar

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