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à Nuremberg. (Murr, Bibliotheque des beaux-arts vol. I, page 287.)

Arion, Taron, Melicertes, ou Palemon, affis fur un dauphin avec une infcription qui doit être lue de droite à gauche. C'eft d'une gravure très-ancienne, avec une bordure étrusque. «

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» L'abbé Winckelman (Catal. de Stofch, page 3527) n'ayant point de connoiffance de cette belle gravure dans l'ancien ftyle grec, & ne la connoiffant que d'après une ancienne pierre factice, en parle comme d'un monument précieux de l'habileté des Etrufques; car il a adopté l'idée d'un ftyle étrufque qui n'eft évidemment que le très-ancien ftyle grec. M. de Murr, dans l'excellente compilation, dont nous avons parlé, a annoncé une differtation d'un fayant fur le fujet, la gravure, & le propriétaire de cette pierre. S'il l'écrivoit avec la pefanteur des antiquaires italiens, & de beaucoup d'autres faifeurs de livres de la vieille roche, il feroit à craindre que le pauvre Arion ou Palemon, nonobftant les généreux efforts du dauphin, ne fût noyé, non dans la profondeur de la mer, mais bien plus dans celle de fes recherches, à-peu-près de la même maniere que la cité de Herculanum fe trouve engloutie une feconde fois dans le fameux ouvrage appellé Prodromo di Bajardi Sopra la citta di Erulano, qui contient cinq gros volumes in-4to. dans lefquels cependant on ne trouve pas le moindre renfeignement fur la cité en queftion. » 8714. En foufre. Stofch. Fragment. Une Amazone combattant avec fa bipenna.

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chans, dont étoient armées les Amazones, nous fera de quelque avantage pour déterminer le pays qu'elles habitoient. Suivant le témoignage de la fable & de l'hiftoire ancienne, toutes les fois que les anciens en font mention, on les fait venir originairement de l'Afie mineure, du Nord, de la Thrace, d'au-delà du Danube, du pays des Sarmates, du Bofphore, ou des bords de la mer noire : c'est-à-dire, du nord-eft de l'Europe, que les anciens comprenoient très - fouvent fous la dénomination vague de Scythie; & il eft vraiment remarquable qu'aujourd'hui encore les heyducs de Pologne, auffi-bien que la cavalerie nationale hongroife & polonoife, & les Tartares de Beffarabie & de Crimée, fe fervent encore dé la hache d'armes à double tranchant, prefque de la même forme que celle dont les anciens armoient les Amazones, qui la portoient comme une arme guerriere beaucoup plus terrible & défaftreufe que le fabre, ou comme une marque d'honneur & de diftinction.

Mais la queftion eft de favoir s'il fut jamais anciennement des Amazones dans ces pays feptentrionaux. Hypocrate, qui ne paffe pas pour un conteur de fables, mais pour un obfervateur très-exact & judicieux, nous dit dans fon livre (de Aer. loc. & aq. fe&t. III.) » Il y a en Europe une nation de Scythes établie fur la mer noire, qui differe extrêmement de tout autre peuple; ils s'appellent Sauromates leurs femmes montent à cheval, bandent l'arc, & manient la javeline avec adreffe. Elles vont à la guerre tandis qu'elles font vierges, & jamais ne

fe marient avant d'avoir tué trois de leurs enne mis elles fe font même un fcrupule d'avoir connoiffance avec un homme auffi long-tems qu'elles n'ont pas rempli ce devoir, & qu'elles n'ont pas facrifié à la divinité, suivant la coutume du pays. Loríqu'une femme eft mariée elle eft alors exempte de faire le fervice à cheval, excepté dans le cas de néceffité, & pour une expédition générale. «<

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Cette coutume doit former une cavalerie auffi extraordinaire qu'agréable; & comme il n'y a pas de raison pour les regarder à travers le voile de la fable poétique, ou d'en faire une républi que indépendante fondée fur le thermodon, nous ne voyons aucun fujet de douter de leur exiftence dans le tems d'Hippocrate. Les femmes du Nord, en général, conferverent pendant fort long-tems les vertus & les exercices viriles.

» Les Grecs & les Romains nous affurent unaniment qu'ils rencontrerent fouvent des troupes d'Amazones on de femmes, dans leurs batailles contre les Thraces, les Goths & les Germains. Même de nos jours, l'on trouve souvent des femmes fe fignalant dans les combats, & nous avons vu l'honneur de la chevalerie conférée à une femme, en récompense de sa valeur militaire. La seule différence que nos mœurs ont mife entre leur génie militaire & celui des Amazones, ou des anciens Sauromates, c'eft qu'il n'y a plus aujourd'hui ni religion, ni génie national qui les obligent à fe foumettre à ce dur exercice, & que nous nous croyons plus heureux avec des fem mes qui n'ont pas paffé par de telles épreuves. 4

Le difcours préliminaire contient des détails trop importans pour nous laiffer le loifir de relever quelques inexactitudes de flyle, qui font d'ailleurs excufables dans l'ouvrage d'un étranger.

Ayant ainfi généralement exprimé notre fatisfaction fur le catalogue des pierres composées de M. Taffie, nous fouhaiterions pouvoir, fans bleffer la vérité, le donner comme exempt d'une tache qui malheureusement fouille tous les catalogues de ce genre, en dépréciant, comme ils font, les cabinets qu'ils ont l'intention de décrire. La mythologie des anciens est pleine d'allégories, & de toutes les allégories, celle que les peintres & les fculpteurs mettoient générale. ment le plus de peine & de foin à exprimer & à embellir, eft la représentation de la puiffance créative de la divinité, fous des figures & emblêmes qui tendent directement à fomenter & enflammer ces paffions, que la morale ne burre qu'à réprimer ou modérer, & que les préceptes du chriftianifme commandent expreffément de mortifier & fubjuguer. Dans ces représentations allégoriques des anciens, qui ont été fervilement copiées & multipliées presqu'à l'infini par les artiftes modernes, l'oeil perçant de l'éleve & de l'antiquaire pénétre aifément le voile du myftere, & contemple la réalité qu'il enveloppe & recele mais la plupart de ceux dans les mains de qui tomberont ces volumes, n'y verront probablement rien au-delà des empreintes, qui font fi propres à fatisfaire la groffiere imagination des libertins, à faire rougir la modeftie, & à provoquer avec raifon la cenfure des moraliftes.

Il eft vrai que M. Taffie peut dire, qu'en exerçant fon art, il eft obligé de copier les pierres qu'il trouve entrer dans fon projet ; il peut dire que ce n'eft pas à lui d'apprécier la connoiffance de ceux qui l'emploient, & à déterminer fi leur favoir les rendra capables de difcerner, dans l'antiquité, le bon du mauvais; il peut de plus alléguer pour excufe, que comme l'œil eft le fens qui tranfmet le plutôt les objets à l'efprit, il a, contre la pratique de fes prédéceffeurs, prefqu'entiérement exclu des taillesdouces jointes à cet ouvrage, tout ce qui pouvoit choquer les bonnes mœurs, ou offenfer la délicateffe. Si l'on peut recevoir ces excufes pour M. Taffie, quelle apologie pourra faire M. Raspe, pour la complaifance avec laquelle il s'arrête fur un article qu'il eft prefqu'indécent de nommer? Dans ce fiecle, & chez une nation où tout le monde lit, un auteur anglois, lors même qu'il n'écrir que pour les artiftes & les amateurs, ne doit jamais entiérement perdre de vue

Virginibus puerifque canto.

(Monthly review.),

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