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1321.8.30

MÉMOIRES ET DOCUMENTS

RELATIFS AUX

XVIII ET XIXe SIÈCLES

1. Madame Roland et Roland. Lettres avant le mariage (1777-
1780), publiées par Claude PERROUD. Un vol. in-8° (portr. et
plans)......
7 fr. 50

...

II et III. Mémoires de J.-P. Brissot (1754-1793), publiés avec
étude critique et notes par Cl. PERROUD. 2 vol. in-8°
(portr.).........

1

15 fr.

IV. Correspondance et papiers de J.-P. Brissot, précédés d'un avertissement et d'une notice sur sa vie, par Cl. PERROUD. Un vol in-8 (portr.) .............

V. HARDY.

7 fr. 50

Mes loisirs ou Journal des évènements tels qu'ils parviennent à ma connaissance, publié par MM. Tourneux et Vitrac. Tome I. (1764-1873), 1 vol. 7 fr. 50

in-8....

NOTICE PRÉLIMINAIRE

S'il est un document historique important dont la publication tardive peut, à bon droit, surprendre, c'est à coup sûr celui que nous plaçons aujourd'hui sous les yeux du lecteur. L'existence du Journal de Hardy, pour lui donner le titre sous lequel il est couramment désigné, est connu de tous ceux qui, à un point de vue quelconque, se sont, depuis cinquante ans, occupés de l'histoire de Paris à la fin du XVIIIe siècle, et il n'est presque pas un seul d'entre eux qui n'ait eu recours à lui, soit pour en détacher une particularité intéressante, soit pour y relever un trait caractéristique de l'opinion publique dans la classe moyenne. Cependant, jusqu'à ce jour, toutes les bonnes volontés avaient échoué devant la difficulté d'opérer un triage équitable dans la masse de faits accumulés par le rédacteur de ces gros registres et aussi tout en s'efforçant de ne rien leur faire perdre de leur physionomie, devant la nécessité de sacrifier sans scrupule les longueurs et les inutilités qui les encombrent. La tâche était singulièrement délicate, mais avant d'exposer comment nous l'avons comprise, il est indispensable de dire ce que l'on sait de la vie de l'auteur, des garanties qu'il nous offre, de la valeur de son témoignage et des vicissitudes par lesquelles a passé un manuscrit si fréquemment consulté et cependant, hier encore, à part quelques pages, entièrement inédit.

I

Bien qu'il n'ait que rarement parlé de lui-même et tout à fait incidemment, Siméon-Prosper Hardy nous en a dit assez sur son compte pour nous faire savoir qu'il était de bonne souche parisienne et bourgeoise, exerçant une profession alimentée par celles qu'on est convenu d'appeler libérales et comptant même parmi ses ascendants un recteur de l'Université, Delaval, dont la fille fut la propre mère de Hardy. Né en 1729 dans une maison de la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, au coin de la rue Traversière (détruite par le percement de la rue des Ecoles), l'enfant fit ses classes au collège de Navarre et à celui des Grassins où il eut pour condisciple Léon-Eléonore Leclerc de Juigné qui devait être le dernier archevêque de Paris sous l'ancien régime. Neveu du libraire Guillaume-François Hardy, il apprit à « lever la lettre » chez l'imprimeur Quillau, rue du Fouarre, et fut reçu libraire le 15 mai 1755, non sans avoir dû acquitter les frais d'admission fort élevés (1500 livres) qui lui furent réclamés intégralement, parce qu'il n'était pas « fils de maître ». Le 17 août 1757, il épousa Marie-Elisabeth-Charlotte Duboc, également fille d'un libraire, née en février 1734 et demeurant quai de la Tournelle, cousine germaine d'un conseiller au Châtelet dont le nom revient plus d'une fois sous la plume de Hardy, et sœur de deux commerçants que le Journal nous fait aussi connaître : l'un, marchand bonnetier, place Maubert et en outre marguillier à SaintEtienne-du-Mont; l'autre tenant une papeterie rue du Petit-Pont. L'existence de Hardy et des siens s'écoula

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donc tout entière sur la rive gauche de la Seine et, sauf de fréquents séjours à Saint-Cloud durant la belle saison, il ne paraît pas avoir jamais sacrifié aux goûts et au besoin de déplacement si répandus chez les Parisiens d'aujourd'hui.

Son magasin de librairie, situé rue St-Jacques, audessus de celle de la Parcheminerie, avait pour enseigne A la Colonne d'or. Bien que les affaires qui s'y traitaient ne paraissent pas avoir été jamais très étendues, nous possédons du moins un catalogue sommaire des livres du fonds de Hardy, imprimé à la suite du dernier en date des ouvrages sur lesquels il avait mis sa firme d'éditeur ou plutôt de dépositaire, car il semble avoir tenu l'assortiment », de préférence à des opérations plus aléatoires. Néanmoins, c'est bien à ses frais qu'il avait édité une Analyse de l'ouvrage du Pape Benoît XIV sur les béatifications et canonisations, approuvée par luimême et dédiée au Roi (1759, in-12). L'auteur de cette Analyse était l'abbé Nicolas Baudeau qui a laissé une trace dans l'histoire des doctrines économiques et dont M. Taschereau a publié dans la Revue rétrospective une chronique parisienne comprenant les années 1773-1774. Pour parer aux dangers de la contrefaçon, une note prévient que la signature manuscrite de l'auteur se trouvera à la page « 283» de tous les exemplaires, comme on peut s'en assurer sur celui de la Bibliothèque du Roi (portant aujourd'hui la cote B 3573). A la suite de cette Analyse est imprimée la liste des autres publications que l'on pouvait se procurer à la Colonne d'or. La plupart, il faut le reconnaître, n'émanaient pas de Hardy lui-même et plusieurs d'entre elles ne sont que des réimpressions sans intérêt bibliographique, telles

MES LOISIRS. TOME I.

qu'une réédition de l'Abrégé chronologique de Mézeray (1754, 14 vol. in-12), diverses grammaires latines et françaises (entre autres celle de Lancelot, revue par Duclos), des répertoires de la jurisprudence usuelle d'alors (Code civil, Code criminel, Code marchand, Code Louis XV), tous de format in-24. La science juridique était encore représentée chez Hardy par le Recueil des principales questions de droit de Bretonnier, annoté par A.-G. Boucher d'Argis. Les Eléments de chimie de Juncker, traduits par Becker, les Nouvelles Observations physiques et pratiques sur le jardinage, traduites de Bradley par de Puisieux (1756, 3 vol. in-12), les Instructions pour les jardins fruitiers et potagers de La Quintinie s'adressaient à une classe de lecteurs de tout temps nombreuse et incessamment renouvelée. Deux ouvrages de contemporains célèbres, une édition des Considérations de Montesquieu sur les Causes de la grandeur et de la décadence des Romains et une réimpression des Mémoires d'un homme de qualité, par l'abbé Prévost, semblent avoir échappé, l'une et l'autre, aux recherches de Louis Vian et de Henry Harrisse. Je note encore des rééditions de l'Essai sur les grands événements par les petites causes de Richer, des Fables choisies de La Fontaine commentées par Pierre Coste, une traduction par l'abbé Le Peletier de la Vie du Pape Sixte V de Gregorio Leti, un Traité des principes de la foi chrétienne de Duguet, enfin deux livres de valeur et de notoriété inégales : le Spectacle des Beaux-Arts de Jacques Lacombe et des Pensées errantes, avec quelques lettres d'un Indien, par Mme de Bénonville, dont Barbier a dévoilé l'anonymat. Tout cela ne constituait sans doute pas une exploitation bien fructueuse et n'aurait pas permis à Hardy de se retirer

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