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blées en vertu de l'arrêté pris le 7, le curé et le vicaire de Montesson furent décrétés de prise de corps.

Le même jour, on publia dans les rues deux arrêts du Conseil d'Etat du roi, datés du 1er janvier. Par le premier de ces deux arrêts, le Roi établissait une Caisse d'escompte pour remplir aux lieu et place du sicur Laborde, son banquier, tous les objets dont il avait été chargé jusqu'alors; la dite caisse administrée par les sieurs Micault d'Harvelay et Savalette de Magnanville, gardes du trésor royal, Thomas de Pange et de Boullongne, trésoriers généraux de l'extraordinaire des guerres ; de Meulan père, Boutin fils, Richard, Baujon et Paris de Treffond, receveurs généraux des finances; Roslin, Donet, Gauthier et Magon de la Balue, fermiers généraux; Devins, secrétaire du Roi (beau-frère du sieur de L'Averdy, contrôleur général) et le sieur de Laborde. Par cet arrêt, le Roi créait de plus 60.000 actions au porteur, au capital de 1000 livres chacune, garnies de dix coupons de 40 livres chacun pourtant intérêt à 4 %. La dite Caisse d'escompte ne devait avoir lieu que jusqu'au 1er janvier 1777, et pendant ces dix années il devait être fait tous les ans un tirage pour différents lots, dont le principal serait de 200.000 livres ; la dite caisse obligée de donner chaque année sur ses bénéfices la somme de 150.000 livres à l'Hôpital des Enfants-Trouvés, sur les quittances du trésorier dudit hôpital. Par le second arrêt le roi établissait un dépôt volontaire des actions interessées sur la susdite caisse, lesquelles seraient remises au sieur Hariague que S. M. commettait à cet effet.

10 janvier. - [Assemblée des chambres du Parlement, arrêt rendu sur les conclusions des gens du roi, à l'occasion du refus de sacrement fait à Montesson, portant réglement contre les faits de schisme.]

12 Janvier. Le froid qui avait commencé à se faire sentir, très violemment, le lundi 5 de ce mois, veille des Rois, n'était à 8 heures du matin qu'à un degré de celui de 1709, suivant le thermomètre du sieur Passemant, demeurant au Louvre, un des plus habiles en ce genre. On fut même persuadé que pendant plusieurs heures de la nuit il pouvait avoir été au même degré.

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15 janvier. [Le sieur Jolivet, curé de Gonesse, décrété d'ajournement personnel par le Châtelet pour refus de sacrement et autres faits.]

16 janvier.

[Assemblée des chambres du Parlement, arrêt rendn

contre une conclusion capitulaire du chapitre de l'église de Paris faite en faveur de l'abbé de Brémont, chanoine, décrété de prise de corps par le Parlement. Autre arrêt concernant toutes les procédures faites en matière de refus de sacrements depuis 1757.]

17 janvier. [Incendie de la maison d'un boulanger, cloître St-Jacquesde-la-Boucherie.]

22 Janvier.

L'Académic française tint sa séance publique pour la réception du sieur Thomas, ci-devant professeur au collège de Beauvais, actuellement secrétaire de M. le duc de Praslin, et interprète pour les cantons Suisses; il succédait à M. Hardion, garde du cabinet des Dames de France. Le prince Louis de Rohan, évêque de Canope et coadjuteur de Strasbourg, présida à cette séance à laquelle assistèrent vingt-deux académiciens, parmi lesquels on remarqua M. le cardinal de Luynes, archevêque de Sens, M. de Montazet, archevêque de Lyon, M. le duc de Nivernais, M. Bignon, prévôt des marchands, M. Séguier, second avocat général du Parlement. M. le Cte de Clermont, prince du sang, aurait du, comme directeur, faire la réponse au discours du sicur Thomas, mais le dérangement de sa santé l'en empêcha. On remarqua qu'il y avait dans l'assemblée beaucoup plus de dames qu'il n'a coutume de s'y en trouver ordinairement. Le discours du récipiendaire, dans lequel il peignit l'homme de lettres citoyen, fut fort applaudi, ainsi que quelques morceaux de son poème épique sur le czar Pierre, dont il fit part au public. La réponse du prince Louis fut trouvéc fort ingénicusc. J'assistai à cette séance qui dura plus de 2 heures.

23 janvier. [Assemblée des chambres du Parlement rejet d'une requête présentée par l'abbé de Brémont, chanoine de l'église de Paris.] 26 janvier. Vers le midi la débâcle des glaces se fit avec assez de violence, du côté du Pont-Marie, et fut occasionnée par une crue de la rivière de Marne. Elle fit un dégât qui ne laissa pas d'être considérable. Plusieurs boutiques de poissons furent brisées, ainsi qu'un grand bateau de blanchisseuses, dans lequel il ne périt qu'une seule femme. Il périt aussi plusieurs bateaux chargés de charbons et de bois.

Le même jour, la Vve Amaulry, libraire au Palais, qui avait été mise à la Bastille au commencement du mois de décembre dernier pour avoir vendu des ouvrages faits en faveur de MM. de La Chalotais, fut élargie sans autre peine qu'injonction de

la part du lieutenant de police d'être plus circonspecte à l'avenir.

27 janvier. Les chambres du Parlement s'étant assemblées et les commissaires nommés le vendredi précédent pour l'examen des nouveaux édits bursaux, ayant fait leur rapport, il fut fait un arrêté qui motivait les raisons de l'impossibilité où se trouvait la Compagnie d'enregistrer ces édits, qui furent remis au parquet pour y demeurer jusqu'à nouvel ordre.

Le même jour, il fut arrêté par rapport à l'exil de MM. de La Chalotais, qu'on travaillerait à de nouvelles représentations. Le même jour, on apprit que les jours précédents, le sieur Guy, associé de la Vve Duchesne, libraire rue St-Jacques, avait tenté de faire rentrer pendant la nuit à Paris un chariot, couvert d'un tapis aux armes d'un grand seigneur, rempli des plus mauvais livres, et entre autre d'un ouvrage fait contre M. le Cte de Saint-Florentin, ministre et secrétaire d'Etat, par le duc de Lauraguais, intitulé Les Sabathines; tous lesdits livres, imprimés à Nancy, avaient été surpris et conduits au château de la Bastille (1).

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29 Janvier. On publia un arrêt du Conseil pour autoriser les étrangers à placer des fonds à la nouvelle Caisse d'escompte, établie par arrêt du 1er du même mois.

Le même jour, tous les princes du sang et un grand nombre de pairs, tant ecclésiastiques que laïques, se rendirent au Palais vers les 10 heures du matin pour la réception de MM. les ducs de Noailles, de Villeroy, de Fronsac, et de M. de Broglie, évêque de Noyon. L'archevêque de Paris s'y trouva.

30 janvier.

[Assemblée des chambres du Parlement remise à statuer sur différents objets et notamment sur le jugement définitif de l'abbé de Brémont. Un gentilhomme irlandais, jugé par le Châtelet et le Parlement, pendu à la Croix du Trahoir pour crime de fausse monnaic.]

3 février.

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[Assemblée des chambres du Parlement: procès de l'abbé de Brémont repris et non terminé.]

4 Février. Ce jour, il fut célébré dans l'église royale de St-Paul, un service des plus solennels pour le repos de l'âme de Messire François-Victor Nègre de Laborde, écuyer, avocat au

(1) Pierre Guy fut relaxé le 26 juillet saivant, précisément sur un ordre contresigné, selon l'usage, par Saint Florentin.

Parlement, décédé au château de Laborde, paroisse de Montesson, le 24 décembre précédent, et auquel le curé et le vicaire de cette paroisse avaient refusé les derniers sacrements, quoiqu'il menât le genre de vie le plus saint et la conduite la plus édifiante. Grand nombre de personnes de tout état et de toute condition assistèrent à ce service ainsi qu'aux messes basses qui furent dites pendant toute la matinée. M. Midor, nouveau curé de la paroisse, officia lui-même à ce service, pour lequel la famille avait fait distribuer 1.700 billets d'invitation. Ce M. Nègre a trois frères, dont un mousquetaire, un conseiller à la Cour des aides, (1) un autre conseiller au Grand Conseil (2) et une sœur, mariée à M. Louvel de Repainville, conseiller au Parlement. L'assemblée qui assista à cette cérémonie fut tout à la fois des plus nombreuses et des plus édifiantes.

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6 février. [Assemblée des chambres du Parlement: arrêt définitif rendu contre l'abbé de Brémont, l'abbé Cussac, chanoine de St-Cloud, et l'abbé Lebis, chapelain des Ursulines du même lieu. Les conseillers rapporteurs des affaires relatives aux différents faits de schisme depuis 1757 invités à se mettre en état de les rapporter au plus tôt.]

8 février. [Refus de sacrement fait à St-Séverin pour l'abbé J.-A. de Corcelle-Vincent, demeurant rue des Anglais.]

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9 Février. A une heure et demie après-midi, une maison sise rue de la Huchette, vis-à-vis de la rue Zacharie, tenant à main droite à la maison du sieur Delastre, marchand mercier, la dite maison connue sous le nom de Cabaret des Bons Enfants, s'étant subitement écrouléc, ensevelit sous ses ruines environ 25 personnes, dont une douzaine au moins moururent sur le champ. Aussitôt ce malheur arrivé, on fut à la paroisse chercher le bon Dieu et l'extrême-onction qui furent déposés pendant 6 heures dans une maison voisine. On fut enchanté du zèle que témoignèrent dans le premier instant les voisins et les passants pour aider à débarrasser les malheureux qui étaient sous les ruines. On travailla toute la nuit à fouiller les décombres, qu'on chargeait à mesure dans des tombereaux et qu'on portait au Parvis Notre-Dame,afin qu'on pût chercher dedans les effets qui s'y trouveraient. Les bois de charpente furent portés au Marché-Neuf.

12 février [Mort de la demoiselle de La Chalotais, fille du procureur général du parlement de Bretagne, son inhumation.]

13 février.

[Prône répréhensible du sieur Jolivet, curé de Go

(1) M. Nègre de Boisboatron. (2) M. Nègre des Rivières. MES LOISIRS. TOME I.

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Assem

nesse, dénoncé par un conseiller du Châtelet à sa compagnie. blée des chambres du Parlement à l'occasion de différents arrêts cassés par le Conseil du roi.]

18 février. Les chanoines réguliers de l'Abbaye royale de St-Victor célèbrèrent pour la troisième fois la messe solennelle qu'ils ont fondée pour la conservation des jours précieux du Roi et de la famille royale. M. de Montazet, archevêque de Lyon, primat de France et titulaire de cette abbaye, officia pontificalement. La messe commença à midi et ne finit qu'à 1 heure 1/2. Cette messe qui aurait dû se dire le dimanche précédent, jour de la naissance du Roi, avait été reculée par S. M. elle-même au 18, afin que les ministres pussent y assister. Parmi les personnes de distinction on remarqua plusieurs cordons bleus, MM. les ducs de Praslin, de Gontaut, de Fitz-James, de Nivernois, M. le prince de Tingry, M. le chevalier de Montazet, quatre évêques: M. de Jarente, évêque d'Orléans, M. de Noé, évêque de Lescar, M. d'Anteroche, évêque de Condom, M. Moreau, évêque de Mâcon, l'abbé de Ste-Geneviève, les supérieurs des Bénédictins, des Oratoriens, Mme la duchesse de Gramont, la duchesse de Fitz-James, la duchesse de Praslin. L'archevêque de Lyon donna à dîner dans son abbatiale aux personnes les plus qualifiées de cette assemblée.

20 février. [Assemblée des chambres du Parlement: dernière réponse du Roi relative à l'exil de MM. de La Chalotais enregistrée ; arrêté pris par rapport à l'état où se trouvait le parlement de Bretagne.]

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[Incendie chez un vitrier de la rue de la Verrerie.]

25 février. [Mort de la dame de la Colinière et du sieur Cte de Kerguesec, leur inhumation.]

6 mars. [L'archevêque de Paris ordonne de dire à toutes les messes les trois oraisons pour la Dauphine. · Assemblée des chambres du Parlement: réponse du Roi aux remontrances sur l'enregistrement d'une déclaration portant établissement de nouveaux droits; ordres d'enregistrer; nouvelles représentations arrêtées.]

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7 mars. - En vertu d'ordres du Roi adressés à l'abbé de SteGeneviève, on découvrit la châsse seulement par le pied et on commença des prières et une neuvaine à laquelle les porteurs de la châsse assistèrent.

9 mars.

Conformément aux ordres du Roi, apportés la

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