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qu'on n'enregistrerait point et qu'on s'en tiendrait à l'acte de démission du 22 mai précédent, lequel fut renouvelé et signé de deux magistrats qui ne s'étaient point démis la première fois, de façon qu'à l'exception de huit membres de ce Parlement il y eut unanimité de la part de tous les autres, ce qui fit prendre en cour le parti d'envoyer un assez grand nombre de maîtres des requêtes et plusieurs conseillers d'Etat, tant pour faire le procès aux membres du Parlement qu'on avait arrêtés que pour rendre la justice aux lieu et place de ceux qui s'étaient démis.

22 novembre. [Convocation des curés de Paris à l'archevêché pour l'affaire des cimetières. Extrait de la Gazette de France concernant l'affaire des démissions du Parlement de Bretagne.]

27 novembre.- Le Parlement de Paris tint sa première assemblée des Chambres depuis la rentrée. Il y fut statué sur trois objets, savoir: 1o que des commissaires, qui furent nommés sur le champ, s'assembleraient dès le soir même pour travailler à des remontrances sur l'état où se trouvait le Parlement de Bretagne, et que ces remontrances seraient lues le vendredi suivant; 2o que le Procureur général se mettrait en état de rendre compte au commencement de décembre de tout ce qui s'était passé dans les bailliages et sénéchaussées du ressort, relativement aux actes de l'assemblée générale du clergé ; 3o qu'il serait fait au Roi des représentations au sujet de l'arrêt du conseil du 15 septembre précédent qui cassait celui que le Parlement avait fait rendre le 4 du même mois contre les dits actes.

29 novembre. — [Lecture faite, aux Chambres du Parlement assemblées, des remontrances arrêtées le 27 et parti pris en conséquence. Procédés extraordinaires de la demoiselle Thouvenot envers la sœur St-François, Ursuline de St-Cloud, connus et manifestés. Extrait d'une lettre contenant une courte description de l'abbaye de Voisins.]

2 décembre.— On sut que le Roi avait fixé au dimanche suivant 8 du même mois, la réception des remontrances de son Parlement de Paris, au sujet de l'affaire de Bretagne ; on sut aussi que le même parlement ayant envoyé un de ses secrétaires à Mgr le Dauphin pour le complimenter au nom de la compagnie et savoir des nouvelles de sa santé, co prince, qui le reçut dans son lit, étant à son séant, répondit : « Dites-lui que je suis mieux

depuis deux jours et que je le remercie. » La Gazette de France de ce jour, qui depuis le 15 du mois précédent avait exactement rendu compte de l'état de ce prince, n'en parla en aucune manière.

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5 décembre. - Dans l'après-midi, les nommés Charles Gilbert, dit Lerouge, garçon cordier, et Charles Duhamel, dit Ovry, ouvrier gazier, âgés l'un de seize, l'autre de dix-sept ans, furent rompus en place de Grève pour avoir, dans la soirée du 29 novembre, attaqué sur le grand chemin de Gentilly à Bicêtre le nommé Jacques Revuete, qu'ils avaient vu changer quelques louis d'or chez un cabaretier des environs, l'avoir maltraité avec violence et volé ; leurs corps après l'exécution,furent portés sur le lieu où ils avaient commis le crime.

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8 décembre. Le Roi répondit à son Parlement de Paris qui s'était rendu à Fontainebleau pour lui présenter ses remontrances relativement à l'affaire du parlement de Bretagne et des actes de l'assemblée générale du clergé « qu'il ferait examiner ces remontrances dans son conseil et qu'il leur donnerait dans huit jours sa réponse. »

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9 décembre. La Gazette de France qui les deux ordinaires précédents avait gardé le silence sur la maladie de M. le Dauphin, en parla dans des termes entortillés et amphibologiques comme elle a presque toujours fait.

10 décembre. [Neuvaine à l'Immaculée-Conception de la Vierge, pour le Dauphin, ordonnée par l'archevêque de Paris, qui en fait lui-même l'ouverture à Notre-Dame. Assemblée des Chambres du Parlement, compte qu'y rend le sieur Joly de Fleury, avocat général, relativement aux actes de la dernière assemblée générale du clergé. Dénonciation de l'interdit prononcé par l'archevêque contre l'abbé Gilbert, chanoine de St-Médéric ; parti que prend le Parlement à ce sujet.]

14 décembre. - [Députation du Parlement relative à l'affaire de Bretagne contremandée à cause de l'état critique du Dauphin. - Evènement tragique dans l'église paroissiale de Saint-Paul.]

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16 décembre. Il arriva dans la matinée deux courriers de Fontainebleau, l'un à l'abbaye de Ste-Geneviève et l'autre à l'archevêché pour demander que la châsse fut descendue et que toutes les églises de Paris y allassent en procession. Le Parlement ayant rendu l'arrêt nécessaire pour cela, et M. le lieutenant civil avec les gens du Roi du Châtelet, s'étant transportés

en l'église Ste-Geneviève pour le mettre à exécution, la, châsse fut sur le champ descendue avec les cérémonies accoutumées et exposée à la vénération des fidèles sur l'autel de la chapelle Ste-Clotilde. M. l'archevêque donna le même jour un mandement qui ordonnait que toutes les églises de Paris, paroisses ou autres, se rendraient processionnellement à la susdite église depuis le lendemain mardi, jusqu'au jeudi inclusivement leur marquant à chacune une heure convenable pour éviter la confusion. Ce fut le chapitre de Notre-Dame qui commença le mardi 8 heures du matin, et qui y chanta la grand'messe; l'archevêque assista à cette procession en habit de chanoine.

20 décembre. Vers les 8 heures du matin, Louis, Dauphin de France, mourut à Fontainebleau, âgé de 36 ans, 3 mois et demi, d'une maladie de langueur qui durait depuis fort longtemps. Toute la cour qui y était depuis les premiers jours d'octobre en repartit sur le champ pour Versailles. Le corps de ce prince fut ouvert et embaumé le même jour par le sieur Andouillet, l'un des chirurgiens du roi. M. le duc de Fronsac lui tint la tête pendant toute l'opération, et reçut le cœur au sortir du corps On ne lui trouva pour cause unique de mort que la moitié des poumons rongée par des ulcères et l'autre moitié absolument desséchée. Il avait demandé par son testament que son cœur fut porté à l'abbaye royale de St-Denis et son corps à Sens, pour y être inhumé dans le chœur de l'église cathédrale au-dessus du lutrin. Sur ce qu'il s'éleva quelques difficultés, entre M. le duc de Choiseul, le premier gentilhomme de la Chambre, et le gouverneur de Fontainebleau, à qui donnerait tous les ordres relatifs à la pompe funèbre, le Roi fit expédier à M. le duc d'Orléans, premier prince du sang, des lettres patentes de lieutenant général pour toutes ces différentes opérations. Ce prince fut chargé de tout le cérémonial et tint une table de cinquante couverts pendant tout le temps du séjour à Fontainebleau.

21 décembre.

[Place Maubert découverte du cadavre d'un particulier tué d'un coup d'épée].

23 décembre. - - Dans la nuit de ce jour au mardi suivant le feu prit rue des Blancs-Manteaux, dans l'hôtel du marquis de Lagrange, beau-frère de M. Joly de Fleury, procureur général du Parlement. Cet incendie ne laissa pas d'être considérable

puisqu'il dura douze heures, n'ayant été absolument éteint que le lendemain vers midi.

26 décembre. Sur le soir, conformément aux dispositions testamentaires de M. le Dauphin, le cœur de ce prince qui avait été apporté de Fontainebleau avec un cortège très simple, jusqu'à la rue du Bac, faubourg St-Germain, par les nouveaux boulevards, y trouva plusieurs autres carosses accompagnés d'un détachement considérable de gardes du corps et de mousquetaires des deux compagnies, ainsi qu'un détachement du guet à cheval, beaucoup de valets de pied, des pages et des suisses, portant tous des flambeaux. Ce cortège, s'étant mis en ordre, défila par le Pont-Royal, le Guichet-Neuf, les rues St-Nicaise. St-Honoré, de la Ferronnerie et St-Denis. M. le prince de Condé et le duc de Coigny avaient été nommés pour accompagner le cœur et M. de Roquelaure, évêque de Senlis, le portait dans un carrosse des plus magnifiques.

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28 décembre. Vers les 11 heures du matin, M. de La RocheAymon, archevêque duc de Reims, Grand aumônier de France, fit à Fontainebleau la levée du corps de M. le Dauphin, qui y était demeuré exposé depuis le samedi précédent. Il fut mis sur un char pour être conduit à Sens, où il avait demandé à être inhumé dans le chœur de l'église cathédrale. Deux gardes du corps, suivis de 100 pauvres portant un morceau d'étoffe et des flambeaux, ouvraient la marche du cortège. Ils étaient suivis d'un détachement de 50 mousquetaires de chacune des deux compagnies. M. le duc d'Orléans, qui devait faire tous les honneurs de la pompe funèbre,était dans un carrosse, accompagné de ses principaux officiers ; le Grand aumônier, le duc de Fronsac, le curé de Fontainebleau et l'abbé Colet, confesseur de ce prince, étaient dans un autre. Les quatre ménins du prince étaient également dans un troisième carrosse, accompagnés d'un grand nombre de pages et de valets de pieds. Le convoi arriva à Sens le même jour, vers 7 heures du soir. Le corps fut présenté par le grand aumônier et reçu par le cardinal de Luynes, archevêque de cette ville, à la tête de son chapitre. Ce cardinal fit un discours fort long, mais qui ne fut nullement goûté des connaisseurs en pièces de ce genre. Le corps fut exposé au milieu du chœur pendant toute la nuit. Le lendemain les obsèques se firent avec la plus grande solennité, après quoi il fut déposé dans le caveau qui avait été préparé exprès.

1766

10 janvier. Le nommé Michel Camus, scieur de long et soldat au régiment des gardes françaises, âgé de 24 ans, fut rompu vif en place de Grève, en conséquence du jugement prévotal rendu contre lui la veille. Ce soldat, après avoir bu quelque temps dans un cabaret du faubourg St-Honoré avec le nommé Eustache Plainchamp, charcutier de Nanterre, la nuit du 30 au 31 décembre, et l'avoir accompagné sur le chemin du Roule, lui coupa la gorge et le vola ; il lui coupa ensuite le nez, les oreilles et les parties et mit le tout dans un mouchoir aux pieds du cadavre. Il fut arrêté le lendemain. Son jugement portait qu'il ne serait étranglé qu'après avoir demeuré une heure exposé vivant sur la roue, et qu'ensuite son corps serait porté sur le lieu où il avait commis le crime, ce qui fut exécuté.

17 janvier. - Les Chambres du Parlement s'étant assemblées vers les 11 heures du matin, il fut arrêté que les gens du roi se retireraient par devers S. M. pour savoir le lieu, le jour et l'heure où son Parlement pourrait aller recevoir sa réponse aux remontrances qu'il avait eu l'honneur de lui présenter à Fontainebleau, le 8 décembre précédent, relativement à l'affaire du Parlement de Bretagne.

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20 janvier. La procession des 92 captifs, rachetés en 1765 par les religieux Mathurins et de la Mercy, se fit avec les cérémonies accoutumées, et continua, suivant l'usage, les deux jours d'après. La quête que l'on fit dans les rues de Paris par lesquelles passèrent les processions ne monta qu'à la somme de 6.000 livres. Dans la nuit de ce jour au mardi suivant, le feu prit dans une maison rue de la Calandre, près le Palais, ce, dans l'appartement qu'y occupait le sieur Jean-Baptiste Claude Dehansy, huissier ordinaire du roi en sa Cour des aides, ancien marguillier de St-Germain-le-Vieux, sa paroisse, et frère du libraire du même nom, lequel était décédé le même jour. Le corps du défunt fut consumé par les flammes, et les restes qu'on put en retrouver étaient si peu considérables qu'il n'y eut point d'inhumation en règle, et qu'on fut obligé de faire faire un service solennel le vendredi suivant en la susdite

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