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31 mai. L'ouverture de l'assemblée générale du clergé se fit aux Grands-Augustins, par la messe du St-Esprit et autres cérémonies d'usage; l'archevêque de Toulouse (de Brienne), fit le discours dans lequel on remarqua beaucoup d'esprit, et qui contenait beaucoup de vœux pour la paix de l'Eglise. Les députés du premier ordre étaient : M. l'archevêque de Reims, grand aumônier de France, de La Roche-Aymon, président; M. l'évêque de Châlons-sur-Marne (de Juigné); M. l'archevêque d'Arles (de Jumilhac); M. l'évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux (de Lambert); M. l'archevêque de Vienne en Dauphiné (D'Hugues); M. l'évêque de Valence (Milon); M. l'archevêque de Tours (de Fleury); M. l'évêque de St-Brieuc (du Breignou); M. l'archevêque de Bourges (Phélipeaux); M. l'évêque de Limoges (d'Argentré); M. l'archevêque de Narbonne (Dillon); M. l'évêque de Béziers (de Roquefort); M. l'archevêque de Toulouse (de Brienne); M. l'évêque de Montauban (de Breteuil); M. l'évêque de Fréjus (du Bellay); M. l'évêque d'Apt (Bocon de Lamerlière); M. l'évêque de Cahors (Duguesclin); M. l'évêque de Rodez (Grimaldi d'Antibes); M. l'évêque de Lisieux (de Condorcet); M. l'évêque d'Evreux (de Marnésia); M. l'évêque de Nevers (Tinseau); M. l'évêque d'Auxerre (Champion de Cicé): M. l'évêque de Chartres (de Fleury); M. l'évêque de Blois (de Thémines); M. l'évêque de Couserans (de Marnays); M. l'évêque de Tarbes (de la Romagère); M. l'évêque d'Angoulême (de Broglie); M. l'évêque de Luçon (Gautier); M. l'évêque de Chalon-sur-Saône (de Rochefort d'Ailly); M. l'évêque de Mâcon (Moreau); M. l'évêque de Glandève (de Tressemannes) M. l'évêque de Senez (de Volx).

Les députés du second ordre étaient MM. les abbés de Malide, de Lestocq, de Lubersac, de Monval, d'Aurelle, de Boisse, de Hercé, Mauduit-Duplessis, de Molen, de Ribeyre, d'Allerey, de Villeneufve, de Cry, de Taurin, de Blacons, de Sabran, de Morangis, de Solminiac, de Jouffroy, de La Rochefoucauld, de Leyssin, de Villedieu, Clément, Lecorgne Delaunay, Despens, de La Feronnaye, de Gyrac, de SaintGeyrac, de Bonneval, de Marnésia, de Ravel, de Savine. Les anciens agents généraux du clergé étaient MM. les abbés de Broglie et de Beausset, et les nouveaux, MM. les abbés de La Luzerne et de Cicé.

2 juin. Les députés à l'assemblée générale du clergé furent

JOURNAL DE HARDY I

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présentés au roi à Versailles par M. le Cie de Saint-Florentin, ministre et secrétaire d'Etat; l'archevêque de Reims, président, porta la parole.

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10 juin. Les commissaires nommés par le Roi se transportèrent aux Grands-Augustins pour l'ouverture de l'assemblée du clergé et demandèrent huit millions de la part de S. M.

13 juin. —L'assemblée générale du Clergé fait vers les 9 heures du matin la procession qu'elle est dans l'usage de faire tous les dix ans quand l'octave du Saint-Sacrement se trouve dans le cours de ses séances.]

23 juin.— [Assassinat rue de Nazareth, d'une dame âgée et de sa domestique].

4 juillet.

[Incendie chez un pâtissier de la rue Neuve St-Médéric].

M. Lenoir, lieutenant criminel au Châtelet de Paris, depuis la translation de M. de Sartine dans la place de lieutenant général de police, ayant acheté une charge de maître des requêtes, se retira et fut remplacé par Testart-Dulys, conseiller au Châtelet depuis environ vingt ans.

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25 août. Anne Cordelier, dite sœur St François, religieuse au monastère des Ursulines de St-Cloud près Paris, âgée de 68 ans, privée de la participation aux sacrements depuis plusieurs années, ainsi que neuf autres de ses sœurs, par un effet de la conduite de M. de Beaumont, archevêque de Paris, se trouvat en danger de mort à cause de l'augmentation prodigieuse et de l'ouverture d'un cancer qu'elle portait depuis fort longtemps, accompagné d'une enflure considérable des jambes et des cuisses. Après avoir fait toutes les démarches qui dépendaient d'elle auprès du sieur Beurré, chapelain de la maison, pour se procurer l'administration des derniers sacrements, elle se trouva enfin forcée,malgré son amour pour la paix, de présenter une requête au Parlement aux mêmes fins, munie qu'elle était d'un certificat du sieur Belletête, médecin de la faculté de médecine de Paris, médecin du monastère, et de faire faire au susdit chapelain sommation juridique de l'administrer dans les vingt-quatre heures.

26 août.-M. le Premier président, M. le Procureur général et M. le Cte de Saint-Florentin convinrent ensemble, pour éviter l'éclat, de faire administrer la susdite religieuse de St Cloud, au moyen d'un ordre du Roi qu'on signifierait à la supé

rieure, et sur les offres que le sieur Lafont, deyen du chapitre de ce lieu, avait fait faire de se prêter à cette démarche.

27 août.- Vers les 8 heures du soir, le feu prit aux poudres du magasin du sieur Torré qui avait donné pendant tout l'été des spectacles d'artifice sur les boulevards; le magasin sauta en l'air, deux hommes furent tués, un troisième mourut quelques jours après de ses blessures et plusieurs autres furent blessés. Les maisons voisines ne laissèrent pas que d'être endommagées par cette éruption, dont le bruit se fit entendre non seulement dans tout Paris, mais même dans les environs.

Le même jour, le sieur Lafont, doyen du chapître de StCloud, rendit visite le matin à la supérieure des Ursulines (nommée Béga, dite de Ste Candide). Le soir à 5 heures, il se rendit au monastère accompagné du vicaire, d'un enfant de chœur et du Suisse, son domestique, pour administrer la religieuse malade. Il était de plus assisté d'un secrétaire de M. de Saint-Florentin et d'un huissier du Conseil. Sur le refus que fit la supérieure d'ouvrir les portes, on fut chercher M. l'abbé de Breteuil, chancelier de M. le duc d'Orléans, qui se trouvait pour lors au château de St-Cloud, imaginant qu'il pourrait peut-être déterminer la supérieure à se rendre ; mais malgré toutes les représentations qu'il put lui faire, elle persista dans sa première réponse, savoir qu'elle n'ouvrirait les portes que moyennant des ordres de M. l'archevêque de Paris, son supérieur ecclésiastique.

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28 août. Ce jour, fête de St Augustin, le refus de sacrement fait chez les Ursulines de St-Cloud, fut dénoncé au Parlement, chambres assemblées; le sieur Lafont écrivit à l'archevêque la disposition où il était d'administrer la religieuse dans le cas où il en serait requis. Vers les 5 heures du soir, en conséquence de l'arrêt qui venait d'être rendu sur le champ, MM. Terray, conseiller-clerc en la Grand-Chambre et Goislard, conseiller-laïc, arrivèrent au couvent assistés de Me Isabeau, l'aîné, greffier, et de Griveau, huissier de M. le procureur général, pour y procéder à l'information qui dura trois heures. Dans le même moment, le doyen du chapître, qui se trouvait au couvent pour faire le salut, reçut une lettre de M. l'archevêque par laquelle le prélat lui ôtait tous pouvoirs quelconques qu'il pût avoir, et lui défendait expressément d'administrer la religieuse malade.

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29 août. En vertu de l'arrêt rendu le matin sur le vu de l'information faite la veille, les médecin et chirurgien du Parlement firent à 6 heures et demi du soir leur descente au monastère, à l'effet de constater l'état de la malade et d'en faire leur rapport le lendemain aux chambres assemblées. Ils étaient accompagnés de Griveau, huissier de M. le procureur général. Sommation fut faite le même soir au sieur Lovite, chanoine de la collégiale et desservant de la paroisse, d'administrer la religieuse malade dans les vingt-quatre heures et cela à la requête des religieuses du parti de la malade.

30 août. La supérieure fut décrétée d'ajournement personnel et le sieur Beurré, chapelain, assigné pour être ouï. Le soir vers les 5 heures, M. Terray, conseiller, assisté de Me Isabeau l'aîné, greffier, et de Magnanville, huissier de la cour, vint lui signifier le décret et lui faire subir interrogatoire sur les charges et informations.

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4 septembre. Vers les 5 heures du soir, on vit arriver au couvent un fiacre dans lequel était Me Griveau, assisté de deux autres huissiers de la cour et d'un scribe.; demiheure après arriva un autre carrosse dans lequel étaient MM. Terray, conseiller-clerc, Goislard, conseiller-laïc, Boullenois, substitut de M. le procureur général et Isabeau l'aîné greffier. Environ une demi-heure après M. de Sartine, lieutenant de police, s'y rendit aussi et tout de suite le sieur d'Hémery, inspecteur. La maréchaussée de Passy était sur la place, au bas de l'avenue du château. Les religieuses discoles furent mandées, on leur fit lecture de l'arrêt qui venait d'être rendu, par lequel il leur était enjoint de nouveau de remettre les clefs, pour qu'on put faire administrer leur sœur malade, et après le refus le plus constant et le plus opiniâtre de leur part, malgré tout ce qu'on put leur dire pour tâcher de les persuader, on se vit contraint d'employer le ministère du sieur Férau, serrurier de M. le duc d'Orléans, qui fit l'ouverture de la porte de clôture en abattant la gâche qui fut aussitôt rescellée par un maçon que l'on avait fait venir exprès, après quoi le sieur Lafont, doyen du chapître, étant entré dans la maison, monta à l'infirmerie pour confesser la religieuse malade, après quoi il redescendit, fut chercher le saint sacrement à la paroisse et revint lui administrer l'extrême- onction et le viatique ; il entra seul avec celui qui portait la sonnette. Pendant toute

cette opération les religieuses discoles se cachèrent et ne parurent point. Le saint sacrement ne fut reçu que par huit des sœurs de la malade qui après avoir demandé pardon à toutes ses sœurs des peines qu'elle pouvait leur avoir causées, fit sa profession de foi en ces termes : « Je crois tout ce que l'Eglise croit et je fais profession de la religion catholique, apostolique et romaine. » La rue était remplie d'une prodigieuse quantité de peuple et il s'en fallut presque du tout que les suffrages se réunissent en faveur de la conduite tenue par M. l'archevêque de Paris.Les gardes de la serrure de la porte de clôture furent changées sur le champ et les nouvelles clefs remises à la mère Ste-Thaïs, sur son récépissé. Le sieur Beurré, chapelain du monastère, avait aussi été décrété de prise de corps le même jour.

7 septembre. Dans l'après-midi, M. le Cte de Saint-Florentin, ministre et secréraire d'Etat ayant le département de Paris, âgé d'au moins 65 ans, se trouvait à la chasse, avec le Roi du côté de Villeprcux, dans le parc de Versailles, ayant changé de fusil pour poursuivre une pièce de gibier et ayant persisté à vouloir se servir de ce fusil, quoiqu'on lui ait représenté qu'il courait risque de se blesser, le fusil creva dans sa main gauche et lui brisa tous les doigts de manière qu'on fut obligé de lui faire le même jour l'amputation du poignet, ce qui n'eut point de suites fâcheuses.

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8 septembre. L'assemblée générale du clergé fut admise à l'audience du Roi et lui présenta des remontrances sur les entreprises des tribunaux séculiers contre la puissance ecclésiastique; le Roi leur répondit qu'il respectait et respecterait toujours inflniment la religion et qu'il ferait examiner leurs remontrances dans son conseil.

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20 septembre. Vers 4 heures après-midi les nommés Antoine Magny et Jean Saigne, chaudronniers à Boulogne, près St-Cloud, coupables de l'assassinat commis le 13 du même mois (1), à qui le procès avait été fait et parfait, arrivèrent de Paris à Boulogne assistés des sieurs Aubry, curé de St-Louisen l'Isle, et Papin, docteur de la maison et société de Sorbonne. On les conduisit dans la charrette du bourreau depuis le Grand

(1) Ils avaient sur le chemin qui du Pont de Sèvres allait à celui de St-Cloud, tué à coups d'échalas, pour le dévaliser, lour camarade Joseph Chaumet. (IARDY.)

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