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année de son âge). Les personnes distinguées qui y assistaient étaient, pour le clergé: 1o Le coadjuteur de l'archevêché de Reims (de Talleyrand-Périgord), l'évêque d'Orléans (de Jarente) le prince Louis de Rohan, coadjuteur de l'évêché de Strasbourg, l'évêque de Tarbes (Duvivier de Lorry), l'évêque de Coutances (de Talaru de Chalmazel), le ci-devant évêque de St-Brieuc, nommé depuis peu à l'évêché de Rennes (Bareau de Girac), et l'abbé de Chalabre, nommé à l'évêché de Saint-Pons, qui n'était pas encore sacré. Un seul curé de Paris, celui de la Madeleine en-la-Cité (Denoux). Point de général d'ordre, mais seulement quelques députés de différentes maisons religieuses et de différents chapîtres. Pour les laïques, trois cordons bleus, savoir: le prince de Tingry, le marquis de l'Hôpital et le Bon de Montmorency, deux autres seigneurs, le jeune duc de Luxembourg et le duc de Tresme; le sieur de St-Julien, caissier général du clergé; une seule dame de condition, la princesse de Tingry. On remarqua qu'il n'y avait aucun ministre, comme l'année précédente. Le cardinal de Luynes, archevêque de Sens, qui avait officié pontificalement, fort étonné de se trouver seul, les autres évêques ne s'étant point rendus à l'invitation qui leur fut faite sur le champ par le prieur, dîna au réfectoire avec le Prieur, le sous-prieur, son gentilhomme, ses aumôniers et le sieur Danjean, architecte de l'abbaye. On servit à ce prélat, d'éminent appétit, un repas très mesquin et des plus mal ordonnés. Il est bon d'observer, à l'occasion de cette messe que, quoique l'archevêque de Lyon eût déjà payé une somme de 60.000 livres, ès mains du sieur de Saincy, trésorier des économats, à raison de 10.000 livres de retenue accordés par le Roi chaque année sur le revenu de l'abbaye et destinés soidisant à amplifier le bâtiment de la bibliothèque, il n'avait pas encore été délivré un sol aux religieux, auxquels même on ne faisait entrevoir aucune espérance de jamais toucher cet argent; au moyen de quoi ils en étaient uniquement pour les frais de la solennité qui se montaient à plus de 500 livres. On était étonné avec raison d'une pareille conduite de la part de l'évêque d'Orléans, à qui le Roi avait confié la direction générale des économats.

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15 février. [Appel comme d'abus des chanoines de St-Benoît et de ceux de St-Médéric d'une ordonnance de l'archevêque de Paris jugée en la Grand-Chambre.]

21 février. [Deux arrêts du Conseil d'Etat, l'un portant suspension

MES LOISIRS. TOME I.

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du payement des billets de fermes et l'autre suspension de celui des rescriptions sur les receveurs généraux des finances. Bénédiction de deux

cloches de la paroisse St-Eustache. Bruits publics concernant le curé de St-Jacques de la Boucherie. Le pain diminue de prix dans les marchés.]

22 février. On apprend qu'il s'était élevé entre le Parlement et le Châtelet une espèce de conflit de juridiction relativement à l'instruction du procès du sieur Billiard, ci-devant caissier de la ferme des Postes, d'où il pourrait bien résulter, disait-on, que la connaissance de toute cette affaire fût attribuée au Parlement pour y être jugée directement et en dernier ressort.

23 février. On est info.mé par la Gazette de France que le sieur abbé Terray, contrôleur général nommé par le Roi ministre d'Etat, avait pris séance au Conseil en cette qualité le 18 du même mois.

24 février. [Publication d'un édit du Roi, enregistré au Parlement qui rétablissait la constitution des rentes au denier vingt.]

26 février.

[Le P. Ruelle, chanoine régulier de St-Victor, interdit par M. l'archevêque.]

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28 février. [Publication d'un arrêt du Conseil d'Etat concernant les contrats et effets payables au porteur. Parti pris pour un temps par le sieur Mayer, curé en possession civile de la cure de St-Cloud. Viande taxée à 8 sols 3 deniers la livre à l'Hôtel-Dieu pendant le Carême.]

1er mars. Il se répand que le Conseil qui s'était tenu à Versailles, le dimanche précédent, avait été si tumultueux qu'on ne se souvenait, pas depuis fort longtemps, d'en avoir vu un semblable. L'abbé Terray, contrôleur général, avait, suivant ce qu'on assurait, tiré à boulets rouges sur le duc de Choiseul, avec lequel il avait eu une prise violente relativement au compte qu'il voulait qu'il rendît des sommes immenses qui lui avaient passé par les mains depuis qu'il était chargé du département de la Guerre et de celui des Affaires étrangères. On continuait de publier qu'il s'était formé un puissant parti pour ruiner ce ministre et que la Ctesse du Barry, le Chancelier, ainsi que les ducs d'Aiguillon et de Richelieu, en étaient les principaux arcs-boutants.

Le même jour, on est informé qu'il avait été décidé à l'assemblée générale des anciens de l'ordre des avocats que Me Le Blan, avocat du frère Quoinat, religieux de l'ordre de Prémontré,

réclamant contre ses vœux, ne serait point rayé du tableau. On ne fut point étonné de l'indulgence de l'ordre dans une occasion où il semblait qu'il eût dû se piquer de sévérité et d'exactitude, Me Le Blan s'étant rendu, au jugement des personnes sensées, extrêmement répréhensible, attendu les sollicitations du Premier président et du Procureur général qui ne voulurent pas souffrir que le public fût mis à portée d'établir le parallèle entre la conduite des avocats et celle du Parlement qui s'était permis contre toutes les règles de réformer son arrêt et de le faire imprimer tout différent de ce qu'il avait été prononcé à l'audience.

2 mars. Ce jour, il se répand un bruit que le cardinal de Bernis, archevêque d'Albi et notre ambassadeur auprès du Saint-Siége, trahissait nos intérêts en ce qu'il ne secondait nullement les intentions du ministère par rapport à l'entière dissolution de l'Institut des Jésuites, sollicitée vivement par toutes les puissances de la maison de Bourbon, et que s'il continuait à se comporter toujours de la même manière, il pourrait bien se faire qu'on le rappelât pour lui substituer quelqu'un de plus zélé et en qui l'on put avoir plus de confiance.

Ce même jour, le Parlement, toutes chambres assemblées, nomme des commissaires pour examiner plusieurs édits et une déclaration du Roi proposés à l'enregistrement. Il est arrêtt que ces commissaires feraient leur rapport le mardi suivané du même mois.

3 mars. On apprend que les fermiers généraux avaient obtenu que le commis de la Barrière de la Conférence, qui n'avait été atteint et convaincu que par son simple aveu, d'avoir volé et jeté ensuite dans les fossés du Cours, la dame Rebours, dont le cadavre y avait été trouvé le samedi matin, 27 janvier précédent et qu'il s'était chargé de reconduire chez elle, afin de la garantir de tout fâcheux évènement, fût détenu et enfermé pour le reste de ses jours dans les cabanons du château de Bicêtre.

5 mars.- On est informé par la Gazette de France que l'archiduchesse Marie-Antoinette, sœur de l'Empereur et notre future Dauphine, devait arriver à Strasbourg le 7 mai suivant, à Compiègne le 12 du même mois, le 15 au château de la Muette et le

16 à Versailles, où l'on imaginait que le mariage pourrait bien se célébrer le même jour ou le lendemain.

6 mars. Les commissaires nommés pour examiner les nouveaux édits ayant fait leur rapport au Parlement, toutes les chambres assemblées, après qu'il en eut été délibéré, il fut arrêté qu'il serait fait au Roi de très humbles et très respectueuses remontrances, et qu'on y travaillerait le même jour, quoique le Roi eut dit au Premier président, qui avait été mandé à Versailles le dimanche précédent, qu'il ne voulait point de remontrances, que la situation de ses affaires exigeait absolument l'enregistrement de ces édits, que ce seraient les derniers qu'il ferait présenter à son Parlement et qu'il lui saurait gré de faire tout ce qui dépendait de lui pour qu'on les enregistrât sans délai.

7 mars. - On disait que la cour venait encore de faire proposer à M. de La Chalotais, par le sieur Duclos, l'un des Quarante de l'Académie Française, envoyé à Saintes tout exprès, un nouvel accommodement dont les conditions étaient d'ériger ses terres en marquisat, d'insérer, dans les lettres patentes d'érection qui seraient enregistrées au Parlement, les éloges les plus propres à le justifier et les plus capables d'effacer les mauvaises impressions qu'on avait cherché à donner contre lui, de le faire Procureur général honoraire, et son fils président à mortier; on assurait qu'il avait refusé constamment de se rendre à ses propositions.

7 mars.

[Nouvelles de Rennes concernant l'arrêt rendu par le Parlement de cette province contre les ci-devant soi-disant Jésuites, Assemblée provinciale tenue à l'archevêché de Paris pour députer à l'Assemblée générale du Clergé.]

8 mars. Il se répand dans le public un mémoire manuscrit pour le sieur Rivot, curé de Gentilly, arrêté d'une manière aussi scandaleuse que surprenante par le commissaire Sevreau, le 31 octobre 1769 et enfermé à St-Lazare. Ce mémoire tendait à justifier ce curé des imputations atroces et calomnieuses dont on avait eu la noirceur de le charger; lui-même l'avait composé, et l'on trouvait qu'il avait parfaitement bien rempli son objet ; il était pour lors un peu moins resserré et commençait à voir du monde. On assurait que le duc d'Aiguillon avait sollicité et obtenu la lettre de cachet, en vertu de laquelle il avait été enlevé de son presbytère, pour favoriser l'entreprise

formée par la duchesse de Villeroy, dame du lieu, de se débarrasser de son curé qui s'était opposé à ce que les habitants lui cédassent le terrain d'une ruelle qu'elle se proposait d'enclore dans son jardin.

9 mars.

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[Le sieur abbé Grisel arrêté et conduit à la Bastille comme impliqué dans l'affaire du sieur Billiard.]

-

10 mars. Le Premier président ayant été mandé à Versailles, le Roi lui dit qu'il ne recevait que le mercredi suivant 14 du même mois, à 6 heures du soir, les remontrances de son Parlement, par rapport aux nouveaux édits; on disait que l'abbé Terray, contrôleur général, était fort intrigué d'une conversation de 3 heures que le duc de Choiseul avait cue avec le Roi chez la Ctesse du Barry, et dont il n'avait pu pénétrer l'objet, ni le résultat; on assurait que le crédit du Chancelier qui avait inutilement tenté à différentes reprises de devenir premier ministre, diminuait sensiblement, ce qui ne pouvait qu'affaiblir celui du nouveau contrôleur.

12 mars.

[Un soldat réformé, condamné par arrêt du Parlement

à être rompu à St-Denis pour assassinat.]

13 mars.

Les Chambres du Parlement s'étant assemblées pour la lecture des remontrances qui devaient être présentées le lendemain au Roi, à l'occasion de l'enregistrement des nouveaux édits, il s'éleva d'assez vives discussions entre le Premier président et les commissaires qui avaient travaillé à rédiger ces remontrances. Il en avait été composé de deux sortes, les premières vives et fortes, les secondes beaucoup plus modérées ; on reprocha au Premier président en face et sans ménagement, de s'être abouché avec les ministres, d'avoir cherché à se ménager les faveurs de la Cour aux dépens de son honneur, en faisant prévaloir les dernières remontrances sur les premières, de sacrifier les intérêts de sa Compagnie à son ambition.

14 mars. [Assemblée de tous les députés à l'assemblée générale du clergé chez l'archevêque de Reims, président, les noms de ces députés. Réponse du Roi aux remontrances du Parlement sur les nouveaux édits.]

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15 mars. Ce jour, le sieur de Roquemont, commandant du guet, reçoit un ordre du Roi de se transporter au château de Vincennes avec main forte et une lettre pour le gouverneur de ce château. Comme il se trouvait incommodé ce jour-là au point

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