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31 octobre.

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[L'ancien évêque de Troyes Poncet de la Rivière], doyen du chapitre de St-Marcel, est envoyé par le Roi dans une de ses abbayes. Claude Rivet, curé du petit Gentilly, près Bicêtre, est arrêté dans son presbytère avec sa gouvernante et enfermé à StLazare.]

3 novembre. [Vol fait à un abbé dans l'intérieur des bâtiments de l'abbaye de St-Victor.]

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8 novembre. Ce jour, vers 6 heures du soir, le corps de frère Charles-Alexandre de Grieu, chevalier de l'ordre de StJean-de-Jérusalem, ci-devant commandeur des Commanderies de Castres et de St-Maurice et procureur général et receveur du dit ordre au grand prieuré de France, est présenté en l'église de l'abbaye St-Victor, dans l'enclos de laquelle il s'était retiré depuis quelque temps, ayant pris l'appartement qu'y avait occupé avant lui le feu sieur abbé Léonard, et transporté ensuite à Ste-Marie-du-Temple, lieu ordinaire de la sépulture de tous les Maltois. Ce commandeur d'un âge très avancé et qui avait encore pris l'air dans la cour le dimanche précédent, s'étant trouvé fort mal le lundi, on avait été obligé, suivant l'usage qui s'observe à l'égard de tous les membres de l'ordre de Malte, de mettre le scellé avant la mort et aussitôt que le malade est dans le cas de recevoir les derniers sacrements de l'Eglise ; d'avertir le procureur général du dit ordre qui était arrivé le mardi au moment que le commandeur se trouvait un peu mieux, et après avoir fait apposer les scellés dans deux pièces de l'appartement, se disposait à entrer dans celle où il était ; ce commandeur qui avait autrefois rempli les mêmes fonctions, et qui, par conséquent, était bien instruit des règles, ne l'eût pas plus tôt aperçu que s'écriant: « Je suis donc bien mal! », il expira sur le champ. Le curé du Temple, à la tête des différents membres de l'ordre de Malte, le curé de St-Jean-de-Latran et autres, s'emparent du corps avant le convoi, suivant l'usage et l'accompagnent jusqu'à l'église, ayant le pas sur le deuil. Après les prières accoutumées, et lorsqu'il fut question de faire le transport, le curé du Temple, qui était déjà en rochet et revêtu de l'habit de l'ordre, prit l'étole en sortant de l'église de St-Victor et monta en carrosse avec le sieur Lallemant, chanoine régulier et curé de l'Enclos, aussi en étole, à qui cependant il donna la droite. Le corps fut placé dans un corbillard à 6 chevaux et conduit à l'église de Ste-Marie-du-Temple où il fut inhumé.

Le corbillard était environné d'un nombre de pauvres et de domestiques portant des flambeaux.

10 novembre.

[Nouvelles de Rome sur le parti qu'avait pris le pape Clément XIV à l'égard des Jésuites portugais et espagnols, qui parcouraient l'Italie en habit de Jésuites.]

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[Messe de rentrée du Parlement, autrement dite

14 novembre. Ce jour, vers 11 heures du matin, le bruit des cloches de Notre-Dame, petites et grosses, annonce au public qu'il venait d'être procédé à l'élection d'un nouveau doyen du chapître pour remplacer le feu sieur abbé Dagoult. Messire Claude de Tudert, conseiller clerc en la grand'chambre du Parlement, chanoine et abbé de St-Eloi-Fontaine, ordre de StAugustin, diocèse de Noyon, venait d'être élu à la pluralité de 43 voix, ce qui formait l'unanimité. Il avait donné sa voix au sieur abbé d'Ormesson, qui avait eu 13 voix lors de l'élection précédente, et qui avait demandé cette fois à n'en avoir aucune. Cet abbé était le troisième doyen de son nom; il fut installé par M. l'archevêque qui se trouvait pour lors à Paris, dans son palais, et à qui on prétendait que ce choix du chapître était très agréable. L'abbé Luker, grand chantre, invita le nouveau doyen à dîner chez lui avec environ une douzaine de chanoines, du nombre duquel était l'abbé Janson, souschantre, l'un des plus pacifiques, qui n'avait point mangé chez lui depuis près de 3 ans. Par une conclusion capitulaire du même jour, ce nouveau doyen fut nommé visiteur à l'HôtelDieu avec l'abbé Malavet, chanoine et archidiacre de Josas, aux lieu et place du sieur abbé Lucas, chambrier. On le croyait sans doute capable de rétablir la paix dans cette maison qui était agitée de différents troubles depuis quelque temps.

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16 Uovembre. Le même jour, on débitait qu'il s'était tenu à Fontainebleau, le samedi 11 et le dimanche 12 du même mois, des conseils extraordinaires où les intendants des finances avaient été mandés et où le contrôleur général avait proposé différents projets tendant à établir de nouvelles impositions et de nouvelles charges. Le Parisien, toujours ingénieux à prévoir et à imaginer de nouveaux malheurs, s'attendait à de nouveaux édits, qu'on disait devoir être présentés au Parlement à sa rentrée ; il se persuadait, sur les bruits les plus va

gues, qu'il y aurait pour le 1er janvier 1770 un troisième vingtième, une augmentation de 2 sols par livre de sel (en conséquence, on s'étouffait à la gabelle pour en avoir), que les tontines n'auraient plus aucun accroissement et périraient sur chaque tête par la mort et en la forme de toutes les autres rentes viagères; que la ville donnerait au Roi une somme de 30 millions, moyennant laquelle le Roi lui abandonnerait toutes les charges et offices sur les parts, dont elle serait obligée de faire le remboursement.

16 novembre. - [L'abbé Couturier, docteur de Sorbonne, ex-chanoine de St-Quentin, interdit de la prédication par l'archevêque de Paris. Le particulier qui avait été miraculeusement guéri à la procession de St-Cosme le jour de la grande fête du St-Sacrement, mandé et interrogé par l'archevêque de Paris.]

18 novembre. [Bruit de la découverte d'une Imprimerie clandestine près de Chantilly.]

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20 novembre. Ce même jour, on est instruit par la Gazette de France, que le Cte de Nolivos, maréchal de camp, choisi par le Roi pour remplacer le chevalier de Rohan, en qualité de gouverneur général de lles-sous-le-Vent, avait pris congé de S. M. et devait partir incessamment pour se rendre à sa destination. Il avait été nommé chevalier grand'croix de l'ordre royal de St-Louis, aux lieu et place du feu chevalier de Guer, mais il ne devait porter les marques de cette nouvelle dignité qu'à son arrivée à St-Domingue. On se réservait à l'égard de ce seigneur d'apprendre du temps si son gouvernement serait plus doux et plus agréable aux habitants de cette colonie que celui du Cte d'Estaing et du chevalier de Rohan, ses prédécesseurs, qui s'étaient rendus odieux par leur despotisme et leur espèce de tyrannie.

20 novembre.

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[Le Cte d'Harcourt administré une seconde fois par le curé de St-Sulpice; conduite de ce curé en cette occasion.]

23 novembre.

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[Circonstances de la détention du curé de Gentilly qui se répandent dans le public.]

24 novembre. - Vers 5 heures du soir, l'archevêque de Lyon, primat de France, qui s'était rendu dans son diocèse le 9 août précédent, arriva en son abbaye de St-Victor, où il devait faire un séjour d'environ 2 mois seulement, étant obligé de repartir à la fin de l'année 1770, pour aller tenir l'assemblé provinciale dans laquelle il devait être pourvu au choix des

députés à l'assemblée prochaine du clergé. C'était de plus à sa province à nommer cette fois-ci un des deux nouveaux agents du clergé, ce qui n'arrive que tous les 40 ans. On sut à son arrivée que l'affaire du sieur Dardet, curé de l'île St-Denis, loin d'être jugée par l'official primatial, comme on s'en était flatté, ne le serait pas encore de sitôt à cause de différentes nullités faites par le procureur de ce curé, qui probablement serait même obligé de faire le voyage de Lyon pour y comparaître en personne.

28 novembre. Ce jour, le nommé Bonvalet-Desbrosses, banquier, demeurant rue de Thorigny, au Marais, et qui avait été voir la veille un de ses amis auquel il avait dit qu'entre le déshonneur et la mort, il ne connaissait point de milieu, et qui ensuite, étant rentré chez lui, travailla à établir le plus grand ordre dans toutes ses affaires, fit payer toutes les petites dettes criardes qu'il pouvait avoir, et arrangea enfin toutes choses d'une telle manière, que d'un seul coup d'œil il était facile de voir et ce qu'il devait et ce qui lui était dû ; à la présentation qui lui fut faite d'une lettre de change de 30.000 livres qu'il attendait sans doute, et à laquelle il lui était impossible de satisfaire, fit monter dans son cabinet celui qui lui en demandait le paiement et après en avoir fermé la porte, entra dans une pièce voisine dont il ferma également la porte sur lui, et, ayant pris sur le champ un pistolet de chaque main, se brûla la cervelle. Le particulier qui était resté dans le cabinet, entendant le bruit du pistolet et la chute de la personne, appela au secours. On vint et on le trouva étendu par terre ayant seulement un côté de la tête ouvert, parce que l'un des deux pistolets avait porté à faux. Il vécut encore une demi-heure sans connaissance. Après une descente des plus complètes de toute la justice et les formalités requises en pareil cas, il fut inhumé le lendemain à 6 heures du matin assez pompeusement en l'église de St-Gervais, sa paroisse, par un convoi de 40 prêtres. On assura même qu'il y avait eu de la tenture dans l'église. On disait qu'un frère dissipateur qu'il aimait beaucoup et à qui il ne pouvait rien refuser l'avait conduit à ce désespoir par le dérangement qu'il avait occasionné dans ses affaires, en tirant sur lui très fréquemment des lettres de change qu'il payait avec une trop grande facilité.

28 novembre. — [Cause d'état ou réclamation de vœux qui commence

à se plaider à la Grand Chambre par Me Le Blan, avocat du frère Quoinat, religieux de l'ordre de Prémontré.]

1er décembre. vêque de Paris.

[L'archevêque de Lyon dîne à Conflans chez l'arche Un garçon jardinier rompu dans la principale cour du château de Bicêtre pour avoir assassiné un brigadier de la garde de ce château.]

2 décembre. On apprend par des lettres particulières venues de Brest qu'un gentilhomme anglais, qu'on disait s'appeler lord Gordon, âgé de 22 ans, venait depuis peu d'avoir la tête tranchée en cette ville. Ce gentilhomme avait été envoyé en France par le gouvernement. Il était chargé de travailler à procurer à sa nation les meilleurs plans des ports de mer et des villes maritimes de notre royaume. Il s'était faufilé dans les meilleures maisons de la sus dite ville où il jouait gros jeu, donnait des fêtes galantes, et jouissait de l'amitié et de la considération de tous ceux dont il était connu. Sa physionomie était distinguée et intéressante. Le jugement qu'avait prononcé contre lui la commission établie exprès pour lui faire son procès et à ses complices, le déclarait dûment atteint et convaincu d'avoir tramé différents projets contre l'Etat, et notamment d'avoir fait différentes démarches et cherché à corrompre un officier pour se procurer le moyen de réussir à mettre le feu au magasin de cordages et de toile à voiles qui est dans la sus dite ville de Brest. Deux de ses complices, condamnés à être pendus par le même jugement, avaient été exécutés le même jour que lui, et un médecin impliqué dans la même affaire n'avait été condamné qu'à un plus amplement informé d'un an et garder prison. Ce jeune gentilhomme avait montré jusqu'au dernier moment le courage le plus héroïque. Il avait harangué assez longtemps avant son supplice le peuple qui fondait en larmes autour de l'échafaud, avait publiquement déclaré qu'il mourait victime de son amour pour sa patrie et de son dévouement aux intérêts de sa nation qui poussait l'ingratitude à son égard jusqu'à le sacrifier lâchement, en désavouant toute sa conduite. On disait qu'il avait aussi adressé à l'ambassadeur d'Angleterre à Paris une lettre conçue dans les termes les plus forts. Il ne voulut pas souffrir que l'exécuteur le touchât en aucune manière et autrement que pour frapper son coup. Il arrangea lui-même ses cheveux, se banda les yeux d'un mouchoir; enfin, après avoir dit qu'il allait montrer comment on devait mourir à 22 ans, fit faire des compliments à M. l'intendant de

MES LOISIRS. TOME I.

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