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et qui paraissait avoir de très grandes liaisons avec plusieurs ex-jésuites, mais surtout avec le P. Bieginski, confesseur de la feue Reine Marie Leczinska, qui, demeurant dans le même canton, la visitait fort souvent, avait été arrêtée depuis peu et conduite au château de la Bastille.

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10 mars. [On commence à plaider en présence des Chambres du Parlement assemblées la cause de dame de Sesmaisons, prieure perpétuelle du prieuré de St-Nicolas de Pontoise, contre la demoiselle Lecoq, fille très dévote en apparence, arrêtée au village de Draveil, près Paris. L'abbé Jouanot, de St-Séverin, administre les sacrements au sieur abbé Valé, ancien professeur du collège d'Harcourt, sur le refus du second vicaire. - Démarches du sieur abbé Bilhères, qui avait été substitué à l'abbé d'Antrecourt dans la place de premier vicaire de cette paroisse, auprès du sieur de Challerange, conseiller au Parlement. Le duc de Duras arrive à Paris après la clôture des Etats de Bretagne.]

13 mars.[Prêtre accusé de vol, arrêté sur la paroisse St-Leu.— Témoins arrêtés et mis en prison pour l'affaire du curé de St-Denis. Service solennel en l'abbaye Ste-Geneviève du Mont pour le repos de l'âme du feu pape Clément XIII.]

17 mars. La cause pendante en la grand'chambre du Parlement, entre M. le duc d'Orléans et les évêques et chapîtres d'Orléans et de Chartres, relativement à une espèce de cadastre ou dénombrement de biens et à certains droits honorifiques que ce prince exigeait, fut appointée, et main levée fut accordée aux dits chapîtres des différentes saisies faites par le prince, qui n'avait pas manqué d'assister très exactement à toutes les audiences, en quoi plusieurs personnes trouvèrent qu'il s'était en quelque sorte compromis, ne pouvant se flatter d'un plus grand succès dans cette affaire. Me Caillard était son avocat, et Me Gerbier le jeune l'était des chapîtres. Les conclusions de Me Séguier, avocat général, n'étaient pas non plus favorables à M. le duc d'Orléans qui parut fort mécontent et qui murmura beaucoup en sortant de la grand'chambre.

18 mars.

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[Un soldat du régiment des gardes françaises, pendu en place de Grève, pour meurtre.]

20 mars.

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[On retrouve dans la rivière, au-dessous du Pont Royal, le cadavre du feu sieur de Verly, fermier général, qui avait disparu depuis plusieurs mois. Députés de l'abbaye de Prémontré pour annoncer

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en cour la mort du général de l'Ordre.]

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21 mars. Les 4 nouvelles cloches de l'église paroissiale de la Madeleine-en-Cité sont bénies par le curé (le sieur Denoue)

qui reçoit le même jour l'abjuration du père et de la fille convertis à la religion catholique par le vicaire de la même paroisse, touchés de la conversion de la mère qui était morte entre les mains de ce vicaire, après avoir également fait abjuration. Il y eut sermon par M. l'abbé Gayet de Sansale, docteur de la mai son et société de Sorbonne, conseiller au Parlement.

Le sieur Ravault, banquier expéditionnaire en cour de Rome et administrateur des hôpitaux, nomma une des susdites cloches, avec l'épouse du sieur Demure, notaire, parvis NotreDame. Les trois autres cloches furent aussi nommées par différentes personnes de la bourgeoisie du même canton dont je ne pus savoir les noms.

24 mars. On apprend que l'archevêque de Paris, qui d'abord avait refusé de fulminer la dispense obtenue en cour de Rome pour le mariage de S. A. S. Mgr le duc de Chartres avec Mlle de Penthièvre, sa cousine, issue de germaine, par la raison que M. le duc d'Orléans avait jugé à propos de faire viser cette dispense au Parlement pour obtempérer à l'arrêt de cette cour du 26 février 1768, formalité à laquelle ce prélat ne voulait pas absolument qu'on se soumît, s'était enfin déterminé à porter lui-même à ce prince un des jours de la semaine précédente tous les papiers expédiés en bonne et due forme, sur ce qu'on avait annoncé que s'il persistait dans son refus, on prendrait le parti de se passer de lui en faisant célébrer le mariage à St-Cyr, qui est dans le diocèse de Chartres, au lieu de le célébrer à Versailles, comme on se l'était proposé tout d'abord.

Le même jour, on apprend que le Parlement, chambres assemblées, avait nommé des commissaires pour travailler à de nouvelles remontrances sur la cherté du pain.

26 mars.

[L'abbé Bilhères, premier vicaire de St-Séverin, qu'on croyait parti, reparait dans cette église.]

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29 mars. Ce jour, on commence à voir arriver à NotreDame des voitures, remplies de marbres noir et blanc destiné à paver la nef et les deux grandes croisées de cette église où sont les chapelles de la Vierge et de St-Denis, ce qui semblait annoncer qu'on allait enfin commencer cet ouvrage projeté depuis si longtemps. On avait préparé dans les basses nefs du côté de St Christophe un atelier assez grand, fermé par des cloisons de planches, avec une porte à chaque bout pour y perfec

tionner les marbres qui étaient encore bruts. Pendant le carême, on avait élevé deux magnifiques tambours de menuiserie, aux deux portes collatérales donnant dans la cour de l'archevêché et dans le cloître et on avait substitué des portes neuves aux anciennes. On avait de plus érigé à feu son Eminence Mgr le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, un monument en marbre avec une très belle épitaphe, tenant au pilier près duquel est placé le roi Philippe-le-Bel, vis-à-vis la chapelle de la Vierge, au pied de laquelle ce prélat avait été inhumé en 1729, au désir de son testament. En même temps on commençait au palais archiepiscopal une réparation qu'on assurait devoir monter à plus de 80.000 livres. C'était dans toute la partie de ce palais qui tient à la chapelle. M. l'archevêque avait déjà dépensé en 1767 plus de 60.000 livres en diverses autres répations.

29 mars.

[Mort simultanée des frères Belisle, religieux de SteGeneviève, ensevelis dans la même bière.]

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4 avril. On est informé que le Roi, à qui le Premier président, accompagné de deux présidents à mortier, avait eu l'honneur de présenter le mercredi-saint, 22 mars précédent, les nouvelles remontrances arrêtées sur la cherté du pain (qu'on disait être conçues dans les termes les plus forts), avait répondu qu'il ferait examiner ces remontrances dans son Conseil et adresserait la réponse au Parlement.

5 avril. M. le duc de Chartres épouse dans la chapelle du château de Versailles, Mlle de Penthièvre. L'archevêque de Reims, grand aumônier de France (de La Roche-Aymon) leur donne la bénédiction nuptiale, en présence du sieur Allart, curé de la paroisse. Cette cérémonie fut des plus brillantes. Le prince et la princesse avaient chacun sur eux, à ce qu'on assure, pour près d'un million de diamants, et tous les seigneurs de la cour étaient habillés avec la plus grande magnificence.

13 avril. [Conclave tenu à Rome pour l'élection d'un nouveau pape.]

19 avril. Ce jour, le curé de la paroisse de St-Sulpice (Dulau d'Allemans) qui d'abord avait fait refus d'administrer les derniers sacrements de l'église au prince de Bauffremont, lieutenant général des armées du Roi, demeurant rue de Taranne, s'appuyant sur les défenses qu'il disait avoir reçues de M. l'archevêque de Paris, est contraint de remplir son devoir

à cet égard par M. le Premier président, qui, l'ayant envoyé chercher, lui avait parlé en ces termes : « Monsieur le curé, je suis informé que vous avez refusé d'administrer M. de Bauffremont qui est malade sur votre paroisse et qui vous a fait demander les sacrements: si cette administration n'est pas faite dans la journée, demain matin, quoiqu'il ne doive pas y avoir d'assemblée de chambre, j'en convoquerai une, exprès pour vous faire décréter de prise de corps, réfléchissez à ce que je vous dis et retirez-vous ». Effrayé sans doute d'un pareil discours et n'osant pas faire une plus longue résistance, il administra lui-même vers 4 heures après-midi.

Ce jour, on sonne à son de trompe et on placarde, chacun au lieu de leur ancien domicile, les sieurs abbé Lebrun d'Antrecourt, vicaire de St-Séverin et Picancel, porte-Dieu de la même paroisse, décrétés tous deux de prise de corps le 9 août 1768, pour le refus de sacrements fait au sieur abbé Galliot, prêtre du diocèse de Nantes.

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20 avril. Le chapitre général des religieuses professes de l'abbaye de Prémontré jouissant seul du droit d'élire l'abbé de cette abbaye qui, en même temps est chef et général de tout l'Ordre du même nom, se tient dans la susdite abbaye située dans le bois de Voy au terroir de Coucy et à 5 lieues de la ville de Soissons (elle est du diocèse de Laon). M. l'archevêque de Narbonne (Dillon) et M. l'intendant de Soissons (Lepelletier de Morfontaine) y assistent en qualité de commissaires du Roi. Ce chapître fut aussi tranquille que celui de 1758 avait été tumultueux à cause des intrigues du P. Richard, alors procureur-général et aujourd'hui abbé de Villers-Cotterets qui, quoique invité d'assister à ce chapître, ne jugea pas à propos de s'y rendre, en quoi on trouva qu'il avait agi fort prudemment; car, M. l'archevêque de Narbonne, dans le petit discours qu'il fit à l'ouverture du chapître, dont on fut très content, après avoir déclaré que le Roi n'entendait nullement gêner ni contraindre la liberté des suffrages, insinua que l'intention du Roi était qu'on ne songeât point à cet abbé pour le généralat et que les deux sujets qui lui seraient les plus agréables étaient les PP. Mannouri et Méalet. Effectivement, vers les 3 heures de l'après-midi et au premier scrutin, le P. Mannouri, prieur

curé de Rennemoulin, diocèse de Paris, fils d'un perruquier de Normandie, âgé de 55 ans, qui n'était point docteur en théologie, et qui n'avait jamais gouverné dans l'Ordre en qualité de prieur de maison, fut élu unanimement, en apparence, puisque des onze compromissaires il eut la voix de neuf. Le P. Duboc, docteur en théologie, prieur du collège de Paris depuis 1756, oncle paternel de mon épouse, et le P. Méallet, secrétaire du feu général, n'eurent chacun qu'une seule voix. On regarda cette élection comme l'ouvrage du P. Desmaugues qui fut aidé de la protection et du grand crédit de l'archevêque de Narbonne. Ce religieux, qui ne pouvait se flatter de parvenir à se faire nommer général, par des raisons connues, imagina de réunir ses partisans à ceux du P. Mannouri et du P. Méallet, espérant que si, de trois partis, il pouvait réussir à n'en former qu'un, il ferait tomber nécessairement le choix sur le P. Mannouri qui le conserverait dans sa place, ou du moins y comptait-il, avantage dont il eut peut-être craint de ne pas jouir sous un autre gouverneur. Ce chapître ne fut composé que de 60 vocaux, une quinzaine de religieux au moins ayant cru devoir s'en abstenir dans la crainte, disaient-ils, des habits bleus, c'est-à-dire des cavaliers de la maréchaussée. Il y avait eu deux brigades au précédent chapitre, mais on n'en commanda point pour celui-ci. Il ne s'y trouva que 4 abbés réguliers, de 6 qui auraient dû naturellement s'y rendre, savoir les 3 premiers pères abbés de l'Ordre qui sont : les abbés de Cuissy, de Floret et de Dommartin. L'abbé de Vigogne remplaça celui de Villers-Cotterets, mais les abbés de Beaulieu et de Bonne-Espérance n'y assistèrent point. Les trois scrutateurs furent les PP. Pochet, prieur curé de Michery, diocèse de Sens, Langlet, prieur curé de Serbonne, même diocèse, et Deboîte, procureur de la maison d'Auxonne. Les onze compromissaires choisis pour élire le général conformément à l'ancien usage de l'Ordre étaient les PP. Vérin, doyen des Profès de Prémontré, âgé de 89 ans ; Morame, prieur curé de Chambourcy, près Joyanval; Duboc, prieur du Collège de Paris; Mannouri, prieur curé de Rennemoulin; Delsart, procureur de l'abbaye de Prémontré ; de Donainville, prieur de la maison de Joyenval; Desmaugnes, procureur général, Méallet, secrétaire du feu général; Lelong, prieur de la maison d'Auxerre; Beslin, professeur de l'abbaye de Prémontré et Dubois, prieur de la même abbaye. Les PP. Mannouri et Duboc eurent chacun 57 voix pour être du nombre

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